Morgane de toi

Y'a un mariolle, il a au moins quatre ans
Y veut t' piquer ta pelle et ton seau
Ta couche culotte avec tes bonbecs dedans
Lolita, défend-toi, fous-y un coup d' râteau dans l' dos
Attend un peu avant de t' faire emmerder
Par ces p'tits machos qui pensent qu'à une chose
Jouer au docteur non conventionné
J'y ai joué aussi, je sais de quoi j' cause
J' les connais bien les play-boys des bacs à sable
J' draguais leurs mères avant d' connaître la tienne
Si tu les écoutes y t' feront porter leurs cartables
'Reusement qu' j' suis là, que j' te regarde et que j' t'aime


Refrain

Lola
J' suis qu'un fantôme quand tu vas où j' suis pas
Tu sais ma môme
Que j' suis morgane de toi


Comme j'en ai marre de m' faire tatouer des machins
Qui m' font comme une bande dessinée sur la peau
J'ai écrit ton nom avec des clous dorés
Un par un, plantés dans le cuir de mon blouson dans l' dos
T'es la seule gonzesse que j' peux tenir dans mes bras
Sans m' démettre une épaule, sans plier sous ton poids
Tu pèses moins lourd qu'un moineau qui mange pas
Déploie jamais tes ailes, Lolita t'envole pas
Avec tes miches de rat qu'on dirait des noisettes
Et ta peau plus sucrée qu'un pain au chocolat
Tu risques de donner faim a un tas de p'tits mecs
Quand t'iras à l'école, si jamais t'y vas

Qu'est-ce qu' tu m' racontes tu veux un p'tit frangin
Tu veux qu' j' t'achète un ami Pierrot
Eh les bébés ça s' trouve pas dans les magasins
Puis j' crois pas que ta mère voudra qu' j' lui fasse un p'tit dans l' dos
Ben quoi Lola on est pas bien ensemble
Tu crois pas qu'on est déjà bien assez nombreux
T'entends pas c' bruit, c'est le monde qui tremble
Sous les cris des enfants qui sont malheureux
Allez viens avec moi, j' t'embarque dans ma galère
Dans mon arche y'a d' la place pour tous les marmots
Avant qu' ce monde devienne un grand cimetière
Faut profiter un peu du vent qu'on a dans l' dos

 

Miss Maggie

Paroles: Renaud Séchan / Musique : Renaud Séchan, Franck Langolff

Femme du monde ou bien putain
Qui bien souvent êtes les mêmes
Femme normale, star ou boudin,
Femelles en tout genre je vous aime
Même à la dernière des connes,
Je veux dédier ces quelques vers
Issus de mon dégoût des hommes
Et de leur morale guerrière
Car aucune femme sur la planète
N' s'ra jamais plus con que son frère
Ni plus fière, ni plus malhonnête
A part peut-être Madame Thatcher

Femme je t'aime parce que
Lorsque le sport devient la guerre
Y'a pas de gonzesse ou si peu
Dans les hordes de supporters
Ces
 fanatiques, fous-furieux
Abreuvés de haines et de bières
Déifiant les crétins en bleu,
Insultant les salauds en vert
Y'a pas de gonzesse hooligan,
Imbécile et meurtrière
Y'en a pas même en grande Bretagne
A part bien sûr Madame Thatcher

Femme je t'aime parce que
Une bagnole entre les pognes
Tu n' deviens pas aussi con que
Ces pauvres tarés qui se cognent
Pour un phare un peu amoché
Ou pour un doigt tendu bien haut
Y'en a qui vont jusqu'à flinguer
Pour sauver leur autoradio
Le bras d'honneur de ces cons-là
Aucune femme n'est assez vulgaire
Pour l'employer à tour de bras
A part peut être Madame Thatcher

Femme je t'aime parce que
Tu vas pas mourir à la guerre
Parc' que la vue d'une arme à feu
Fait pas frissonner tes ovaires
Parc' que dans les rangs des chasseurs
Qui dégomment la tourterelle
Et occasionnellement les Beurs,
J'ai jamais vu une femelle
Pas une femme n'est assez minable
Pour astiquer un revolver
Et se sentir invulnérable
A part bien sûr Madame Thatcher

