INITIATION AU ZOHAR ou LIVRE DE LA SPLENDEUR

 

LA VIOLENCE  SELON  LE ZOHAR

 

Genèse 1/6: "Dieu dit: "Qu'un espace s'étende au milieu des eaux, et forme une barrière entre les unes et les autres"

 

En ce jour particulier – le second jour de la Création --, on fait allusion ici à la séparation des eaux d'en Haut d'avec les eaux d'en Bas, par le biais de ce qu'on appelle la gauche. Ici aussi la discorde a été créée à travers ce qu'on appelle la gauche. Jusqu'ici, le texte faisait allusion à la droite, et là il fait allusion à la gauche, ce qui a entraîné un désaccord entre elle et la droite. C'est dans la nature de la droite d'apporter l'harmonie dans le tout et le tout a été inscrit par la droite, source d'harmonie. Quand la gauche s'est réveillée, la discorde avec elle, le feu de la colère qui en découle s'est renforcé et a donné naissance à la Géhenne, qui est issue de la gauche et cela continue ici.

Dans sa sagesse, Moïse a médité sur ce sujet et a tiré une leçon de l'œuvre de la création. Dans la Création il y avait un antagonisme entre la gauche et la droite. Cette division a entraîné l'émergence de la Géhenne et son attachement à la gauche.

Alors le 3ème jour, la Colonne centrale est intervenue pour dissiper le désaccord entre les 2 côtés, faisant descendre la Géhenne, la droite absorbant la gauche pour avoir la paix.

Il en est de même de la querelle de Korah' avec Aharon qui était un antagonisme de la gauche à l'égard de la droite. Se basant sur la Création, Moïse dit: "Il m'est apparu utile de résoudre le différend entre la droite et la gauche" et il s'employa à trouver un accord entre les 2 parties. Mais la gauche n'était pas encline à un accord et Korah' s'est révélé même obstiné. Alors Moïse dit: "Assurément la Géhenne est en train d'amplifier la querelle. La gauche devrait s'élever et se fondre dans la droite. Korah' ne semble pas vouloir s'attacher aux sphères élevées et fusionner avec la droite. Alors qu'il descende sous la pulsion de la colère".

Korah' refusait de mettre fin à la querelle comme conseillé par Moïse, parce qu'il n'était pas venu avec des motifs réellement spirituels et qu'il n'avait aucun égard pour la Gloire de D., refusant de croire en son pouvoir créateur. Quand Moïse s'aperçut que Korah' devenait infréquentable, la fureur l'envahit.

Nombres 17/15: " Aaron retourna auprès de Moïse, à l'entrée de la tente d'assignation, lorsque la mortalité eut cessé"

Il était furieux parce qu'il n'a pas pu dissiper la querelle et que les gens du clan Korah' niaient la puissance créatrice du Seigneur. Négation absolue de Korah' dans les 2 sphères, comme il est dit dans Nombres 26/9: "Fils d'Eliab: Nemouêl, Dathan et Abiram. C'est ce Dathan et cet Abiram, dignitaires de la communauté, qui s'attaquèrent à Moïse et à Aaron avec la faction de Korah', lorsque celle-ci s'attaqua à l'Éternel"

