JULIAN.

J’ai croisé une femme, tout près de la fontaine
Elle me salue d’entrée et puis elle me demande
« Où pourrais-je trouver Lord Julian ce matin ?
A côté des montagnes, ou auprès de la mer ? »
« Oh, non, ma chère, non, il chevauche en Arden,
Où tout n’est que verdure et fraîcheur grimpante :
Et si vous le cherchez, rendez vous en Arden,
Car le Prince Julian aime Arden au printemps »

Et j’ai revu la femme de nouveau en été,
Elle me stoppe au passage, et demande volontiers
« Où pourrais-je trouver Lord Julian ce matin ?
En bas du grand Kolvir ou devant la Marelle ? »
« Oh, non, ma chère, non, il chevauche en Arden,
De jour ou par la nuit sous les feuilles de l’été
Car la forêt d’Arden est bien belle en été,
Et le Prince Julian y resterait toujours »

J’ai rencontré la dame qui marchait en automne
Elle m’attrape par la manche et me demande encore
« Où pourrais-je trouver Lord Julian ce matin ?
A la bibliothèque, parmi livres et plumes ? »
« Oh, non, ma chère, non, il chevauche en Arden,
Dans une partie de chasse, sa meute traque une proie
Dont le sang rend les feuilles mortes encore plus rouges
Et il passe l’automne parmi la meute d’Arden »

Et une dernière fois je vois la dame, en hiver
Tout près des murs d’Ambre et les fixant des yeux
« Où pourrais-je trouver Lord Julian ce matin ?
Parmi ces vastes murs, et au milieu des siens ? »
« Oh, non, ma chère, non, il chevauche en Arden,
La neige tombe sur lui, comme sur les feuilles mortes
Et si vous le cherchez, rendez vous en Arden,
Car Arden est le seul amour du Prince Julian. »