C'est pas d'un cerveau féminin
Qu'est sortie la bombe atomique
Et pas une femme n'a sur les mains
Le sang des indiens d'Amérique
Palestiniens et arméniens
Témoignent du fond de leurs tombeaux
Qu'un génocide c'est masculin
Comme un SS, un torero
Dans cette putain d'humanité
Les assassins sont tous des frères
Pas une femme pour rivaliser
A part peut être Madame Thatcher

Femme je t'aime surtout enfin
Pour ta faiblesse et pour tes yeux
Quand la force de l'homme ne tient
Que dans son flingue ou dans sa queue
Et quand viendra l'heure dernière,
L'enfer s'ra peuplé de crétins
Jouant au foot ou à la guerre,
A celui qui pisse le plus loin
Moi je me changerai en chien si je peux rester sur la Terre
Et comme réverbère quotidien
Je m'offrirai Madame Thatcher

 

 

Fatigué

Paroles: Renaud Séchan / Musique : Renaud Séchan, Franck Langolff

Jamais une statue ne sera assez grande
Pour dépasser la cime du moindre peuplier
Et les arbres ont le coeur infiniment plus tendre
Que celui des hommes qui les ont plantés
Pour toucher la sagesse qui ne viendra jamais
Je changerai la sève du premier olivier
Contre mon sang impur d'être civilisé
Responsable anonyme de tout le sang versé

Fatigué, fatigué
Fatigué du mensonge et de la vérité
Que je croyais si belle, que je voulais aimer
Et qui est si cruelle que je m'y suis brûlé
Fatigué, fatigué

Fatigué d'habiter sur la planète Terre
Sur ce brin de poussière, sur ce caillou minable
Sur cette fausse étoile perdue dans l'univers
Berceau de la bêtise et royaume du mal
Où la plus évoluée parmi les créatures
A inventé la haine, le racisme et la guerre
Et le pouvoir maudit qui corrompt les plus purs
Et amène le sage à cracher sur son frère

Fatigué, fatigué
Fatigué de parler, fatigué de me taire
Quand on blesse un enfant, quand on viole sa mère
Quand la moitié du monde en assassine un tiers
Fatigué, fatigué
                      
Fatigué de ces hommes qui ont tué les indiens
Massacré les baleines, et bâillonné la vie
Exterminé les loups, mis des colliers aux chiens
Qui ont même réussi à pourrir la pluie
La liste est bien trop longue de tout ce qui m'écoeure
Depuis l'horreur banale du moindre fait divers
Il n'y a plus assez de place dans mon coeur
Pour loger la révolte, le dégoût, la colère

Fatigué, fatigué
Fatigué d'espérer et fatigué de croire
A ces idées brandies comme des étendards
Et pour lesquelles tant d'hommes ont connu l'abattoir
Fatigué, fatigué

Je voudrais être un arbre, boire à l'eau des orages
Pour nourrir la terre, être ami des oiseaux
Et puis avoir la tête si haut dans les nuages
Pour qu'aucun homme ne puisse y planter un drapeau
Je voudrais être un arbre et plonger mes racines
Au coeur de cette terre que j'aime tellement
Et que ces putains d'hommes chaque jour assassinent
Je voudrais le silence enfin et puis le vent

Fatigué, fatigué
Fatigué de haïr et fatigué d'aimer
Surtout ne plus rien dire, ne plus jamais crier
Fatigué des discours, des paroles sacrées

Fatigué, fatigué
Fatigué de sourire, fatigué de pleurer
Fatigué de chercher quelques traces d'amour
Dans l'océan de boue où sombre la pensée

Fatigué, fatigué

Le petit chat est mort

Paroles & Musique : Renaud Séchan

Va donc pas pleurer
Y s'baladait peinard
Il avait pas d'collier
Il était libre d'aller
Et d'rev'nir pour bouffer
Il était même pas prisonnier
De ton amour insensé

T'aurais quand même pas
Voulu qu'y vive comme un con
Sur le canapé
Loin des gouttières des pigeons
C'était un aventurier
T'aurais pas voulu qu'on l'attache
Y t'aurais miaulé: " Mort aux vaches! "

Le petit chat est mort
Il est tombé du toît
C'est comme ça
Il a glissé sur j'sais pas quoi
Et Patatras
On l'enterr'ra demain j'te jure
Dans un joli carton à chaussures

Le petit chat est mort
Et toi et moi on va couci-couça
A cause de quoi ? A cause que c'est
Chaque fois comme ça
Pourquoi c'est toujours les p'tits chats
Et jamais les hommes qui tombent des toits?

