Le buffle un colosse puissant et rusé

Qu'ils soient d'Asie ou d'Afrique, des savanes ou des plaines, les buffles ont en commun un corps massif et peu velu. Malgré les apparences, ces énormes bêtes sont pacifiques. Cependant, gare à vous si vous manifestez de l'hostilité envers le troupeau: les buffles n'hésiteront pas à se servir de leurs cornes puissantes pour vous attaquer!

Les buffles d'Afrique (Syncerus caffer) se répartissent en trois sous-espèces: le buffle noir, qui vit dans les steppes, celui du Soudan, qui préfère les savanes, et le buffle nain ou buffle rouge qui gîte en forêt. À l'état sauvage le buffle africain a une longévité d'une vingtaine d'années. Il recherche les sites herbeux et verdoyants; les mares sont également les bienvenues, histoire de faire trempette dans l'eau ou la boue quand le soleil se fait trop chaud. Le buffle entame ses déplacements à la tombée du jour profitant des températures fraîches de la soirée et de la nuit pour chercher des pâturages sur des territoires dont la superficie atteint parfois 1 000 km2 .

Une vie en collectivité:

Le buffle noir (ou buffle de Cafrerie ou du Cap) est le plus gros et le plus répandu des buffles africains. Le mâle mesure environ 5 pied au garrot et pèse 2 200 livres, tandis que la femelle atteint le poids respectable de 1 320 livres. Pas étonnant que les membres de cette sous-espèce passent 40% de leur vie à brouter pour remplir leur énorme panse (250 litres/66 gallons) et qu'ils aient besoin de 40 litres d'eau par jour! C'est bovidés vivent en troupeaux comptant de 100 à 300 têtes. À la saison sèche on peut apercevoir de 1 000 à 1 500 individus autour du même plan d'eau. Les groupes composés de vaches et de veaux protégés par quelques puissants taureaux agressifs sont dirigés par un mâle mais souvent conduits par une vieille femelle. Généralement les troupeaux sont escortés d'une vingtaine de mâles célibataires: des juniors trop jeunes pour avoir un grade au sein du groupe et des seniors âgés de 10 à 12 ans, déjà à la retraite après une carrière de 3 à 5 ans comme géniteurs. Vigilants, rusés et très forts, les buffles noirs sont des herbivores sédentaires qui tiennent leur place aux points d'eau; les seuls auxquels ils accordent préséance sont les éléphants, les hippopotames et les rhinocéros.

Au plus fort la femelle:

Les rares mâles qui peuvent approcher les femelles observent une hiérarchie sexuelle stricte. Au début du rut, les bufflonnes sécrètent une substance odorante qui attire les taureaux. Parfois l'un de ceux-ci devient "collant": il suit la femelle partout, posant le menton sur sa croupe et essayant de la monter; mais la belle ne se laisse pas toujours faire! Les mâles de statut inférieur savent, quant à eux, qu'ils ne peuvent s'accoupler avec les femelles en chaleur, ce privilège étant réservé aux taureaux dominants. Ces derniers entrent en scène quand les bufflonnes deviennent fécondables; l'une d'eux peut alors s'accoupler avec toutes les femelles du groupe si bon lui semble. C'est ensuite au tour des subordonnés de tenter leur chance, mais les femelles sont souvent moins réceptives à ce stade. Grâce à ce mode d'accouplement structuré, ce sont les sujets les plus combatifs qui ont les meilleures chances de se reproduire. Il n'y a pas à proprement parler de saison des amours chez le buffle africain, mais la plupart des accouplements on lieu en février ou en mars.

Suivez les troupes: une question de survie.

La gestation dure plus de 11 mois (330 à 345 jours), et la femelle n'a qu'un buffletin à la fois. Si celle-ci met bas à la fin de la saison des pluie (janvier) alors que le pâturage est abondant sont lait sera d'excellente qualité. À la naissance le petit pèse de 40 à 50 kg (88 à 110 lb) et peut déjà se tenir debout. Quelques heures plus tard il est assez vigoureux pour courir et il suit sa mère qu'il tétera pendant 6 à 9 mois partout où elle va. Les femelles restent avec leur mère, tandis que les buffletins mâles s'enhardissent se bagarrent jouent et se poursuivent. Ces derniers mettent parfois leur vie en danger lorsqu'ils s'éloignent du troupeau, car les hyènes, les lions et les léopards ne sont jamais bien loin, à l'affût du premier imprudent sans compter les crocodiles qui surveillent les jeunes pataugeant dans les marécage. Vers l'âge d'un ou deux ans ceux qui ont survécu joignent les rangs des célibataires.

