Les Amérindiens du Québec

LA RICHESSE D'UN HÉRITAGE

Plus de 70 000 Amérindiens, répartis en 10 tribus, vivent présentement au Québec. Les exigences du monde moderne les ont contraints à abandonner leur mode de vie ancestral, mais ces communautés nous font aujourd'hui redécouvrir un riche héritage culturel.

Les 10 tribus amérindienne du Québec sont regroupées en deux familles: celle des Algonquiens et celle des Iroquoiens. La première se subdivise en deux groupes: celui de la vallée du Saint-Laurent, qui comprend les Abénaquis, les Algonquins, les Malécites, les Micmacs et les Naskapis, ainsi que celui des tribus du Nord, qui inclut les Atikamekw, les Cris et les Innuat (ou Montagnais). Quant à la famille iroquoienne, elle se compose des Hurons-Wendat et des Mohawks. Les tribus algonquiennes, vivant traditionnellement de la chasse, étaient des populations nomades se déplaçant en petits groupes pour se rendre là où le gibier abondait; par contraste, les tribus iroquoiennes, pratiquant l'agriculture formaient un peuple sédentaire vivant en populeuses communautés. Cette différence a eu une profonde influence sur l'histoire des ces deux grandes familles, ainsi que sur le type d'organisation sociale qu'elles ont adopté.

LES ALGONQUIENS
Un vaste Territoire

Avant l'arrivée des Européens, qui a eu lieu au XVIe siècle, le territoire des Algonquiens s'étendait entre le lac Huron, la baie d'Hudson, la Nouvelle-Angleterre et les terres formant aujourd'hui les provinces atlantiques et le Labrador. Les villages de ces tribus comptaient de 50 à 300 personnes vivant dans de petites maisons coniques en écorce de bouleau, les tipis. Les habitants ne se réunissaient qu'en été car, l'automne venu, ils se séparaient en bandes de 10 à 30 personnes qui partaient établir des camps de chasse dans la forêt. L'été suivant, tous les groupes se rassemblaient pour former un nouveau village. Chaque bande désignait celui qui allait la diriger au cours des expéditions. Il n'y avait pas de véritable de chef de village, car ce qui importait, c'était de prendre rapidement des décisions; on mettait donc l'accent sur l'autonomie des individus.

Un culte ancestral

Selon la tradition religieuse des Algonquiens, les êtres et les choses sont habités par des esprits, bons ou mauvais. La plus importante de ces divinités est e Grand Esprit ou Kitch Manitou; il incarne le mystère qui dirige toute vie et tout mouvement de l'univers. Les chamans ont le pouvoir de s'allier aux esprits et de les influencer en dirigeant des cérémonies particulières. Encore aujourd'hui, les mythes algonquiens sont très présents; grâce à eux, les valeurs ancestrales se perpétuent. Chez les Algonquiens, la cérémonie traditionnelle la plus connue est celle de la  "tente tremblante". À cette occasion, le chaman se construit un abri, puis y entre à la nuit tombante. Les villageois appellent alors les esprits à l'aide de chants et de tambours. Lorsque les divinités arrivent, on entend des cris d'animaux et la tente se met à trembler. Le chaman entre ensuite dans une transe qui l'amène au seuil de la mort, d'où il revient apporté la santé et la prospérité aux habitants du village.

LES IROQUOIENS
Les tribus iroquoiennes

Avant l'arrivée des Européens, il existait en Amérique du Nord au moins 10 tribus iroquoiennes: les Ériés, les Petuns, les Neutres, les Wenros, les Hurons-Wendat, les Mohawks, les Senecas, les Cayugas, les Onondagas et les Oneidas. Les cinq dernières ont formé au cours du XVe siècle la confédération iroquoise, à laquelle se sont ajoutés les Tuscaroras 200 ans plus tard. Quant aux quatre premières ainsi que la plupart des Hurons-Wendat, ils ont disparu ou se sont joints à d'autres communautés. Ces 10 tribus occupaient le sud de l'Ontario, le nord de la Nouvelle-Angleterre et la vallée du Saint-Laurent jusqu'au Québec. Lorsque Jacques cartier a parcouru le fleuve en 1535, seuls les mohawks vivaient sur le territoire actuel du Québec, pour des raisons inconnue, lorsque Champlain a sillonné la région en 1608, les villages mohawks avaient disparu.

L'Amérique rencontre l'Europe

Au XVIe siècle, les membres de la confédération iroquoise s'allient aux Hollandais qui font le commerce des fourrures dans le nord des États-Unis. Ensemble, ils tentent de s'emparer des territoires de chasse situés au nord du lac Huron, lesquels sont exploités par les Hurons-Wendat. Ces derniers s'associent alors à Champlain; ils fournissent des fourrures aux Français qui, en retour, les aident à se battre contre la confédération. Les Hurons-Wendat sont anéantis en 1649; les survivants s'établissent dans la région de Québec. La supériorité militaire de la confédération vient surtout de ce que le clergé français refuse de fournir des armes aux tribus alliées, alors que les Hollandais, puis les Anglais, en procurent à la confédération. Ce n'est que lorsque les Français décident d'envoyer un régiment complet attaquer les Iroquoiens, à la fin du XVIIe siècle, que les villages des tribus de la confédération sont à leur tour détruits. La paix relative qui s'ensuit permet aux Jésuites de convertir quelques familles mohawks, qui fondent les villages de Kahnawakee et d'Akwesasne; d'autres se joignent aux Algonquins de Kanesatake (Oka).

L'organisation sociale

Les Iroquoiens étaient des agriculteurs qui ne pêchaient et ne chassaient que pour compléter leur alimentation. Les femmes cultivaient le maïs, la courge et la fève, pendant que les hommes s'occupaient du commerce, de la chasse et de la guerre. Les villages iroquoiens étaient fortifiés, car les récoltes entreposées suscitaient l'envie d'autres tribus. Tous les 10 ou 15 ans, une fois les ressources locales épuisées, on déménageait le village. Une agglomération iroquoienne typique comptait jusqu'à 3 500 personnes, réparties dans des "maison-longues" abritant une dizaine de familles. Deux de ces habitations étaient plus grandes que les autres; elles mesuraient environ 10m(33pi) sur 100m(330pi). Dans l'une, on se réunissait pour discuter affaires du village, et dans l'autre, pour préparer les expéditions guerrières. tous les hommes de plus de 30 ans participaient à ces réunions.

la tradition iroquoienne

Quand on déménageait le village, on célébrait la fête des Morts; les corps des défunts étaient alors exhumés. On les enterrait ensuite définitivement dans une fosse commune tapissée de peaux de castor. Ce rituel était censé libérer l'âme des défunts, qui pouvaient alors rejoindre le monde des esprits. Chez les Hurons-Wendat, les mythes traditionnels sont toujours transmis aux jeunes, de plus, on a récemment recommencé à enseigner la langue huronne à ces derniers. Les traditions sont également bien vivantes chez les Mohawks; nombre d'entre eux pratiquent la religion de la hutte, une adaptation des principes traditionnels à partir des enseignements du prophète Handsome Lake.

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