Une dispute analogue surgit entre Shammay et Hilel. Mais le SbS approuva leur querelle, car elle avait des motifs supérieurs, à l'image de celle du début de la Création. Comme celle-ci, elle dure jusqu'à ce jour. Niant la Création, Korah' lutta contre le Ciel et chercha à réfuter les mots de la Torah, s'attachant à la Géhenne. On sait cela du Livre d'Adam qui dit que lorsque l'Obscurité s'est affirmée, elle le fit avec fureur, créant la Géhenne, à cause de la querelle du début. Mais quand cette querelle s'est dissipée, une autre querelle d'un autre genre s'éleva, une querelle d'amour. Les Justes se disputent avec force, mais terminent leur querelle dans l'amitié. Korah' poursuivit sa querelle dans la colère et la passion se cramponnant à sa Géhenne. Shammay termina la sienne dans le calme qui doit suivre normalement le premier accès de la passion, la transformant en une querelle d'amour, que le Ciel approuve. Notre texte dit "Qu'un espace s'étende au milieu des eaux ", en référence au début de la querelle, le premier accès de passion et de violence. Il y eut un désir de réconciliation, mais avant que la colère ne se soit apaisée, la Géhenne s'éleva. Alors Genèse 1/7 " Dieu fit l'espace, opéra une séparation entre les eaux qui sont au-dessous et les eaux qui sont au-dessus  ", c'est-à-dire qu'une querelle d'amour et d'affection s'installa, celle qui assure la permanence du monde. Il résulte de ce genre de querelle de Shammay et de Hillel que la Loi Orale approche la Loi Ecrite avec amour, et c'est ainsi que chacune d'elle soutient l'autre.

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En ce qui concerne la séparation, elle se fait toujours de la gauche. Dans la Genèse il est dit qu'une "barrière/séparation s'étende entre les eaux" et "D. opéra une séparation entre les eaux". Et D. sépara Korah' du reste de la Communauté d'Israël comme il l'a fait de la tribu de Lévi dans Deutéronome 10/8: "A cette même époque, l'Éternel distingua la tribu de Lévi, en la chargeant de porter l'arche de la divine alliance, de faire en permanence le service du Seigneur et de donner la bénédiction en son nom, comme elle l'a fait jusqu'à ce jour"

Toutes ces séparations sont associées avec le "second ", jour ou tribu, place de la gauche…. Il y a de même une séparation à l'issue du Shabat, entre les forces qui sévissent dans la semaine et celles du Shabat. Quand le Shabat se termine, aussitôt s'élèvent de la Géhenne, du niveau appelé Shéol, un groupe d'esprits du mal qui cherchent à se mélanger avec la semence d'Israël pour la dominer. Mais quand les enfants d'Israël procèdent à la cérémonie de la "Havdalah" -- séparation entre le sacré et le profane -- ces esprits quittent les lieux pour revenir à leur niveau du Shéol, région où habite Korah' et ses affiliés, selon Nombres 16/33: "Ils descendirent, eux et tous les leurs, vivants dans la tombe; la terre se referma sur eux, et ils disparurent du milieu de l'assemblée"

Mais elles ne reviennent pas au Shéol avant que ne soit accomplie la Havdalah, séparation précisée dans Nombres 16/21: "Séparez-vous de cette communauté, je veux l'anéantir à l'instant!"

La séparation est ainsi associée avec le 2ème,  symbole de la gauche qui, à la première pulsion, entre en discorde, avec violence et colère, donnant naissance à la Géhenne, avant que cette fureur ne se dissipe. Il faut rappeler que la Géhenne est née au second jour de la Création avant que la discorde n'ait disparu. En même temps, sont nés tous les anges qui se sont révoltés contre leur Maître et que le feu de Géhenne a consumés et détruits. Il en est de même de tous les autres esprits qui s'estompent, car ils ne durent pas, le feu les consumant.

(Zohar /17a&b)

 

Genèse 6/11: " Or, la terre s'était corrompue devant Dieu, et elle s'était remplie d'iniquité (h'amas)"

 

Il n'y a aucun endroit sur terre qui ne soit le témoignage de la violence de l'homme.

Rabbi Abba dit: depuis qu'Adam a transgressé le commandement de son Maître, toutes les générations qui suivirent sont appelées d'une manière péjorative "fils d'Adam" pour dire "les fils de l'Homme qui a transgressé l'ordre divin". Mais quand Noah apparut, l'humanité fut appelée par son nom, c'est-à-dire "les générations de Noah", avec une connotation honorable, Noah leur assurant une existence permanente dans ce monde, par opposition aux "générations d'Adam", vouées à la mort.

Rabbi Yossi lui dit: pourtant plus loin dans Genèse 11/5: "Le Seigneur descendit sur la terre, pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils de l'homme (adam)", il est écrit "Adam" et non "Noah".

