Andrest 1996



Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques)
Texte de l'ouvrage Andrest, histoire d'en savoir un peu plus publié en 1996, écrit en collaboration avec Jean-Pierre Carrère, Francis Guinle et Michel Fontan
 

AVANT-PROPOS




Les quelques pages de ce livre ont pour objet de faire revivre aux andrestois anciens et nouveaux ce que fut leur village depuis ses lointaines origines.

C'est un passé riche d'évènements historiques liés à la Bigorre, un passé riche d'une vie communautaire intense défendant ses droits et ses intérêts. 

C'est aussi un groupe d'amis passionnés d'histoire réunis autour de Francis GUINLE, chercheur autodidacte qui, pour notre plaisir et notre curiosité a exhumé des vieux grimoires poussiéreux les textes et écrits précieux de notre patrimoine.

Qu'il soit remercié publiquement de ces nombreuses années de recherche dont il nous fait bénéficier aujourd'hui.

On ne peut en ces quelques pages retracer la vie quotidienne de nos lointains ancêtres, mais il reste assez de documents et d'anecdotes pour rédiger un ouvrage plus complet que nous essaierons de réaliser et retrouver ainsi la richesse de notre passé façonnée au fil des siècles.
 

 

Dans nos remerciements adressés au conseil municipal du village, nous associons Christiane et Nicole DANIEL, la famille BIERE-COURREGES, Stéphane ABADIE, étudiant en histoire à Toulouse, et tous les amis de l'histoire d'Andrest pour l'amitié qu'il nous ont témoignée au cours de nos recherches.
 

 

Jean-Pierre CARRERE








LA POUTGE


Juin 1995... Une nouvelle voie de communication est créée, évitant les agglomérations de Vic, Pujo et Andrest. Il y a 237 ans les habitants de ces villages connaissaient le même évènement: la création de la route royale Tarbes-Vic décidée par l'intendant d'ETIGNY dont nous parlerons un 

peu plus loin. Mais avant... par quels chemins les habitants de nos villages se rendaient-ils à Tarbes et à Vic ? 
 

 

Deux chemins pouvaient les y conduire , le chemin de Peyralade et des Hosses, et le chemin de la Poutge. Ce chemin a disparu, par endroit recouvert par la végétation ou annexé par les riverains et la voie rapide. Des documents anciens lui donnent une largeur allant jusqu'à dix mètres. Il semblerait que cette voie de communication soit la plus ancienne, passant à proximité de notre village. Sur le cadastre napoléonien de 1809, nous la trouvons nommée à Bordères chemin des monges (des moines), à Bazet chemin de la Poutge, à Andrest chemin et ruisseau de la Poutge, et à Pujo, ruisseau du vieux chemin de Tarbes.

Le hasard des travaux des champs nous fait découvrir en des lieux bien déterminés (Cériza, Bosquet, maison Letort) les vestiges de sites habités à l'époque gallo-romaine.Le promeneur ne verra là que quelques menus débris de briques ou poteries.Avec un peu plus d'attention on trouve des fragments de tegulae (tuiles antiques), pieds d'amphores (époque aquitano-ibérique) identifiés par Roland Coquerel, tessons divers de la même période.

Cette voie pouvait aussi desservir trois sites reconnus gallo-romains: la villa de Pujo-Hugues, la villa d'Andrest: dans le quartier Saint Vincent, les sites de Bazet et Cantillac.

Les invasions barbares du IIIe au Ve siècle anéantirent probablement cette civilisation.

La Poutge garda tout de même son rôle de voie de communication. Nous la retrouvons bien plus tard comme Chemin royal: "En l'an de grâce mil six cent septante, quatrième jour du mois de juillet, les consuls dudit lieu d'Andreix reçoivent Monseigneur Jean de Labarriere, conseiller du Roy, maistre de tous les chemins du comté de Bigorre et Pardiac." Nos consuls (élus de la communauté), font constater à l'illustre visiteur le mauvais état de nos chemins. Ils essaient de faire classer nos routes en Chemins royaux, dégageant ainsi la communauté de cette charge.

Peine perdue ! Le "Maistre des Chemins", ledit Jean de Labarrière fut ferme et ne classe Chemin royal que la Poutge. Son importance était reconnue.

Avec les barrages créés sur l'Adour, destinés à l'irrigation, 

elle devint le chemin ruisseau de la Poutge. Le 5 août 1905 elle fut classée dans la vicinalité. De vertes prairies la bordent de part et d'autres.Les supports d'écluses en belles pierres de Lourdes témoignent encore de cette usage , et les procès relatifs à l'usage de l'eau sont nombreux.jusqu'à notre époque. En période électorale les candidats promettaient la largeur initiale retrouvée, l'eau en abondance....puis l'oubli revenait.

Dire qu'il passa dans notre Poutge des chariots portant les amphores d'huile et le bon vin d'Espagne...!
 

 

Jean-Pierre CARRERE











LE CHEMIN DEPARTEMENTAL 935



Cette voie est relativement récente puisque sa création fut décidée en novembre 1758, et la portion Vic-Maubourguet en 1761; La route fut poursuivie ensuite vers Aire-sur-Adour.

Sous le règne de Louis XV,elle fut route royale; l'Empire la classa route impériale, la République route nationale, puis (déclassée) route départementale.

Les anciens d'Andrest insensibles au changement de régime l'appellent simplement "le Cami Nau" : le chemin neuf. 

Les créations de routes font partie de l'ensemble de travaux routiers remarquables et importants réalisés il y a 200 ans sous la direction de l'intendant d'Etigny (1).
 

 

A cette époque , le réseau routier du sud-ouest est très dégradé ou bien inexistant. Le développement des routes a pour but de faciliter les échanges économiques (vin de notre vallée, Madiran, blé du Gers). Il y a souvent , en effet, disette catastrophique dans une région et pléthore dans une autre. L'amélioration du service postal fait aussi 

partie des objectifs de l'intendant.

Parmi ces créations on peut citer les voies de Toulouse Auch-Bayonne; Rabastens-Tarbes; Tarbes-Trie-Boulogne. La plupart des routes de montagnes dites routes thermales sont créées ou améliorées sous sa direction. Ces routes sont largement dimensionnées et lorsque le relief le permet, absolument droites. Un bon exemple nous est donné par la route Tarbes- Rabastens.
 

 

Revenons à notre route Vic-Andrest. Les travaux commencent en 1764; Les communautés traversées sont favorables, ainsi que M.Vergès, subdélégué de l'intendant en Bigorre, mais le syndic de la noblesse et certaines communautés de la rive droite de l'Adour sont opposés au projet en raison de la future route Tarbes-Rabastens. Vergès est très sévère vis à vis de cette opposition, il écrit: "Peut -on refuser un chemin à des habitants qui offrent leurs mains et leurs biens pour le faire? Il est bien indigne de voir partir des oppositions de gens qui ne consultent que leurs envies d'entasser des richesses".

Les archives départementales ne disposent pas du plan de création de cette voie. Toutefois, nous y avons retrouvé quelques demandes d'indemnisations de parcelles touchées par l'emprise (Bertrand Duprat: vigne hautain, Clarens archiprêtre: vigne hautain ,Bernard Fontan: labour ,etc) (2).

Les expertises sont faites avec soin, les estimations à dire d'experts. La surface perdue peut être compensée par des biens communaux achetés au cours d'enchères publiques.

Le cadastre communal et le paysage sont modifiés par cette voie qui passe en partie sur l'ancienne église St Vincent (actuelle maison Noël). La vieille route moyenâgeuse (chemin des Hosses-Peyralade) traversant notre village est progressivement abandonné.
 

 

A partir de 1862, nous retrouvons aux archives départementales des documents relatifs à notre grande route : extraits d'actes d'expropriation pour l'élargissement, demandes et devis pour réparations. Il y a aussi des procès-verbaux dressés par le chef cantonnier de Vic-Bigorre aux irrigants dont le fossé déborde ou à Veuve Marie 

Coustarot dont le fils, faisant pacager cinq cochons sur le talus et fossé de la route royale déclare qu'ils ne sont pas à lui. L'affaire fait grand bruit et la dame est citée à comparaître devant le conseil de Préfecture (3).
 

 

Dans une monographie de 1887, l'insituteur d'Andrest Basile Lanusse, parlant d'un voyageur nous dit : "Ce joli village lui fait oublier les fatigues qu'il a éprouvées sur cette route toujours poudreuse ou fangeuse, interminable à cause de sa rectitude. A mi-village, ce voyageur rencontre deux auberges forts proprettes qui semblent l'inviter à gôuter le bon Piquepoult du pays et à réparer ses forces pour continuer sa route".
 

 

Jean-Pierre CARRERE



Notes:


1-Antoine MAIGRET D'ETIGNY est né à Paris en 1719; Il est conseiller au Parlement de Paris en 1740 et nommé Intendant à la généralité d'Auch en 1751.

Ses contemporains le décrivent comme un homme affable ayant des qualités de coeur (il arrive au pays en pleine disette, et fait avance de grains et semences sur sa fortune personnelle). Doué en économie rurale, travaux publics, plantations. Impulsif mais généreux il défend entre autre la liberté économique des juifs de Bayonne, habitant le quartier Saint Esprit. Il entre en conflit avec Mgr de Montillet, archevêque d'Auch et est mis en disgrâce en 1765.

Une excellente étude sur ce personnage et ses oeuvres a été effectuée dans la thèse de Maurice Bordes, D'Etigny ou l'administration de l'intendance d'Auch, 2 vol., 1959, 1034 p.

2-A.D.H.P. série C72

3-idem, C145, et série O
 

 









LES SOURCES DE NOTRE VILLAGE


 
 


"L'eau c'est la vie"

Les habitants de notre village n'ont pas échappé à cette règle essentielle. En effet le territoire d'Andrest était parsemé de nombreuses sources qui assuraient les besoins en eau potable de la population.

Dans sa monographie de 1877, Basile Lanusse instituteur à Andrest dénombre dix sources publiques et 6 privées dont une réputée excellente dans la propriété de M. Fontan percepteur à Vic. M.Sarthou médecin et maire d'Andrest vers 1830 analysa les eaux de cette source et trouva qu'elles étaient "légèrement purgatives".

Au cours des années 1940 à 1950 nombreuses étaient les sources qui existaient encore (voir plan). On pouvait voir le jaillissement d'une eau limpide soulevant les brillantes paillettes de quartz ou mica mélées au sable pur. On recensait en partant du sud:

- une source (intermittente) angle est du bosquet Bacqué-Pesquidat.

- à Trougnan

- au Bosquet : très abondante, alimentant la partie est du village (chemin d'Aurensan) CD935

- Chemin de Peyralade

- Durac, au bord du chemin, avec une margelle en schiste

- Maison J.Iniguez, à entourage maçonné

- Hount deu Périou, alimentant la rue Bizet

- Hount deu Ruste: maison Duvignau

- Hount deu Magras: maison Fontan

-Hount deu Bonau (bonne eau) à l'entourage maçonné, rue Théophile Gautier.

- Hount deu Bioué maçonnée et couverte, Pujo chemin des Hosses.

La plupart de ces sources ont disparu ou ne donnent que par intermittence en période de hautes eaux. L'abaissement de plusieurs mètres du lit de l'Adour provoqué par l'extraction des granulats aurait contribué à la disparition de nos sources.
 

 

Dommage,c'était joli et rafraîchissant !
 

 

Jean-Pierre CARRERE


 
 

















































ANDREST AU MOYEN-AGE



Les premières traces écrites
 

 

Andrest apparait dans les textes en 1272, dans la charte de l'échange de Barèges du Livre Verd de Bénac (1). 

Cette charte nous apprend que le comte de Bigorre échange la vallée de Barèges au vicomte de Lavedan contre 2300 sols morlans et cinq villages, dont Andrest et Trulha. Par cette charte, le vicomte devient donc à la fin du XIIIe siècle seigneur de deux territoires comtaux dans la plaine de Tarbes, Andrest et Trougnan, situés l'un au nord et l'autre au sud de l'actuel village d'Andrest.
 

 

Il est difficile de se faire une idée exacte de ces deux villages dans leur état primitif. On connaît seulement l'habitat primitif d'Andrest par deux sites remarquables, l'église Saint Vincent et la motte (le tuco).
 

 
 
 

Saint Vincent
 

 
 
 

Saint Vincent est une église probablement "entourée" au moyen-âge d'habitations, et implantée sur le site d'une villa antique, qui fut utilisée jusqu'au XVIIIe siècle en concurrence avec l'église Saint Barthélémy d'Andrest - pour le culte et comme cimetière, comme le montrent les registres paroissiaux jusque dans les années 1740. Cette église fut détruite lors de la construction de la route d'Etigny, l'actuelle RD 935, et il ne reste de sa présence que des traces médiévales d'inhumations sur un substrat antique (tessons, tegulae, mortier de tuileau rose) dans les jardins entourant ce site.

Quelle forme avait ce village d'Andrest? La continuité de l'occupation sur une villa antique, entre deux voies de la même période encore employées au moyen-âge est probable sans être certaine. La propriété comtale aussi, jusqu'en 1272 ainsi que l'apparente absence de site castral près de l'église.
 

