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LE LCC : une génèse américaine

Les méthodes d'analyse de coûts ont pris naissance aux États-Unis et ont acquis une notoriété mondiale du fait de leur adoption par le Département Américain de la Défense (D.O.D.). Elles appartiennent à ce que nous avons traduit en francais et que nous appelons globalement, Analyse de la Valeur.

Au fur et à mesure du développement de l'analyse de la valeur (vers 1950), le concept a évolué. Au début, on parlait uniquement de "Value Analysis" (et parfois de "Purchase Analysis"), puis on a ensuite parlé à la fois de "Value Analysis et de Value engineering". Le premier terme s'adresse en fait à des produits connus, existants, alors que le second concerne des produits nouveaux en cours d'élaboration. Traduction littérale de l'américain "Value Analysis", le terme d'Analyse de la valeur cache en réalité une méthodologie permettant de maîtriser la conception d'un produit ou d'un service. La démarche du travail en analyse de la valeur commence avec la formation d'un groupe pluridisciplinaire. Ce groupe recherche avec une approche systématique et organisée l'obtention des fonctions réellement nécessaires à la satisfaction des besoins ou désirs pour lesquels ils sont créés.

Dans les années 60-61, pour freiner la croissance rapide du coût des systèmes d'armes, le Département Américain de la Défense (D.O.D.) proposa à ses fournisseurs industriels la pratique du "Cost effectiveness" (ou réduction des coûts) qui consistait à réduire les coûts de fabrication tout en ne modifiant pas le produit commandé. En échange, le D.O.D. garantissait une augmentation de la marge bénéficiaire proportionnelle au gain réalisé.

Cette méthode ne s'est pas avérée suffisante, aussi en 1964, il imposa à tous ses fournisseurs la pratique de la "Value Engineering" adoptée par l'US Navy (marine américaine) depuis 1954.

Malgré ces efforts répétés, les dépassements budgétaires continuaient. Alors, le Département de la Défense modifia complètement sa politique d'acquisition, tout au moins pour les grands programmes. Il adoptera en 1971 cette nouvelle méthode désignée "Design-to-cost", contraction de design to a cost, que nous traduisons généralement par conception pour un coût objectif (C.C.O.). On donne aux objectifs de prix la même importance qu'aux objectifs de performances et de délais. Les arbitrages se font lors du développement et on recherche alors une optimisation de ces divers éléments. L'industriel peut sacrifier des performances non essentielles au profit d'un coût moindre. La conception pour un coût objectif s'avère très utile, surtout lorsqu'il s'agit d'assurer une bonne coordination entre le fournisseur et le client.

Le "design-to-cost" est une méthode de gestion prévisionnelle des coûts et non une méthode de réduction de coûts. Elle permet d'imposer une parfaite définition des spécifications techniques et de production, une confiance entre les clients et les fournisseurs, une définition du taux de transaction (coût/performances) et une évaluation des coûts par méthodes paramétrées. Cependant, avec cette méthode de conception pour un coût objectif n'y-a-t-il pas le risque de concevoir un produit dont les coûts d'utilisation et de maintenance seront excessifs ?

Pour remédier à ces excès, en 1976-1977 le Département Américain de la Défense s'oriente donc vers le " Design to life-cycle cost" ou conception pour un coût global de durée de vie, qui comprend les coûts d'acquisition, d'utilisation et de maintenance, cumulés sur toute la vie d'utilisation du produit. Le coût global allait ainsi se développer et devenir une exigence pour les appels d'offres.

Le but recherché est d'obtenir cette somme appelée coût global de durée de vie. Elle doit être la plus faible possible tout en maintenant une utilisation satisfaisante pour le consommateur.

Généralement, le coût de construction d'un produit au sein des entreprises intègre la part relative des coûts de développement et d'industrialisation appelés coûts de lancement et coût de fabrication. Le client considère le prix de vente unitaire qui est conditionné par le coût de fabrication unitaire mais aussi par les coûts de lancement et par les quantités produites.

Nous voyons ainsi que la notion de coût est sujette à diverses interprétations, formulons alors le coût global de durée de vie :

coût de développement + coût d'industrialisation + coût de production + coût d'utilisation + coût de maintenance + coût de destruction

= coût global de durée de vie (LCC)

Schématiquement, le coût global de durée de vie ne représente que cette addition, mais en fait, il résume de nombreux aspects économiques, au travers de chiffres.

Si le coût global est à priori une simple addition des différents coûts cités auparavant, encore faut-il savoir distinguer leurs spécificités.

