Ruses et astuces des prédateurs

Lorsqu'ils chassent, les prédateurs utilisent des tactiques extrêmement variées. Embuscades, pièges, leurres: tous les moyens sont bons quand il s'agit d'assurer sa subsistance.


Un chasseur opportuniste:

Au printemps, les ours bruns pêchent le saumon: ils pataugent dans l'eau peu profonde de la rivière ou se hissent sur une roche au milieu du cours d'eau, puis ils attrapent le poisson lorsque celui-ci bondit pour remonter le courant. Un prédateur est un animal qui se nourrit essentiellement d'autres animaux capturés vivants. Bien que certains carnivores (hyènes, vautours etc) se contentent de tirer profit du produit de chasse d'un autre animal, la plupart des prédateurs consacrent beaucoup de temps et d'énergie à repérer leurs proies et à les attraper. Si bon nombre d'entre eux mettent à profit leur rapidité, leur endurance et leur force, d'autres, en revanche, adoptent des comportements spécialisés. Parfois, la capture d'une proie nécessite la mise au point de stratagèmes si subtils que ceux-ci semblent réfléchis.

La gueule grande ouverte:

Les caïmans chassent à l'affût, le plus souvent à la surface de l'eau: ils flottent comme des tronc d'arbre, et seuls leurs yeux et leurs narines émergent. Parfois, ils se tiennent la gueule grande ouverte, attendant qu'un poisson y pénètre. Il leur suffit, le cas échéant, de refermer rapidement les mâchoires!

Le repérage des proies:

Les prédateurs qui chassent des proies en mouvement doivent pouvoir repérer celles-ci en déployant le moins d'efforts possible, car s'ils consacrent trop d'énergie à cette étape, ils éprouveront des difficultés au moment de la capture. Beaucoup d'entre eux présentent donc certaines caractéristiques qui leur facilitent la tâche. Le plus souvent, au moins un de leurs cinq sens est très développé: vue, ouïe, odorat, goût ou toucher. La plupart des rapaces sont dotés d'une vue exceptionnelle, ce qui leur permet d'apercevoir leurs proies à de grandes distances. Par exemple, les chouettes et les hiboux sont capable de repérer une souris dans le noir à plus d'un kilomètre. Quant aux chauves-souris, elles chassent la nuit grâce à leur système d'écholocation. Elles émettent des vibrations sonores jusqu'à concurrence de 200 par secondes! au moyen desquelles elles peuvent déterminer la position exacte des proies et des obstacles. Certains reptiles, comme les serpents à sonnette et le pythons, réussissent à localiser une proie grâce à des fossettes sensibles à la chaleur, situées sous leurs yeux, qui leur permettent de déceler une élévation de température de l'ordre d'un millième de degré Celcius.

Une approche silencieuse:

De nombreux prédateurs traquent d'abord leurs proies avant de se jeter sur elles: ils s'en approchent discrètement sans se faire voir. Les chances que l'attaque et la poursuite réussissent sont alors plus élevées que si l'animal s'était élancé brusquement vers une proie encore trop éloignée. Pour être couronné de succès, ce type de chasse exige des manoeuvres imperceptibles. ainsi, bien des prédateurs utilisent le camouflage pour se fondre dans l'environnement. Certains fauves, tels que le lion, le léopard et le guépard, font même un usage habile du couvert végétal, se déplaçant d'un bouquet d'arbres ou de végétation à un autre. Ils avancent en rampant et veillent à rester dans le sens inverse du vent pour que leur odeur ne soit pas détectée par la proie. Ils n'hésitent pas à faire des détours afin de s'approcher encore plus de celle-ci.

L'affût:

Au lieu de s'approcher furtivement de leurs proies, certains animaux attendent que celles-ci passent à proximité pour les saisir. Ainsi, l'ours polaire peut rester allongé, immobile, des heures durant près d'un trou d'aération, attendant qu'un phoque vienne y respirer. La chasse à l'affût est également très fréquente chez les reptiles. La vipère de l'erg, par exemple, s'enfouit dans le sable, ne laissant émerger qu'un seul oeil, pour mieux surprendre ses proies. Par ailleurs, la tortue-alligator, qui vit dans les fleuves et les marais des everglades, emploie un stratagème équivalent. En effet, elle guette sa proie, presque totalement immergée dans les fonds vaseux, tenant seulement la tête au-dessus de la surface.

Pièges, embuscades et leurres:

D'autres animaux tendent plutôt des pièges, dans lesquels leurs proies viendront se prendre. Ce sont surtout les insectes et les araignées qui sont passés maître en la matière. Bien que plusieurs araignées construisent des toiles circulaires, toutes ne procèdent pas de la même manière. Il existe en Australie une araignée qui attire les papillons nocturnes à l'aide d'une boulette de gomme qu'elle a sécrétée et qu'elle laisse pendre par un fil au bout de ses pattes. Lorsque sa victime approche, elle lance sur elle la boulette et l'englue. Il lui suffit ensuite de la ramener. quoique moins sophistiqué, le piège du fourmilion est tout aussi efficace. Pendant son stade larvaire, qui dure près de trois ans, l'insecte creuse dans du sable meuble un puits en forme d'entonnoir. Il s'enterre ensuite su fond, ne laissant émerger que ses mandibules, et attend, immobile qu'un insecte tombe par hasard dans son piège. pour capturer leurs proies, certains prédateurs utilisent l'embuscade. Cependant, un guet-apens réussi nécessite une parfaite dissimulation du chasseur. La mante religieuse est experte dans l'art de l'embuscade et du camouflage. Elle peut rester des heures dans la même position, et ses couleurs, assorties aux substrats, lui confèrent une invisibilité presque totale. En Malaisie, des mantes simulent à la perfection les fleurs d'orchidée, trompant facilement leurs proies grâce à ce subterfuge. Les leurres constituent également un bon moyen de chasse. ainsi, certains poissons, tels que les baudroies, sont munis, près de la bouche, d'un appendice prolongé par un fil au bout duquel pend une excroissance de peau. L'ensemble constitue une véritable canne à pêche. Si un poisson se laisse attirer par l'appât, il disparaît immédiatement dans la gueule du carnivore.

La chasse en bandes:

Il existe des animaux qui chassent en groupe. Généralement, ces derniers se déploient en éventail, afin de couvrir la plus grande superficie possible. Puis ils encerclent la proie convoitée ou la conduisent dans un endroit où elle ne pourra pas fuir. Les loups et les lions de même que beaucoup de cétacés, tels les orques et les marsouins, emploient cette tactique. Par exemple, les baleines à bosse se regroupent pour s'attaquer à des bancs de krill. Elles rissent ensemble un filet de bulles pour emprisonner les crustacés et les diriger vers la surface. Dans un groupe donné, les membres peuvent jouer des rôles différents. Par exemple, une hyène tachetée peut avoir comme tâche de distraire une maman gnou, pendant que d'autres individus du clan chassent le petit. Bien souvent, en plus d'accroître les chances de succès, la chasse en bande permet aux prédateurs de s'attaquer à des proies plus imposantes qu'eux.

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