Le retour solitaire ( vers 40 à 85): étude des indices de temps.
 

Dans la deuxième partie du texte, relatant l'échec et le retour solitaire d' Orphée, il est intéressant d'étudier les indices temporels, car ils précisent le moment des actions les unes par rapport aux autres et contribuent à donner au texte une grande puissance dramatique.

1°) Relevé des indices temporels.

Trois séries grammaticales apparaissent:
a) des adverbes


Tunc primum (vers 45) : alors d'abord
simul (vers 50) : en même temps que
protinus ( vers 57): immédiatement après
jam (vers 6O et  62) : jam possède en français trois significations proches : déjà, désormais, maintenant entre lesquelles hésitent les diverses traductions
iterum (vers 6O et 72): une deuxième fois
Quondam (vers7O): autrefois
Nunc ( vers 71): maintenant

b) un adjectif qualificatif:
supremum
(vers 62): ultime, dernier (supremum vale: un ultime adieu)

 
 


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c) deux propositions subordonnées
donec Avernas exieret (vers 51-52): donec, en latin, suivi du subjonctif, signifie "en attendant que, jusqu'à ce que ", et exprime ici, par une nuance temporelle et finale, l'ordre inconditionnel des dieux.

antequam natura prior ( vers 66 et 67): proposition elliptique du verbe ( reliquit sous-entendu), qui évoque la métamorphose physique d'un personnage inconnu.

2°) Analyse des indices temporels relevés.

On note la fréquence des adverbes: ils inscrivent l'action dans une durée éternelle ( tunc primum vers 45), ce qui implique la présence d'un narrateur. Le temps du récit est indiqué par l'emploi de nunc au vers 71. A l'intérieur de la narration elle-même, les adverbes soulignent les péripéties et les modalités spécifiques de l'action( simul vers 50,protinus vers 57, jam vers 6O et 62).A travers ces deux perspectives temporelles se révèle la double fonction du mythe, narrative et didactique. L'emploi réitéré de l'adverbe iterum ( vers 6O et 72) relève également des procédés de l'oralité et accentue le caractère tragique de la double mort d'Eurydice, et de la traversée désormais impossible du Styx pour Orphée.

L'unique occurrence de l'adjectif
supremum, en position initiale dans le vers, met en valeur le dernier échange des époux, un adieu rapporté au style direct dans le texte.
Enfin, l'emploi du mode subjonctif au vers 52, présente l'action comme envisageable, mais non réalisée: c'est le seul élément temporel du texte qui apporte une perspective avenir. Il s'agit toutefois d'un espoir momentané, lourdement chargé de menaces contenues dans l'ordre négatif qui le précède legem ne flectat.


On constate donc que les indices temporels relevés dans ce passage soulignent la dimension tragique du récit en insistant sur la rapidité du passage de la vie à la mort mais qu'ils créent aussi la dimension éternelle du récit mythique.


Page réalisée par Nicolas, Stéphanie, Jennifer, EmilieRetour à la page de présentation