Bien Vivre à Saint Lucien

Un artiste d'hier:  William CLOCHARD       

En septembre 1987, William Clochard organisait sa dernière exposition à l'Abbaye de Nottonville, près de Châteaudun. 2000 personnes s'y déplaceront. Pour l'occasion, William Clochard était venu avec son violon. Puis la vue du peintre se brouilla. Il dut poser ses pinceaux. Il lui resta son violon.
"Ce n'est pas le dessin ou la peinture qui m'ont laissé en vie, c'est la musique". Ses yeux bleus malicieux qui ont scruté tout un siècle se sont fermés le 13 octobre 1990. Il avait presque 97 ans.  Restent ses toiles.

William CLOCHARD est né à Bordeaux, le 8 mai 1894. Très jeune, il se trouve dans la région parisienne, et à 9 ans en pension à Rueil-Malmaison. Il montre des dons pour le dessin et la musique. Sa mère cherche à son intention un professeur de solfège. Elle trouve un "quadragénaire "massif et mal fringué". Il s'appelle Maurice de Vlaminck.

L'homme et l'enfant se lient d'amitié. William accompagne souvent Vlaminck, encore inconnu sur les bords de la Seine à Chatou pour de longues séances de peinture. Avec lui, il rencontre Derrain et Apollinaire tandis que Matisse introduit Vlaminck à la Galerie Vollard, puis aux Indépendants. Le Fauvisme est né.  A 16 ans, il empoigne la vie à pleins bras, il suit les combats de boxe, de lutte des champions, ses caricatures illustrent les articles des grands journaux sportifs de l'époque.

Comme Vlaminck, Clochard refuse l'académisme de l'école des Beaux-Arts, donne des cours de violon pour vivre,  joue dans les bastringues des environs de Paris, dessine et peint. Il expose pour la première fois aux Indépendants en 1926. La critique le remarque mais trouve qu'il fait du Vlaminck. Mécontent, il coupera les ponts avec celui qu'il a tant admiré.

En Eure et Loir, et à Saint Lucien depuis 1933, c'est l'exposition des "Provinces de France" de 1942 qui le révèle au public chartrain. La préfecture achète son tableau "La Cathédrale". D'autres de ses tableaux se trouvent éparpillés chez des collectionneurs français et étrangers, de Berne à Zurich, en passant par New York et l'Amérique latine, le Portugal, les pays nordiques.

William s'inspire de tout: la guerre (il fut fait prisonnier aux Eparges en 1914) nourrira un étonnant carnet de croquis, édité en 1980 sous le titre "Pour du beurre", les trains, les scènes champêtres de Beauce et du Thymerais, les portraits.