Rabbi Abba répondit: parce qu'Adam était le 1er homme qui a péché. Il aurait mieux valu pour lui de ne pas être né, car il n'aurait pas alors été mentionné.

Regardes maintenant dans Proverbes 10/1: "Un fils sage fait la joie de son père, et un fils sot le tourment de sa mère". Quand un fils est dans le bien, les gens mentionnent le nom de son père avec louange. Mais s'il est mauvais, le père est aussi mentionné, mais avec des reproches. Il en est de même d'Adam. Il a désobéi à l'ordre de D. et plus tard quand des hommes se sont rebellés contre leur Maître, ils ont été désignés comme "les fils d'Adam", 1er homme à avoir transgressé le commandement divin. Là ce sont "les générations de Noah", qui sont entrées et sorties de l'arche et ont peuplé la terre. Mais pas celles issues d'Adam, lui-même issu du Jardin d'Eden, mais sans progéniture venant de ce Jardin. Car s'il en avait une, issue de ce Jardin, elle n'aurait jamais été détruite, la lumière de la lune n'aurait jamais été assombrie, et toutes les générations auraient vécu éternellement, et aucun ange ne les aurait égalées, car Genèse 1/27: "Adam a fauté et eut des enfants en dehors de l'Eden, puis des générations qui ne durèrent point et l'idéal divin ne fut jamais réalisé".

Rabbi H'ézéqiah dit: supposons qu'Adam n'ait pas succombé à la pulsion du mal, il aurait vécu dans l'éternité et, sachant les éventuelles conséquences, il n'aurait pas eu d'enfants. De même, si Israël n'avait pas adoré le Veau d'Or, et s'il n'avait pas eu d'enfants, il n'y aurait pas eu de générations après lui.

Rabbi Abba répondit: si Adam n'avait pas fauté, il n'aurait pas eu d'enfant venant de la pulsion du mal, mais une progéniture venant de l'esprit saint, à l'image des anges célestes. Aujourd'hui que tous les humains sont nés du côté du mal, ils n'ont aucune permanence et leur vie est limitée du fait qu'en eux subsiste un élément de l'Autre Côté.

Vint Noah, homme Juste qui entra dans l'Arche, de laquelle sortirent les générations de l'humanité qui peuplèrent les 4 coins de la terre, et que nous connaissons.

(Zohar I/60b-61a)

 

Genèse 6/12: "Dieu considéra que la terre était corrompue, toute créature ayant perverti sa voie sur la terre"

 

La corruption était celle de la chair. Rabbi Hiya cite ce texte: Yonah 3/10: " Dieu, en effet, considérant leur conduite, voyant qu'ils avaient abandonné leur mauvaise voie, revint sur la calamité qu'il leur avait annoncée et n'accomplit pas sa menace"- Quand les fils des hommes sont justes et suivent les prescriptions de la Torah, la terre se revigore et une plénitude de joie la traverse, parce que la Présence divine ou Shékhinah est là, et le bonheur est en bas comme en haut. Quand l'homme se corrompt et faute devant son Maître, la Présence divine s'estompe et la terre reste corrompue. Quand la Shékhinah n'est plus là, un autre esprit vient planer sur la terre, apportant la corruption.

C'est pourquoi il est d'usage de dire que c'est le comportement d'Israël "qui donne de la force à Elohim", c'est-à-dire à la Shékhinah et le monde devient dès lors plus sûr. Quand Israël – que D. préserve – est dans le péché, il est écrit dans Psaume 57/6 qu'on invoque  D. qui n'est plus là: " Montre, ô Dieu, ta grandeur qui dépasse les cieux; que ta gloire brille sur toute la terre !" car il y a la violence et la haine sans raison sur terre, puisque Ps 57/7: " On avait dressé des filets sous mes pas pour me faire ployer, on avait creusé une fosse devant moi: ils y sont tombés eux-mêmes. Sélah !"

