LE PACS : POUR
QUI ET COMMENT ?
Toute personne
majeure, non mariée et non déjà pacsée, peut conclure un PACS avec une
autre personne (seulement une !) remplissant ces mêmes conditions. Les
deux partenaires doivent, pour ce faire :
1. Conclure une convention dans les termes prévus par la loi du 15
novembre 1999 relative au pacte civil de solidarité (pour plus de
précisions, consulter une avocate ou voir la Fiche d'Information du
Ministère de la Justice, dont un exemplaire se trouve au local).
2. Déposer deux
exemplaires originaux de cette convention auprès du Greffe du Tribunal
d'Instance du lieu de résidence des deux partenaires, accompagnés pour des
célibataires n'ayant jamais été mariées, des pièces suivantes :
Une attestation de non-PACS pour
chacune des partenaires à obtenir auprès du greffe du Tribunal d'Instance
du lieu de naissance pour les françaises et auprès du greffe du Tribunal
de Grande Instance de Paris pour les étrangères.
Attention, ce document
ne sera fourni que sur présentation d'une copie intégrale de l'acte de
naissance, en original.
II - QUE PREVOIR DANS LA CONVENTION ?
1. L'aide mutuelle
L'idée centrale de la
loi sur le PACS est que les partenaires doivent s'apporter une aide
mutuelle et matérielle. La loi ne dit pas ce qu'il faut entendre par là.
Il a été beaucoup écrit sur le point de savoir ce que recouvre cette aide
et il n'y a à ce jour aucune certitude. C'est la raison pour laquelle les
partenaires doivent bien réfléchir à leur convention et définir
précisément leurs intentions sur ce point. En effet, il en découlera des
conséquences en ce qui concerne les dettes éventuelles du couple envers
les tiers.
2.
Le sort des biens :
Il convient de prévoir
le sort des biens qui seront acquis par l'une ou l'autre ou ensemble par
les deux partenaires, pendant la durée du PACS. La loi est très lapidaire
sur le sort des biens et prévoit tout simplement que tout est indivis,
c'est à dire qu'à défaut de précisions, tous les biens deviendront
propriété des deux partenaires à parts égales. Ce n'est que pour les
meubles dits meublants (les tables, chaises, lits…) qu'il est possible de
prévoir que chacune demeurera propriétaire de ce qu'elle aura acquis.
Cependant, encore
faut-il être en mesure de prouver qui est propriétaire de quoi, et ce
parfois dans des circonstances difficiles (séparation ou décès). Si donc
les partenaires ne veulent pas d'indivision, lors de chaque achat elles
devront faire établir une facture au nom de celle qui achète, et la
conserver. Pour les autres biens meubles acquis par l'un ou l'autre
pendant la durée du PACS (argent, actions, placements, titres ….), si les
partenaires souhaitent les conserver en nom propre et ne pas les mettre en
indivision, il n'est pas suffisant de l'écrire dans la convention de PACS.
En effet, en conséquence de la loi, et de l'interprétation qu'en a fait le
Conseil Constitutionnel, ils seront présumés indivis par moitié à moins
que " l'acte d'acquisition ou de souscription n'en dispose autrement
".
L'application de ces
dispositions est encore l'objet de grandes incertitudes. Cependant, une
précaution minimum pour éviter l'indivision sera de maintenir vos comptes
bancaires et d'épargne en votre nom propre, d'établir tous les ordres de
dépôt, de virement et de placement à votre nom propre et de conserver ces
documents pour éviter toute discussion future.
Pour les biens
immeubles c'est plus simple puisqu'une telle acquisition implique un acte
notarié qui mentionnera le nom de la ou des propriétaires. Encore faut il
s'assurer, lorsqu'il s'agit d'une acquisition en propre, que le notaire
mentionne bien l'origine des fonds et précise qu'il s'agit de biens
propres.
3.
Que se passe-t-il lorsque l'une des partenaires décède ?
Il est souhaitable de
prévoir dans la convention le sort des biens en cas de décès. Cependant,
ces dispositions ne sont pas suffisantes à elles seules et il est
indispensable de faire un testament.
En outre, si les
partenaires souhaitent que la survivante hérite de tout ou partie de la
succession, il est très opportun de souscrire chacune une police
d'assurance vie au bénéfice de l'autre en prévision des droits de mutation
qui seront dus sur la succession recueillie par la survivante.
En effet, même si
désormais la loi sur le PACS prévoit un régime fiscal particulier pour les
partenaires pacsées, le " tarif " n'est pas aussi intéressant que pour les
époux.
Dans le cas de biens
recueillis par une partenaire dans la succession de l'autre, les droits de
mutation (les impôts à payer) sont calculés après une franchise de 375 000
francs. Cela signifie qu'il n'y a pas d'impôt à payer sur les premiers 375
000 francs (57 168.38 €) recueillis. Au-delà de cette somme, l'impôt est
au taux de 40% sur 100 000 francs (15 244.90 €) et au-delà, 50 % sur le
reste.
Il en résulte que dans
le cas de deux partenaires ayant acquis ensemble une maison valant un
million (1 000 000) francs (152 449.01 €), si la prémourante a laissé sa
part à la survivante, elle recueille donc une part valant 500 000 francs
(76 224.51 €). Elle ne paiera pas d'impôt sur les premiers 375 000 francs
(57 168.38 €) recueillis. Sur les 12 500 francs (19 056.13 €) restant,
elle paiera :
Ø 40% sur 100 000
francs (15 244.90 €), soit 40 000 francs (6 097.96 €)
Ø 50% sur 25 000
francs (3 811.23 €), soit 12 500 francs (1 905.61 €)
Soit un impôt total de
52 500 francs (8 003.57 €)
Pour mémoire,
signalons que la même imposition s'applique aux donations que les
partenaires peuvent se faire après deux ans de PACS, sous réserve des taux
plus favorables qui s'appliquent pour les donations faites avant le 65ème
anniversaire de la donatrice, quelques soient les liens de parenté avec le
ou la bénéficiaire (réduction de 50% de l'impôt).
4. Que se passe-t-il
pour les enfants ?
La loi sur la PACS ne
prévoit rien pour les enfants. Les dispositions du Code Civil ont donc
vocation à s'appliquer. Néanmoins, lorsque les partenaires élèvent
ensemble un ou des enfants, il est souhaitable de prévoir dans la
convention ce qu'il adviendrait en cas de rupture ou de décès. En effet,
même si ces dispositions ne sont pas suffisantes à elles seules dans le
cas où un désaccord surviendrait après une rupture ou dans le cas d'un
décès, la convention sera un élément très important dans le débat devant
le Juge aux Affaires Familiales.
5.
Les prestations sociales, les impôts :
Les revenus de la
troisième année du PACS sont obligatoirement soumis à une imposition
commune, que les partenaires le souhaitent ou non. Cette imposition
commune s'applique " à compter de l'imposition des revenus de l'année du
troisième anniversaire de l'enregistrement du pacte ". Il en résulte que
pour un PACS souscrit en 2001, les revenus de 2003 feront l'objet d'une
imposition commune due en 2004.
Pour l'attribution ou
le maintien de prestations sociales ou du RMI, le PACS est pris en compte.
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En conclusion, il est
réellement nécessaire de réfléchir à la rédaction de la convention et de
prendre conseil.
Me Armelle OMNES
Avocate à la Cour d'Appel de
Rennes |