C'était un vrai sac à puces
Encore plus libre qu'un chien
Pas l'genre pour un su-sucre
A te lécher la main
Mais la liberté tu vois
C’est pas sans danger c'est pour ça
Qu'elle court pas les rues ni les toîts

C'était un vrai Titi
La terreur des p'tis oiseaux
La nuit y s'faisait gris
Pour les croquer tout chauds
C'est un peu salaud
Mais t'as jamais mangé d'moineau
C'est pas plus dégueu qu'un MacDo

Le petit chat est mort
Il est tombé du toit
C'est comme ça
Il a glissé sur j'sais pas quoi
Et Patatras
On ira d'main dans un jardin
L'enterrer au pied d'un arbre en bois

Le petit chat est mort
Et toi et moi on va
Couci-couça
A cause de quoi ? A cause qu’on s'demande bien pourquoi
T'as jamais un pape sur les toîts
Etre trop près du ciel p't'être qu'y z'aiment pas

 

 

Il pleut

Paroles & Musique : Renaud Séchan

Tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller tes ch'veux
J' sais qu' tu s'ras jolie quand même
Mais quand même tu s'ras partie
Moi y m' restera à peine
Que ma peine et mon envie
De te coller quelques beignes
Et quelques baisers aussi

Fais gaffe, dehors c'est pas mieux
Y'a d' la haine dans tous les yeux
Y'a des salauds très dangereux
Et des imbéciles heureux
Je suis mille fois meilleur qu'eux
Pour soigner tes petits bleus
Tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller tes ch'veux

Tu peux pas t' casser parc' que
T'as pas l' droit, c'est pas du jeu
On avait dit qu' tous les deux
On resterait près du feu
T'aurais pu attendre un peu
J'allais bientôt être vieux
Tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller tes ch'veux

Tu peux pas t' casser, je t'aime
A m'en taillader les veines
Et pi d'abord ça suffit
On s' casse pas à six ans et d'mi
Allez, d'accord, t'as gagné
Je te rallume la télé
Mais tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller tes ch'veux

Tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller mes yeux

La Blanche

Paroles & Musique : Renaud Séchan

Salut Michel ça fait une paye
Que j't'ai pas vu traîner dans mes ruelles
Qu'est-c'que tu d'viens moi ça va bien
Paraît qu'toi tu marches dans un drôle de ch'min
T'as les joues creuses les mains caleuses
Et la démarche un p'tit peu chaloupeuse
Vraiment tu m'terrasses bonjour l'angoisse
Paraît qu't'es tombé dans une drôle de crevasse
Paraît qu'c'est pas tous les jours dimanche

La blanche

Tu bois quelqu'chose non t'as pas soif
Y t'faut ta dose t'as pas d'tunes t'es en caraffe
Allez prend une bière ça peut pas t'faire de mal
C'est en vente libre profites en c'est pas cher
Au fait tu m'dois cent sacs j'en fais pas un sac
Mais tes p'tites arnaques ras l'bol j'en ai ma claque
Pour décrocher tu ma taxé


Pour descendre sur la côte t r'faire une santé


Est-c'qu'elle coûte moins cher à Villefranche

La blanche

Paraît qu'ta gonzesse s'est barré avec ta caisse
Paraît qu'tu bandais plus pour sa geule pour ses fesses
Tu veux que j'te dise t'étais trop bien pour elle
Comment ça j'ironise non j'suis pas cruel
Eh ben ma gueule te v'là tout seul
T'as l'regard triste comme un épagneul
T'es vachement speed mais t'as plus rien dans l'bide
T'as qu'la poudre au yeux et les yeux bien livides
Y'a vraiment plus qu'une seule chose qui t'branche

C'est la blanche

T'as p't'être raison j'te parle comme un vieux con
Mais j'suis un vieux con vivant j'ai la gaule j'suis content
Toi t'as les boules moi j'ai la frite
C'est pas du Bashung non mon pote c'est du Nietzsche
Toi tu t'fais une ligne moi une bibine
Pendant qu'tu t'dopes j'fume mes deux paquets d'clopes
Chacun son trip chacun son flip
Toi c'est pas souvent qu't'as des parties gratuites
J'préfère t'laisser tout seul sur ta branche