La même chose se produisit à la génération du Déluge lorsque des actions violentes menèrent à la haine et à la discorde entre les gens.

Ceci peut arriver en terre d'Israël. Au temps de David, nous avons les I Chroniques 21/16: "David leva les yeux et vit l'Ange du Seigneur placé entre ciel et terre, tenant en main son épée dirigée contre Jérusalem. Aussitôt David et les Anciens se jetèrent la face contre terre revêtus de cilices" et la destruction envahit les lieux.

Rabbi Eléazar dit: "Ange du Ciel " a pour sens le SbS, comme dans Genèse 48/16: " que l'ange qui m'a délivré de tout mal, bénisse ces jeunes gens! Puisse-t-il perpétuer mon nom et le nom de mes pères Abraham et Isaac! Puisse-t-il multiplier à l'infini au milieu de la contrée" ou dans Exode 14/19: " Le messager de Dieu, qui marchait en avant du camp d'Israël, passa derrière eux, la colonne nébuleuse cessa d'être à leur tête et se fixa en arrière"…

Rabbi Hiya continua: il est écrit concernant Noah que " Dieu considéra que la terre était corrompue…" à comparer avec Yonah 3/10 (voir ci-dessus) où la terre, parée comme une femme cherchent à plaire à son époux, et cherchant à attendrir le Ciel en élevant des enfants justes. Mais lorsque la génération du déluge ne s'est pas repentie de ses péchés, elle était comme une femme infidèle se voilant la face devant son époux. Quand l'humanité, d'une manière flagrante et ouverte, commit péché sur péché, alors la face de la terre devint comme celle d'une femme abandonnée sans honte comme dans Isaïe 24/5: " C'est que la terre a été souillée par ses habitants: ils ont transgressé les lois, violé les statuts, rompu le pacte antique". La terre était corrompue.

(Zohar I/61a)

 

Genèse 7/1: " L'Éternel dit à Noé: "Entre, toi et toute ta famille, dans l'arche; car c'est toi que j'ai reconnu honnête parmi cette génération"

 

Si Noah n'avait pas été un Juste, il n'aurait pas pu entrer dans l'Arche (d'Alliance). Seul un Juste pouvait être uni à l'Arche, car aussi longtemps que les hommes restent attachés à l'Arche et ne lâchent pas prise, aucune nation ou langage dans le monde ne peut leur nuire. Noah garda l'Alliance et fut préservé par le SbS, mais ses contemporains ont été détruits, car ils l'avaient lâchée. Ils furent détruits de la même manière qu'ils ont commis leurs crimes….

Rabbi Shimeon dit: il n'y aucun péché au monde qui provoque autant la colère divine que celle de négliger l'Alliance – la circoncision --, comme il est dit dans Lévitique 26/25: " Je ferai surgir contre vous le glaive, vengeur des droits de l'Alliance, et vous vous replierez dans vos villes; puis, j'enverrai la peste au milieu de vous, et vous serez à la merci de l'ennemi"

Lors de la génération du déluge, la mesure du péché fut atteinte lorsque l'humanité s'est pervertie sexuellement et détruisit sa semence. De plus ils se sont escroqués mutuellement s'ajoutant à la corruption, à la perversion et à la violence. Ils ont donc subi mesure pour mesure. Selon un autre point de vue ce fut le péché de violence qui fit déborder le vase, car alors ils s'en prirent les uns aux autres, mais aussi contre le Ciel. Mais là Haut nombreux sont les Princes qui sont à l'écoute des opprimés qui réclament justice, c'est pourquoi il est dit dans Genèse 6/13: " Et Dieu dit à Noé: "Le terme de toutes les créatures est arrivé à mes yeux, parce que la terre, à cause d'elles, est remplie d'iniquité; et je vais les détruire avec la terre"

(Zohar 66b-67a)

 

Genèse 23/1: " La vie de Sara fut de cent vingt-sept ans; telle fut la durée de sa vie"

 

Rabbi commenta le verset Yonah 1/15: " Puis ils saisirent Jonas et le jetèrent à la mer. Aussitôt la fureur de la mer se calma".

