La réalisation des films « Wallace & Gromit »

Une création considérable
Le décor
Deux secondes de tournage par jour
Des caméras "spéciales animation"
Le rôle de la lumière
La fabrication des personnages

Une création considérable

65 000 heures de travail pour 35 minutes de film ! C'est avec une incroyable minutie que sont réalisées les aventures de Wallace & Gromit. Visite des studios Aardman, un atelier de fabrication hors-pair.

Hauts comme trois pommes, manipulés avec talent, on oublie presque qu'il s'agit de marionnettes tant finitions et truquages sont impeccables. Quelle recette pour une telle perfection ? Une bonne dose d'enfance, trois cuillerées de patience, et un plein sac de professionnalisme. L'équipe de choc qui leur a donné vie l'a suivie à la lettre. Pendant deux ans, les 40 papas de Wallace & Gromit ont obéi au doigt et à l'oeil au réalisateur Nick Park. Et attention ! On ne plaisante pas avec l'humour anglais ! Pour que la sauce du scénario remonte - et c'est vraiment le cas -, le moindre détail est traité avec une infinité de précautions.

D'abord, il y a une histoire. Une histoire très "british", qui a germé des neurones de Nick Park. Un scénario à l'anglaise, un peu compliqué sur le papier. Autant dire que sans le story-board (la BD de toutes les scènes du film), l'équipe aurait eu du mal à s'y retrouver.


      

En parfait dessinateur de comics, Nick Park s'est donc attelé, plus d'un mois durant, à crayonner dans les moindres détails décors et personnages, en sous-titrant chaque image de dialogue. Puis il a chronométré le temps que doit durer chaque scène. L'air de rien, ce petit livre d'images devient la bible de toute l'équipe. Décorateurs, peintres, marionnettistes, animateurs, cameramen, éclairagistes, accessoiristes, scripte... chacun, en découvrant l'ouvrage, comprend ce qui l'attend : réaliser l'irréalisable ! Résultat : pour le dernier Wallace & Gromit, il a fallu construire un village entier, mettre un troupeau de moutons sur pattes, et faire marcher une moto et d'autres machines délirantes à la Géo Trouvetout. En miniature, s'il vous plaît, et sans l'aide de l'ordinateur.

      
Chrono en main, Nick Park mime avec force le pas de l'oie du pantalon électrique. C'est sur le minutages de chaque phase du mouvement qu'il règlerea le rythme de l'animation.

      
Nick Park et Steve Box (un de ses meilleurs collaborateurs), miment la scène où Gromit se cache dans un carton pour épier le pingouin dans "The Wrong Trousers".

Car aux studios Aardman, on se vante d'être artisans. Cependant, n'allez pas imaginer pour autant une bande de rigolos qui jouent à la pâte à modeler toute la journée. L'équipe, au contraire, n'a pas l'air de s'amuser tous les jours. Aux murs, des plannings minutés rappellent que le cinéma, c'est de l'argent. Et que chaque retard fait dangereusement sonner le tiroir-caisse. C'est donc dans une ambiance concentrée et consciencieuse, avec à peine un petit fond de rock anglais, que chacun accomplit sa tâche.

Le décor : un travail de fourmi et jamais filmé au premier plan !


C'est ce qu'on appelle un désordre très ordonné. Ravagée en dix minutes par un mouton affamé, cette pièce a demandé des heures de travail minutieux aux décorateurs. Et un petit bout de paille par ci... Et un minuscule morceau de tissu soigneusement déchiré par là...


Bâtir en miniature est un travail de fourmi ! Pour que tout soit impeccable, chaque détail a son importance : des bouts de mousse pour un mur de pierre, ou un ciel peint devant lequel passera une fumée au moment du tournage, afin de donner l'impression de mouvement des nuages.

Deux secondes de tournage par jour

Quand tout est prêt (personnages, moutons, décors...), on filme. C'est là que des trésors de patience et d'organisation doivent être déployés. Car, tenez-vous bien, pour donner vie à Wallace & Gromit, deux secondes du film en moyenne sont tournées chaque jour ! Soit une minute de film par mois... Et ce pour une raison bien simple : le moindre mouvement du petit doigt de Wallace demande une orchestration délirante. Car les caméras ne filment pas au sens où elles enregistrent le mouvement (puisqu'il n'y en a pas) : elles prennent des photos, image par image. Or, pour restituer le mouvement, Nick Park filme en 24 images/seconde. Deux secondes de tournage équivalent à 48 images. Vous suivez ? Et 48 images, c'est 48 prises de vue, et cela prend du temps. Deux secondes, c'est à peu près le temps qu'il faut pour faire cligner deux fois des yeux le charmant Gromit en même temps qu'il lève les oreilles.

Gromit

Des caméras "spéciales animation"

Les caméras, bricolées exprès pour les films d'animation en volume, ont la même mobilité que celles du grand cinéma. Pour peu qu'il faille survoler le village ou suivre la moto de Wallace (poussée sur des rails), elles sont reliées à des câbles qui leur permettent de donner un mouvement sans que l'image ne se mette à trembler.


La caméra qui filme "Wallace & Gromit" est conçue exprès pour le cinéma d'animation. Elle est appelée « Big gun » à cause de sa forme. Grâce à l'écran de contrôle, le cadreur voit exactement ce qui sera perçu sur l'écran.

Le soir venu, dans la salle des rushes, l'ensemble de l'équipe admire le fini des deux petites secondes sacrées. Quand enfin le tournage est terminé, Nick Park suit avec attention le montage, avant de partir autour du monde vanter les mérites de ses délicieux Wallace & Gromit. Et de rapporter de nombreux trophées qui viendront s'ajouter aux précédents sur les étagères des studios Aardman...

Le rôle de la lumière

Voici Preston à trois moments de la journée :


Plein après-midi : la lumière principale, venant de gauche, évoque un soleil haut. Un panneau réflecteur placé à droite, hors-champ, renvoie une lumière douce sur les zones d'ombre.


Tombée de la nuit : la lumière principale, moins puissante, vient maintenant de droite et est voilée par un filtre gélatine orangé suggérant un soleil couchant. Une lumière d'ambiance frontale très discrète atténue les ombres, tandis que les phares du camion et l'éclairage du hangar accentuent cette atmosphère crépusculaire.


Pleine nuit : un filte gélatine bleu placé devant le projecteur d'ambiance émet une lumière froide, compensée par les reflets chaleureux d'une lumière tungstène qui rase les toits du bâtiment et semble provenir d'un luminaire du décor.

Et voici l'envers du décor avec les projecteurs correspondants :


L'installation des phares du camion de Preston est confiée à un bricoleur d'élite, qui fait passer les fils électriques sous l'aile pour relier des ampoules de lampe de poche à un transformateur basse tension. Ce type de luminaires fonctionnels est une composante essentielle de l'habillage et de l'éclairage réaliste des scènes nocturnes.

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