Avec la blanche

Allez salut Michel à la prochaine
On s'téléphone on s'fait une bouffe ça baigne
Et pi j'vais t'dire si tu m'fais un sourire
Tout c'que j't'ai dis ben j‘te jure que j'le r'tire
Mais si j'croise ton dealer j'y fous dans l'cœul
Un coup d'surin d'la part d'un copain
Ca risque d'être dur vu que c't'ordure
Un cœur ça m'étonnerait qu'il en ait un
On couchera avant lui entre quatre planches

Toutes blanches

 

 

Où c'est qu'j'ai mis mon flingue?

J' veux qu' mes chansons soient des caresses,
Ou bien des coups d' poings dans la gueule.
A qui qu' ce soit que je m'agresse,
J' veux vous remuer dans vos fauteuils.
Alors écoutez moi un peu,
Les pousse-mégots et les nez-d'boeux,
Les ringards, les folkeux, les journaleux.
D'puis qu'y' a mon nom dans vos journaux,
qu'on voit ma tronche à la télé,
Où j' vends ma soupe empoisonnée,
Vous m'avez un peu trop gonflé.
J' suis pas chanteur pour mes copains,
Et j' peux être teigneux comme un chien.
J' déclare pas, avec Aragon,
Qu' le poète a toujours raison.
La femme est l'avenir des cons,
Et l'homme n'est l'avenir de rien.

Moi, mon av'nir est sur zinc
D'un bistrot des plus cradingues,
Mais bordel, où c'est qu' j'ai mis mon flingue ?

J' vais pas m' laisser emboucaner
Par les fachos, pas les gauchos,
tous ces pauvr' mecs endoctrinés
Qui foutent ma révolte au tombeau.
Tous ceux qui m' traitent de démago
Dans leur torchons qu' j' lirais jamais :
" Renaud, c'est mort, il est récupéré " ;
Tous ces p'tits bourgeois incurables
Qui parlent pas, qu'écrivent pas, qui bavent,
qui vivront vieux leur vie d' minables,
Ont tous dans la bouche un cadavre.
T't' façon, j' chante pas pour ces blaireaux,
Et j'ai pas dit mon dernier mot.
C'est sûr'ment pas un disque d'or,
Ou un Olympia à moi tout seul,
Qui me feront virer de bord,
Qui me feront fermer ma gueule.

Tant qu'y' aura d' al haine dans mes s'ringues,
Je ne chant'rai que pour les dingues,
Mais bordel, ! Où c'est qu' j'ai mis mon flingue ?

Y'a pas qu' les mômes, dans la rue,
Qui m' collent au cul pour une photo,
Y'a même des flics qui me saluent,
Qui veulent que j' signe dans leurs calots.
Moi j' crache dedans, et j' cris bien haut
Qu' le bleu marine me fait gerber,
Qu' j'aime pas l' travail, la justice et l'armée.
C'est pas demain qu'on m' verra marcher
avec les connards qui vont aux urnes,
Choisir celui qui les f'ra crever.
Moi, ces jours là, j' reste dans ma turne.
Rien à foutre de la lutte de crasse,
Tous les systèmes sont dégueulasses !
J' peux pas encaisser les drapeaux,
quoi que le noir soir le plus beau.
La marseillaise, même en reggae,
Ca m'a toujours fait dégueuler.

Les marches militaires, ça m' déglingue
Et votr' République, moi j' la tringle,
Mais bordel ! Où c'est qu' j'ai mis mon flingue ?

D'puis qu'on m'a tiré mon canif,
Un soir au métro Saint Michel,
J' fous plus les pieds dans une manif
Sans un nunchak' ou un cocktail
A Longwy comme à Saint Lazare,
Plus de slogans face aux flicards,
Mais des fusils, des pavés, des grenades !
Gueuler contre la répression
En défilant " Bastille-Nation "
Quand mes frangins crèvent en prison
Ca donne une bonne conscience aux cons,
Aux nez-d'boeux et aux pousse-mégots
Qui foutent ma révolte au tombeau.

