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Monographie de Montégut-Arros (Gers) | |
3-6-Étude généalogique de la famille de Dominique BONNEAU Il m'a semblé intéressant de suivre quelques familles de Montégut sur plusieurs générations, pour voir leur évolution et leur comportement. J'ai choisi de travailler sur la famille Bonneau, dont le plus illustre représentant est l'auteur de la chapelle qui orne le cimetière paroissial. La généalogie de la famille Bonneau ne peut être suivie au 18e siècle en raison des lacunes des registres paroissiaux. Cependant nous avons retrouvé la mention d'un Jean BONEU, époux de Bertrande COUGOT, qui donne naissance le 24 août 1737 à Pierre BONEU. C'est peut-être le père de Dominique, qui suit. 1- BONNEAU Dominique: né vers 1759, ce cultivateur se maria en première noces avec Thérèse MILHAS qui lui donna au moins deux enfants: Jeanne, décédée encore enfant le 13 pluviôse an 10, et Jean-Baptiste, né le 20 brumaire an 14, qui suit. Dominique épousa en seconde noce Marthe DUFFAR, décédée le 9 décembre 1815, dont il eut au moins trois enfants: Jeanne-Marie, Catherine et Jean-Pierre. BRANCHE DES BONNEAU-MILHAS: 2- BONNEAU Jean-Baptiste, Fils de Dominique et Thérèse
Milhas, était cultivateur comme son père en 1832. Il épousa
le 25 mars 1830 Marie Caubet, née le 29 floréal an VI, dont
il eut au moins deux enfants, Dominique et Paul. Dominique Bonneau, né
le 25 avril 1832, mourut à 23 ans, le 26 mai 1855, dans un hôpital
de Rome, alors qu'il servait comme soldat dans l'armée française.
Paul Bonneau, né le 9 décembre 1835, ne survécut 11
jours.
3- BONNEAU Jeanne Marie: fille aînée de Dominique Bonneau et Marthe Duffar, née le 14 messidor an 4, elle épousa Dominique Layerle le 19 octobre 1824, agriculteur originaire de Lacassagne. Elle décéda le 12 décembre 1832. Je ne sais si elle eut une postérité. BRANCHE DES BONNEAU-DUFFAR: 4- BONNEAU Catherine: fille cadette de Dominique Bonneau et Marthe Duffar, née le 26 mai 1806, elle épousa un Laporte Monta dont elle était veuve en 1854. Elle décéda le 31 octobre 1854 à Montégut. Je ne sais pas si elle eut des descendants. Les registres de naissance ne livrent aucun nom pour ces deux couples. 5- BONNEAU Jean-Pierre: fils de Dominique Bonneau et Marthe Duffar, demi-frère de Jean-Baptiste, né le 23 juillet 1811. Il passa ses premières années dans la maison familiale, une grosse ferme au quartier du Lurus. Il partit faire fortune à Paris, avec plusieurs membres de sa famille (il est déjà à Paris avec son frère Pierre Bonneau en 1830). En 1929 le prêtre de la commune rédige un extrait de catholicité en sa faveur, et signale qu'il est alors militaire de carrière, sous-officier et garde du corps du roi charles X1. Il rencontra à Paris Anne Lallemant, issue d'une famille bourgeoise2, qu'il épouse le 14 juillet 1837. Il s'installa dans la capitale et fit fortune grâce à sa fonction et ses relations (peut-être dans le secteur de l'immobilier, grâce aux opérations hausmanniennes3 sous Napoléon III?). Il habitait une grosse demeure au numéro 52 de la Rue du Roi de Sicile. Sans enfant, devenu veuf le 26 février 1879 (son épouse le suivit dans le sud de la France, elle décéda à Tarbes), il rentra au pays et passa une retraite paisible à Montégut, vivant de ses rentes. Sa fortune lui permit de nombreuses libéralités envers la commune: don d'une vigne pour agrandir le cimetière4, don pour rénover l'église5, pour permettre d'édifier l'école communale... Il décéda le 27 avril 1897 après avoir testé le 17 mars 1879, dans la demeure qu'il avait faite bâtir au Lurus6 après la vente de son immeuble à Paris, et fut inhumé dans sa belle chapelle funéraire. Sans enfant, sans héritiers directs, ses collatéraux héritèrent de ses biens, qui furent dispersés7. 