On peut se poser la question de savoir pourquoi  la mer et non la terre était en fureur contre lui, puisqu'il avait fui pour éviter que la Shékhinah ou Présence divine ne plane sur lui. Il a fui par la mer et c'est par la mer qu'il allait trembler. On sait que la mer est comme le ciel qui ressemble au Trône de Gloire. Alors la mer s'en est emparée. Selon la Tradition, on le plongea dans l'eau jusqu'aux genoux et la mer s'est calmée, mais aussitôt relevé, la mer reprenait plus violente que jamais. Cela s'est répété maintes fois jusqu'à ce que Yonah implore dans Yonah 1/12: " Prenez-moi et jetez-moi à la mer, vous la verrez s'apaiser, car je reconnais que c'est par mon fait que vous essuyez cette violente tempête"- Aussitôt jeté, il perdit son âme qui monta jusqu'au Trône de Gloire qui la jugea. Elle fut restaurée à Yonah quand le gros poisson l'avala. Le poisson mourut de ce fait, mais ressuscita…

La mer est l'image du ciel, lui-même image du Trône de Gloire.

Comme une femme enceinte pleine de convulsions avant la délivrance, au moment du jugement du monde, le Tribunal céleste est lui aussi agité et convulsé; mais une fois le jugement rendu, il est à nouveau en paix et en quiétude comme dans Proverbes 11/10: " Que les justes soient heureux, la cité est en joie; que les méchants périssent, ce sont des transports". Mais il y a un autre verset qui dit l'inverse, Ezéchiel 18/23: " Est-ce que je souhaite la mort du méchant, dit le Seigneur Dieu, ne préféré-je pas qu'il revienne de sa conduite et qu'il vive?"- en fait ce dernier parle des pécheurs qui n'ont pas atteint les limites de la provocation, alors que dans le 1er cas ils ont dépassé la mesure.

(Zohar I/121a-b)

 

Genèse 36/31: " Ce sont ici les rois qui régnèrent dans le pays d'Édom, avant qu'un roi ne régnât sur les enfants d'Israël"

 

Rabbi Yéhoudah commenta le verset Isaïe 41/14: " Ne crains rien, vermisseau de Jacob, faible reste d'Israël! C'est moi qui te prête secours, dit le Seigneur, le Saint d'Israël est ton libérateur"- Les Gentils sont sous la protection de certains Anges tutélaires, selon les dieux qu'ils adorent comme il est dit dans Michée 4/5: " [En attendant], que les autres peuples marchent chacun au nom de son dieu, nous, nous marcherons au nom de l'Eternel, notre Dieu, toujours et toujours".

Ils sont accros au sang versé et à la guerre, au vol, à la violence et à la fornication et autres méchancetés, utilisant toutes leurs forces pour injurier et nuire.

De son côté Israël n'a que le verbe, comme le vermisseau dont tout le pouvoir est dans la bouche (qui fabrique la soie) et qui laisse avant de mourir une semence qui revit comme auparavant. Malgré la violence qui l'entoure, et qui l'annihile, Israël renaît, comme dans Jérémie 18/6: "Est-ce que je ne pourrai pas agir à votre égard, ô maison d'Israël dit l'Eternel à la façon de ce potier ? Certes, vous êtes sous ma main comme l'argile (h'omer) sous la main du potier, ô maison d'Israël!"-

Tant que les enfants d'Israël sont greffés à l'Arbre de Vie, ils se relèveront de la poussière et seront rétablis dans le monde en un seul peuple uni pour adorer le SbS selon les mots du verset Céphonie 3/9: " Mais alors aussi je gratifierai les peuples d'un idiome épuré, pour que tous ils invoquent le nom de l'Eternel et l'adorent d'un cœur unanime".

