Marianne Cornevin : ( secrets du continent noir révélés
par l'archéologie )
Heine Owusu : ( les symboles Africains )
Engelbert Mveng : ( les sources grecques de l'histoire Négro-Africaine
)
Nos ancêtres les gaulois
C'était, il y a très peu de temps encore, ce que les enfants africains
pouvaient lire dans leurs manuels scolaires.
L'usage de l'aliénation culturelle comme arme est vieux comme le monde.
L'histoire africaine reste inexplicable si on l'aborde à travers les
ouvrages occidentaux.
Le monde Blanc s'est habitué à voir dans le monde Noir une incohérence
arriérée, inconsciente. C'est en vain qu'on chercherait jusqu'au
cur de la forêt tropicale une seule civilisation qui en dernière
analyse, serait l'uvre des nègres !
Difficile pour la culture occidentale imbue de son savoir d'admettre les mythes,
les connaissances Dogon, Mandingues, Bambara etc.
Et pourtant, aujourd'hui, nous savons les origines Africaines de la culture
de l'Egypte, son analogie frappante avec les mythes Dogons, son importance initiatique
chez les grands philosophes grecs
Cette banalité devrait être admise par tout le monde, il est vrai
qu'elle saute aux yeux de tous ceux qui sont de bonne foi.
L'approche européocentriste de l'histoire de l'humanité, appelée
communément le modèle Arien, fait de la Grèce l'épicentre
de la pensée scientifique et philosophique dans l'antiquité.
Les grecs anciens ont beaucoup écrit sur l'Afrique, les documents qu'ils
nous ont laissés sont à la fois abondants et variés. Leurs
historiens et géographes confirment l'intérêt qu'ils portaient
à ce continent ( Hérodote, Agatarchilde de Cnide, Diodore de Sicile,
Strabon, Pline, Tacite
) Or, ces auteurs, dont les écrits se sont
révélés d'une exactitude surprenante, nous ont unanimement
renseignés sur un fait qui leur tombait sous le sens et sur lequel ils
ne pouvaient se tromper : la race des Egyptiens. Tous nous apprennent que les
Egyptiens étaient des nègres, comme les éthiopiens et les
autres africains ; que l'Egypte a civilisé le monde occidental. Ils désignent
le monde Noir, Afrique, Inde, Mésopotamie, comme la source le leur savoir
et de leur initiation sur les voies de la civilisation. ( V. Cheikh Anta Diop,
Engelbert Mveng " les sources grecques de l'histoire négro-africaine
" )
Diodore de Sicile rapporte que chaque année on sortait la statue d'Ammon
Roi de Thèbes, en direction de la Nubie pendant quelques jours. On la
rapportait ensuite comme pour montrer que le dieu revenait de Nubie.
C'est en vertu de cette antériorité plusieurs fois millénaire,
berceau de la civilisation et de la religion, qu'Homère nous dit dans
un vers de l'Illiade : " Zeus était parti bien du côté
de l'Océan prendre part à un banquet chez les nègres sans
reproche, et tous les dieux l'ont suivi
. "
Les civilisations noires s'intègrent dans l'ensemble du monde.
Dés l'aube de la préhistoire, on parle du peuplement de l'Europe
par des populations noires suite aux grands bouleversements du globe.
Nos ethnologues modernes ont longtemps soutenu que l'humanité primordiale
était africaine
Il existe deux races noires bien définies à l'heure actuelle :
l'une à peau et à cheveux crépus, l'autre à peau
très souvent même, extrêmement noire, avec des cheveux lisses,
un nez aquilin, des lèvres minces, l'angle des pommettes aigu. Nous avons
un prototype de cette race aux Indes, ce sont les Dravidiens. Nous savons aussi
que certains Nubiens relevaient du même type de nègre.
Les Arts Africains sont des moyens de représenter une conception générale
de l'univers, de ses origines, de son fonctionnement, de ses buts, de son sens.