 

Si on cherche des exemples équivalents dans le canton, on s'aperçoit que les villages primitifs de Camalès et de Baloc (au nord de Vic) sont de manière semblable implantés sur des sites antiques, de propriété comtale au XIIIe siècle et sans site comtal proche. Or ces deux villages présentent des structures de villages ecclésiaux (2) , et ont la particularité de regrouper l'habitat autour de l'église et dans l'enceinte du cimetière alors considérée comme inviolable. Le plan cadastral de 1808 montre très bien l'enceinte ronde entourant l'église de Baloc, la prospection confirmant l'occupation du site. De même pour Camalès, dont les façades des maisons entourant l'église présentent un aspect défensif réel, avec des traces de fossé et de la céramique médiévale blanche attestant une occupation précoce.
 

 

On peut émettre l'hypothèse d'une structure proche ou semblable à Andrest : le Comte de Bigorre aura dans certains villages évité les frais de construction d'une motte en conservant les enceintes ecclésiales légèrement fortifiées par des fossés et enclos.
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

La motte (le tuco)
 

 

Le cas est cependant plus complexe à Andrest, puisqu'il existe bien une motte castrale à 500 m à l'ouest de l'église Saint Vincent, avec une plateforme et probablement un petit bourg attaché à son flanc est comme le montrent la forme régulière de la parcelle et la trouvaille de nombreux tessons très fragmentés à cet endroit. L'existence de cette motte est problématique , car nous savons par les textes que ce site existe au XIIIe siècle et est donc une création comtale, mais continue à subsister au XIVe siècle. En effet l'article de la charte de peuplement de 1303 demande la suppression d'une redevance per las places que auen en casted ancia, "pour les places qu'ils ont dans l'ancien château". Cette très intéressante formule permet de dire que : 

1- il existe en 1303 un ancien " château " par opposition à un "château neuf ", un castetnau.

2- Les habitants ont des "places" (bâties ou à bâtir) dans ce "château", pour lesquelles ils payent une redevance.
 

 

Le mot casted ne peut qualifier la motte et sa plateforme, de taille trop réduite pour abriter des habitations, même temporaires. Il ne peut donc s'agir que de la parcelle située à l'est de la motte, qui devait avoir fonction de bourg castral, sans doute avec une fortification légère (palissade? façade aveugle des maisons?). Il est intéressant de noter que le cours d'eau agau dérivé vers 1281 de l'Echez, et creusé à main d'homme, passe à l'ouest du site, et qu'une dérivation de ce canal sépare la motte de l'emplacement du bourg, indice d'un probable fossé en eau dont les traces ténues subsistent autour de la plateforme castrale.
 

 

Dans la charte de 1340 enfin l'assemblée des andrestois est formée des poblans eu barri deu casted he habitants de la bielhe d'Andrest (3). Le barri eu casted est probablement alors le petit habitat massé au pied de la vieille motte.
 

 
 
 
 
 
 
 

Trougnan
 

 

Trougnan était le deuxième village échangé avec Andrest. Implanté lui aussi sur un site d'occupation antique (présence de tegulae), il est signalé encore sur le pouillé (4) de 1342 de l'évêque Pierre de Montbrun sous la forme ecclesia [sancti Bartholomei] de Tronhano. Mais l'église n'est plus citée dans le pouillé suivant, en 1379.
 

 

Au début du XVIIe siècle, Guillaume Mauran supposait justement que le village de Trougnan avait disparu suite à la refondation du village d'Andrest, mais il en plaçait la désertion au début du XIVe siècle, ce qu'infirme le document précédent: "Durant la vie dudit Arnaud de Lavedan fut fait le changement ou transmigration du lieu de Troignan au lieu ou est maintenant le lieu d'Andrest, de telle façon que le terroir de Trougnan demeura dépeuplé de maisons et réduit en labourage, et jusque aujourd'huy a été la métairie du chateau d'Andrest".

Contrairement à Saint Vincent, il ne nous est pas possible d'émettre d'hypothèse au sujet de la forme de ce village, la voie ferrée, une plantation d'arbres et des ronciers rendant toute prospection au sol impossible.
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

La refondation d'Andrest
 

 

Reprenons notre fil chronologique. Les vicomtes de Lavedan, devenus seigneurs après 1272, se lancèrent dans une politique de "viabilisation" du territoire d'Andrest. En 1281 fut écrite la charte de creusement du canal, l'agau, qui amena de l'eau en abondance. Le vicomte, puis la communauté d'Andrest, se lancèrent aussitôt après dans une politique d'acquisition de terres: le Livre Verd de Bénac conserve une petite dizaine de ces chartes, achats et baux à fief, qui montrent la vitalité villageoise jusque dans la deuxième moitié du XIVe siècle.
 

 
 
 

Andrest est citée en 1285 dans la montre de Bigorre avec le titre de villagia: sans doute s'agit-il encore du site avant sa refondation. En effet une charte, datée de 1303, nous montre un changement radical dans l'organisation du village: suite logique de la "politique d'aménagement du territoire" menée depuis 1280, le vicomte de Lavedan ( Arnaud, fils de Raymond-Garsie ) décide de fonder un village neuf entre Trougnan et Saint-Vincent.

Le choix de ce lieu n'est sans doute pas fortuit: la nouvelle implantation se fait dans une zone probablement libre d'habitations, au coeur du terroir rassemblé en 1272, et au croisement de plusieurs voies d'origine antique probable qui assurent une communication aisée avec tous les villages voisins, et au delà vers Vic et Tarbes.

L'implantation du village neuf est encore parfaitement visible sur le terrain: le village actuel présente un quadrillage régulier orienté sur les points cardinaux, avec de grandes parcelles à peu près égales. Une nouvelle église est construite au centre du quadrillage, vaste bâtiment à nef unique et clocher-mur, maçonnée au mortier avec des galets et quelques briques. Elle est dédiée à Saint Barthélémy (ce saint est très en faveur dans la région: c'est aussi le patron des église de Vic et de Baloc ). 
 

 

Cette nouvelle église servit de lieu de réunion pour l'assemblée des villageois - la besiau - comme l'atteste une charte de 1330: les andrestois sont réunis in ecclesia beati Bartholomei de Andresto, congregati ad sonum campane, ut moris est (5). Cette phrase est remarquable, et montre combien au XIVe siècle l'église est au centre de la vie communautaire et sociale.
 

 

Le vicomte de Lavedan va tout faire pour favoriser la nouvelle église, son desservant et la paroisse: déjà dans la charte de 1303 le curé d'Andrest Arnaut de Moman est le premier à signer comme témoin, symbole significatif de son importance dans la société villageoise. En 1342, Andrest est élevé au rang de siège d'archiprêtré, au même titre que Caixon (village appartenant à l'évêque) ou Montaner (siège d'une vicomté). On ne sait si cette 

promotion du village est la cause ou la conséquence de l'importance politique du vicomte. On notera cependant que la ville comtale voisine de Vic reste elle une simple paroisse...
 

 
 
 

Une bastide ou un castelnau ?
 

 

Un quadrillage régulier, une église au centre, des chartes... il n'en a pas fallu plus pour que certains chercheurs classent Andrest parmi les bastides bigourdanes. Or, il est manifeste qu'Andrest ne ressemble guère à une bastide classique.
 

 

Considérons d'abord la charte de fondation de 1303: ce texte se résume en une série de mesures fiscales octroyées par le vicomte pour attirer la population. Nulle part il n'est fait mention d'un paréage royal, de description des emplacements à bâtir, de place et de dates de marché... arrêtons là. La comparaison avec la charte de la bastide de Rabastens-de-Bigorre (1306, copiée sur celle de Marciac) est significative: rien ne rassemble les deux chartes de ces deux villages neufs, si ce n'est des mesures fiscales pour faire venir les habitants. Elément supplémentaire, la charte de 1330 qui place le village sous la protection royale en installant des panneaux fleurdelysés aux entrés du bourg et du château montrent sans discussion possible que le village neuf d'Andrest n'est pas une bastide au sens classique du terme, puisque dès cette date des "ajustements" sont faits à la charte primitive pour essayer de la faire ressembler à celle des bastides voisines.
 

 

Le plan cadastral est également instructif: pas de place de marché au centre du village -ni halle ni maison commune- pas d'axes bien délimités. On a juste remployé les vieux chemins réguliers, complétés pour l'occasion. Il n'y a pas non plus de parcellaire en lanière pour bâtir, mais de grandes parcelles rectangulaires... Autant une bastide est une petite ville conçue comme telle, avec des fonctions de commerce, d'artisanat, de pouvoir politique, autant à Andrest on a l'impression que tout a été imaginé selon un plan certes régulier mais centré sur la vie paysanne: les parcelles sont de grande taille dans les moulons (6), les fermes peuvent ainsi être entourées d'une 

cour, de granges, d'un jardin, et d'un petit champ à l'arrière pour faire pacager quelques bêtes. Le plan a été conçu pour que les habitants aient de la place, comme dans un habitat inorganique, et non pas comme dans une bastide ou les façades sont jointives et l'espace compté.
 

 

C'est à notre connaissance un plan unique en Bigorre, et probablement sans descendance. Cependant un deuxième élément nous permet de le classer quand même dans une catégorie de villages: la présence d'un château.
 

 
 
 

Le castet
 

 

Le castet est un gros site castral installé au sud-ouest du village neuf. Il s'agit d'une plateforme de terre d'environ 70 mètres de côté, qui supporte une grosse bâtisse à cour intérieure, faite de briques et de galets roulés, et entourée d'un fossé autrefois alimenté par une dérivation de l'agau. L'accès se faisait par le sud, sur un pont-levis (à la pile bâtie en briques et galets) récemment détruit, le chemin d'accès à partir du village contournant le château par l'est. L'aspect de ce château nous est connu par les textes à partir du XVIe siècle (voir l'article de Francis GUINLE) ainsi que ses occupants, les vicomtes de Lavedan et leurs successeurs.
 

 

La première question qui se pose est celle de la date de construction. L'antériorité de ce château sur le village neuf est peu probable, du fait de l'existence de la motte castrale primitive et de l'éloignement de l'église Saint Vincent. De plus le terrassement important a du nécessiter de nombreuses mains paysannes, dispersées avant 1303 (sauf peut-être pour le creusement de l'agau). On peut par contre supposer que la construction du château est concomitante avec celle du village. D'ailleurs les parties les plus anciennes de l'église Saint Barthélémy présentent le même type d'appareil, alternant galets et lits de briques dans un lit de mortier de chaux sableux. Mais ce château peut aussi être légèrement postérieur. Il est signalé seulement dans les chartes de 1330 et 1340 (les villageois sont réunis dans la barbacane (7) devant le pont du château, y placent un panneau fleurdelysé...). 
 

 
 
 

Dans tous les cas la présence de ce castet rapproche le site d'Andrest du castelnau. Si nous n'avons pas la preuve que les habitants devaient le guet au château ou une autre forme de dépendance, la charte de 1340 démontre bien par contre qu'en cas de danger c'est le château et ses fortifications qui servaient de lieu de refuge.
 

 

Les autres chartes
 

 

Deux documents majeurs viennent éclairer l'histoire d'Andrest dans le deuxième quart du XIVe siècle. En 1330, les andrestois demandent la sauvegarde royale, en plaçant des pannonceaux fleurdelysés aux principales entrées du village. En fait, par ce geste, les villageois demandent au représentant royal (le sénéchal probablement) une protection symbolisée par les fleurs de lys gardant les entrées. Ce geste curieux est à rapprocher de la protection dont bénéficiaient les bastides fondées par paréage royal: cette charte est sans doute à interpréter comme une tentative pour ressembler un peu plus à une bastide, en complément de la charte de fondation de 1303.
 

 

Ce document est à replacer dans le contexte de la première moitié du siècle en Bigorre: c'est l'époque ou se fondent les rares bastides bigourdanes - Rabastens est en plein essor, Trie a été fondée en Astarac sept ans plus tôt - qui servent de modèle d'urbanisme pour les villes voisines. C'est à ce moment notamment que le vieux castrum (8) de Vic se dote d'une place de marché hors les murs, le marcadale, sur le modèle de celle de Rabastens probablement.

Il n'est donc pas étonnant de trouver cette charte à Andrest, bourg qui essaie de se donner un "air" de petite ville.
 

 

Une autre charte, datée de 1340, est encore plus étonnante: le vicomte de Lavedan demande aux andrestois de détruire leurs maisons et de venir s'installer dans le barbacane de son château: in barbacana castri ejusdem loci [ de Andresto ], ante pontom castri predicti (9). Cette barbacane est facile à localiser, même s'il n'en reste rien , puisqu'elle se trouve devant le pont du château, c'est à dire au sud du site, dans ce qui 

est actuellement un simple champ de maïs. 

Le problème par contre se pose de la raison de ce déplacement d'habitat: on peut supposer que le vicomte aura tenté de revenir sur l'octroi de la charte (trop?) libérale de 1303, et pour supprimer l'effet éventuel de la sauvegarde royale de 1330. Le déplacement aurait ainsi symbolisé une mainmise seigneuriale renforcée. 

On peut aussi se poser la question de la sécurité des habitants: le village est bien entouré d'un petit fossé en eau dont on discerne encore les traces, élément défensif sommaire, même complété par une palissade (non attestée, le fossé marquant peut-être seulement une limite territoriale). La charte est cependant précise: les habitants doivent venir s'installer dans le barbacane, et s'entraider pour transférer les habitations situées à l'extérieur de cette enceinte. Doit-on donc supposer un danger dû à la lutte franco-anglaise ? Des luttes seigneuriales locales ? Aucun document n'est venu nous éclairer sur ce point.
 