6- BONNEAU Pierre. Fils de Dominique Bonneau et Marthe Duffar (il est peut-être l'aîné), on le trouve en 1830 à Paris. Il devint par la suite marchand épicier à Tarbes. Décédé avant 1897, il épousa une femme portant le prénom de Claire, qui lui donna une fille, Maria. 7- BONNEAU Jeanne, née en l'an IV et décédée en 1832, resta dans la région et épousa Dominique Layerle en 1824. Ils partirent s'installer dans un autre village, et je ne sais s'ils eurent une descendance. 8- BONNEAU Maria, fille de Pierre et Claire Bonneau, épousa Charles Isnard, qui était cocher à Lourdes en 1897 mais avait quitté cet emploi deux ans plus tard. Ils vivaient au 9 rue du Bourg à Lourdes en 1899. 9- BONNEAU Jean, fils de Dominique et Marthe BONNEAU, devint garçon meunier employé au moulin du village. Décédé le 23 décembre 1854, il épousa Philippe Abadie, qui éleva seule leurs quatre enfants, qui suivent: 10- BONNEAU Jean: né en 1848, il décéda à huit mois le 19 mars 1849 11- BONNEAU Joséphine: née le 20 février 1852, je ne sais ce qu'elle devint 12- BONNEAU Amélie, qui épousa un dénommé Bulle, qui lui donna trois enfants (n°14-15-16). 13- BONNEAU TOURROGUE Jean Marie: né le 25 mars 1844, fils aîné de la famille, il épousa Louise Pauline CAUBET (fille de l'instituteur du village en 1836 François CAUBET, et de Renée DASTAX, alors résidents à Plaisance-du-Gers) qui lui donna au moins cinq enfants (n°17 à 21). Il était décédé en 1897. 14- BULLE Berthe, qui épousa François Duc, « propriétaire ». Ils étaient installés à Laguian en 1897. Ils s'étaient mariés le 14 janvier 1885 (date de leur contrat de mariage retenu par un notaire de l'Isle-de-Noë). 15- BULLE Maria, qui épousa Justin Castella, d'Alais (Alès?), employé à l'usine à gaz en 1897. 16- BULLE Marthe, qui vivait à Jougne dans le Doubs en 1897. 17- BONNEAU Marie-Louise, née le premier octobre 1866. Je ne sais s'il s'agit de Marie-Louise Bonneau citée dans l'acte de partage des biens de Jean-Pierre Bonneau en 1897, car celle-ci est dite mineure sous tutelle de Dominique Collongues propriétaire à Betplan. Peut-être la première ne survécut pas et que Marie-Louise citée en 1897 est la cadette de la famille. Elle épousa un dénommé Krougly et partit s'installer à Paris. Elle eut un fils, disparu dans les camps de concentration de la seconde guerre mondiale. 18- BONNEAU Alexandrine Mélanie, née le 4 mars 1876. Elle vécut à Montégut et ne contracta pas d'alliance. 19- BONNEAU Marceline Joséphine, née le 14 janvier 1872. Elle épousa Jacques Bordet, peut-être originaire de Rabastens, qui devint restaurateur à Paris, rue de Poissy. Ils habitaient en 1897 à Paris, au 45 rue de la Harpe. 20- BONNEAU Félicie, qui épousa Eugène Poges, dont elle était veuve en 1897. Ils partirent s'installer à Alger. 21- BONNEAU Rose Jeanne Marie, née le 5 novembre 1879 22- BONNEAU François Léopold, né le 16 juin 1870. Celui-ci, devenu cultivateur, épousa une jeune femme de Haget, Julie Laffont, qui lui donna un fils, Henri, qui suit. 23- BONNEAU Henri, né en 1898. Agriculteur comme son père, il épousa une jeune femme de Montégut prénommée Marie Pujos, qui lui donna deux fils, Robert et Elie. 24- BONNEAU Robert, né en 1925 25- BONNEAU Elie, né en 1929
3-8 La famille de François DOURS
Un fonds conservé dans les archives paroissiales permet d'étudier en détail la carrière et la fortune de la famille Dours, « dynastie » de tailleurs d'habits du village pendant tout le 19e siècle. 1- DOURS François. Né dans la première moitié
du 18e siècle à Montégut (vers 1700-1710), ce modeste
brassier épouse Jeanne RICAU dont il a deux enfants, Jeanne et Bernard,
qui suit.
