Comment forme-t-on des animaux savants?

Les animaux ont d'abord été dressés pour rendre service aux humains. Mais, au cours des siècles, ils se sont aussi montrés aptes à poser des gestes très spectaculaires. Comment réussit-on à leur faire réaliser de tels exploits?

Ce n'est  pas d'hier que l'homme dresse les animaux pour les rendre utilitaires. Le cheval lui a longtemps servi de moyen de transport, notamment d'attelage pour les diligences et les carrioles; le boeuf a tiré pour lui la lourde charrue, le chien fidèle lui a permis de rassembler les moutons pour que ceux-ci ne se dispersent pas dans les montagnes, et le pigeon a acheminé ses messages à destination. Mais, pour que ces bêtes exercent toutes leurs tâches, quelqu'un a parfois dû passer des heures à les leur enseigner.

Les différentes étapes du dressage

On dit qu'un animal est bien dressé lorsqu'il réussit à exécuter ce qu'on lui a appris avec patience. Le dressage comporte trois étapes importantes. Premièrement, il faut habituer l'animal à vivre en compagnie de l'humain, lui en faire accepter la présence et lui apprendre à obéir aux ordres de ce dernier. Il importe aussi de bien connaître les principaux traits de caractère de chaque classe d'animaux. Par exemple, les chiens se dressent beaucoup plus facilement que d'autres bêtes, tandis que les singes démontrent plus d'intelligence. On domptera le jeune chiot de façon qu'il sorte au moment opportun pour satisfaire ses besoins. Le chaton, par ailleurs, prendra vite l'habitude de se rendre dans sa litière et reconnaîtra très tôt son coin repas. Voilà donc un premier pas vers le dressage. On utilisera aussi la voix, les gestes, le toucher et différents signes d'approbation ou de désapprobation. Une petite gâterie ou une caresse sera un bon incitatif. Deuxièmement, on doit conditionner l'animal pour qu'il développe certains réflexes. La répétition et la fréquence sont alors deux facteurs essentiels. C'est par des gestes coutumiers que l'animal fera son apprentissage. Certains ordres comme couché! assis! et debout! feront aussi réagir le chien. Le rat de laboratoire se rendra compte progressivement qu'une lumière clignotante signifie une porte fermée sur sa nourriture, mais qu'une lumière fixe le guidera vers le bon couloir. Le dressage exige beaucoup de ténacité, car il faut souvent répéter les mêmes consignes. La récompense peut être un outil efficace pour indiquer à l'animal qu'il a réussi ce qu'on lui a demandé d'effectuer. Mais ce dernier doit refaire souvent ce qu'on lui a montré, sinon il risque de l'oublier. Troisièmement, on peut entraîner l'animal à poser des gestes plus complexes. Le cirque demeure d'ailleurs l'endroit le plus amusant pour apprécier les tours d'adresses les plus exceptionnels. On y a sûrement déjà vu des petits chiens qui font des pirouettes, des éléphants qui marchent sur leurs pattes arrière ou des chevaux qui dansent en formation. Il y a aussi l'ours qui se promène à bicyclette, les chiens qui jouent aux cartes, la poule qui pianote, le dauphin qui chante ou l'orque qui rit... Enfin, la gamme des prouesses que peuvent réaliser les animaux est presque illimitée, et ces derniers n'ont pas fini de nous impressionner!
 

Les premiers spectacles d'animaux domptés

C'est dans les cirques romains que les animaux ont effectué leurs premiers exploits. il y avait alors surtout des ours et des éléphants marchant sur leurs pattes postérieures. quelques bêtes exotiques ont aussi fait fureur: les singes ébahissaient par leurs mimiques amusantes, tandis que les oiseaux de proie impressionnaient par leurs vols spectaculaires. Au XVIIIe siècle, les chevaux couraient également sous le chapiteau, faisant preuve de beaucoup d'application dans l'exécution de leurs numéros. C'est en 1831 qu'un dompteur des plus braves, Henri Martin, en a fait frissonner plus d'un! il évoluait sur la piste avec des lions en liberté. Puis, encore plus téméraire, l'Américain Isaac Van Amburg se glissait la tête dans la gueule du roi de la jungle! Les dompteurs de cette époque étaient plutôt violents avec les bêtes qu'ils domptaient, mais l'Allemand Carl Hagenbeck a créé, vers la fin des années 1800, une forme douce de dressage, axée sur la confiance, les gestes répétitifs et les ordres verbaux. Les méthodes d'Hagenbeck se sont vite répandues partout dans le monde. Aujourd'hui, ce sont les dauphins, les orques, les otaries et les phoques qui sont les vedettes des spectacles d'animaux. Enfin, certaines bêtes jouent même au cinéma. On n'a qu'à penser aux chiens Rin Tin Tin et Lassie qui, de génération en génération, y ont tenu des premiers rôles. On sait à quel point on fait attention maintenant aux animaux qui participent à des cascades: par exemple, en leur donnant un ordre verbal, on peut leur faire simuler une chute, de sorte qu'ils ne se font pas mal. Autrefois, on faisait trébucher les chevaux à l'aide d'un fil qui leur barrait le chemin. Les nombreuses scènes auxquelles prennent part des animaux demeurent toujours un savant mélange d'adresse, de montage et d'effets spéciaux. Sur le plateau de tournage du film Les 101 dalmatiens, on a eu recours au plus grand nombre de dresseurs jamais employés jusqu'à présent.

Des animaux dressés pour aider

En 1929, on fondait aux États-Unis le premier établissement spécialisé dans le dressage de chiens-guides pour personnes aveugles. Ces derniers doivent devenir les yeux de leur maître, qu'ils guideront et protégeront sans cesse. Ils sont triés sur le volet et suivent un entraînement intensif de plusieurs mois. C'est le cas également des chiens policiers, à qui on apprend notamment à glisser dans des endroits exigus, à chercher un enfant perdu après lui avoir fait sentir un objet appartenant à celui-ci, à dénicher des drogues et même à protéger leur maître d'une agression. Au cours des deux dernières grandes guerres, certains chiens avaient été entraînés pour porter des messages, et d'autres, pour dépister des mines, retrouver des blessés ou signaler l'approche de l'ennemi. des chiens messagers ont même sauté en parachute dans des zones dangereuses afin de rejoindre un campement. On en a d'ailleurs décoré quelques-uns pour leur bravoure! On a également beaucoup utilisé les pigeons pour porter des messages. Grâce à eux, la Résistance française en auraient transmis au moins 3 000. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, un de ces volatiles a même servi de bras droit à un reporter, acheminant sans danger au Journal les textes de ce dernier. Finalement, pendant cette même guerre, les Japonais ont traversé des forêts denses, souvent marécageuse, sur le dos d'éléphants dressés à cette fin. Les Américains les ont vite imités, puisque ces bêtes leur ont permis d'acheminer des vivres et des munitions à leurs troupes, dans les zones les plus reculées. Les éléphants ont participé, par la même occasion, à la construction de ponts et à l'aplanissement de terrains. Aujourd'hui, des singes sont dressés afin d'effectuer pour des personnes quadriplégiques certaines tâches quotidiennes que celles-ci sont incapables d'accomplir. Par exemple, ils les aident à porter la nourriture à leur bouche, les font boire, tiennent un livre pour elles et en tournent les pages. Compagnons, partenaires de travail ou guides, les animaux revêtent différents visages. à mesure qu'on découvre leur facilité d'apprentissage, on se rend compte qu'on ne pourrait se passer de ces bêtes qui ne cessent de nous étonner!

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