 

Genèse 49/19: " Gad sera assailli d'ennemis, mais il les assaillira à son tour"

 

Rabbi Eléazar et Rabbi Abba se sont réfugiés dans une caverne près de Lod, pour échapper à la chaleur de l'été. Rabbi Abba dit: "Couvrons ce lieu de mots de la Torah. Rabbi Eléazar commença ainsi par le verset du Cantique des Cantiques 8/6: " Place-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras, car l'amour est fort comme la mort, la passion terrible comme le Sheol; ses traits sont des traits de feu, une flamme divine"- ce verset a été beaucoup commenté. Une nuit, j'écoutais mon père qui disait que la dévotion profonde et le désir de la Communauté d'Israël pour D. ne pouvaient venir que des âmes des Justes. Ceux-ci parviennent à faire refluer vers le Haut, le flux d'en Bas. Alors l'amitié parfaite et le désir véritable apportent leurs fruits. Au milieu de la plénitude de l'affection, alors " Place-moi comme un sceau sur ton cœur,", car même quand le sceau est enlevé, il reste sa trace. De la même manière la Communauté d'Israël, même en captivité, reste attachée au Sbs, "l'amour est fort comme la mort", à l'image de l'âme quittant le corps. On sait que quand un être humain va mourir, il voit des choses étranges, son âme parcourt tous ses organes, de bas en haut et de haut en bas, comme un batelier qui rame dans une mer violente, son bateau lancé vers le haut et vers le bas, mais n'avançant pas. Cet homme qui se meurt demande alors à s'en aller, la séparation se faisant avec une grande violence. Il en est de même de la violence de l'amour de la Communauté d'Israël pour D.

(Zohar I/244b-245a)

 

Exode 7/28: "Le fleuve regorgera de grenouilles, elles en sortiront pour envahir ta demeure et la chambre où tu reposes et jusqu'à ton lit; les demeures de tes serviteurs, celles de ton peuple et tes fours et tes pétrins"

 

Rabbi Yossi et Rabbi Hézékiah voyageaient de Cappadoce à Lod, un Judéen conduisant un âne lourdement chargé les accompagnait. Ils arrivèrent à un champ où ils virent nombre d'animaux morts ou mourant. Ils se dirent "Certainement une épidémie vient d'éclater  sur les lieux"- Le Judéen alors expliqua: le fléau qui s'abattit sur le troupeau en Egypte avait 3 origines, la vermine, la grêle et la mort des premiers nés. Puis il cita:

Exode 8/14-15: "Les devins essayèrent à leur tour, par leurs enchantements, de faire disparaître la vermine, mais ils ne purent: la vermine resta sur les hommes et sur le bétail. Les devins dirent à Pharaon: "Le doigt de Dieu est là!" Mais le cœur de Pharaon persista et il ne les écouta point, ainsi que l'avait dit l'Éternel"

On parle ici du "doigt" de D., alors qu'on parle ailleurs de la "main" de D. avec ses 5 doigts qui décime le bétail des champs. En fait, 5 sortes de bétail sont mortes, les chevaux, ânes, chameaux, chèvres et moutons, chacune avec un doigt, et l'ensemble par la "main de D."- Le troupeau mourut soudainement sans cause visible. Comme les Egyptiens ne se repentaient pas, la vermine (déber, d/b/r) se transforma en grêle (barad, b/r/d) qui tua tous ceux qui avaient survécu. La différence c'est que la vermine agissait en silence, alors que la grêle tombait et tuait avec fureur et violence. Mais tout le troupeau a été détruit par les 5 doigts.