Marcel Griaule, le grand précurseur et inventeur de l'ethnologie moderne,(son
premier séjour chez les Dogons remonte à 1931), par la voix du
vieux chasseur aveugle Ogotemmêli, nous fait découvrir une conception
mythologique riche et complexe, une symbolique, dignes des plus hautes connaissances
initiatiques de l'histoire de l'humanité. ( V. Dieu d'eau 1948 ) "
une cosmogonie aussi riche que celle d'Hésiode "...
Pour beaucoup, le nom d'Ogotemmêli est devenu le symbole de la sagesse
africaine.
L'interprétation symbolique des nombres, des techniques .L'idée
du développement technologique de l'humanité allant de pair avec
celui de la parole. Le problème fondamental de la dualité de l'être
humain. L'androgynie, ( le Banquet de Platon). La circoncision, l'excision,
remèdes trouvés par la société pour pallier à
l'ambivalence originelle et assurer la fécondité de l'être.
Notions de " déjà vu " très troublantes
difficile
ensuite de ne pas être tenté de rechercher les analogies, les origines
communes, les héritages
.
Le vieux chasseur mourut un an après les célèbres entretiens.
Marcel Griaule dix ans après.
A celui qui avait si bien compris leur culture, les Dogons ont voulu rendre
un ultime hommage. Ils ont célébré selon leur rite ses
funérailles et sa levée de deuil, le mannequin funéraire
qui le représente repose dans une caverne près du barrage qu'il
avait fait construire et qui a apporté la prospérité à
la région de Sanga. A la fin des cérémonies, au moment
émouvant où la houe du cultivateur est brisée pour montrer
la fin de ses travaux sur la terre, les célébrants, brisèrent
l'outil qu'ils avaient toujours vu dans sa main : un crayon.
Ce qui caractérise l'art africain dans son ensemble, c'est la liberté
de l'artiste dans la création plastique.
Liberté audacieuse, rythmes puissants, richesse de l'invention plastique,
telles sont les caractéristiques générales de l'art nègre.
Ces facteurs restent intimement mêlés quel que soit le style considéré.
En Afrique, l'art pour l'art n'a jamais existé. Au contraire il a toujours
été au service du culte religieux et royal. D'un bout à
l'autre de l'Afrique noire, en passant par l'Egypte, les statues avaient primitivement
pour but d'être le support du double immortel de l'ancêtre après
la mort terrestre de celui ci. Ainsi l'artiste africain a toujours atteint le
beau, l'esthétique à travers l'utile. Ainsi, on comprend mieux
la raison d'être du canon nègre. La tache sociale de l'artiste
était achevée dés qu'il avait dégagé du bloc
informe de la matière, un être humain suffisamment reconnaissable
comme tel. Le symbole de l'ancêtre revenu parmi les vivants. Cela explique
en même temps l'attitude conventionnelle et souvent hiératique
depuis le Congo jusqu'en Egypte.
Si les grecs ont découvert l'anatomie et ont réalisé tant
d'uvres conformes au nombre d'or, c'est parce qu'ils avaient
Plus qu quiconque le culte de la nature et le sens du matérialisme. Pour
eux tout était sur terre et gravitait autour de l'homme. L'homme était
le centre du monde, il était le dieu ici bas. Réaliser son image
avec perfection constituait l'ultime idéal de l'artiste. Et nous voici
au début de ce courant d' humanisme qui régit encore l'occident.
Par contre l'Afrique Noire y compris l'Egypte, sera traditionnellement le domaine
par excellence d'un vitalisme qui, minimisant la modeste puissance de l'homme,
cherchera toujours à gagner par des moyens religieux appropriés,
l'intervention de forces extra-humaines.
On peut distinguer en Afrique deux grands courants d'art plastiques : un courant
d'art réaliste et un courant expressionniste.
L'art réaliste
Art classique précolonialiste.
L'Ecole la plus typique en Afrique dans l'état actuel de nos connaissances,
c'est l'Ecole d'Ifé .
Elle est connue par des uvres en terre cuite, de pierre et de bronze.
Elle est caractérisée par un réalisme, une sérénité,
un équilibre qui défie l'art de l'époque grecque archaïque
du VI° siècle. (V. Secrets du continent noir révélés
par l 'archéologie. Marianne Cornevin.)
