Segalen, Victor (France Sri Lanka Cultural Exchanges - Suriyakantha)

  The bilingual site devoted to the cultural life in Sri Lanka and in France                                                        
hex2.jpg hex3.jpg
Le site bilingue consacré à la vie culturelle au Sri Lanka et en France




ACCUEIL / EN BREF


CONTACTEZ-NOUS


ACTUALITE

Sri Lanka / France


CULTURE

Cinéma

Danse

Exposition

Littérature

Musique

Patrimoine

Photographie

Poésie

Spiritualité

Voyageurs


DOSSIERS

Paul Cézanne

Fascination du Corps

La lumière de Gauguin

Jean de La Fontaine

Mondialisation

Picasso-Rodin

Pigeonniers du Quercy

Raphael

Saint-Exupéry

SOCIETE

Avortement

Peine de Mort (en anglais)

Santé Mentale

SIDA


GALERIE

Raphaël

Miniatures de Kangra


ARCHIVES


L'Alliance Française de Kandy, Sri Lanka invite à fêter les livres et venir à la rencontre de Victor Segalen (1878-1919), André Malraux (1901-1976) et Albert Camus (1913-1960).

 

 

 

 

Alliance Française de Kandy,
412, Peradeniya Rd,
Kandy, Sri Lanka.
Tél : 00 94 8 22 44 32
e-mail : allikdy@sltnet.lk

17 octobre
16h00

18 octobre
18h00
19h00


19 octobre
18h30

 

20 octobre
10h00

 

 

15h00

24 octobre
18h30


Réalisation d'affiches par les étudiants sur le thème de la lecture.

Inauguration de la Bibliothèque Victor Segalen.
Albert Camus - "L'Etranger" - adapté et mis en scène par Marc Amerasinghe.

"André Malraux parle de Sri Lanka" - Exposition - évocation pour le centenaire de sa naissance. L'exposition se poursuit jusqu'au 26 octobre.

"A Fun Fair of Books" - Exposition-vente de livres avec la participation de Gunasena & Co., Kandy et Vidarshana Publishers, Nugegoda. L'exposition-vente se poursuit jusqu'au 23 octobre de 10h00 à 18h00.

Table ronde avec Dr. Piyasiri Wijenaike (auteur et traduteur).

Conférence par Gérard Robuchon (French Lecturer, Université de Kelaniya, Sri Lanka) - "Victor Segalen : One of the first French writers discovering Buddhism in Ceylon."

www.lire-en-fete.culture.fr

 

Voir le monde et l'ayant vu, dire sa vision.
Je l'ai vu sous sa diversité.
Cette diversité j'en ai voulu, à mon tour, faire sentir la saveur.

Le 23 mai 1919, on découvre dans une forêt de Bretagne, le corps d'un homme encore jeune gisant au pied d'un arbre, un exemplaire d'Hamlet à ses côtés, à la jambe une blessure profonde, et un garrot de fortune.

Je n'ai aucune maladie connue, décelable.
Et cependant "tout se passe comme si" j'étais gravement atteint.
Je ne me pèse plus.
Je ne m'occupe plus de remèdes.
Je constate simplement que la vie s'éloigne de moi....

 Ainsi meurt ce poète français dont l'œuvre a été particulièrement imprégnée des cultures qu'il a rencontrées dans l'exercice de son métier de médecin de la marine.

Ecrivain-voyageur, ethnographe, sinologue, son mérite est d'avoir voulu confronter les puissances de l'imaginaire et du réel, de l'écriture et de l'action.

Ce "voyage au pays du réel" est entrepris pour lester les mots du poète, pour donner au vocabulaire toute sa charge de réalité...

Né en 1878, en Bretagne, il soutient en 1902 sa thèse de doctorat en médecine dont le sujet est les névroses dans la littérature contemporaine...

Puis commence son parcours géographique et mental : du premier grand voyage en Polynésie, animé par la tentative de faire revivre la culture maorie, suivant le modèle de Gauguin, à la découverte du continent chinois.

Constat de la mort d'une race et d'une culture, la culture Maorie - plus tard en Chine, ce sera l'agonie d'un mythe, celui de l'Empereur, Fils du Ciel.