(Zohar II/31a-b)

 

Exode 25/3-4-5: " Et voici l'offrande que vous recevrez d'eux: or, argent et cuivre; étoffes d'azur, de pourpre, d'écarlate, de fin lin et de poil de chèvre; peaux de bélier teintes en rouge, peaux de tah'ash et bois de chittim (acacia)" -

 

A la prière avant l'entrée du Shabat, un Trône de Gloire est préparé pour le Roi. Et quand le shabat arrive, la Shékhinah (Présence divine) est en parfaite union avec le Roi, séparée de l'Autre Côté et de toutes les Puissances du Jugement et de la Rigueur… Et quiconque ici bas émet un jugement provoque dans les hautes sphères des vibrations de rigueur et de catastrophe, dérangeant le saint trône qui ne peut plus se parer de la couronne de sainteté. Alors les forces du Jugement qui étaient cachées dans l'abysse des profondeurs de la mer se lèvent et reviennent dans leurs demeures célestes, revenant avec violence et furie. Ainsi la Shékhinah dépend de nos velléités, toute vibration d'en haut étant le reflet de celle qui est émise ici bas par Israël. Nos prières doivent apporter le repos et la paix en Haut pour que les bénédictions et l'amour puissent s'éveiller haut et bas.

 

Exode 35/5: "Prélevez sur vos biens une offrande pour l'Éternel; que tout homme de bonne volonté l'apporte, ce tribut du Seigneur: de l'or, de l'argent et du cuivre"

 

Rabbi Yéhoudah commenta le verset d'Isaïe 58/7: " puis encore, de partager ton pain avec l'affamé (hallo, paross laraé'v lah'mekha), de recueillir dans ta maison les malheureux sans asile; quand tu vois un homme nu, de le couvrir, de ne jamais te dérober à ceux qui sont comme ta propre chair"- Heureux est celui qui rencontre un pauvre, car le pauvre est un présent que D. lui envoie, présent qu'il doit recevoir avec réjouissance. Car quiconque a de la compassion pour un pauvre et qui réconforte son âme, c'est comme s'il créait une âme nouvelle. Abraham avait de la compassion pour tous les êtres humains et D. considérait qu'il avait créé leur âme, comme il est dit dans Genèse 12/5: " Abram prit Saraï son épouse, Loth fils de son frère, et tous les biens et les gens (âmes, néfesh) qu'ils avaient acquis à Haran (a'ssou béh'aran). Ils partirent pour se rendre dans le pays de Canaan, et ils arrivèrent dans ce pays"-

En fait "partager ton pain" (lifross léh'em) en morceaux au pauvre est le meilleur moyen pour qu'il ne se sente pas humilié et qu'il ne sente pas de la réticence – car il ne faut pas donner le pain entier, ce qui serait un geste méprisant, d'autant plus qu'il risque d'être accompagné d'un certain regret d'avoir tout donné.

"Ton pain", c'est-à-dire celui qui t'appartient, un bien acquis légitimement, et non par le vol, le viol ou la violence. Car dans ce cas il n'y a aucun mérite, et malheur à celui qui procède ainsi, car il est dans un grand péché.

(Zohar II/198a)

 

Lévitique 23/24: "Parle ainsi aux enfants d'Israël: au septième mois, le premier jour du mois, aura lieu pour vous un repos solennel; commémoration par une fanfare (téroua'h), convocation sainte"

 

Rabbi Yitsh'aq discourt sur le verset de Josué 24/2-3-4: "Et Josué dit à tout le peuple: "Ainsi a parlé l'Eternel, Dieu d’Israël: "Vos ancêtres habitaient jadis au-delà du Fleuve, jusqu’à Térah', père d’Abraham et de Nahor, et ils servaient des dieux étrangers. Je pris votre père, Abraham, des bords du Fleuve, le fis voyager par tout le pays de Canaan, lui donnai une nombreuse postérité, et le rendis père d’Isaac. A Isaac je donnai Jacob et Esaü; j’attribuai à Esaü la montagne de Séïr pour sa possession, Jacob et ses enfants descendirent en Egypte."-

Pourquoi D. leur parle ainsi alors que Josué et les Hébreux qui sont avec lui connaissaient bien leur histoire ? Ils savaient bien qu'Abraham avait traversé le fleuve et avait eu –quoique tardivement – une progéniture. En fait ce texte insiste sur la traversée d'Abraham, par opposition à Isaac qui se sentait, lui, lié au Fleuve. Bien que le Fleuve ne corresponde pas au Jugement, puisqu'il charrie de l'eau bénéfique, il peut parfois déborder et causer des ravages. On sait qu'Isaac est du côté de la Rigueur et que son comportement avec ses 2 fils a entraîné le Jugement en haut comme en bas. Psaume 81/4: "Sonnez le Shofar à la nouvelle lune, au jour fixé pour notre solennité"- Heureux le peuple d'Israël qui sait remplacer le trône du jugement par celui de la miséricorde. Comment ? En sonnant du Shofar (corne de bélier).