L'Ecole du Benin. Nous connaissons quelques 2000 sculptures de bronze provenant
de cet ancien royaume : têtes de rois et de reines avec hauts colliers
de corail, animaux, guerriers armés, défenses sculptées
relatant l'histoire du roi.
La Nok culture, représente le foyer artistique le plus ancien, découverte
vers les années 50. Sculpture en terre cuite
Le style Pongwé : Des uvre d'un réalisme délicat,
avec une coiffure spéciale et des figures peintes en blanc.
Le style gouro : Des masques à visage étroit, aux traits extrêmement
fins, des poulies de métiers à tisser, plus rarement des statues.
A part quelques rares régions, le sol africain est pratiquement encore
inexploré.
D'autres styles réalistes : Côte d'Ivoire. Baoulé, statues
funéraires, placées sur les tombes. Masques représentant
des les principales divinités.
Ashanti. Figurines d'argile, têtes de pipes, poids à peser la poudre
d'or , en bronze, fondus à la cire perdue.
Cameroun. Ekoï,( hauts de masques avec représentation de têtes
humaines sculptées sur bois et recouvertes de peau. Nombreuses têtes
de Janus. Cross-River du Cameroun )
Bamiliké, représentations humaines, fréquemment recouvertes
d'un revêtement de perles.
Bamoun, Masques, encadrements de portes, trônes soutenus par des figures
humaines ou des animaux.
Sao, population aujourd'hui disparue. Prés de 15000 pièces ont
été rassemblées. Des urnes funéraires, vases, représentations
humaines limitées à la tête, statuettes anthropomorphes
et zoomorphes, des coupes rituelles et bijoux en bronze coulés à
la cire perdue.
Balouba. Congo. Figures d'ancêtres ornées de clous, ayant un rôle
magique. Nombreuses sculpture représentant une femme tenant une coupe
connue sous le nom de la mendiante. Utilisées pour recevoir des aumônes.
Tabourets supportés par des cariatides ou des animaux. Petites statuettes
d'ivoire et d'os.
Bakuba. Masques garnis de perles, de cauris et d'applications de métal.
Bakongo. Figures d'ancêtres, femmes agenouillées, maternités.
Figurines pourvues d'une cavité ménagée soit dans la tête,
soit dans le ventre, où sont déposées des substances magiques.
Waréga. Statuettes et masques d'ivoire dont les yeux sont souvent constitués
par des cauris incrustés.
L'art expressionniste et géométrique
Il s'oppose à l'art réaliste par une plus grande liberté
et une plus grande audace.
Le grand mérite de cet art est de parvenir à représenter
la figure humaine d'une façon valable en dépit de toute vérité
anatomique.
1° GROUPE A FORME CREUSE
Cependant, il est impossible de classer un art aussi riche en groupes aussi
tranchés.
Bakota. Représentations humaines extrêmement stylisées,
faites de cuivre martelé sur une sculpture de bois.
A ce groupe appartiennent les styles M'Bete, Bakoulé,( Congo) Makonde
(Est Afrique) Machona (Zambèze)
2° GROUPE A FORME PLANE
Le style le plus typique est celui des Dogons dont les masques sont à
forme rectangulaire, le nez en saillie sur le plan vertical du visage.
On peut rattacher à ce groupe l'art des Fangs du Gabon bien que cette
dernière école ait souvent des tendances réalistes, masques
généralement peints en blanc.
Le style Sénoufo,( Côte d'Ivoire). Les masques sont souvent surmontés
de cornes.
Le style de l'Oubanghi-Chari
3° GROUPE A FORME CUBISTE
L'aspect géométrique de ces uvres a énormément
influencé l'art occidental à partir du Cubisme.
Le style Dan (Côte d'Ivoire).
Le style Basonge (Congo)
Ces deux écoles sont caractérisées par un expressionnisme
cubiste très prononcé. Les yeux, la bouche, le nez, les joues
sont souvent exprimés par des volumes géométriques.