1903, il arrive en mission à Tahiti. Il y découvre les restes de la culture Maorie décimée par la présence européenne. A la faveur d'une escale aux Marquises, il consulte les derniers croquis et carnets de Gauguin, mort trois mois auparavant.

Paul Gauguin, la rencontre manquée mais néanmoins décisive...

De son séjour en Polynésie, il tire un livre, Les Immémoriaux, publié en 1907.

Tragédie d'un peuple qui a perdu le sens du sacré sans que s'éveille la conscience morale.
Un cri d'alarme puis d'adieu, auquel bientôt répondra le silence.

Llibération d'un homme que l'Océanie a révélé à lui-même.

Nostalgie violente d'un monde perdu.


    1908, Il s'intéresse à la Chine. Il souhaite y devenir interprète, et s'y installe avec sa femme et son fils en 1910. Il publie la première édition des Stèles à Pékin en 1912.

    Un être original, autre, inscrit dans la lignée royale des poètes visionnaires pour qui la poésie est un moyen de dépasser les limites de la condition humaine.

    Ce poète, ce médecin fasciné par les méandres du subconscient, cet archéologue et ethnologue précis, pionnier de la sinologie fut, tant par l'esprit que par le corps, un quêteur, un voyageur.

Interrompu par la guerre dans le cours d'une expédition archéologique en Chine, il rentre en France, passe quelque temps au front, puis retourne en Chine pour y recruter des volontaires.

Il continue ses recherches archéologiques, qui inspirent Chine, la grande statutaire.

Fin 1917, malade, il quitte définitivement l'Orient.

Orientaliste quêteur d'exotisme - pas d'un "exotisme prostitué ", mais d'un exotisme qui est pour lui une esthétique du divers, de tout ce qui est autre, - il inventera, pour désigner " le voyageur idéal éternellement étranger et inlassablement xénophile ", le terme exote.

La sensation d'exotisme, qui n'est autre que la notion du différent, la perception du Divers, la connaissance que quelque chose n'est pas soi-même ; et le pouvoir d'exotisme, qui n'est que le pouvoir de concevoir autre.

Pour lui, l'exotisme ne consiste pas a se fondre dans l'autre, à renoncer à soi, à faire sienne la culture étrangère.

A sentir vivement la Chine, je n'ai jamais éprouvé le désir d'être chinois. A sentir violemment l'aurore védique, je n'ai jamais regretté réellement de n'être pas né trois mille ans plus tôt, et conducteur de troupeaux.

Ne peuvent sentir la Difference que ceux qui possèdent une Individualité forte...

Son oeuvre presque toute entière, composée entre 1909 et 1913, a pour centre invisible sa conception de l''Exotisme considéré comme une "Esthétique du divers".

Ainsi il ne demande à Tahiti, à la Chine ou au Tibet que de lui livrer leur vrai visage, de lui laisser déchiffrer leur vérité profonde dont il nourrira sa vision.

C'est aussi ce qu'il demande à Ceylan ce jour de novembre 1904 où une escale forcée l'amène à découvrir Colombo et Kandy et où se dessine l'ébauche de son drame "Siddharta".

Native Bullock Carts, Ceylon. (c) Plâté & Co.,

    Colombo, jeudi 7 novembre 1904

    On approche. Les pirogues aux voiles rouges quadrangulaires immenses
    s'envolent de tous les bords...
    Les premiers pas à terre sont criants d'exotisme...

    Le pittoresque éclate comme toujours aux modes de transport, boeufs à bosse, tirant d'énormes chariots à roues larges...

 

Young disciples of Buddha. (c) Plâté & Co.,


    Kandy, vendredi 8 novembre 1904

    Je tourne le lac. On me guide vers le prêtre. Il est jeune, des yeux vifs qui luisent.....et parfois dans un geste du prêtre, assis à contre-jour sur le lit, il me semble que tourt s'envole, que la case, blanchie de chaux, basse et sombre, vole en éclats, qu'une grande percée découvre, que la Lumière éclabousse....

    Jeudi 22 décembre 1904

    Jour de la pleine lune. Ma presque dernière nuit à Ceylan aura été exquise, blanche, lactescente et parfumée...

Au périple de l'Extrême-lointain, répond une plongée dans l'univers intérieur dont l'écriture porte la trace.