 

Ces deux facteurs, et peut-être d'autres que nous ignorons, ont pu jouer. Il est certain en tout cas que cette translation d'habitat a inquiété les villageois: la charte, bilingue, demande le respect par le vicomte des usages et coutumes de la communauté, que les futures maisons dans la barbacane soient franches et sans servitude... Restons en là avec cette charte, qui ne semble guère avoir reçu d'application, puisque la prospection sur l'emplacement supposé de la barbacane n'a livré que de très rares tessons, et le village actuel est bien celui de 1303: l'inertie de la bésiau aura eu le dessus sur la volonté du vicomte de la contrôler.
 

 

Andrest après cette date disparaît presque complètement des textes, sauf dans un censier en 1429 et quelques mentions éparses. Le village ne reviendra sur la scène qu'au XVIe siècle, au coeur des guerres de Religion. Mais ceci est une autre histoire.
 

 

Les vestiges du passé
 

 

Que reste-t-il de l'Andrest médiéval ? A l'exception des tessons que nous avons pu ramasser lors de nos 

prospections, les vestiges sont rares. La motte d'Andrest est encore visible, très abîmée, avec la motte presque arasée et les fossés de la plateforme en grande partie comblés. Ce site de terre disparaîtra probablement d'ici à quelques années. Du castet d'Andrest il subsiste la plateforme, et quelques fragments des murailles intégrés dans une ferme moderne. Le structure médiévale est aujourd'hui presque illisible, le pont d'accès maçonné a été détruit récemment et les fossés comblés.

Dans le village proprement dit, à part le plan général qui conserve sa régularité, et l'agau, aucune maison ne semble garder de partie médiévale - les premières maisons devaient employer des matériaux périssables, et les guerres vers 1560 auront tout réduit en cendres. Seule la maison dite de Briquet conserve des fenêtres à meneau, mais elle doit sans doute être datée de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe siècle.
 

 

En fait l'église Saint Barthélémy conserve pour seule partie médiévale en élévation un épais mur-clocher intégré dans le clocher-tour du XVIIIe siècle, et deux bases de colonnes à griffes d'angle du XIIe ou XIIIe siècle en remploi comme base de cuve baptismale.
 

 

Essai de synthèse
 

 

Nous n'avons étudié que la période 1272-1350 pour le moyen-âge, mais la documentation est pour tout le bas moyen-âge d'une rare richesse.
 

 

Vers 1272, nous avons deux territoires, Andrest et Troignan, dans lesquels existent deux noyaux d'habitat: le site de l'église de Trougnan, et le noyau double formé par l'église Saint Vincent et la motte (comtale ?) plus à l'ouest, qui a réussi à attirer une partie des habitations.

D'importants travaux sont engagés dès cette date: achat et baux de terres, creusement du canal de l'agau à partir d'Oursbelille en 1281, et pour finir création en 1303 d'un village neuf à plan régulier, qui sera la cause de l'abandon progressif des habitats du XIIIe siècle, à part l'église Saint Vincent et son cimetière qui continueront de fonctionner tardivement. Un château complète cet ensemble, pour servir de point 

fortifié et de résidence vicomtale. Ce nouveau village fut détruit au moins en partie vers 1560 mais fut relevé au même endroit, en conservant son plan remarquable. 
 

 

Stéphane ABADIE



















Notes:


1- Le Livre Verd de Bénac est conservé aux archives départementales, ainsi que sa remarquable transcription réalisée par Gaston Balencie au début du siècle. Ce recueil nous a conservé la totalité des chartes connues d'Andrest.

2- Les villages ecclésiaux sont nés des conciles de la Trêve de Dieu et de la Paix de Dieu à la fin du Xe siècle et au début du XIe siècle. On en trouve la trace dans les Fors de Bigorre rédigés vers 1097.

3- ceux qui peuplent le "faubourg" du "château" et les habitants de la ville d'Andrest.

4- Le pouillé est un document fiscal de l'Eglise notant les revenus et redevances des églises d'un diocèse.

5- dans l'église du bienheureux Barthélémy d'Andrest, réunis au son de la cloche, comme il est d'usage.

6- Unité de peuplement des bastides, délimitée par quatre rues.

7- La barbacane est un ouvrage avancé protégeant une porte. Souvent c'est une simple palissade de bois délimitant un espace devant une porte de ville ou de château. Vic par exemple en possédait plusieurs à la fin du XVe siècle.

8- castrum désigne un habitat fortifié, parfois un château. ici c'est la fortification de la ville de Vic (murailles et portes).

9- dans la barbacane du château dudit lieu [d'Andrest], devant le pont du château dudit lieu.
 

 
















LE CHATEAU




Y-a-t'il eu ou n'y a t'il pas eu château à Andrest ? 

Voilà la question. Pour donner réponse à cette question Shakspearienne et lever définitivement le mystère sur l'existence ou non du château d'Andrest et ainsi mettre terme à l'attente insoutenable que subissaient des millions de personnes, après des années de recherches; je suis en mesure de dire d'un ton affirmatif: "IL Y EU UN CHATEAU A ANDREST"

"Mais, Mr le manant, malgré ce ton affirmatif, il faut le prouver."

"Mais, Mr l'insolent, malgré cet air dubitatif je vais le confirmer".
 

 

Ce que les évènements, les hommes et le temps ont fait disparaître à jamais, la découverte de manuscrits va enfin dissiper l'épais brouillard qui stagnait sur le château depuis deux siècles, pour ne laisser planer qu'une légère brume. Car la synthèse de deux textes trouvés aux archives départementales et des relevés faits sur le site, vont nous permettre d'imaginer cette maison seigneuriale - sans pouvoir la reconstituer exactement .
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Les sources documentaires
 

 
 
 

Le premier texte concerne l'afferme que fit le seigneur d'Andrest Jean-Jacques de Bourbon, vicomte de Lavedan, à demoiselle Paule de Bazilhac, le 17 octobre 1592.

En cette année de 1592, l'état des finances n'était pas reluisant, tout comme celui du château. Le 10 octobre, Jean-Jacques de Bourbon emprunte à Paule de Bazilhac deux mille sept cents livres, pour une durée de trois ans. Peut-être pour réduire la somme à rembourser, le 17 octobre, il baille et afferme à cette demoiselle, pour le temps et espace de trois ans à partir du présent jour, le château d'Andrest avec les métairies, moulin, preds, vighes (sic), droits et devoirs seigneuriaux pour la somme de quatre cents écus par an, payables à la fin de la dite afferme, revenant à la fin dudit trièsme à 1200 escus. Pour subvenir à la garde du château, le vicomte permet à Paule de Bazilhac de faire venir et contraindre ses sujets d'Andrest. Néanmoins, elle autorise Jean-Jacques de Bourbon à prendre des branchages dans la forêt pour le chauffage, car le vicomte se réserve dans le château une chambre avec garde-robe, un grenier et une étable pour mettre son cheval. En outre, la dame s'engage à faire les réparations nécessaires, dont le prix sera avancé et fourni, mais alloué et déduit du prix d'afferme.

Suite à cet acte, un état des lieux est dressé.

Le deuxième texte nous rapporte la saisie faite en 1613 par Marie de Gontaut-St Géniès, deuxième femme de Jean-Jacques sur la vicomté de Lavedan et seigneurie d'Andrest, suite à un différent successoral d'abord avec Paul de Bégole son neveu, puis avec Catherine de Bégole, soeur de Paul, qui reprit l'affaire. Une description succinte du château y est consignée. 
 

 
 
 

Description du château
 

 

Le château, bâti pratiquement en carré aux dimensions de 27,5 mètres sur 29 mètres, entouré d'un large fossé d'une quinzaine de mètres, était construit sur une plateforme. Sur une assise en briques s'élevaient des murs en galets roulés liés à la chaux d'une épaisseur d'un mètre cinquante. Sur le côté du midy (côté sud), une tour carrée à trois étages, 

par laquelle on entrait. Le pont-levis, garni de deux chaines de fer, s'abaissait, le ratelier de bois, fermant avec un cadenas remontait, la grande porte double bien garnie de clous, elle aussi fermant à clef, s'ouvrait et nous nous trouvions dans la cour.

A main gauche, une petite étable garnie de mangeoires avec une petite porte sans serrure.

A main droite, la chapelle avec sa petite cloche ou esquillon, à l'intérieur le bas des murs était garni de lays de sapin. La lumière pénétrait par des lucarnes sans vitres, ornées seulement de trois barres, éclairant un autel dépouillé. Refermant la porte à clef, nous nous dirigeons vers le corps d'habitation à deux planchers couvert d'ardoises, composé:

- d'une fournière dans laquelle se trouve trois grandes meyts à faire le pain, deux tamis, une table vieille avec les tréteaux et un crémail.

- la salle basse avec deux croisées de fenêtre sans vitres ni berroillets (loquets ?), un vieux banc de noguier (noyer), un vieux dressoir en sapin faict à l'ancienne.

- la cuisine: une porte sans serrure ni clef, une fenêtre avec quatre barres de fer, deux fenêtres, regardant à la salle basse garnies de gonds et berroillets, un archibanc, une table longue faite d'ays de sapin, un grand banc de chesne, une paire de grandes landrières (chenêts) de fer fait à l'ancienne, un grand crémail et une paire de landrières servant à la rôtissoire.

- La chambre de la dépense: un vieulx coffre d'ays de sapin et une grande armoire d'ays de sapin, la porte fermant à clef. 

- La chambre du bureau dans laquelle se trouve un grand chalit en chesne leur couchette aussi en chesne, une paire de landrières, deux tables: une en noguier avc les pieds de hay faicts en colonne, l'autre de hay avec les tréteaux, une vieille chaise de hay et une petite chaise.

Les croisées des fenêtres garnies de berroillets avec deux vitres sur le haut dont une est rompue.La porte fermant à clef.

- La salle de devant: une porte fort vieille avec une serrure sans clef et deux petits berroillets, deux croisées de fenêtre bien garnies de vitres et berroillets, une petite fenêtre vitrée entre les deux croisées. Un vieux dressoir en 

chêne, un grand archibanc, une table,deux bancs en noyer et la porte allant de ladite salle à la dépense fermant à clef.

- La chambre prés de ladite salle: la porte ferme à clef ainsi que l'autre porte allant aussi à la dépense, une croisée de fenêtre garnie de quatre vitres et berroilets, une demi-croisée de fenêtre.

Une paire de landrières assez grandes,un chalit en chêne, une couchette, une table et un dressoir en noyer.

- Au cabinet:les deux portes fermant à clef, une croisée de fenêtre garnie de deux vitres.

Un coffre d'ays de sapin fermant à clef et une couchette en noyer.

- Au dessus, les greniers avec dans l'un: environ six charrettes de fagots, de sarments, dans l'autre: 24 sacs de froment, 36 sacs de seigle, 20 sacs de carron,millet blanc et noir 

quinze sacs, quatre sacs de fébves, un sac de pois, une quartère de lentilles, quatre sacs d'orge, lequel granaige a été baillé à ladite damoiselle.Plus un troisième grenier fermant à clef.

- Dans la tour d'entrée, au dessus du portail, il y a une chambre dont la porte posséde une serrure à clef et un berroillet, deux vieux chalits de chêne une paire de landrière et une petite table de sapin carrée avec ses tréteaux.Les fenêtres de la chambre n'étant pas vitrée.

- Dans la basse-cour, deux grands pressoirs à vin avec tout le garniment, deux grandes chevilles de fer servant aux dits pressoirs, six grands tonneaux, deux petits caps à mettre dessous les pressoirs, trois grandes tines à charroyer la vendange.

- Une étable couverte de thuiles appelée à la brèche bien garnie de mangeoires, le plancher fait de dix-huit ays de sapin,la porte avec serrure et clef.

- Une cave avec douze barriques bien cerclées, plus dans la muraille de la cave, une armoire et un saloir sans garniture.

- Le moulin couvert d'ardoises, la porte fermant à clef, auquel il y a trois meules,le plancher du hault garni de poutres de sapin et celui du bas en assez bon état. Une caisse fermant à deux serrures, une pugnére de fer, deux pics de fer pesant huict livres, une barite d'ays de sapin.

- Une petite loge près du moulin couverte d'ardoises 

en assez mauvais état servant à enfermer les pourceaux.

- Autre petite maisonnette faisant poulaillère couverte de pailhe.

- Près du chasteau, une grande borde couverte de pailhe, le toit en bon état,derrière, un apentis d'ardoises servant d'étable bien garni de mangeoires et rasteliers et sur le devant de la borde, deux petites chambres pour tenir le mesnaige des bouviers, les portes des deux chambrettes fermant à clef. Au hault de la borde, le foin recueilli aux préds du vicomte.

Le fumier amassé et en pile, la paille aussy assemblée.

- Deux cannes et un canard.

- Deux truyes avec quatre cochons, trois oyes, un jars,

et le coq, douze chapons, deux poules dindes, le coq.

- Trois charrettes et trois sellons.

- Soixante journaux de terre labourable en garret. 

- Le jardin bien party et garny de toutes herbes, d'aulx, choux, poireaux et autres ourtalaiges avec plusieurs arbres fruictiers, les treilles en bois de chêne. Au milieu du jardin, le pavillon carré avec une tour à chaque coin couvertes d'ardoises.

- A la mestairie de Trougnan, une grande borde couverte de paille en bon état, une petite chambre pour les bouviers et mestaigiers (métayers) couverte d'ardoises. 

- Une truye, deux cochons, deux oies, un jars, poules et un coq.

- Quarante-quatre journaux de terre en garret. 

- Deux charrettes garnies et ferrées et deux seillons aussi garnis.
 

 

- Bestails qui est aussi:

Une paire de chevaux pour le labouraige estimée 50 escus petits.