À la charge!

Si un intrus s'approche trop du troupeau et qu'il menace, les buffles et les bufflonnes, au corps massif et aux longues cornes recourbées, n'hésitent pas une seconde à charger à environ 50 km/h tête baissée en mugissant de colère. Les adversaires s'affrontent à coups de bosse frontale ou se repoussant à la pointe des cornes, mais il est rare qu'ils s'entretuent. Les lions comptent parmi les pires ennemis des buffles et les crocodiles arrivent bons seconds. Pour se défendre ou pour agresser ces prédateurs gourmands les buffles utilisent leurs cornes à la manière de poignards. Il arrive parfois que dans leur fureur ils piétinent des lionceaux qui ne se sont pas enfuis assez vite.... Plusieurs éleveurs ont tenté de domestiquer le buffle africain mais contrairement à ce qu'on pourrait croire cette bête forte et robuste ne se laisse pas maîtriser facilement! Ce n'est toutefois pas le cas pour son cousin asiatique, calme et soumis qui lui a été domestiqué il y a plus de 4 000 ans.

Le petit cousin d'Asie:

Les buffles d'Asie (Bubalus bubalis) appartiennent à la même famille (bovidés) que les africains mais ils sont très différents d'eux! Ils divisent eux aussi en plusieurs sous-espèces, énumérées ici de la plus petite à la plus grande: l'anoa des plaines ou des montagnes, semblables à l'antilope, habite l'île de Sulawesi en Indonésie et est en voie de disparition; le tamarao de l'île Mindoro et le carabao vivent tous deux aux Philippines; le buffle indien (Bubalus arnee) un gros animal mesurant jusqu'à 6 pi 6 po au garrot pèse dans les 220 lb, malheureusement il ne reste guère que 2 000 individus. Le gaur par ailleurs est un buffle sauvage des forêts d'Indonésie et de Malaisie. Timide malgré sa taille imposante il se distingue par la grosse bosse qui s'étend des épaules au milieu du dos. C'est sans doute de cette sous-espèce que descend le gayal élevé au Pakistan et en Birmanie. Plus petit que le gaur mais arborant comme lui une bosse il est la forme domestique de ce dernier.

Un bourreau de travail:

On trouve des buffles domestiques en Asie, en Russie, en Roumanie, en Yougoslavie, en Australie du Nord, dans les Balkans, en Italie et au Brésil et on en compte deux groupes. D'une part le buffle des rivières, plutôt noir et aux petites cornes recourbées, a besoin d'eau clair pour se rafraîchir. On l'élève surtout pour son lait parfois pour sa viande, mais il collabore aussi aux tâches agricoles. D'autre part le buffle des marais qui descend probablement du buffle sauvage est une bête de trait solide et trapue, au pelage grisâtre dont les longues cornes poussent d'abord à l'horizontale puis finissent par se courber vers l'arrière. Cet animal puissant aux larges sabots adaptés aux terrains marécageux est docile et productif. Il se nourrit frugalement et vit longtemps. Il est plus un champion des tâches routinières ou éreintantes..... à condition qu'on ne soit pas trop pressé. Les buffles domestiquent répondent bien si on les traite avec douceur; c'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles ils s'entendent si bien avec les enfants; d'ailleurs on n'en tire rien de bon en les frappant.

Un hôtel-restaurant ambulant!

Le pique-boeuf à bec jaune (Buphagus africanus) vit perché sur le buffle africain, comme s'il s'agissait d'une branche d'arbre! Il mange les tiques et les larves d'insectes logées dans la peau de l'animal ainsi que les mucosités de son nez ou de ses oreilles.
 

retour