La consommation : "Dis moi ce que tu consommes, et je te dirai qui tu es."

 

                                 Si elle constitue notre  choix le plus quotidien, si nous sommes ce que nous consommons, elle en dit long sur une société. Il suffit d'observer le sens des changements d'enseignes dans une ville, dans un quartier, pour saisir l'évolution des choix de la clientèle supposée, de ce qui est censé la séduire... et de son pouvoir d'achat.

                                      Nous avons connu l'apparition, et la dénonciation, des "temples de la consommation", de la société du même nom... Elle s'est si bien banalisée qu'elle est devenue allant de soi. Il y a bien des esprits chagrins qui dénoncent le fait que 20% de la population mondiale consomment 80% des ressources naturelles, qui alertent contre cette folie à long terme, mais le court terme, le profit et la satisfaction immédiats sont seuls gratifiants...

                                      Le vertueux Monsieur Barre attribuait l'inflation au fait que les Français vivaient au-dessus de leurs moyens. Désormais il est devenu devoir citoyen de consommer et si l'économie va mal c'est parce que les mêmes Français, frileux, économisent plutôt que de dépenser à tout va l'argent qu'éventuellement ils n'ont pas. Merveilleuses cartes de crédit : "Cédez à vos envies."  Qui renoncerait à une telle facilité sinon une ringarde comme moi ?

                                      Lors de son 1° passage en ce lieu, l'actuel titulaire du ministère de la santé répondait à un médecin venu lui dire tout son souci, en terme de santé publique, devant la surconsommation médicale : " Je suis tout à fait de votre avis mais si je vous écoutais, dans un an, nous aurions 100 000 chômeurs de plus."  Je suppose que dans la même logique, tant mieux si vous souffrez d'effets secondaires puisque vous y remédierez par des médicaments !

 

                                      Consommation plaisir, consommation moutonnière en fait dictée par l'économie dite libérale, ou reflétant un besoin d'identification d'où la dictature des marques, vogue des produits censés améliorer la santé, d'assurer un mieux-être et donc d'autant plus légitimes...

                                      Depuis 20 ans chaque échéance politique apporte une "alternance".    La surexposition des hommes politiques dans les médias les aurait-elle banalisés au point que nous les ayons assimilés à un produit consommable comme un autre ?  Pas satisfaits, on change ! Y-a-t-il toujours acte plus réfléchi, plus conscient que dans les achats d'impulsion ?

 

                                      La consommation apparaît comme phénomène d'identification  par rapport à des "valeurs" qu'on accepte et donc tout autant qu'on refuse. C'est  la signature d'une société, d'un individu. La société en est imprégnée au point que l'acte de consommation demande  une vigilance accrue pour différencier envie et besoin, choix personnel et conditionnement ambiant, mots d'ordre successifs et contradictoires des gouvernants...  En un mot pour être assez lucide et alors seulement rester LIBRE.

 

                                                                                                           Michèle.