Quatre paires de boeufs estimées 48 escus petits la paire.

Soixante-quatorze brebis à laine avec deux béliers. 
 

 
 
 

- Fers et ustils pour le labourage:

Six segues, six areilles, deux coutres, trois arrazéres, trois foussoirs, quatre restets de fer, et soixante-dix fers, poisant le tout cinquante-neuf livres:

à savoir:les segues (soc): 12 livres
 

 

les arreilles (versoirs):6l.1quart

les coutres: 4l.1 quart

les fossoirs (sorte de bêche ?):4l.

les razéres (charrues-butoirs): 8l.

les restets (râteau):7l.trois quart

les fers ( à bétail ?):17l.1 quart

plus un faulx besoy (croissant), une f.... garnie de serrure et clef, deux tarière, une ucholle (hachette de charpentier), plus trois jougs de cap garnis de juilles (courroies) 
 

 
 
 

Quand fut-il construit,quand fut-il démoli ?
 

 

Le château fut construit entre la fin du XIIIe siècle (après 1281) et le début du XIVe siècle (avant 1330), Andrest n'entrant dans la domaine de la vicomté de Lavedan qu'à partir du 20 octobre 1272. Les premiers vicomtes résidèrent d'abord dans une forteresse appelée Casted Loboo, qui prendra plus tard le nom de Cotdoussan. Puis ils délaissèrent ce château pour celui de Beaucens construit vers le XIe siècle. Raymond-Garsie II l'abandonna au milieu du XIIe siècle en épousant Corneille, héritière d'Arnaud Guilhem de Barbazan. Ils résidèrent tous deux dans la demeure seigneuriale de Barbazan Debat. Enfin ils construisirent le château d'Andrest, mais la branche principale des vicomtes n'y habita qu'à partir du XVe siècle. En 1610, année de la mort de Jean-Jacques de Bourbon, sa deuxième femme Marie de Gontaut-Saint Géniès se retira dans la maison que les vicomtes possédaient à Tarbes près du château comtal. La seigneurie d'Andrest fut vendue après un long procès entre la dame de Gontaut et Catherine de Bégole (mariée à Gilles de la Roche) en 1615. La famille de la Roche y demeura jusqu'en 1667, année où à la suite d'un autre procès le territoire d'Andrest revint à Philippe III de Montaut-Bénac, duc de Navailles. A partir de ce moment, le château fut loué à des fermiers, les propriétaires suivant n'habitant plus dans la région mais à Paris. Il s'agit de la famille de Lorraine-Elbeuf, puis de la famille d'Orléans-Rothelin. C'est Alexandre d'Orléans, marquis de Rothelin, qui fit démanteler le château en 1762: un mandement 

(ordre écrit sur un billet) trouvé aux archives communales nous apprend que "Jean-Pierre Barragué, marguillier de notre église d'Andrest payera à Jean Ducos, entrepreneur d'une maison en chartreuse à bâtir à la place du vieux château d'Andrest, la somme de deux cents livres pour le dernier payement des matériaux remanants dudit château acheptés par ladite église, laquelle somme lui sera allouée lors de la reddition de son compte en rapportant le présent mandement,(fait) à Andrest le 14 octobre 1762" .Dans un acte du 2 août 1763 décrivant des travaux pour l'église, on apprend que les matériaux du château ont été achetés pour la somme de 400 livres au nom et frais de l'église, l'évêque étant procureur fondé de Mr. de Rothelin, seigneur dudit lieu. Lors des récents travaux effectués en Avril 1996 sur le portail de l'église, nous avons pu retrouver des fragments de fenêtres à meneau de style Renaissance confirmant ce dernier document.

Enfin, le château appartint à la famille de Rohan-Rochefort jusqu'à la Révolution.
 

 

Il subsiste fort peu aujourd'hui de cet édifice médiéval: la plateforme castrale, une partie des épais murs d'enceinte sur laquelle est adossée une maison moderne, les fondements de la tour-porte d'entrée. Et l'on devine encore les douves, fossés pratiquement comblés. 
 

 

Francis GUINLE


















LES SEIGNEURS D'ANDREST 

AU MOYEN-AGE


 
 


Les premiers seigneurs connus d'Andrest furent les comtes de Bigorre, qui se séparèrent de ce territoire au profit de
 

 
 
 

RAYMOND-GARCIE IV. (1252-1293). 
 

 

*ECHANGE AVEC ESQUIVAT DE CHAVANNES. 

Le 13 des calendes de novembre (20 octobre) 1272, Raymond-Garcie, vicomte de Lavedan, céda à Esquivat de Chavannes, comte de Bigorre, tout ce qu'il lui appartenait à Barèges.

De son côté, Esquivat céda sans réserve à Raymond-Garcie les villages de Préchac, Vier, Bordes, Bagés, Andrest et Trougnan, avec leurs redevances, habitants...bois, terres cultes et incultes. Il y ajouta à titre de "soulte" (compensation) la somme de 2300 sols de bons morlaas dont le vicomte se tient "bel et bien payé" et une rente de 63 sols de bons morlaas. 
 

 

C'est l'acte le plus ancien actuellement connu où il soit fait mention d'Andrest et Trougnan. 
 

 

*CESSION DE LA TERRE DE HORGUES:

Le 8 des ides d'août (6 août) 1274 le comte éteignit la rente annuelle de 63 sols morlaas, en donnant à Raymond-Garcie la seigneurie d'Horgues . Le vicomte fut amplement dédommagé car les droits seigneuriaux se montaient à 106 sols morlaas et 71 deniers, plus 5 sols morlaas par feu allumant et une poule par chaque chef de maison. 
 

 

*ETABLISSEMENT DU CANAL DU MOULIN D'ANDREST

Le 13 juin 1281 Pierre d'Antin donna à Raymond-Garcie de Lavedan, et à ses successeurs, l'autorisation de faire sur sa terre une prise d'eau dans l'Echez en amont du pont d'Ours(belille), pour le fonctionnement d'un moulin à Andrest. Le canal, "aussi direct que possible , aura les dimensions nécessaires et sera pourvu de deux ponts solides et larges ,propres à livrer passage à des chars à boeufs. S'il en venait quelques dommages à Pierre d'Antin ou à ses sujets, Raymond Garcie le réparerait conformément à l'évaluation des jurats 

d'Ours. En cas de dégats aux ponts ou au canal, produits par la malveillance des gens de Pierre D'Antin, plainte serait portée contre eux par le seigneur de Lavedan audit d'Antin, qui ferait réparer les dégats et qui, si les coupables n'étaient pas connus, s'emploierait loyalement à les faire rechercher. Il est convenu que Raymond-Garcie ne pourra invoquer ni droit seigneurial ni autre droit quelconque à propos du canal ; que les terres qu'il donnera en échange de celles qui doivent servir à la confection de cet ouvrage, seront livrées sous sa garantie, dans les conditions de franchise ou se trouve celle-ci ; et qu'il répondra encore en se soumettant au jugement de la cour de Bigorre pour toute réclamation qui pourrait être faite à Pierre d'Antin ou aux siens, par un seigneur ou par toute autre personne, au sujet du canal". Concession fur faites "audit Raymond-Garcie de francs-bords pour le curage, avec faculté de mettre ou de retirer l'eau quand il le faudra ; mais s'il lui arrivait ou s'il arrivait à ses successeurs d'enfreindre les clauses de l'acte l'eau serait refusée jusqu'à réparation du préjudice, suivant le dire des jurats d'Ours. Approbation du contrat précédent par na Guiraude , femme de messire Pierre et par leurs enfants: Comtebon et sa femme, na Marie; Raymond-Sac, G.Arnaud et Pierre d'Antin". Furent témoins Pierre de Bégole, Arnaud-Raymond de la Roque, chevaliers ; et Foulques de Bégole et Arnaud de Pontiac.
 

 

Raymond-Garcie mourut avant 1293. Il eut pour descendants:

- Arnaud II qui lui succéda. 

- Brunissande, qui épousa Arnaud d'Aure, comte de l'Arbout dans le Haut-Comminges.
 

 
 
 

ARNAUD.II. (1293-1319). 
 

 

Arnaud succéda à Raymond-Garcie, son père, après le 9 octobre 1292 et avant le 1er septembre 1293.
 

 

*VENTE D'UNE PIECE DE TERRE: 

Le premier septembre 1293, Arnaud de Lavedan vendit pour 40 sols morlaas, à la communauté d'Andrest, représentée par Pierre de Bernadet, juge , une pièce de terre, confrontant: à l'est la 

maison et l'enclos d'Arnaud Bernard Darré, à l'ouest le chemin public, au midi la terre de Pérès, et au nord le chemin de Sarniguet. (Larcher T.8). 
 

 

*REVENU DU VICOMTE: 

Sur l'enquête de 1300, ordonnée par Philippe IV Le Bel au sénéchal de Bigorre, pour connaître les revenus du comté, Arnaud percevait 275 livres. Il venait juste après le comte dont le revenu atteignait 1236 livres. 
 

 

*CHARTE DE DEPLACEMENT DU FIEF D'ANDREST: 

Arnaud de Lavedan, ayant fait déplacer les habitants d'Andrest des lieux où ils habitaient, à d'autres places en vue de les peupler et d'y bâtir, n'exige d'eux que trois deniers morlaas de fief, trois quarterons d'avoine, selon "la mesure ancienne", à la fête de la Toussaint, et cinq poules par an, du moins celui qui en aura, de la manière suivante: une à la Toussaint, une à Noël, une autre le dernier dimanche de Carnaval, une autre à Pâques et la dernière à Pentecôte, pour chaque place et lieu nouvellement donnés. Il posséderont toujours les maisons et terres, qu'ils avaient auparavant, moyennant de s'acquitter des obligations y attachées. 

- Il les affranchit pour toujours du cens dû pour les places qu'ils avaient dans l'ancien village (c'est à dire près de la motte castrale et/ou autour de l'église saint Vincent).

- Il permet pour toujours, que si lui ou les futurs seigneurs d'Andrest, n'ont mis de juments à l'aire où l'on bat le millet au village d'Andrest, si un habitant ou non d'Andrest avait besoin de battre du grain, il pourra le faire avec ses boeufs ou ses juments, ou avec celles des autres habitants d'Andrest, jusqu'à ce que le seigneur y ait mis ses juments. 

- Il leur octroie, que pour les ventes, comme il est de coutume, que si lui et ses successeurs, ont besoin d'acheter des boeufs, vaches, porcs, brebis, moutons, pain ou vin, pommes, raisins, oies poules ou autres choses, ils les paieront de suite, ou plus tard. Et si plus tard ils ne peuvent, le paiement se fera sur leur avoir sous contrôle et estimation de deux juges ou "besis" du village, ou à la première entrée de deniers.
 

 

Tout ce qui est dit ci-dessus, Monseigneur Arnaud l'a juré la main sur les saints Evangiles; que ce qui est dit et écrit ci-dessus, il le respectera,ainsi que ceux de son lignage, qui sont nés ou à naître. 

Furent témoins de cette charte: N'Arnaud de Moman, curé d'Andrest, Auger de Serres, Arnaud de Berguos, Pierre de Miramont, Donot de Lias, Donot de Lacassagne, et moi Bernard de Curred notaire juré de Tarbes. 

Fait à Andrest: le 4 des calendes de mars 1302 (le 26 février 1303: avant 1564, l'année commençait le 25 mars, jour de l'Annonciation. ), régnant Philippe (Le Bel), roi de France, seigneur dominant en Bigorre, et Raymond-Arnaud de Coarraze, évêque de Tarbes.
 

 

*RACHAT DE LA SEIGNEURIE D'ANDREST: 

La seigneurie dut être aliénée par Arnaud II, sous faculté de rachat, car en 1310, Arnaud la rachète avec ses cens et rentes à Centot de Cassano, qui en était possesseur, suivant acte de Guilhem Reverdis, notaire. 
 

 

*ACQUISITION D'UN PATIS PAR LA COMMUNAUTE: 

Le 6 mars 1311, Pierre du Pont, Arnaud Salles, Jean de Boneu et Arnaud de Ganos vendent à Raymond Marcassus, juge dudit lieu, agissant au nom de la communauté, 5 journaux de terre pour la somme de 97 sols parisis dont les limites sont: au nord de la terre d'Esclose; à l'est, le fossé communal; au sud et à l'ouest, la voie publique. Arnaud de Lavedan et son fils,Raymond-Garcie assistèrent à la transaction et promirent de ne jamais y bâtir ou laisser bâtir, voulant au contraire, que ce terrain soit toujours bien communal. 
 

 

Arnaud de Lavedan fit son testament "le samedi après les fêtes de l'assomption de l'an 1319", acte retenu par Aymeric de Ponchéat, notaire de Tarbes, par lequel, après plusieurs legs pieux, ordonna l'éxécution testamentaire de son père, feu Raymond-Garcie, fit des avantages à Béatrix d'Esparros, sa femme, donna la terre d'Andrest à Arnaud, son second fils, et institua son héritier universel Raymond-Garcie, son fils aîné. 

(Arch. Auch). 
 

 

.Ses enfants furent: 

- Raymond-Garcie, qui lui succéda.

- Arnaud, qui fut seigneur d'Andrest.

- Pey, dont le sort est ignoré.

- Frisade, mariée en 1338, à Pey d'Antin, seigneur de Barteres, chevalier au service des Anglais.(Larcher T.6).
 

 
 
 

RAYMOND-GARCIE V. (1319-1337 env.). 
 

 

Il succéda à Arnaud entre le 15 août et le 28 octobre 1319.