2- DOURS Bernard. Né vers 1740-1750, il est brassier (comme son
père). Il épouse en 1769 Jeanne LAVEDAN originaire d'un village
voisin (Mazerolles), fille de Jean LAVEDAN et Domengea GOURGUE. De cette
union naquirent trois enfants, Catherine, Marthe et François, qui
suit.
3- DOURS François. Né en 1773, il contracte mariage avec
Catherine DUCASSE de Peyrun avant 1827, soeur de Guillaume DUCASSE.
4- DOURS Bernard Philippe est tailleur d'habits à Montégut
dans les années 1820-1850. En 1821 il achète un demi-journal
de terre à Las palanques à Anne Sénac veuve Dazet
pour la somme de 100 francs. En 1830 il prend Guillaume Labadens, fils
de l'aubergiste de Rabastens Vital Labadens, comme apprenti tailleur.
En 1837 il échange un bois contre une pièce de terre au Lurus
à Barthélemy Cougot. Il vend en 1845 deux pièces de
terres (40 ares) à François Laporte Tilhac pour la somme
de 120 francs. Il rend visite en 1846 son frère Jean-Pierre Dours,
installé comme tailleur à Mézin (Lot-et-Garonne).
Ce Jean-Pierre accepte en 1855 de laisser ses droits successoraux à
Bernard-Philippe moyennant une somme d'argent payable en plusieurs termes
(50 francs, puis 225 francs...).
5- DOURS Jean-Marie devint charretier et s'installa à Bordeaux chez sa soeur et son beau-frère, épiciers 6- DOURS Madeleine Eugénie épousa Louis LALANNE qui partit s'installer à Bordeaux, rue Saint-Eulalie, où ils ouvrirent une épicerie. Ils avaient une domestique ou commise du nom de Marceline. 7- DOURS Hippolyte partit gagner sa vie à Paris. Il habitait au n°6 de la rue Rambuteaux en 1869. 8- DOURS Charles-François devint tailleur comme son père. Il s'engagea dans l'armée et devint brigadier-tailleur au 8e régiment de cuirassiers basé à Moulins dans l'Allier. 9- DOURS François, l'aîné, fut le seul fils qui
resta à Montégut. Il devient tailleur comme son père
et son frère cadet Charles-François.
10- DOURS Marie, fille de François, née le 15 mai 1859, épousa avant 1879 un membre de la famille Sorbet. Fille aînée, elle reçut la plus grande partie de l'héritage paternel en 1879-1880 et régla les frais de succession. 11- DOURS François, né en 1866, devint tailleur comme
son père. Il achète tissus et boutons à Bordeaux vers
1880 par l'intermédiaire de son oncle Louis Lalanne.
