"Un meuble pour récréation": le statut de la description, de l'objet



Quand on ne parvient pas à "reprendre" convenablement depuis le "je me suis levé à huit heures", on aère le propos, on se relâche, et c'est là qu'interviennent l'objet, la chose, et c'est là qu'on s'obstine à décrire. La description comme "récréation"? En quoi le narrateur se leurre-t-il?... Et en quoi ne se leurre-t-il pas? S'attaquer à un objet, à un seul, ce n'est pas faire un inventaire, or, l'inventaire est une mauvaise inclinaison, une mauvaise pente, pour le narrateur: "Mais je ne veux plus me livrer à des inventaires. Je l'ai fait autrefois avec une conscience, une patience! Dans mes autres exposés, pour m'aider à me concentrer, en espérant que ça me défricherait le subconscient, que ça m'ouvrirait des voies vers l'essentiel. Tintin. Complètement inutile. Les objets ne servent à rien quand on vise à l'âme." (p.22-23) En voilà une phrase énigmatique! "Les objets ne servent à rien quand on vise à l'âme." Alors quoi? La description, c'est pour se détendre, se calmer? Ou pour le "subconscient", l'"essentiel", la connaissance, l'"âme"? Et l'"âme", c'est quoi? De l'ironie, dans le constat de cette inanité de la description? Non, Je ne le crois pas. Pourtant, qui oserait parler d'"âme" au beau milieu d'un foutoir, d'une remise ou d'une courette sordide de pension de famille? Personne? Seul leur descripteur le peut.