Tandis qu'il guerroyait en Gascogne contre les Anglais, soit qu'il fut mortellement blessé , soit qu'il fut malade, il fit un codicille (acte postérieur à un testament et modifiant celui-ci) à Montségur, diocése de Bazas, le 2 octobre 1338 à minuit.(Arch. Auch). 

Raymond-Garcie aurait eu deux enfants: Arnaud, et une fille mariée à Comtebon, seigneur d'Antin. 
 

 
 
 

ARNAUD DE LAVEDAN, seigneur d'Andrest. 

(1319-1337 env.) 


Frère de Raymond-Garcie V, il reçut la seigneurie d'Andrest comme part légitime vers 1320.

Le 19 octobre 1321, sous la tutelle de sa mère,Béatrix d'Esparros, il donna le droit de paisson (pâturage), aux habitants d'Andrest, à raison de 6 deniers de petits tournois par arpent, pour les terres appelées "Las Savas d'en Johan d'Hugues" qui confronte: septentrion (au nord) les terres de Jean d'Hughes, à l'orient la terre de Marsac, à l'occident et au midi la terre d'Andrest. Furent témoins: Raimond-Garcie V, son frère, Pey de Castelbajac, Arnaud de Lavedan, seigneur de Beaucens et Jean Speret, curé d'Andrest. (Glan.T.21 n° 268). 

Aujourd'hui, cette terre, n'est autre que le bois 

communal de Habas.
 

 
 
 

*CHARTE DE LA SAUVEGARDE D'ANDREST: 

Le 17 ou 27 mai 1330, les gardes, juges, et habitants d'Andrest, réunis en conseil de communauté dans l'église du lieu, commencèrent par déclarer que "leur assemblée n'a aucun caractére illicite et n'est en rien de nature à léser les intérêts de noble Arnaud de Lavedan,leur seigneur, mais qu'ils agissent au contraire pour la défense des droits de ce dernier, de leurs propres droits, et pour la protection de leurs familles et de leur biens". Ils demandèrent ensuite à Forcius de Faure, notaire, substitut du procureur royal de la sénéchaussée de Bigorre, de les mettre, leur seigneur et eux-même, ainsi que leurs propriétés, franchises et libertés sous la sauvegarde du roi, et de placer comme marques de cette sauvegarde des panonceaux fleurdelisés, dans les principaux quartiers; un sur le portail du château, un sur l'entrée du village "du côté du midy prés de la maison de Guilhaume de Sus", un troisième sur un arbre, près de la maison de Pierre Thones, et un quatrième, sur l'ormeau ou tilleul, qui est devant l'église , près de la la fontaine à côté de la maison de Pierre de Ganos, et de préserver les panonceaux de toutes injures..." (L. V. B. ) 
 

 

*CHARTE DES MAISONS DE LA BARBACANE D'ANDREST: 

Le 5 juin 1340, Arnaud de Lavedan, seigneur d'Andrest, demanda aux habitants de ce village, réunis pour la plupart dans "la barbacane du château, devant le pont-levis", de bâtir dans cette enceinte des maisons indépendantes les unes des autres. Les habitants se dirent prêts à céder aux voeux du seigneur, pourvu qu'il observe les anciens fors comme ses prédécesseurs. 

Il le prièrent de bien vouloir approuver les articles, qu'ils lui présentèrent et lui lurent (en gascon): 

Voici les conditions que les habitants de la ville, peuplant le bourg du château et habitants de la ville d'Andrest, demandent:

- Premièrement, au seigneur, que les usages et les 

coutumes que ses prédécesseurs ont tenu et observé envers les habitants d'Andrest, il les tienne et les observe lui-même sans aucune diminution, ni transgression, soit par lui, soit par personne interposée. 

- Que les habitants de la barbacane ne soient pas tenus de vendre, au seigneur ou à toute autre personne, des choses qu'ils auront dans leurs maisons, et que le seigneur a aussi ou peut se procurer, sinon s'il y a nécessité de la table de château. 

- Que toute chose qui est dans la maison, le seigneur ou autre ne puisse prendre, sinon comme dessus.

- Si par aventure, les maisons achevées et fermées, des objets qui sont dedans viennent à disparaitre, et qu'il soit établi par loyale information que la soustraction, n'est du fait,ni des gens ou des habitués de la maison, ni d'un voisin du village, ni de personne du dehors, mais qu'il y a bien vol ou bien que les objets aient été enlevés par la violence des gens du seigneur, celui-ci sera tenu de les restituer à l'endroit oû ils se trouvaient, ou d'agir selon la volonté des propriétaires. 

- Si les gens du seigneur tentent de s'emparer de choses enfermées dans les maisons, et si en défendant leur bien, les habitants font des contusions ou des plaies, ou se livrent à d'autres excès, que lesdits habitants ne soient passibles d'aucune amende, petite ou grosse, et que le seigneur soit tenu de leur porter bonne et ferme garantie. L'immunité et la garantie subsisteront, s'il y a tapage et attroupement. 

- Le seigneur est tenu d'aider ceux qui ont peuplé ou peupleront le quartier du château. 

- Que les habitants puissent tenir, vendre, aliéner les maisons faites librement, pourvu qu'ils acquittent envers le seigneur les droits de lods et ventes. (droits de mutation). 

- Que les nouveaux habitants ainsi que leurs descendants soient tenus de construire les maisons selon la manière actuelle, de les couvrir et réparer. Ledit seigneur sera tenu de faire les travaux qui lui reviennent dans la manière et dans la forme exigée. 

- Que les habitants du village, soient tenus d'aider 

ceux de la barbacane, à charroyer et à bâtir avec du torchis et des barres de bois. Et ils seront, eux-même, aidés s'ils viennent habiter dans la barbacane. 

- Les habitants de la barbacane pourront vendre leur vin en gros ou en détail, quand il le voudront. Et si le seigneur veut en acheter, il le pourra en payant aux mêmes conditions que les autres acheteurs, et comptant. 
 

 

*HOMMAGE AU PRINCE NOIR:

La Guyenne et Gascogne, ayant été érigées en Principauté d'Aquitaine en faveur du Prince de Galles, surnommé le Prince Noir, les seigneurs devenant vassaux furent tenus à la formalité d'un nouvel hommage. Arnaud le lui rendit, le soir du 8 janvier 1364, dans l'église des frères Prêcheurs d'Agen. (Le Laboureur:Mémoire de Michel de Castelnau t.3, p.79).
 

 

*ARNAUD PRISONNIER DU CAPTAL DE BUCH en 1371:

Le Prince Noir ayant fait don du comté de Bigorre à Jean de Grailly, captal de Buch ,son sénéchal d'Aquitaine, provoqua un soulèvement des seigneurs bigourdans. C'est ainsi, que vers l'année 1370, Arnaud de Lavedan et Bidau (Vital) de Bazilhac, guerroyant ensemble contre le nouveau comte, furent pris par les Compagnons de Lourdes, lors d'une escarmouche, et menés au château, où dit un document authentique "ils furent détenus par grand espace de temps et en une trés mauvaise et vilaine prison". De là, sur ordre du captal, il furent conduits à Bordeaux où Jean de Grailly les remit en liberté moyennant de lui payer solidairement une rançon de 12000 francs-or, obligation souscrite par eux le 7 novembre 1372 à Bordeaux. (Arch.des P.A. E 374)

Peu de temps après cette date, le Captal fut lui-même fait prisonnier, aux environs de Rochefort, par Du Guesclin et conduit à Paris à la prison du Temple jusqu'à sa mort (1377).

Le seigneur d'Andrest alla l'y trouver et il en obtint la remise verbale de sa rançon.
 

 
 
 

*CONFIRMATION DE LA CHARTE DE 1303 AUX HABITANTS D'ANDREST:

Le 16 décembre 1376,Bernard de Scare, garde, Raymond Salhe, Dominique Cort, Pierre Barran, Pierre de Jaque, Dominique de Lequay, juge, Oddo de Peyrus, Raymond de Forquata, Pierre de Peyrus et Pierre Forgue s'étant réunis dans l'oratoire du château d'Andrest montrèrent et firent lire sur l'ordre d'Arnaud de Lavedan, divers titres intéressant la communauté. Un notaire , ayant été appelé fut chargé d'insérer la copie de ces pièces dans un même acte public. 

Parmi les divers titres se trouvait la charte du 26 février 1304 concernant le "déplacement du village d'Andrest", qui fut dictée à Arnaud II, son père. 
 

 

*ARNAUD FIGURE AU TRAITE DE TARBES:

Le 3 février 1376, Gaston Fébus, comte de Foix, et Jean II, comte d'Armagnac, pour mettre fin aux guerres fréquentes qu'ils se faisaient, signèrent un traité de paix à la cathédrale de Tarbes. Arnaud qui avait pris parti pour ce dernier, est nommé parmi d'autres seigneurs.
 

 

*ARNAUD SEQUESTRE PAR BIDAU DE BAZILHAC:

Après la mort du captal de Buch, en 1377, Archambaud de Grailly, son fils et successeur, réclama la somme intégrale de la rançon aux seigneurs d'Andrest et de Bazilhac. Arnaud prétendit que le captal lui avait fait remise de sa part. Archambaud,(ce mesquin), lui répondit que, tandis qu'il était prisonnier, son père n'avait pu valablement rien lui quitter.

Le sire de Bazilhac, qui avait payé sa propre rançon, ne pût obtenir d'Arnaud qu'il paye la sienne. Il le fit ajourner au duc d'Anjou (frère du roi Charles V). Arnaud refusa de comparaitre.
 

 

Note de l'auteur: Archambaud dut sûrement envoyer un messager avec une lettre, à Bidau de Bazilhac, sur laquelle il lui signifiait que si Arnaud ne s'acquittait pas sous peu, de sa part, c'est lui qui devrait la payer. Le sire de Bazilhac en eut des sueurs froides, son visage blêmit, ses genous 

s'entrechoquèrent, ses dents claquèrent, ses mains tremblèrent,faisant vibrer la lettre, qu'il tenait encore! Il vacillait et allait tomber par-terre, sans la présence d'un valet qui eut le temps de pousser un siège où le sire s'affaissa. Alors, Bidau de Bazilhac, ce sournois, décida, avec une escouade, de tendre une embuscade à Arnaud. Celui-ci sortait de son imprenable château-fort d'Andrest, en toute sérénité...
 

 

Bidau de Bazilhac, "print Arnaud et le tint arresté par aulcun temps, en aulcun de ses châteaux qu'il avait en Bigorre, et de là, pour le plus surement garder, le fit transporter en Béarn, en un château nommé Queue-Raze (Coarraze), à deux lieues des châteaux de Bigorre et là, demeura bien gouverné et bien peust (entretenu) fort temps qu'il était gardé afin qu'il ne s'en alla. Et cependant pour ce qu'il était homme ancien de l'âge de 80 ans ou environ sans que on lui fit aultre mal à la vie à trespassement". (A. N. JJ 154 n°626).

Après la mort d'Arnaud, le (triste) sire de Bazilhac, craignant d'être inquiété, pour cet emprisonnement arbitraire (et meurtrier), sollicita des lettres de rémission que le roi Charles VI lui accorda au mois d'août 1399 à Maubuisson, et dont on a pu lire un passage ci dessus.

Les lettres de rémission ne précisent pas l'année de décès d'Arnaud, mais il précéda l'année 1388. Il mourut célibataire et sans postérité.
 

 

Note de l'auteur: nous demanderons au lecteur d'observer une minute de pause en l'honneur de ce héros de l'histoire andrestoise.
 

 

*ARMES D'ARNAUD DE LAVEDAN: sceau rond de 2cm.-Ecu portant trois corbeaux à la bande brochant dans un trilobe-Légende détruite-
 

 
 
 

ARNAUD III (1338-1376)
 

 

Fils de Raymond-Garcie V, il acheta la seigneurie de Siarrouy pour 2050 deniers d'or à l'écu, à Bernard de Cucuron, le 25 avril 1350. Le 8 juin suivant, sur 

l'acte de ratification, Arnaud, seigneur d'Andrest son oncle, est nommé comme témoin. 

Il rendit hommage au Prince Noir, le 20 juillet 1363, dans l'église St André de Bordeaux.

Arnaud III décéda avant 1376. Le nom de sa femme est inconnu, et de ses enfants on ne connait que Raymond-Garcie VI.
 

 
 
 
 
 

RAYMOND-GARCIE VI (1376-1415)
 

 

C'est lui qui fit transcrire les actes essentiels de sa maison, en 1406, dans le manuscrit qui s'appelait "Censier de Castelloubon, de Barbazan Debat et d'Andrest",et maintenant nommé Livre Vert de Bénac,.sur lequel on peut voir "l'écusson" de Raymond-Garcie, qui est: "d'argent à trois corneilles de sable, marbrées et becquetées de gueules, deux et un".

On se souvient qu'Arnaud de Lavedan, seigneur d'Andrest, avait refusé de payer sa part de rançon. Bidau de Bazilhac fut obligé d'en garantir le paiement, par acte du 4 octobre 1379 qu 'il passa au château de Pau, devant Gaston Fébus.

Raymond-Garcie, petit neveu d'Arnaud, s'obligea de payer, par le même acte avant le 8 novembre suivant, à Archambaud de Grailly, représenté par Bourbonnet de Bourbon, la somme de 5000 livres. Et leur promesse fut garantie par Raymond-Arnaud seigneur de Coarraze, Donat,seigneur d'Arros, Assieu de Coarraze, Arnaud-Raymond, seigneur de Sadirac, étant stipulé qu'à défaut de paiement, ledit de Bazilhac s'obligeait à se livrer en otage, à Orthez, avec les quatre cautions.(arch. P.A .E 304). L'acte ne dit rien sur Arnaud, seigneur d'Andrest qui, à cette date, vivait encore, selon toute vraisemblance. Quand à Raymond-Garcie, il ne promit pas, comme le fait le sire de Bazilhac, ni de se livrer en otage, ni de garantir les cautions.