On fit comme toujours un voyage au loin de ce qui n'était qu'un voyage au fond de soi.
C'est par le chemin du Divers qu'on parvient au Centre, c'est-à-dire à soi-même...

Etre multiple, carrefour de langages, individu polyphonique... artiste épris de beauté.

Une foi toute entier esthétique, une recherche exclusive de beauté, un désir permanent de tendre partout à la beauté, d'en réaliser un reflet dans ses pensées, dans ses actes, surtout dans ses oeuvres.

A l'heure où le monde s'est uniformisé,
ruinant l'inappréciable diversité de l'Ailleurs,
il nous faire croire encore
au mythe de la métamorphose par le voyage.

C'est par la Différence, et dans le Divers, que s'exalte l'existence.
Le Divers décroît. Là est le grand danger terrestre...

affirme en 1917
ce grand poète français

Victor Segalen

André Malraux

"La personnalité la plus fascinante de la littérature moderne"
Jean-Luc Godard (1958).

 

André Malraux lutta pour la liberté tout au long de sa vie : contre le colonialisme francais en Indochine, le fascisme en Espagne, contre l'Allemagne nazie. Il dénonca la misère de l'Homme et exalta sa grandeur. Il était également un esthète et critique d'art, et fit connaître au public français la richesse des cultures et civilisations extra-européennes, tout particulièrement asiatiques.

    Aucun autre français du XXe siècle n'a autant oeuvré à valoriser la République Française, par la préservation et la propagation de la culture française, espérant en faire non seulement une force puissante dans le monde mais aussi une composante essentielle dans l'unification d'une nation divisée.

    Dès son jeune âge, Malraux est un lecteur vorace, se délectant des oeuvres de Hugo, Balzac, Sir Walter Scott, et aussi Victor Segalen.

    Jeune homme, il commence à travailler comme chineur... Sa passion pour les textes écrits, d'abord en tant que chineur, puis comme auteur et éditeur, est et restera la plupart du temps son principal moyen de subsistance, et il ne fera rien d'autre.

Parallèlement à sa passion pour l'écriture, Malraux se révèle un grand amoureux d'art dès son plus jeune âge, affirmant,
'J'ai vécu dans l'art depuis mon adolescence'.
En fait, Malraux est aussi célèbre pour ses écrits sur l'art que pour ses romans.

Lorsque nous pensons à André Malraux nous pouvons être tentés de nous souvenir essentiellement de son engagement au service des grandes causes de ce XXe siècle :

    • Indochine : anticolonialiste fervent et ardent avocat de changements sociaux.
    • Chine : rejoignant la Chine, il semble avoir participé à plusieurs évènements révolutionnaires.
    • Espagne : comme le fascisme et le nazisme se développent dans les années 1930, Malraux est conscient de la menace et en 1935- avant que le monde n'ait connaissance de l'existence des camps de concentration-- il publie Le Temps du mépris, un court roman dépeignant l'emprisonnement brutal d'un communiste par les nazis.

Lorsque se déclenche la Guerre Civile espagnole en 1936, Malraux se rend en Espagne, rejoignant les forces républicaines, et organisant pour elles une escadre aérienne dont il est le colonel. Son roman L'Espoir, basé sur son expérience en Espagne, est publié en 1937.

    • Seconde Guerre Mondiale : Malraux s'engage comme simple soldat dans une unité de tanks. Il est fait prisomnnier mais parvient à s'évader et à gagner la Zone Libre, d'où plus tard il rejoindra la Résistance. Sur le front d'Alsace il rencontre le Général Charles de Gaulle, à qui son destin devait désormais être lié.

Son lyrisme flamboyant de Ministre de la Culture de Charles de Gaulle, de 1958 à 1969, est particulièrement frappant dans son fameux discours au Panthéon pour l'hommage à Jean Moulin, une victime héroïque du nazisme.

En mettant l'accent sur ces différents épisodes de cette vie d'aventures, l'on oublie un peu rapidement le merveilleux romancier et le sincère, simple et immédiat plaisir que l'on prend à lire ses histoires, récits où l'aventure n'exclut pas la réflexion.

Son oeuvre tout entière accompagne le développement des idéologies contemporaines, de la Révolution chinoise nationaliste et communiste des années 1920 à la Guerre Civile d'Espagne en 1936, sans oublier sa bataille obstinée contre le nazisme.

