FREQUENSTAR
JUIN 1992
ENTRETIEN AVEC STEPHANE
LB : On est pas bien
là au bord de la Garonne ?
St : Elle est un peu
sale la Garonne quand même.
LB : J'avais envie de
dire collègue en te recevant comme ça. C'est vrai que j'aurai
pu
dire collègue parce que t'as fait un peu de télé avec nous sur la 6 ? St : Ouais c'est vrai,
ouais ouais ben oui ! dans une émission de rock c'était sympa
d'ailleurs. LB : C'était
une période depuis 88 là il y a eu 4 ans sans concert ?
St : C'est vrai qu'on
avait arrêté les concerts depuis 4 ans donc j'avais un peu
de temps
et puis bon y'a eu des copains de ta chaîne qui m'ont dit ouais si tu pouvais faire des reportages donc ça m'avait bien branché et puis voilà. LB : c'est à
dire t'étais journaliste ?
St : ouais c'est ça.
Non je faisais juste les interview, je réalisais les sujets ona
fait les
trucs avec les Ramons des trucs qui passaient rock enfin bien sympas quoi. LB : Ce qui t'intéresse
?
St : Ce qui est très
intéressant parce que j'aime bien ce genre de trucs.
LB : T'as eu le temps
également de faire un petit bébé, la petite Lou qui
a 2 ans
maintenant ? St : Ouais pas tout
à fait mais presque.
LB : Presque, ça
fait août. Au mois d'août elle aura 2 ans.
St : Ouais voilà
c'est ça. Ben ça prend beaucoup de temps aussi. C'est vrai
qu'on a un
peu de bol en faisant de la musique d'être assez souvent chez soi, quand même enfin surtout depuis 2-3 ans parce qu'on a arrêté les tournées on bossait chez nous on faisait les albums tranquillement donc j'ai pu l'élever vraiment bien quoi c'est ça qui est super. LB : Si on peut faire
un bilan 81-91 ? 81 c'était la première scène mémorable
et t'étais
pas encore là d'ailleurs au moment de cette première scène ? St : J'étais
là mais j'étais pas dans le groupe je m'occupais un peu de
leur matos, je
faisais un peu de son derrière aussi avec les synthés parce qu'ils étaient que 3 à l'époque, ils ont fait le premier 45 tours à 3 mais bon tu vois j'étais derrière. Puis après quand l'aventurier est sorti, quand on enregistrait l'aventurier, ils disaient ouais ouais ça serait bien à 4. LB : Quel bilan tu peux
faire de ces 10 années ?
St : Franchement on
a eu beaucoup de chance tu vois d'être là encore au bout de
10
ans. Tu vois, faire du rock, de la musique pouvoir faire que ça c'est déjà exceptionnel et en plus d'avoir vécu ce qu'on a vécu à l'étranger, en France, vendre des albums et tout. Et on a 10 ans de souvenirs dans la tête qui sont superbes. LB : Est-ce que tu penses
qu'il peut en avoir 10 autres comme ça ?
St : Franchement non.
C'est vrai qu'à 20 ans on disait qu'on serait jamais là à
30 ans
mais là dans 10 ans on aura 40 balais, tu me diras il y a beaucoup de groupes qui tournent. LB : Y'à les
Stones 50 ans sur scène bientôt enfin 50 ans bientôt
pour Mick Jagger et
Kith Richards. St : les Stones c'est
les Stones et nous c'est plus petit quand même.
LB : Ben ouais mais
c'est l'essence même du rock qui est là, c'est la formation
?
St : Ouais, je pense
qu'on a énormément envie de refaire encore un album peut-être
un
deuxième peut-être un troisième on ne sait pas. On vit jamais en pensant vraiment au futur lointain quoi. Je sais qu'on va faire un album et qu'on a re-envie de jouer sur plein d'autres scènes et tout ça donc déjà on a encore un an ½ - 2 ans avec Indochine j'espère ouais. Ça serait cool ! ! LB : T'as un frère
jumeau qui est né la même année que toi en 59 c'est
Nicola je t'en
parle parce que t'es pas au courant ? St : Non, non
LB : Euh est-ce que
vous vous êtes jamais bouffé la laine sur le dos quand même
par
moment ? Est-ce que c'est difficile d'avoir un frère comme Nicola ? St : Ben t'as pas de
frère toi ?
LB : C'est moi qui pose
les questions.
St : Donc t'as pas le
compte c'est vrai généralement dans les familles on se prend
la
tête, on se prend la tête souvent. LB : Au sein du groupe
par exemple ?
St : Au sein du groupe
non, bon c'est mon frère OK mais quand il y a une position à
défendre qui n'est pas la sienne c'est pas automatiquement Nicola que je défends, je ne défends pas Nicola, tu vois c'est dans le groupe c'est complètement différent. Par contre dans les affaires de famille quand il me taxe des tee shirts je ne suis pas content voilà. LB : Vous vous entendiez
bien à la maison quand vous étiez plus jeune ?
St : Il y a eu des périodes
bonnes et des moins bonnes périodes.