Il fit son testament le 16 août 1411, mais il ne mourut qu'après le 15 mai 1415, à une date ignorée.

Le nom de sa femme n'est pas connu, mais il eut au moins quatre enfants:

- Arnaud, qui lui succéda
 

 

- Ramonet, qui fut châtelain de Montoussé

- Bertranne, qui se maria le 3 octobre 1387, dans l'église des Cordeliers à Tarbes, avec Jean, vicomte d'Asté. Le contrat de mariage, retenu par Bernat Dumestre notaire à Tarbes, fut ratifié le 13 août 1392, au château d'Andrest, par le père et le frère aîné de Bertranne

- Condessa fut la troisième femme de Comtebon IV, baron d'Antin.
 

 
 
 
 
 

ARNAUD IV (1416-1422)
 

 

Jean III, comte d'Armagnac, gouverneur du pays de Languedoc et duché de Guyenne, écrivit à Monéduc de Pausade, en 1385, pour ordonner à Jean de La Barthe, seigneur d'Aure, de lever 30 hommes; à Jean d'Astarac, d'en lever 25; à Manaud de Barbazan, 10 etc, et à Arnaud de Lavedan,.de lever 10 hommes ( in Montlezun, Hist. de la Gascogne T.4 p.436).

Arnaud servit ensuite le roi de France, Charles VI, avec 26 écuyers en l'an 1404 en Guyenne. (Abbé J. Le Laboureur. Mémoire de Michel de Castelnau T.3 p.79).
 

 

*ARNAUD ACHETE UNE MAISON A TARBES EN 1405: 

Cette maison était sise en la ville de Tarbes et au Bourg-Vieux, appelé place du Lavedan, près de la salle comtale, et confrontait d'orient et septentrion les murailles de la ville, au midy la rue publique, et d'occident la terre de la ville.
 

 

ARNAUD SENECHAL DE BIGORRE EN 1406:

Ses services militaires et la réputation qu'il avait acquise lui valurent d'être nommé sénéchal de Bigorre pour le roi de France. 
 

 

*EPOUSES ET ENFANTS D'ARNAUD:

Il eut pour femme Civilie de Coarraze qui mourut en 1385. Il prit pour seconde épouse Brunicende de Gerderest, veuve elle-même, avant 1407 de Fortaner de Lavedan, seigneur de Beaucens, 

de qui elle avait eu deux filles: Jeannette et Miramonde.

Arnaud fit son testament, le 26 août 1422. Il mourut après cette date, mais avant le 22 octobre suivant.

Après sa mort, Brunicende continua d'habiter au château d'Andrest, Arnaut V, son beau-fils, lui ayant laissé la jouissance, résidant au château de Barbazan-Debat.
 

 

Arnaud eut de son premier mariage:

-Arnaud V l'ainé.

-Raymond-Garcie, qui fut abbé à St Sever de Rustan de 1419 à 1442. Il fut aussi chanoine et archidiacre à Tarbes.

-Pélegrin, seigneur de Siarrouy, qui fit son testament le 23 janvier 1463. Célibataire, il mourut sans postérité

-Jean qui entra, suivant la volonté de son père, dans les ordres de St-Jérusalem.

-Raymond-Arnaud qui fut prêtre et chanoine de Tarbes.

-Blanche-Fleur qui fut mariée à Auger de Tuzaguet, chevalier et seigneur de Saint-Lanne.

-Galiane qui épousa Bernard de Rivière, sénéchal d'Armagnac.

-Marguerite, mariée sans doute à Jean de Lavedan, seigneur de Baudéan, désigné par Arnaud comme exécuteur testamentaire en 1422.

Il aurait eu également 3 autres filles:

-Bellegarde, mariée avec Jean d'Antin, fils de noble Jean d'Antin, seigneur d'Abos dans le Montanérez. Sur le contrat de mariage, passé le 30 août 1417, Arnaud de Lavedan constitua à sa fille, une dot de 3000 florins d'Aragon dont 400 furent payés comptant et 2600 à des termes couvenus. Arnaud prit pour caution noble Jacques, seigneur d'Aubaréde, Pey de Bégole, seigneur dudit lieu, et Jacques de Cazenave, seigneur dudit lieu, lesquels s'obligeaient en cas de non-paiement, à se livrer soit à Ger, soit à Montaner, soit en tel lieu désigné par Jean d'Antin. (Arch. Auch).

-Jeannette, qui épousa le 24 juillet 1427, Manaut d'Aure.

-plus une autre fille qui épousa Arnaud d'Astan, seigneur d'Estampes en Pardiac.(Larcher T.8, 

p.314) 
 

 
 
 

Trois autres fils naquirent de Brunicende:

-Raymond-Arnaud, écuyer. Il ne se maria pas et mourut sans postérité à Bours. Dans son testament du 22 décembre 1465, rapporté par Larcher, il veut être enterré dans la chapelle des Cordeliers à Tarbes, dans le tombeau de sa mère.

-Bertrand, qui épousa Jacquette de Rivière, dame de Sauveterre en Rivière-Basse.

-un autre Raymond-Arnaud, qui fut moine au couvent de St-Savin.
 

 

*ARMES D'ARNAUD: sceau rond de 3 cm:.écu portant trois corbeaux au lambel, penché, timbré d'un heaume à lambrequins, couronné et cimé d'une touffe. (quittance de gages du 10 septembre 1420).
 

 
 
 

ARNAUD V (1422-1444)
 

 

Il épousa Jeannette, fille de Brunicende et de Fortaner de Lavedan, seigneur de Beaucens, à une date inconnue, que l'on peut situer vers 1410. Par ce mariage, la seigneurie de Beaucens, qui était sortie des possessions des vicomtes de Lavedan depuis 260 ans, rentra dans le domaine. Les châteaux de Barbazan-Debat et d'Andrest, continuèrent d'être leur résidence, la forteresse de Beaucens ne l'étant qu'occasionnellement.

Jeanne, qui vivait au 15 juin 1428, mourut avant 1437. Arnaud se remaria avec Marthe d'Astarac, fille de Jean III comte d'Astarac, et de Philippa de Comminges.
 

 

*TESTAMENT EN 1441:

Etant malade en son château de Barbazan, (celui d'Andrest était habité par Brunicende), Arnaud y fit son testament le 20 septembre 1441. Il survécut encore au moins trois ans, sa mort se situant entre le 16 juillet 1444 et le 16 juillet 1445.
 

 

*SES ENFANTS:

-Raymond-Garcie VII,son successeur.
 

 

-Fort-Aner, qui mourut sans avoir pris alliance, ayant testé le 29 juin 1449.

-Arnaud, qui fut chanoine et archidiacre de Tarbes.

-Aner, religieux de l'ordre de St-François. Il fut prieur au couvent de St-Orens jusqu'en 1478.

-Bernard.

-Jeanne, mariée à Arnaud de Montaut, chevalier et seigneur de Montaut en Comminges et baron de Bénac en Bigorre. Le contrat de son mariage fut retenu, à Tarbes, dans la maison de son frère Arnaud, chanoine et archidiacre, le 23 janvier 1458 par Abeuxis, notaire d'Ibos. (Larcher:dict. Montaut).
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

RAYMOND-GARCIE VII (de 1444 ou 1445 à 1492)
 

 

Le 18 avril 1437 ,il épousa Bellegarde de Montesquieu, suivant un contrat passé à Saint- Sever de Rustan:

" Assieu de Montesquieu dote sa fille de 5000 florins d'Aragon valant chaque florin 10 sols et 6 liards pièce ou 6 morlaas de ceux qui avait cours au temps, et des habillements convenables.... Moyennant ladite dot, Bellegarde renoncera à tous droits présents et à venir, au cas y aura enfants mâles. En ce cas, lesdits florins d'Aragon seront florins de France. Autrement, ladite de Montesquieu sera héritière. Si les enfants mâles meurent en âge pupillaire ou autrement, sans faire testament, se réserve ledit Assieu de disposer de 2000 florins en faveur de qui bon lui semblera et pour son âme et pour l'entretien de sa femme en veuvage. Que si audit Assieu survivent trois filles ou plus, outre ladite Bellegarde, sans aucun mâle, chacune desdites filles sera dotée de trois mille florins et habillements convenables, payables par ladite Bellegarde. S'il n'en reste que deux , quatre mille florins d'Aragon et habillements chacune, s'il n'en reste qu'une, elle sera dotée de 

cinq mille florins, lit et habillements, payable par Bellegarde".

" Ledit Arnaud fera héritier Raymond-Garcie, de tous ses biens, à savoir la baronnie de Castelloubon, Castetgeloux, Andrest, Siarrouy et autres rentes qu'il jouit tant en la montagne, qu' en plaine. Si ledit Arnaud se remarie, l'ainé mâle du second mariage sera seigneur de Barbazan, Soues et Horgues et ses descendants mâles à jamais. Si ce sont des filles, elles seront dotées suivant la portée de la maison, et les terres retourneront à Raymond-Garcie ou à son héritier. Le premier enfant mâle à naître de ce mariage sera héritier de tous les biens présents et à venir d'Arnaud et Raimond-Garcie de Lavedan. Si le premier n'est habile, le second héritera, et si le second n'est habile, le troisième, et à défaut des enfants mâles, la première fille habile sera héritière et à défaut la seconde etc. 

S'il advenait que les enfants à naître, recueillissent la succession et décédassent en âge pupillaire ou sans enfant, en ce cas,les héritages retournent au plus proche de son nom et lignage. S'il y a plusieurs enfants mâles, Assieu de Montesquieu en pourra choisir un pour le faire héritier, à la charge de porter le nom et les armes de Montesquieu. 

Si Raymond-Garcie et Bellegarde ne pouvoient s'accorder de vivre en la compagnie d'Arnaud, celui-ci leur baillera les lieux de Barbazan et Soues pour jouir des revenus d'iceux jusqu'à ce qu'Arnaud leur fera jouir des lieux d'Andrest, tenu par Brunicende de Gerderest et Siarrouy, occupé par Raymond de Lavedan".
 

 

*RAYMOND-GARCIE COMBAT LES ANGLAIS:

Raymond-Garcie VII fut sous les ordres de Jean de Bourbon, comte de Clermont, pour reprendre Bordeaux aux Anglais (le 13 octobre 1453). 
 

 

*TESTAMENT DE PELEGRIN:

Le 28 août 1463, Pélegrin, seigneur de Siarrouy, fit son testament et institua Raymond-Garcie, son neveu , héritier. L'acte fut retenu par Pierre Daveran, notaire d'Andrest.
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

*CONTRAT DE MARIAGE DE JEANNE:
 

 

Le 14 août 1467, Jeanne de Lavedan, fille aînée et future héritière de Raymond-Garcie, passa contrat de mariage avec Gaston du Lyon, sénéchal de Saintonge, au château d'Andrest. 
 

 

*TRANSACTION PAR SENTENCE ARBITRALE ENTRE RAYMOND-GARCIE ET SON FRERE:
 

 

Après des années passées au service du roi, Bernard de Lavedan, dernier frère de Raymond-Garcie, revint au pays et demanda sa part légitimaire. Les deux frères n'ayant pu s'entendre, ils convinrent et s'engagèrent par un compromis, signé au château d'Andrest le 18 mai 1478, de s'en tenir à la décision amiable de douze arbitres par eux choisis. 

Quelques jours plus tard, les arbitres prononcèrent leur décision, qui peut se résumer ainsi: les lieux de Horgues, Soues, Ayné, Ossun-es-Angles, et le village de Gayon en Béarn seront donnés à Bernard, qui renonce à tout autre droit. L'acte fut signé le 26 mai 1478 au château d'Andrest. 
 

 

Raymond-Garcie et Bellegarde eurent trois filles: 

-Jeanne, mariée avec Gaston du Lyon le 14 août 1467, au château d'Andrest.

-Catherine, appelée aussi Toinette, fut mariée à Pey-Arnaud de Castelbajac, sénéchal de Bigorre, devant Jean Abeuxis, notaire de Tarbes, par contrat du 15 janvier 1491 passé au château de Barbazan-Debat. Elle reçut pour légitime six mille deux cent douze écus dix sols et dix deniers. 

-Bernardine, qui fut fiancée en bas âge, le 25 janvier 1457, à noble Jean seigneur de Montaut (en Comminges) et de Bénac. Veuve en 1481, elle épousa en seconde noce Jean de Montferrand en Périgord. (Larcher, dict., art. Montaut). 
 

 

Raymond-Garcie fit son testament le 21 août 1492 chez sa fille Jeanne, à Toulouse, veuve de Gaston du 

Lyon, par lequel il l'institua son héritière, à charge pour elle qu'après son décés, ladite hérédité revienne à Louise du Lyon, fille légitime, naturelle et unique de Gaston et Jeanne. (Arch. Auch). 
 

 

Il mourut peu après et son corps fut, sans doute, transporté à Tarbes et inhumé à l'église des Cordeliers, où reposaient ses ancêtres. Avec lui se termine la lignée directe mâle de la maison de Lavedan...
 

