REPUBLIQUE FEDERALE ISLAMIQUE
DES COMORES
ARMEE NATIONALE DE DEVELOPPEMENT
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Moroni, le 17 Mars 1999
COMMISSION DE DEFENSE DE LA LOYAUTE
A Monsieur le Délégué d'Etat à la Défense
Ce jour, 17 mars 1999, des Officiers et Cadres de l'Armée Nationale
de Développement se sont réunis au Commandement de la Gendarmerie
Fédérale
et ont l'honneur de vous rapporter ce qui suit:
Le Pouvoir exécutif s'est engagé à récompenser
les militaires qui ont porté gravement atteinte à la sûreté
de l'Etat et mené une rébellion armée en Septembre
1992, coûtant la vie à certains de nos frères d'Armes
( paix à leur âme ) et nous laissant des infirmes, des orphelins
et des veuves.
Cette "prime à la bêtise" s'évalue à
cent vingt trois millions quatre cent soixante huit mille six cent cinquante
quatre ( 123.468.654 FC - ref. lettre N° 99-77/MIF/BCI/CAB du 2 mars
99). A l'heure actuelle, un premier versement d'un montant de treize millions
(13.000.000 FC) vient d'être touché (Ref. CHEQUE BIC: libellé
au nom de CA N° 339 700 du 5 mars 99). La somme restante sera versée
par tranches de dix millions (10.000.000 FC) jusqu'en janvier 2000.
Ainsi notre "riche et généreux" Etat, débloque
des moyens pour récompenser ses "vaillants guerriers" pour
des "services rendus".
Il convient de rappeler que, ces mêmes militaires qui ont commis des
actes tragiques ont bénéficié d'une loi d'amnistie,
d'une réintégration dans leurs Corps d'origine avec un rappel
de salaires antérieurs, alors que les militaires loyalistes victimes
de ces évènements n'ont rien bénéficié
( pas de capital décès, pas de suivi médical ni de
soutien moral).
En agissant de la sorte l'exécutif a incontestablement, selon nos
convictions profondes, voulu non seulement causer des préjudices
moraux et psychologiques à l'égard des militaires qui sont
restés fidèles à la nation, mais aussi insulter la
mémoire de ceux qui sont tombés au Champ de bataille et remuer
les plaies des blessés en laissant des mauvais souvenirs à
leurs familles. Il est à noter que cette manière de faire
a déjà été à l'origine de nombreuses
crises au
sein de notre armée et la situation actuelle de ceux qui servent
à Anjouan en est une belle illustration.
Nous déplorons donc fermement de tels procédés et attitudes
et saisissons cette opportunité pour interpeller la conscience de
la Présidence de la République, du Gouvernement, de l'Assemblée
Fédérale et du Haut Conseil de la République pour évaluer
la gravité de tels faits et dans l'urgence trouver une solution à
ce problème crucial carn l'avenir, la cohésion, l'esprit républicain
de notre Armée en dépendent.
En ce qui concerne les réparations financières de tous les
militaires ayant agi dans un esprit républicain, nous exigeons à
ce que une prime de loyauté à la nation leur soit accordée
d'ici une semaine.
Passé ce délai, si rien n'est fait nous vous tiendrons
responsables des conséquences qui en découleront.
Ainsi, il est grand temps que le peuple comorien soit informé de
cette situation tragique de notre armée et que nos élus et
nos autorités de tout bord puissent se prononcer afin d'apprécier
les actes des uns et des autres d'une façon objective et tirer les
conclusions qui s'imposent.
LES MEMBRES DE LA COMMISSION
Signés:
Lieutnant colonel SOILIHI MOHAMED | |
Capitaine CHAHARANE MOGNE | |
Capitaine AHMED ABDOULBASTOI ABDALLAH | |
Copies à:
Président de la République par Intérim Procureur
Général
Président du Haut Conseil de la République Gouverneur de
Ngazidja
Président de l'Assemblée
Gouverneur de Mohéli
Premier Ministre Chef
d'Etat Major de l'Armée
Président du Conseil des Ulémas Chef de la MAM
Grand moufti de la République Chef de la MIO