LB : Au moment où
il a fallu que t'intègres le groupe c'est Nicola qui t'as fait une
porte
ouverte, t'étais manager à ce moment-là ? St : Ben au début
non il voulait pas trop justement parce qu'il voulait montrer que
c'était lui, qu'il arrivait à faire quelque chose puis en fin de compte ça c'est super bien passé. Il a été très cool, il est cool mon frère ! LB : Ca se passe toujours
bien y'a jamais eu d'altercations parce que pendant un
moment on a dit que c'était difficile d'avoir Nicola et Stéphane dans le même groupe que c'était peut-être pas simple au niveau de l'égo des personnages ? c'est ça que je veux dire. St : Oh non ! De toutes
façons l'égo tout le monde en a mais je ne pense pas qu'on
en
ait eu énormément. C'est vrai que c'est possible mais non, je vois pas ça comme ça. Bon c'est vrai que je le connais par cœur donc quand il y a des trucs je peux le coincer sur plein de choses mais sinon c'est cool quand même. LB : Il paraît
que vos parents vous ont laissé faire ce que vous vouliez ?
St : Ben en fait c'est
à dire qu'ils nous ont laissé le choix de faire de la musique
tout en
continuant nos études mais de pouvoir faire de la musique sur beaucoup de temps de lycée. Ils nous ont laissé faire c'est vrai qu'il y a des parents qui auraient peut-être pas trop apprécié qu'on se casse à 17 ans jusqu'à 3 h du matin dans les concerts pour faire de la musique. Mais bon ils nous ont permis de faire les deux c'est quand même sympa. LB : Est-ce que parfois
tu te dis moi Stéphane, je pourrai très bien écrire
pour untel
j'aimerai travailler avec tel groupe ? St : Ouais il y a eu
des propositions. Par exemple Nicola là travaille sur un disque
de
reprise avec les Valentins. On a participé au truc du Sida pour Daho qui s'appelait Urgence. Sinon moi j'ai fait la musique de film pour Balasko j'ai trouvé ça génial et c'est un truc où je me verrai très bien dans ce milieu là. Mais faire partie d'un autre groupe peut-être pas tout de suite. LB : Musique de films
?
St : Musique de films
ouais parce que tout ce que peut vivre un groupe on l'a vécu et
c'est cool et ça continue donc à la limite je ferai plutôt des musiques de films ou je ne sais pas aider des potes à faire des réalisations d'albums des trucs comme ça. LB : Est-ce que tu as
été personnellement atteint par les critiques ou par les
pastiches
fait par exemple par les Inconnus ? St : Les pastiches des
Inconnus ça me fait rire parce qu'il n'y a pas que nous. Il y aurai
eu que nous à la limite on se poserait quand même des questions c'est sur. C'est vrai qu'on est musicien donc en interview, on n'est pas très… LB : Vous êtes
devenu musicien ?
St : Ouais on a commencé
avec le punk sur 2 cordes parce que c'était facile quoi, puis
c'est vrai que petit à petit on a bossé parce qu'on a eu la possibilité de travailler avec des bonnes machines des bonnes guitares donc ça te donne envie de travailler donc on n'a pas rien foutu quand même. LB : Ce qui est étonnant
c'est qu'il y a eu ce succès phénoménal au début
avec des
gens pas trop musiciens, les textes de Nicola étaient un peu différents, depuis 7000 danses, il y a eu un virage. Est-ce que ça parfois, on n'a pas un petit peu d'amertume à regarder ce qui s'est passé au début sur les 3 premiers albums alors que ce n'était pas un groupe à maturité de voir que ça a été un carton phénoménal et qu'après avec un petit peu plus de recul, un peu plus de travail on a moins de facilités ? St : C'est pas de l'amertume
parce que ça a été aussi une volonté de notre
part de se
retirer un peu tu vois d'être plus discret parce qu'on était partout à la fin on en avait marre de voir nos gueules partout. On ne pouvait plus sortir dans la rue tout ça c'était pas trop ce qu'on recherchait dans la musique et donc on a plutôt travailler et à la limite on a été plus discret c'était un effet de notre part bon c'est vrai qu'on a fait moins que 3ème sexe. 3ème sexe c'était un super carton mais rien que le fait de faire 300 000 pour une compil ! C'est pas que des chiffres, les chiffres on s'en fout mais le public est toujours là, il vient toujours nous voir au bout de 10 ans, il y a toujours plein de gens qui se déplacent je trouve ça bien, on cherche pas à être toujours les premiers ça sert à rien. LB : Si ça devait
s'arrêter est-ce que tu y penses parfois ? Je suis sur que tu y penses.
St : Ben on y a pensé
dès le premier jour. Dès qu'on a signé le premier
contrat que ça
a commencé à marcher, on s'est dit ça peut s'arrêter du jour au lendemain donc on s'est préparé à ça puis ça ne me fait pas flipper. Il y a ma fille, il y a Nicola, y'a la famille tout ça… LB : Qu'est-ce que tu
ferais ? Je sais que tu es passionné de plantes, tu t'occuperai
de
tes plantes ? St : Ouais je ferai
des plantes, je ferai du ski, j'essaierai de faire de la musique à
droite,
à gauche. Peut-être de la télé peut-être de la radio, je m'occuperai quoi mais il faudra travailler c'est sur, on travaillera. |