 

Francis GUINLE


















L'EGLISE SAINT BARTHELEMY D'ANDREST



Les premières églises
 

 

Nous avons déjà parlé des premières églises du territoire d'Andrest, à Trougnan et à Saint Vincent. La première, encore citée en 1342, semble être abandonnée assez rapidement (elle n'est plus citée dans le pouillé de 1379), sans doute à cause de la désertion de ses habitants au profit du nouveau village d'Andrest. L'église Saint Vincent, elle, aura plus de chance, son cimetière au moins étant utilisé jusque dans les années 1740. Cette longévité étonnante, étant donné la proximité de l'église neuve, pourrait s'expliquer par l'attachement des habitants à leur vieille église romane où sont enterrés leurs ancêtres, mais aussi par l'érection rapide de l'église Saint Barthélémy en siège d'archiprêtré. Le problème demeure en 

l'absence de documents.
 

 
 
 

L'église Saint Barthélémy.
 

 

Cette église du village neuf a certainement été construite entre 1303 (charte de fondation du village) et 1330 (première mention). Dès 1303, d'ailleurs, un unique prêtre n'Arnaut de Moman est cité: s'agit-il de l'ancien curé de Saint Vincent ou Trougnan, ou d'un nouveau curé ? Il est certain en tout cas que l'église est terminée en 1330: la besiau (1) du village s'y réunit "au son de la cloche, comme il est d'usage".
 

 

En 1342, Andrest devient siège d'archiprêtré, sur décision de l'évêque Pierre-Raymond de Montbrun. Andrest est compris dans l'archidiaconé de Bazillaguès, avec les archiprêtrés de Laguian et Montfaucon, et comprend 12 paroisses: item archipresbiter de Andresto habeat sub se cappelanos et ecclesias de Aurensano, de Sarnigueto, de Marsaco, de Villanova, de Unhoannio, de Baselhaco, de Florentia, de Camaleriis, de Vico, de Valocx et de Artanhano (et de Pujolio) (2). Ce document est complété par deux pouillés, documents fiscaux de 1342 et 1379 qui décrivent les revenus de toutes les paroisses de l'archiprêtré.
 

 

Cet archiprêtré pose un problème, car logiquement c'est la petite ville comtale de Vic qui aurait dû en être le siège. La question se pose donc d'une cause politique de cette promotion, au profit du vicomte de Lavedan et au détriment de la Bésiau de Vic...

La cure et l'archiprêtré d'Andrest étaient probablement dotés de nombreuses terres et revenus: un document de 1496 dans les archives de Vic signale par exemple en confront une terra capellaniae de Andresto (3) dans le terroir de Saubanha.
 

 

Quelques vestiges archéologiques permettent de nous donner une idée de cette église bâtie au XIVe siècle: en effet le clocher-mur médiéval a été conservé comme mur de refend du clocher du XVIIIe siècle, ainsi qu'une partie du mur ouest de l'église (voir le plan ci-contre).Ce clocher-mur est une haute structure à trois arcades campanaires en plein cintre, dotée d'un sommet en pointe 

ouvragé rappelant un peu le gâble gothique (4), d'une épaisseur de 1,20 m pour une hauteur maximale d'environ 15 m. Ce clocher est bâti en galets et briques crépis, sauf les chaînages d'angle (5), les moulures et les supports campanaires en calcaire taillé. Il est probable que le "toit" à deux pans de ce mur était initialement dallé de calcaire, comme des traces d'arrachage le laissent supposer.
 

 

Plusieurs remarques s'imposent au sujet de cette église, que l'on peut donc dater du premier tiers du XIVe siècle:

- La titulature à Saint Barthélémy est très fréquente dans cette partie de la Bigorre: il est le patron de l'église de Baloc, et d'une chapelle de Vic par exemple.

- Le clocher-mur est très fréquent dans notre région, pendant tout le moyen-âge et l'époque moderne. Ces clochers n'ont été remplacés ou occultés que dans les deux derniers siècles sous des clochers-tours: c'est par exemple le cas de l'église de Camalès, dont le clocher abrite un clocher-mur du XVe siècle. Il faut cependant noter l'originalité du clocher-mur d'Andrest, à la construction très soignée.

- Ce clocher était sans doute entouré d'une structure en bois (passerelle pour le sonneur de cloches...) comme l'indiquent les trous de boulin (6), dont certains sont soigneusement dallés de calcaire pour l'insertion de poutrelles. Plus intéressant encore, un de ces boulins au niveau des arcades basses présente les traces évidentes d'un incendie: nous pensons qu'il s'agit des traces de l'incendie du XVIe siècle, la calcination du bois aura rubéfié le boulin ( le calcaire est de couleur rouge brique et a une texture gréseuse, signe d'une forte chaleur).

- tous les autres murs ont été démantelés au XVIIIe siècle, les matériaux en ont sans doute été remployés pour construire la nouvelle nef. Cette destruction laisse par ailleurs en suspens la question de l'entrée primitive de l'église: se trouvait-elle percée dans le clocher-mur, comme l'entrée actuelle, ou bien était-elle située dans le mur sud comme c'est le cas dans des édifices équivalents ? Seule une trouvaille archéologique permettrait d'en dire un peu plus sur cet édifice très remanié.
 

 

On possède peu de textes sur cette église jusqu'en 1600; on sait seulement que l'église et tout le village eurent à subir 

des déprédations des troupes de Montgommery et de Montluc vers 1569, avec un incendie probable de l'édifice religieux. Les évènements semblent avoir été cependant assez graves, témoin ce document d'imposition des Etats de Bigorre en 1577 qui attribue 135 livres " aux consuls d'Andrest, Aurensan et Siarrouy, ce que ont fourni à l'entretenement des gens qui etoient en garde au chateau d'Andrest durant l'occupation de la ville de Vic ".
 

 

Le XVIIe siècle
 

 

Après cet incendie lors des guerres de religion, l'église fut reconstruite, mais aucun élément ne nous précise son aspect dans cette période.
 

 

SEPULTURES DANS L'EGLISE: 

Par contre deux testaments nous apprennent qu'il y eut des sépultures dans l'église: 

Damoiselle Jeanne de Bégole, soeur de Catherine et veuve de noble Gaston de Baretges, sieur de Flau, "veut et ordonne qu'après sa mort, son corps est ensevelly dans l'église du lieu d'Andrest et tombeau du seigneur et dame".

Le 28 avril 1645, Jean Cazenabe, archiprêtre, veut être inhumé et enseveli dans la chapelle Sainte-Catherine, et dans le sépulcre destiné aux archiprêtres. 
 

 

BAPTEME D'UNE CLOCHE EN 1698 :

Le 29 mars 1698, nous, archiprêtre d'Andrest soubsigné, avons bény une cloche neuve avec les cérémonies accoûtumées. Ayant la permission de messieurs les vicaires généraux et pour assistants: messieurs de Briquet et Depierris, vicaire, mademoiselle Marie de Guichot étant la marraine. (Registre paroissial). 
 

 
 
 
 
 

L'église au XVIIIe siècle
 

 

Un rapport d'expert nous permet de connaître l'état de l'église en 1761: 

" Les murs, tant celuy de midy que celuy de septentrion se trouvent hors de leur aplomb d'environ 4 à 5 pouces 

(10 à 13 cm), penchant en dehors, lézardés et crevassés en plusieurs endroits. De même , la charpente se trouve construite d'une manière qu'elle pousse et fait élargir les murs. Le boisage est pourri et vermoulu, ne pouvant y faire des réparations sans qu'elles ne soient considérables" (Laban notaire).
 

 

L'église menaçant donc de s'écrouler, les andrestois décidèrent d'entreprendre des travaux. Une expertise fut demandée par l'archiprêtre et le marguillier d'Andrest, mais les habitants d'Andrest n'en furent avertis qu'au dernier moment, et récusèrent les experts de peur d'avoir à payer la construction d'une nouvelle église:
 

 

L'huissier, résidant à Aurensan, requis par les consuls et la communauté d'Andrest, déclare à Mr. Clarens, archiprêtre, et à Pierre Barragué, marguillier, que les requérants ont vu avec surprise l'exploit d'assignation qui leurs fut signifié hier soir pour comparaître ce jourd'huy, 27 mai 1761, devant l'église paroissiale, pour procéder à l'expertage (sic) de l'état actuel de l'édifice, et savoir si celui-ci doit être réparé ou reconstruit dans un lieu convenable, suivant jugement de Mr. l'intendant.
 

 

La communauté et les consuls, n'ayant pas eu connaissance de la requête présentée par l'archiprêtre et marguillier, n'ont pu nommer un expert pour savoir s'il y avait cause de suspicion et récuser l'expert choisi par l'archiprêtre. 

De plus, le nom des experts aurait dû être notifié par l'assignation. Rien de tout cela ne fut fait, en sorte que cette procédure est faite contre les règles. La manière dont l'archiprêtre et le marguillier ont agi laisse présager à la communauté une intelligence formée entre eux et les experts, pour obtenir de ceux-ci un rapport conforme à leur désir. 
 

 

Les requérants déclarent qu'ils sont opposants à la vérification que les experts doivent faire, et qu'ils ne se présenteront pas, pour éviter de se préjudicier... jusqu'à ce que la requête et l'ordonnance de Mr. l'intendant leurs soient communiquées, pour savoir si la communauté doit s'opposer ou non aux 

demandes de l'archiprêtre et marguillier. Et si elle consent à cet expertage, son intention est de nommer, elle-même, son expert. 

Mais, si l'archiprêtre et le marguillier considèrent, que la communauté et les consuls n'ont aucun intérêt dans l'expertage, la manière dont ils ont procédé, pouvant le laisser croire, pourquoi se sont-ils avisés de nous convoquer? Ils auraient dû finir comme ils ont commencé. C'est pourquoi nous protestons de l'inutilité de cette expertage, s'il grèvent les requérants en rien. Cependant nous avons compris, par bruit public, que l'objet desdits archiprêtre et marguillier, était de faire construire une nouvelle église, ce qui parait inutile, puisqu'il y en a deux dans ce lieu, chacune suffisant pour servir d'église paroissiale, et pouvant être réparée à moindre frais. 

N'agissant par aucun esprit de contradiction, envers l'archiprêtre et le marguillier, leurs font savoir, que s'ils veulent se charger en leur propre nom des entières dépenses à faire, pour la construction d'une nouvelle église, avec les arrérages des rentes de la fabrique, pendant un nombre d'années que fixera l'intendant, la communauté n'entend point s'y opposer. Mais s'ils entendent faire contribuer, par des manoeuvres ou de nouvelles impositions, aux frais immenses qu'il y aura pour la nouvelle construction, la communauté y est formellement opposée... le défaut de ressources dans ses patrimoines ne suffisant pas pour payer ses charges ( c'est à dire les impôts royaux ). Et si malgré l'exposé ci-dessus, lesdits archiprêtre et marguillier passent oultre les requêtes, protesteront tout ce qui est loisible de protester. 

Copie remise à Mr.l'archiprêtre, trouvé à son domicile. 
 

 

Un accord fut finalement trouvé entre l'archiprêtre et les habitants du village:
 

 

"Le 1 septembre 1761, devant la porte de l'église,...il a été représenté par Mr. Barthélémy Clarens, archiprêtre, Pierre Barragué, marguillier, et le premier consul, qu'il est de la derniére importance de travailler incessament, à la réparation de l'église, qui menace ruine prochaine et totale, comme il est dit dans la vérification, faite le 18 décembre 1758, par Mr. Guichot, curé de Bazet, commissaire nommé par l'évêque 

de Tarbes..... En conséquence, il fut dressé une relation de délabrement de l'église, et un devis estimatif d'une nouvelle église à contruire, par Devèze et Verges, maîtres architectes de Tarbes, qui fournirent un plan figuré du nouveau bâtiment à faire, parce qu'alors l'idée de la communauté (ou plutôt de l'archiprêtre) était d'en faire construire une autre, dans un endroit commode, tant pour l'archiprêtre, que pour la communauté. Mais la misère du temps et des habitants, ayant considérablement augmentée par leurs mauvaises récoltes, et par les impositions royales, Mr. l'archiprêtre y étant sensible, et l'église n'ayant point les ressources suffisantes dans ses revenus, il a bien voulu, à la prière de la communauté, faire examiner s'il ne serait pas possible de se dispenser de construire une nouvelle église, et de conserver celle qui existe aux moyens de réparations qui seraient nécessaires. 

Sur quoi, ayant nommé deux experts, à savoir Bernard Devèze, maître architecte, pour l'archiprêtre, et Jacques Ducos Ruste, pour la communauté, aprés vérification de l'église, ils ont conclu qu'au moyen de réparations considérables, elle peut parfaitement servir et subsister. 

Il a été unanimement délibéré et arrété, qu'il sera procédé incessamment, aux réparations, conformément au devis et plan, au dépens de l'église, avec ses revenus échus ou à échoir. A cet effet, il sera procéder à une adjudication au rabais, et vu l'insuffisance des revenus et biens de l'égise, pour couvrir tous les frais, la communauté fournira les manoeuvres pour le service des entrepreneurs, et les charrois nécessaires, pour le transport des matériaux à pied d'oeuvre, moyennant la moitié des salaires que l'on a coutume de donner en pareil cas, à l'exception des charrois pour la chaux, qu'il faudra aller chercher aux fours, et des ardoises et pierres de taille à prendre aux carrières, qui seront payés à l'entier salaire aux habitants qui demeureront obliger de le faire. 

Les manouvriers et charretiers seront commandés dans le besoin, à tour de rôle, par les consuls et obligés d'obéir, sous peine d'une pignore (amende) de trois livres contre les refusants.