Ces deux familles Bonneau et Dours montrent de manière exemplaire le destin de toutes les familles du village entre le 18e siècle et le début du 20e siècle. La quasi-totalité des habitants sont agriculteurs ou artisans jusque vers 1840, et dans cette période, parfois un peu plus tôt, des cadets de ces familles commencent à partir un peu partout en France ou à l'étranger à la recherche d'un emploi ou à la suite d'un conjoint. Les aînés restent seuls au village, où ils prennent la succession de leur père (tailleur d'habits dans le cas des Dours). De ce fait, les cadets ont souvent une réussite sociale plus importante que leurs frères et soeurs restés au pays. Le cas de Jean-Pierre Bonneau est à ce titre tout à fait remarquable, même si beaucoup de ces cadets sans formation n'occupent que des emplois modestes de commerçants ou de cochers. Cette situation semble de toute évidence préférable à celle de domestique dans sa propre famille en restant au village... Le corollaire de cette dissémination des famille est la dispersion toponymique. Un exemple intéressant m'a été fourni par Fernand Nouilhan, que je remercie ici, pour le nom de famille Lacarce8. La majorité de ces toponymes se concentrent dans le Gers et les Hauts-Pyrénées, et tout particulièrement dans la région de Montégut-Arros, ce qui fait supposer que le village et son quartier de Notre-dame-de-la-Carce sont à la source de cet anthroponyme. Ce nom est disséminé plus ponctuellement dans les départements frontaliers, dans l'Hérault, le Var, la Haute-Vienne et le Val de Marne. On retrouve là le problème des migrations des cadets de familles nombreuses au 19e siècle. Le nom de famille sert ici de « traceur » pour déterminer le sens de ces migrations: vers les départements et les villes voisines (Pau, Tarbes, Toulouse), vers Bordeaux et Paris et plus généralement vers les départements créateurs d'emplois dans la deuxième moitié du 19e siècle et dans la deuxième moitié du 20e siècle. 4-L'état physique de la population 4-1-Une lente amélioration de l'état de santé de la population: Dans les registres du 18e siècle la mortalité des adultes est plus forte qu'au 19e siècle: on meurt plus et plus jeune, probablement parce que les conditions de vie, d'hygiène et de médecine ne laissent souvent aucune chance au malade ou au blessé. On constate également une sur-représentation des nouveaux-nés et des jeunes enfants: parfois la moitié des décès d'une année, plus en cas d'épidémie. Par ailleurs les naissances « hors-normes » sont rares. Je n'ai relevé dans tous les registres que deux cas de jumeaux: des jumeaux naissent en 1812 de Marie-Jeanne Remes et Jean Tujague, mais l'un des deux meurt à la naissance. Le 20 novembre 1829, deux faux jumeaux, Isidore et Françoise, naissent dans la famille de Jean Laporte et Catherine Pucheu. En moyenne un adulte vit une soixantaine d'années en 1800.
Les personnes dépassant 70 ans sont rares, celles qui dépassent
80 ans sont très rares (seule Jeanne Cougot, meurt à
90 ans en 1806).
Les exemples de nonagénaires commencent à se multiplier
quelques décennies plus tard: Bernarde Sorbet décède
à 90 ans en 1815; Joseph Forgues décédé à
95 ans en 1834; Joseph Larrieu décède centenaire en 1835
Tous ces éléments indiquent, avec la présence permanente au village d'officiers de santé, une lente amélioration de l'état de santé de la population et de ses conditions de vie. Nous l'avons dit plus haut, on ne possède guère
de précisions sur les causes de la mort, sauf pour les soldats:
fièvres, apoplexie, pneumonie. On peut seulement détecter
une surmortalité d'enfants et de nouveaux-nés en l'an XI-XII,
1814-1815, 1842-1843 et 1850, qui signent probablement des épidémies9.
4-2-Le personnel médical: On trouve trace de médecins depuis le début du 18e siècle. Jacques Besombes est mentionné au titre de maître chirurgien en 1707. Dazet est chirurgien en 1738. En 1768, Jean-Pierre Dazet (le même ou son fils) est maître chirurgien. En 1814, Jean Mengelle est officier de santé (il décéde en 1832). En 1830, on trouve mention de deux chirurgiens, François Saux et François Mengelle, fils du précédent. En 1854, Louis Léro est officier de santé et conseiller municipal. En 1875 est fait mention d'une sage-femme, Jeanne Lamazère etc. Un heureux hasard a fait conserver dans les archives une ordonnance d'un médecin nommé Pujos à Lagraulas (originaire de Montégut?), datée de 1818: « Per emplatre contra rupturam; une once étendu sur une
peau blanc sans le faire choffer, que l'on appliquera sur l'ernie après
lavoir faite rentrer que l'on soutiendra au moÿen d'un bandaeg ou
d'une pelotte.
Il ne fait aucun doute que si les patients résistaient
à ces traitements, ils pouvaient également survivre à
leur maladie...
5-La composition socio-professionnelle du village à travers les âges Si la paysannerie est restée majoritaire du moyen âge
jusqu'à nos jours, il est vrai également que de nombreuses
professions ont existé dans cet espace, liées plus ou moins
directement à la pratique agricole.