LA METHODOLOGIE LCC, UN DOMAINE PEU EXPLORE EN FRANCE

Pourquoi raisonner en terme de coût global ?

Le coût global répond à l'idée simple qui consiste à ne pas mesurer un coût avec la seule dimension de l'investissement initial.

Connue sous le nom de " life-cycle-cost " (LCC), cette approche est utilisée d'une façon courante aux Etats-Unis. Moins connue en France, son emploi y est plus limité bien que certains organismes publics, semi-publics et privés s'y intéressent.

Très souvent, le consommateur confond le " coût " d'un produit avec son prix d'acquisition. Pour les biens durables, cette confusion de termes est souvent trompeuse. En effet, les dépenses engendrées par l'utilisation et la maintenance sont, sur une longue période, souvent plus importantes que le seul coût d'achat.

Ainsi l'analyste prend conscience que les notions de prix d'achat puis de coût d'exploitation ne répondent que partiellement à l'étude économique complète et ne paraissent plus les seuls critères significatifs dans les études économiques. Elles donnent toutes deux une image à un instant donné mais elles ne tiennent pas compte du facteur temps.

Le concept de coût global intègre la notion de temps en exprimant le coût total des biens durables pendant leur période d'utilisation. Il permet d'inclure toutes les dépenses relatives à l'acquisition, à l'utilisation, à la maintenance et, éventuellement, au rebut du produit. Le coût global permet d'arbitrer entre le présent et le futur. C'est une prévision économique qui peut utilement guider le choix d'un investissement ou faciliter la conception d'un produit.

Ce besoin était déjà ressenti depuis longtemps et la publication du coût de revient au kilomètre d'une automobile dans les revues spécialisées en est une illustration. Pour connaître l'utilisation et la maintenance d'un produit, il faut tout d'abord analyser la durée de vie de ce produit. Elle se repartit en plusieurs étapes. Certains éléments sont parfaitement connus et comptabilisés, alors que d'autres sont ignorés ou mal appréhendés à cause de leur dispersion.

Les trois premières phases (conception, fabrication et distribution) appartiennent globalement à la production du produit, c'est-à-dire aux entreprises, alors que les autres phases (utilisation, maintenance, cessation de service) sont du domaine des utilisateurs. Les données statistiques de ces dernières phases sont généralement moins connues parce qu'elles sont plus disparates et donc plus délicates à recueillir.

Schématiquement, le coût global ne représente que l'addition de tous les coûts mais en fait, il résume de nombreux aspects économiques, au travers de ces chiffres.

La décomposition du coût global nous permet de comprendre qu'il existe deux utilisations possibles du concept :

Dans l'optique d'aider à la conception d'un produit, l'on petit considérer que l'emploi du coût global est une extension à l'étude du coût complet, c'est-à-dire du prix de revient total pour l'utilisateur. Cette nouvelle approche permet au constructeur d'estimer les coûts et de les maîtriser non seulement pour lui, mais aussi pour les consommateurs. L'on améliore ainsi la compétitivité du produit par satisfaction des besoins du client.

Lorsque les utilisateurs choisissent leurs investissements à l'aide du critère de coût global, ils regroupent les quatre premiers éléments (coût de développement, d'industrialisation, de fabrication et de distribution) sous le terme de coût d'acquisition. Le tableau ci-dessous reflète les points de vue :

Prix de vente entreprise ou coût d'acquisition client

Coût de possession utilisateur

Coût de développement

+ Coût d'industrialisation

+ Coût de fabrication

+ Coût de distribution

+ Coûts supplémentaires (après-vente)

+ Marge de l'entreprise

 

Coût acquisition

+ Coûts annexes d'acquisition

+ Coût d'utilisation

 

+ Coût de maintenance

+ Coût de fin de vie

S = Coût Global

 Pour mieux montrer les réflexions, voire les difficultés, qu'amène l'utilisation du coût global, nous allons examiner ses principales spécificités.

La première spécificité concerne la notion de durée de vie. Comme nous l'avons préalablement signalé, le coût global tient compte de la notion de temps. Cette méthode s'adresse donc à des biens durables, c'est-à-dire ayant une durée d'utilisation. Elle ne s'applique pas à des biens utilisés une seule fois puis jetés. C'est pourquoi le LCC n'est pas utilisé dans le domaine de lancements spatiaux (ex : lancement de fusées comme Ariane dont la durée de vie est la durée du lancement soit quelques minutes).