Si un jour j' me r'trouve par terre,
Sûr qu' ça s'ra d' la faute à Baader.
Si j' crève le nez dans le ruisseau,
Sûr qu' ça s'ra d' la faute à Bonnot.

Pour l'instant, ma gueule est sur le zinc
D'un bistrot des plus cradingues,
MAIS FAITES GAFFE !

J'AI MIS LA MAIN SUR MON FLINGUE !

Les aventures de Gérard Lambrert

Quatorze Avril 77
Dans la banlieue où qui fait nuit
La petite route est déserte
Gérard Lambert rentre chez lui
Dans le lointain les mobylettes poussent des cris...
Ca y' est j'ai planté le décor
Créé l' climat de ma chanson
Ca sent la peur ça pue la mort
j'aime bien c' t' ambiance pas vous? ah bon...
Voici l'histoire proprement dite
voici l'intrigue de ma chanson
Gérard Lambert roule très vite
Le vent s'engouffre dans son blouson
Dans le lointain les bourgeois dorment comme des cons
Lorsque soudain survient le drame
Juste à la sortie d'un virage
Y'a plus d'essence dans la bécane
Gérard Lambert est fou de rage!

T'aurais pas dû Gérard Lambert
Aller ce soir là à Rungis
T'aurais dû rester chez ta mère
Comme un bon fils

Il met sa mob sur la béquille
s'assied par terre et réfléchit:
Dans cette banlieue de bidonvilles
Y'a pas un pompe ouverte la nuit!
Dans le lointain y'a une sirène qui s'évanouit...
Qu'est ce que j' vais faire bordel de dieu?
J' vais quand même pas rentrer à pied!
Plus y s'angoisse moins ça va mieux
Quand soudain lui surgit une idée:
J' vais siphonner un litre ou deux
Dans l' réservoir de cette bagnole
Et pis après j'y crève les pneus
Comme ça gratuitement par plaisir
Faut bien que j' me défoule un peu
J' suis énervé...
Une fois son forfait accompli
Gérard Lambert va repartir
La mobylette veut rien savoir
C'est le bon Dieu qui l'a puni!

T'aurais pas dû Gérard Lambert
Aller ce soir là à Rungis
T'aurais dû rester chez ta mère
Comme un bon fils

Alors pendant une demi heure
Dans son moteur il tripatouille
Il est crevé il est en sueur
Il a du cambouis jusqu'aux coudes
Dans le lointain le jour se lève
Comme d'habitude
A c' moment là un mec arrive
Un p'tit loubard aux cheveux blonds
Et qui lui dit comme dans les livres:
" S'te plaît dessine moi un mouton
Une femme à poil ou un calibre
Un cran d'arrêt une mobylette
Tout c' que tu veux mon pote t'es libre
Mais dessine moi quequ' chose de chouette!
Dans le lointain y' s' passe plus rien
Du moins il me semble...

Alors d'un coup d' clé à molette
Bien placé entre les deux yeux
Gérard Lambert éclate la tête
Du Petit Prince de mes deux!
Faut pas gonfler Gérard Lambert
Quand y répare sa mobylette
C'est la morale de ma chanson
Moi j' la trouve chouette
Pas vous ? ah bon...

Dans mon HLM

Au rez-d'-chaussée, dans mon HLM
Y'a une espèce de barbouze
Qui surveille les entrées,
Qui tire sur tout c' qui bouge,
Surtout si c'est bronzé,
Passe ses nuits dans les caves
Avec son Beretta,
Traque les mômes qui chouravent
Le pinard aux bourgeois.
Y s' recrée l'Indochine
Dans sa p'tite vie d' peigne cul.
Sa femme sort pas d' la cuisine,
Sinon y cogne dessus.
Il est tellement givré
Que même dans la Légion
Z'ont fini par le j'ter,
C'est vous dire s'il est con!

Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!

Au premier, dans mon HLM,
Y'a l' jeune cadre dynamique,
Costard en alpaga,
C'ui qu'a payé vingt briques
Son deux pièces plus loggia.
Il en a chié vingt ans
Pour en arriver là,
Maintenant il est content
Mais y parle de s' casser.
Toute façon, y peut pas,
Y lui reste à payer
Le lave vaisselle, la télé,
Et la sciure pour ses chats,
Parc' que naturellement
C' bon contribuable centriste,
Il aime pas les enfants,
C'est vous dire s'il est triste!

Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!

Au deuxième, dans mon HLM,
Y'a une bande d'allumés
Qui vivent à six ou huit
Dans soixante mètres carrés,
Y'a tout l' temps d' la musique.
Des anciens d' soixante-huit,
Y'en a un qu'est chômeur
Y'en a un qu'est instit',
Y'en a une, c'est ma soeur.
Y vivent comme ça, relax
Y'a des mat'lats par terre,
Les voisins sont furax;
Y font un boucan d'enfer,
Y payent jamais leur loyer,
Quand les huissiers déboulent
Y écrivent à Libé,
C'est vous dire s'ils sont cools!

Putain, c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!

Au troisième, dans mon HLM;
Y'a l'espèce de connasse,
Celle qui bosse dans la pub',
L'hiver à Avoriaz,
Le mois d' juillet au Club.
Comme toutes les décolorées,
Elle a sa Mini-Cooper,
Elle allume tout l' quartier
Quand elle sort son cocker.
Aux manifs de gonzesses,
Elle est au premier rang,
Mais elle veut pas d'enfants
Parc' que ça fait vieillir,
Ca ramollit les fesses
Et pi ça fout des rides,
Elle l'a lu dans l'Express,
C'est vous dire si elle lit!

Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!

Au quatrième, dans mon HLM,
Y'a celui qu' les voisins
Appellent " le communiste ",
Même qu'ça lui plaît pas bien,
Y dit qu'il est trotskiste!
J'ai jamais bien pigé
La différence profonde,
Y pourrait m'expliquer
Mais ça prendrait des plombes.
Depuis sa pétition,
Y'a trois ans pour l' Chili,
Tout l'immeuble le soupçonne
A chaque nouveau graffiti,
N'empêche que " Mort aux cons "
Dans la cage d'escalier,
C'est moi qui l'ai marqué,
C'est vous dire si j'ai raison!

Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!

Pi y'a aussi, dans mon HLM,
Un nouveau romantique,
Un ancien combattant,
Un loubard, et un flic
Qui s' balade en survêtement
Y fait chaque jour son jogging
Avec son berger all'mand,
De la cave au parking,
C'est vachement enrichissant.
Quand j'en ai marre d' ces braves gens
J' fais un saut au huitième
Pour construire un moment
'vec ma copine Germaine,
Un monde rempli d'enfants.
Et quand l' jour se lève
On s' quitte en y croyant,
C'est vous dire si on rêve!

Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!

Mistral Gagnant

Paroles: Renaud Séchan / Musique : Renaud Séchan, Franck Langolff

A m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Et regarder les gens tant qu'y en a
Te parler du bon temps qu'est mort ou qui r'viendra
En serrant dans ma main tes p'tits doigts
Pis donner à bouffer à des pigeons idiots
Leur filer des coups d' pieds pour de faux
Et entendre ton rire qui lézarde les murs
Qui sait surtout guérir mes blessures
Te raconter un peu comment j'étais mino
Des bonbecs fabuleux qu'on piquait chez l' marchand
Car en sac et Minto, caramel à un franc
Les mistrals gagnants

A marcher sous la pluie cinq minutes avec toi
Et regarder la vie tant qu'y en a
Te raconter la Terre en te bouffant des yeux
Et parler de ta mère un p'tit peu
Et sauter dans les flaques pour la faire râler
Bousiller nos godasses et s' marrer
Et entendre ton rire comme on entend la mer
S'arrêter et r'partir en arrière
Te raconter surtout les carambars d'antan, les cocos bohères
Et les vrais roudoudou qui nous coupaient les lèvres
Et nous niquaient les dents
Les mistrals gagnants

A m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Et regarder l' soleil qui s'en va
Te parler du bon temps qu'est mort et je m'en fou
Te dire que les méchants c'est pas nous
Que si moi je suis barge, ce n'est que de tes yeux
Car ils ont l'avantage d'être deux
Et entendre ton rire s'envoler aussi haut
Que s'envolent les cris des oiseaux
Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie
Et l'aimer même si le temps est assassin
Et emporte avec lui le rire des enfants
Les mistrals gagnants
Les mistrals gagnants