Seule la mention d'une léproserie disparue pourrait être mise en relation avec la « grande peur » de 1311 qui entraîna la destruction violente de nombreuses léproseries partout en France, et notamment en Gascogne (à Lectoure). Les lépreux avaient été accusés d'empoisonner les puits... Notons cependant que la mention de terres de cagots en 1755 semble indiquer que les lépreux (du moins des lépreux blancs) pourraient avoir disparu « pacifiquement », génération après génération, en devenant des cagots puis en se fondant avec le reste de la population, au terme de plusieurs siècles de ségrégation11. Les mentions sont peu nombreuses également pour l'époque moderne. Il faut se contenter des actes notariés, ceux de l'abbaye de Saint-Sever et du livre-terrier de 1755. Ce terrier donne le nom de 96 tenanciers résidents, dont un forgeron, un noble, deux demoiselles et sept « monsieurs », bourgeois propriétaires. Sur cet ensemble il reste donc 85 tenanciers-agriculteurs, dont plusieurs devaient être artisans. Jean de Mun, par exemple, est charpentier en 1798. Outre le meunier, Téchéné (tisserand), Charrou (charron), Horgues (forgeron) sont des noms de quartiers ou de maisons qui existent déjà à cette époque. On trouve par ailleurs surtout des mentions de cultivateurs dans les actes du cartulaire de Saint-Sever, à l'exception de la mention de Jacques Besombes, maître chirurgien de Montégut, témoin d'un acte en 170712. Le cadastre de 1830 permet de donner une image des métiers
pratiqués dans le village à cette époque: la profession
des propriétaire y est très souvent mentionnée. C'est
ainsi que si la profession d'agriculteur est majoritaire, on trouve plusieurs
niveaux de fortune, de bas en haut de l'échelle: des journaliers,
des métayers, des cultivateurs, des artisans ayant une ferme et
des propriétaires rentiers.
Les artisans sont nombreux, et les professions concernent la plupart des corps de métiers: un tanneur (Delord), un cordonnier (Darous), deux tisserands (Larrieu, Sarralabout), un tailleur (Dours), un tailleur d'habits (Lavigne), un tourneur (Abadie), quatre sabotiers (Tujague, Labat, Jirard, Dazet), deux forgerons (Darrous, Baudéan), trois charrons (Dours, Duffar, Labat), deux charpentiers (Pujos, Villa), un menuisier (Gardey), cinq maçons (Lucantis, Lamarque, Caubet, Bégué, Gélé), un tuilier (Bertin), un meunier (Bergoute), un négociant (Gardères). On trouve ainsi en 1830 un éventail complet des professions
possibles en milieu rural: à côté des métiers
« agricoles » et dérivés (meunier), on trouve
les métiers liés au travail de la terre (forgeron, charron,
nécessaires à l'entretien des outils et des attelages), l'artisanat
local lié aux troupeaux (tanneur, tisserand), les métiers
du bâtiment (charpentier, maçon, tuilier, tourneur), les métiers
liés au costume (sabotier, tailleur, cordonnier) etc.
D'autres professions plus rares sont représentées
dans les villages voisins: marchands de bétail, négociant,
marchand de fer, boucher et charcutier, un notaire à Villecomtal
et à Rabastens.
Le recensement nominatif de 1841 permet de compléter cette
première approche: on trouve alors dans le village deux marchands,
huit tisserands, quatre charpentiers, quatre maçons, deux meuniers,
sept cordonniers, deux sabotiers, deux tuiliers, un chirurgien, une sage-femme,
trois instituteurs, un tourneur, onze couturiers et couturières,
quatre tailleurs, un carillonneur, un prêtre, un boucher, deux charrons,
quatre forgerons, 14 propriétaires, 20 servantes et 44 domestiques.
Au vingtième siècle, passées les saignées de la première guerre mondiale, on voit apparaître de nouveaux métiers, alors que d'autres disparaissent. En 1926, à côté des nombreux agriculteurs
et ouvriers agricoles, on dénombre deux coiffeurs (!), Achille Lamothe
et Xavier Soubiran, un horticulteur, Sylvain Forgues, et deux femmes exerçant
le métier de garde-barrières, Marguerite Dubout et Marie
Duffard.