On lit Les Conquérants (1928), La Condition Humaine (1933), Le Temps du Mépris (1937), Les Noyers de l'Altenburg (1943) avec à l'esprit les grands drames de l'histoire.

Et cependant, à la façon des classiques grecs, André Malraux est beaucoup moins intéressé par les mérites des mouvements politiques et leurs chances de succès que par l'Homme lui-même, en ce qui peut l'exalter ou le mener à sa chute.

Comme intellectuel, il se situe à mi-chemin entre la réflexion pleine de générosité d'Albert Camus et la sereine harmonie du monde d'Antoine de Saint-Exupéry, l'auteur du Petit Prince (1943): comme eux, lui aussi est quelqu'un pour qui la noblesse de l'esprit donne un sens au destin de l'Homme.

Il existe une autre dimension, moins souvent relevée, dans l'oeuvre d'André Malraux: ses héros (ou, plus rarement, ses héroïnes) retrouvent force, foi en la vie, goût d'entreprendre dans les jeux de l'amour, et ses rites raffinés inspirés de l'Asie, un code de relations qui, par lui-même, déjà dessine une façon de vivre.

Et c'est là le troisième et non moins singulier aspect de son oeuvre, la quête d'une esthétique.

Tôt attiré par l'Asie (Cambodge, Inde, Japon), il fait en 1929 d'importantes découvertes sur l'art gréco-bouddhique en Afghanistan

Au même moment, il commence de rédiger sa "Psychologie de l'art" (3 vol., 1947-50), une activité en relation avec ses autres centres d'intérêt; pour lui, en effet, les idées esthétiques, comme sa philosophie de l'action exprimée dans ses romans, participent toujours de l'éternelle interrogation que l'Homme développe sur son destin et la réponse à cette interrogation.

Après la guerre, il révolutionne le débat sur l'art en brisant les barrières traditionnelles entre l'art dit "noble" et l'art dit "primitif".

Rien de ce qu'a écrit Malraux à ce sujet ne laisse indifférent.

La Tête d'obsidienne, son essai sur Picasso; Les Antimémoires (1967-1972), qui, en dépit de leur titre, représentent vraiment un texte autobiographique; Le Musée Imaginaire (1952-54) ne sont que l'occasion d'établir des liens subtils entre le primitif et le moderne.

 André Malraux et Ceylan

Cette personnalité fascinante et complexe nous livre maintenant les impressions qui furent les siennes lors de ses deux brefs passages dans un pays qui s'appelait alors - en 1923 et 1958 - Ceylan...

 

En 1923, j'attendais de Ceylan une Afrique du Nord plus éclatante. Les marchands de bijoux avaient pris le paquebot à l'abordage avec des hurlements de pirates et des paniers pour jouvencelles, d'où ils tiraient leurs saphirs étoilés, avec la solemnité des gardiens de joyaux sacrés. A terre, je rencontrai des maisons toutes vertes du côté de la mousson, de vastes jardins presque sans fleurs, le ruissellement des palmes après la pluie; puis, à la tombée du soir, le quartier brahmanique, l'Inde entrevue sur une place étroite avec ses grands vieillards pareils à ceux d'Homère, devant une tour grouillante d'effigies bleues; et, la nuit, les proues sculptées de quelques bateaux arabes, sous la très vieille lumière de torches qui se balançaient comme des lampes suspendues - les vaisseaux oubliés de Sinbad.

Depuis 1929, j'ai beaucoup rencontré le bouddhisme, de Ceylan au Japon. Colombo est l'un des lieux les plus calmes du monde. Son peuple nonchalant erre sous l'écarlate des flamboyants, le violet des bougainvillées, entre les arbustes que dominent les acacias roses. Les avenues d'asphalte aux rares voitures sont parcourues, le soir, par des processions de saris dont les couleurs sont celles des pastels des demoiselles anglaises ensevelies dans les cimetières voisins. Auprès des monuments commémoratifs victoriens, rangés et superbes comme des cuirassés envahis par les orchidées, un musicien cingalais joue, en regardant doucement se rouiller, sous les ronces, ce qui fut l'Empire britannique...