La communauté se réserve le droit de surseoir auxdits travaux, dans le cas ou elle serait employée à faire des corvées dans quelque nouveau chemin royal, dans le temps des semences, de la récolte des grains, des foins et dans le temps des vendanges. La présente délibération 

sera présentée à Mr. l'évêque, avec le plan et devis, ainsi qu'à l'intendant, pour la rendre exécutoire. 

Comme la communauté est obligée d'entrer pour beaucoup dans les dépenses à faire pour les réparations, il a été délibéré que les consuls se pourvoieront devant qui il appartiendra pour obtenir le paiement des chênes, qui ont été choisis et employés pour le service de la marine, et qui n'ont pas été encore payés. Paiement qui est d'autant plus nécessaire pour la communauté, qui ne peut point se dispenser de faire construire une maison commune, de payer une dette de 300 livres et de fournir la nourriture et entretien d'un enfant trouvé devant la porte de l'église d'Andrest, il y a sept ans. 
 

 
 
 

La reconstruction de l'église: 
 

 

Le 2 août 1763, devant l'église St-Barthélémy, l'archiprêtre Barthélémy Clarens, le marguillier Jean Laporte Pouey, les consuls Jean Sarthou, Jean Ducos Costarot, Roc-Labat, et la plus grande partie de la population d'Andrest se réunirent pour établir un état des travaux à réaliser pour reconstruire l'église. Les plans furent dressés par Jean-Baptiste Devèze, architecte de Tarbes. Les travaux de maçonnerie furent adjugés à Dominique Trouillé, maître-maçon de Vic, Jean Candau, aussi maître-maçon de Vic et Guillaume Vidalé, maçon d'Artagnan, pour la somme de 6980 livres, et qui devaient finir leur ouvrage dans trois ans. 
 

 

Le plan général des restaurations fut établi comme suit:
 

 

Les fondations des murs de la nef, des chapelles et des piliers seront de quatre pieds six pouces de large (1m45) jusqu'au rez-de-chaussée (ces fondations reposent sur des aulnes, achetés au nombre de cent environ à Madame d'Angos, de Sarniguet). Les murs seront continués à trois pieds six pouces d'épaisseur (1m10) jusqu'à la hauteur de cinq toises (9m75). 

Sur les murs, seront faits les cadres des vitraux en tuiles plates, les accoudoirs en pierre, cintrés sur le haut à savoir: trois vitraux au sanctuaire, deux à chaque chapelle, quatre à la nef, aux dimensions de quatre pieds de large (1m30) sur dix pieds de haut (3m24). Les 

accoudoirs posés à 2 toises et un pied (4m12). Les vitraux des sacristies auront 3 pieds de large (0m97) sur 6 de haut (1m94), posés à 2 toises (3m88). 

Le corps de l'église mesurera 15 toises de long (29m23) sur 41 pans de large (9m26). Les chapelles: 5 toises de long (9m75) sur 2 toises 3 pieds de large (4m87). Les arceaux d'entrée: 3 toises 4 pieds (7m13) sur 4 toises de haut (7m80) cintrés au trait d'anse de panier.
 

 

Les matériaux du château d'Andrest furent achetés par l'archiprêtre, pour la somme de 400 livres, aux nom et frais de l'église, à l'évêque de Tarbes, procureur fondé de Mr. de Rothelin, seigneur du lieu. Les travaux de charpente furent adjugées à Jacques Ducos, de Vic, et Jacques Barué, pour la somme de 3920 livres.

La restauration du clocher fut également entreprise:
 

 

Le mur d'occident, qui doit être construit aussi pour le clocher, sera distant de l'ancien (le clocher-mur médiéval) de 10 pieds (3m24). Dans les murs de refend de 3 pieds (0m97) d'épaisseur dans le fondement et ensuite de 2 pieds (0m64), seront pratiquées des ouvertures, à droite et à gauche, pour l'accés aux escaliers. 

Les murs du clocher, dont la hauteur présente est de 5 cannes (9m02), seront élevés de 2 toises 2 pieds (4m54) en plus. Un perron de trois marches sera posé, indépendant du palier. Tous les murs seront crépis en dehors, enduits et blanchis à la chaux vive détrempée à la colle des tanneurs, à l'intérieur. 
 

 

La suite du bail a besogne nous montre que la nef et le chevet furent entièrement reconstruits et aménagés:
 

 

Le sanctuaire sera couvert par une voûte en maçonnerie. Deux arceaux: un pour séparer le sanctuaire avec la nef, l'autre pour séparer le cul-de-four avec le bonet, faits en branches d'ogive saillante de la voûte d'environ 6 pouces (16cm) orné par un boudin, d'un réglet et deux crus (?) et quatre branches d'ogive "qui iront deffinir à la clef" en cul de lampe, pierre circulaire de 18 pouces de diamètre (48 cm) [...]
 

 

Les travaux de charpenterie sont décrits avec grand soin: la nef et les chapelles seront couvertes par une 

voûte en bois, posée au niveau de celle du sanctuaire; chaque partie de la voûte (arbalétriers, fiches...) fait l'objet d'une description séparée, étant toujours fait mention d'un assemblage "par tenon et mortoise". 

Les tribunes furent également reconstruites, avec un escalier d'accès en chêne, ainsi que la table sainte, également en bois.
 

 

Ce long bail à besogne de 13 pages in-folio nous décrit en fait l'église dans son état actuel.
 

 

Le beau mobilier baroque de la nouvelle église , encore visible aujourd'hui (voir à ce sujet l'étude récente de Lucienne Michou), a subi lui aussi une série de restaurations; dès 1776 (dix ans à peine après la reconstruction de l'église !) un document nous apprend que l'artisan Claverie a reçu du marguillier 36 livres pour avoir changé un adorateur (un des anges dorés accroupis devant le baldaquin ?) et 64 livres pour l'autel de l'église (?).

D'autres documents (une série de reçus) nous permettent de détailler la réalisation de ce mobilier: les fonts baptismaux ont été créés en 1782 par un dénommé Haget pour la somme de 90 livres (une autre dépense de 30 sols fut faite en 1792 ,de nouveau pour des fonts baptismaux, sans pouvoir en préciser la nature); 300 livres furent consacrées au paiement de deux confessionnaux en 1777; Cette même année des fondeurs reçurent plusieurs paiements pour la réalisation de nouvelles cloches (l'acte de décès de l'un d'eux, Antoine de Lamir, âgé de 27 ans et natif de la région de Saint Oder (?), nous apprend que ces artisans ambulants venaient d'Espagne). Les autels demandèrent évidemment le plus de crédits et de temps, notamment pour l'autel saint Roch, envoyé chercher à Rabastens (le lieu de résidence de l'artisan ?). 15 livres furent octroyées en 1792 au célèbre Ferrère pour vérifier les travaux de l'autel, une fois achevé par le sculpteur Salles. Et l'artisan Lafaye réalisa, en 1789-1790, pour la somme de 200 livres les boiseries recouvrant les murs, ainsi que pour 50 livres une série de 18 sièges à accoudoir et prie-dieu pour les notables... 
 

 

A l'époque moderne
 

 

De nouvelles restaurations furent encore effectuées au 

cours du siècle suivant, du fait du manque d'entretien du bâtiment: rapports d'experts de 1840 et 1842, en 1872 la réfection de la toiture du clocher.

Des cloches furent réalisées par Ursulin Dencausse en 1893...

Deux cloches furent refondues à cette occasion pour en fondre trois nouvelles, d'un poids respectif de 350, 200 et 85 Kgs, et dans un alliage de bronze à 20% d'étain. Une autre cloche d'environ 700 Kgs fut également fondue pour la famille Jusforgues, qui en fit don à l'église d'Andrest.

La charpente de l'église s'écroula peu après, en 1898, et l'accès au bâtiment fut aussitôt interdit pour permettre la reconstruction. Détail intéressant, les vestiges de la voûte écroulée en 1898 furent achetés pour 10 francs par un andrestois: "ces débris ont été enlevés de l'église avec une brouette. La quantité achetée représentait environ 35 tombereaux. L'ancienne voûte était en terre recouverte d'une légère voûte de plâtre" (ce qui est curieux: la "terre" est-elle le lambris pourri ? Ou bien y-a-t'il eu une restauration de la voûte non signalée par les textes ?). Le devis estimatif mentionne aussi le soutien de la vieille tribune en bois par... des colonnes en fonte creuse installées à la charnière de notre siècle.
 

 

Il est difficile de donner une conclusion sur la vie de l'église d'Andrest, après ce rapide survol de 700 ans d'histoire; on ne peut cependant qu'être frappé par les innombrables rajouts effectués siècle après siècle (dont nous n'avons mentionné que les plus significatifs !), qui montrent à quel point l'église paroissiale est au centre de la vie communautaire...
 

 

Stéphane ABADIE et Francis GUINLE





Notes:


1- La bésiau est le nom de la communauté villageoise formée de "voisins" (en gascon bésis), et de la réunion de ces villageois. 

2- Larcher, Glanages, T.I. La paroisse de Pujo a été oubliée dans cette liste, mais est comptabilisée dans le recensement suivant. Les paroisses cités existent toujours, sauf celle de Baloc et Florence, respectivement intégrées dans le territoire de Vic et 

de Bazillac.

3- On peut traduire cette formule par "terre de la chapellenie d'Andrest", sans que nous sachions exactement ce que recouvre cette "chapellenie".

4- le gâble est l'ornement triangulaire pointu, souvent sculpté, que l'on trouve au dessus de certaines ouvertures de style gothique.

5- le chaînage d'angle est formé des pierres taillées qui forment l'angle d'un mur. On trouve fréquemment ces chaînages de calcaire en Bigorre, le galet employé pour les murs étant peu adapté à la réalisation d'angles.

6- le boulin est le trou carré que l'on trouve sur certains murs, et qui est le négatif des poutres d'échafaudage utilisées pour la construction. Ces trous sont parfois réutilisés pour insérer des éléments de charpente.
 

 





LE CHEMIN DE FER D'ANDREST




Les origines de la ligne
 

 

Les Tarbais furent les premiers à réclamer le rétablissement de l'Empire. Napoléon III projeta en 1854 la mise en valeur des Landes de Gascogne par l'agriculture; il fallait assainir par drainage 300 000 hectares de terres improductives et y créer des possibilités de circulation. Pour être viable ce projet devait s'appuyer sur la création de nouvelles voies ferrées dans le département des Landes.

Elle servait à acheminer des céréales, légumes, vins et eau de vie, du bois également.

En trafic voyageurs, l'exploitation se fit pendant quelques mois au moyen de deux trains omnibus par jour dans chaque sens, avec un temps de parcours de quatre à cinq heures. Les stations thermales des Pyrénées, dont l'accès se trouvait considérablement facilité, virent leur succès croître rapidement, et permettre un essor sensible de l'industrie locale.
 

 

La réalisation de la ligne
 

 

Décrétée d'utilité publique le 23 Octobre 1856, la ligne de 

chemin de fer Morcenx-Tarbes (138 kms) traverse la commune d'Andrest sur une longueur de 3, 899 kilomètres (sur une superficie totale de 11 hectares 21 ares 76 centiares).

cette ligne coupe plusieurs chemins anciens,en particulier:

- le chemin d'exploitation de l'Aiguillon (supprimé par la suite)

- le chemin d'Andrest à Marsac (rattaché latéralement au passage à niveau suivant)

- Le chemin d'exploitation de Larrouyet (supprimé, rattaché au précédent)

- la route d'Aurensan (supprimée et remplacée par un chemin latéral)

- la route impériale 135 ( R.D. 935 )

- le chemin dit de lacau à Trougnan
 

 

Plusieurs propriétaires (65) furent expropriés et dédommagés à cette occasion.

Initialement un seul passage à niveau était prévu route de Sarniguet. Cependant à la suite de pétitions des habitants d'Andrest, de sept autres communes ( qui estimaient que le chemin Aurensan-Andrest aboutissait au centre même de cette commune) les autorités acceptèrent de réaliser un passage à niveau supplémentaire route d'Aurensan. Huit aqueducs furent également établis à différents endroits de la ligne.
 

 

La gare, élément central de ces réalisations, fut construite vers 1880. La salle d'attente était continuellement encombrée de barriques et de colis gênants. Les jours de marché poules et canards s'y ajoutaient, empêchant la circulation des voyageurs. 

Le conseil municipal demanda donc à la compagnie du Midi en Février et Mai 1882 la construction d'une halle de marchandises dans les plus brefs délais. Le prix du billet était alors de 0,65 francs l'aller.

En 1901 une marquise vint s'ajouter sur le mur est de cet édifice.
 

 

Une inauguration improvisée
 

 

C'est cependant bien plus tôt, le 18 Août 1859, que fut inaugurée la ligne Morcenx-Tarbes, inauguration improvisée puisque la ligne a été empruntée par Napoléon III qui conduisait l'impératrice aux eaux thermales de 

Cauterets.

Cette inauguration posa cependant de nombreux problèmes techniques: on posa 1200 mètres de voies par jour, malgré de grosses difficultés de main-d'oeuvre !
 

 

A cette occasion les vignerons d'Andrest et de Madiran, les tanneurs de Vic-Bigorre et les teinturiers de Cazères exprimèrent leur joie de voir enfin arriver ce chemin de fer tant désiré.
 

 

Michel FONTAN

Tous droits réservés par l'auteur 

Pour me contacter: stephane.abadie@ac-toulouse.fr


 
 

Dernière modification : 19/11/01,08:58:50