Les domestiques sont moins nombreux: on trouve une unique servante et deux « bonnes à tout faire » (sic), trois domestiques -employés dans les maisons les plus riches du village. Les enfants ne sont plus systématiquement placés dans des familles et les fermiers n'ont sans doute plus les moyens d'entretenir un domestique à demeure, comme ils le faisaient presque toujours avant la Première Guerre Mondiale. Les artisans sont beaucoup moins nombreux: on ne trouve plus que deux tailleurs, deux couturières, un forgeron, un maçon et un charron. On trouve par ailleurs l'instituteur et l'institutrice, le prêtre,
le facteur et huit retraités. De nouvelles professions sont apparues:
un musicien, deux horticulteurs, deux épiciers, un cheminot.
Des ouvriers, mécaniciens, employés dans l'usine locale ou à Villecomtal, apparaissent dans les recensements des décennies suivantes. A partir de 1956, l'ouverture de la laiterie de Villecomtal draine de nombreux jeunes vers le monde de l'industrie agro-alimentaire. Dans le quartier du Lurus, aux exploitations agricoles plus fragiles que dans la vallée de l'Arros, le Laiterie est une véritable aubaine pour les jeunes qui délaissent sans regret le dur labeur agricole pour la société de consommation... La situation au début du 21e siècle est assez limpide:
la commune compte 120 actifs, dont 74 salariés. Sur ce nombre on
ne compte plus que 16 agriculteurs, dont 7 en double activité (19,2%
des actifs). Dans cet ensemble il faut comprendre deux exploitations spécialisées
dans le gavage et l'élevage. Deux artisans vivent encore sur la
commune (maçons), on trouve une entreprises de travaux agricoles,
trois bâtiments industriels (entreprise ERME), des chambres d'hôtes.
6-La répartition des fortunes Il est délicat, en l'absence de sources fiscales fiables,
de tenter une étude de la répartition des fortunes.
Tableau de la répartition des terres à Montégut-Arros en 1755. Au sommet de la pyramide on trouve une vingtaine de « gros
propriétaires » disposant de plus d'une dizaine d'hectares
(vigne surtout...), se faisant souvent bâtir de grosses fermes (la
maison Delort, actuelle maison Galin à la Ribère, date de
cette période: son propriétaire de l'époque, Pierre
Arroy Delort, dispose de 11 arpents de terres, dont plusieurs vignes).
Seuls quelques seigneurs forains (le sire de Buzon, les moines de Saint-Sever),
l'église et la communauté disposent de terres plus importantes.
Quelques indices montrent que ces propriétaires s'enrichissaient
surtout par le prêt à intérêt (d'argent, de terres,
de bêtes...) aux autres habitants.
Cette différenciation sociale est très nette au 19e siècle. Une dizaine de chefs de familles captent les postes de maire et conseillers municipaux, et sont en même temps les plus gros propriétaires fonciers (une dizaine à quelques dizaines d'hectares). Les listes de propriétaires censitaires font valoir tout au long du siècle les mêmes familles (Sorbet, Beccas, Duffard, Forgues, Caussade... ). On est loin cependant des niveaux de fortune de la bourgeoisie urbaine d'Auch ou de Mirande. Jean-Pierre Bonneau, revenu d'une émigration parisienne réussie à la fin du 19e siècle, fait dire au maire de l'époque, manifestement envieux que « sa belle position de fortune lui permet [la donation du terrain du cimetière] ». A coté de cette « bourgeoisie rurale » la majorité des exploitants sont dans la situation de relative médiocrité économique de leurs ancêtres du siècle précédent: à la moindre crise des familles entières émigrent en vendant leurs propriétés trop petites (en 1848 lors de la mise en place de l'impôt de 45 centimes, lors de la crise du phylloxéra...). En bas de l'échelle un nombre important de brassiers ou journaliers, de veuves sans ressources et de domestiques apparaissent dans les registres du conseil de fabrique ou du bureau de charité. Au 20e siècle la situation évolue très sensiblement:
la fortune foncière est battue en brèche par le phylloxera
qui détruit les vignes, et par l'apparition de nouvelles fortunes
liées à l'industrie naissante: la famille Dazet s'enrichit
dans les années 1930 grâce à la location des premières
machines agricoles (batteuses mécaniques...). Exemple plus spectaculaire,
la famille Caréac et ses alliés deviennent le premier contribuable
de la commune grâce à leur usine de fabrication de matériel
agricole.
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