Etudiant avec Rabbi Shiméo'n, Rabbi Abba lui dit: je cherche depuis longtemps à comprendre le sens de la sonnerie du shofar, et je n'ai jamais eu une explication qui me satisfasse. Rabbi Shiméo'n lui a répondu: si en ce jour précis on doit sonner du shofar et pas un autre jour, c'est que nous connaissons le sens de la corne et nous ne voulons pas réveiller le Jugement. Nos prières et nos actions éveillent des puissances secrètes. Le son du Shofar éveille le Jugement.

Cet appel au cœur et à l'esprit des hommes les amène à faire pénitence et à se repentir de leurs péchés. Alors le son du Shofar varie en tonalité et les sphères d'en Haut renoncent au Jugement. La sonnerie du Shofar a diverses tonalités:

- Dans une première série de 3 sons, le 1er monte très haut pour atteindre Abraham afin qu'il se prépare pour le trône, à la demande du Roi et de la Shékhinah (Père et Mère).

Le 2ème son puissant et haché doit venir à bout de la colère et de tous les châtiments sur son chemin vers Isaac. Alors Isaac se réveille et observe Abraham lorsqu'il prépare le trône. La sévérité d'Isaac est elle-même atténuée.

Celui qui souffle du Shofar doit bien se concentrer pour que le son qui monte puisse accomplir sa mission de casser les sévères Jugements.

Le 3ème son s'élève pour atteindre Jacob qui se réveille et, avec Abraham, ils s'emparent fermement d'Isaac de chaque côté, pour éviter que sa violence n'éclate.

- Lors de la série suivante, une sonnerie s'élève et s'empare d'Abraham et l'entraîne vers le bas, là où la dureté d'Isaac réside encore. Puis une faible sonnerie hachée s'approche des patriarches et la 3ème forme une couronne autour de la tête de Jacob et l'entraîne vers le bas, là où se trouvent encore les forces du Jugement. Avec la 1ère elle les entoure, Abraham d'un côté, Jacob de l'autre, et alors ces forces s'atténuent.

- A la 3ème et dernière série, les patriarches reviennent à leur place entourant toujours Isaac pour le fixer afin qu'il ne s'adonne pas à son tempérament violent (1).

 

Toutes les punitions prévues pour les hommes sont suspendues et la miséricorde se réveille. C'est le but des 3 sonneries qui sont accompagnées du repentir des hommes devant D.

(Zohar III/100a)

 

Lévitique 23/27: "Mais au dixième jour de ce septième mois, qui est le jour des Expiations, il y aura pour vous convocation sainte: vous mortifierez vos personnes, vous offrirez un sacrifice à l'Éternel,"

 

Psaume 32/1: "De David. Maskil. Heureux celui dont les fautes sont remises, dont les péchés sont couverts [par le pardon]!"-

Rabbi Hiya cita ce verset en posant la question "qu'entend-on par Maskil ?" Les eaux qui donnent la sagesse la donnent à ceux qui prennent au sérieux le pardon et par conséquent la totale liberté.

Celui qui commet un péché devant D., caché des autres hommes, doit le confesser à D. S'il commet ce péché une fois, puis 2, puis 3, sans se repentir, ses péchés sont alors publiés en haut comme en bas. Alors que celui qui vit dans la voie de D. et qui commet un péché, "son péché est couvert".

Rabbi Abba lui répond: tout ceci est correct mais tu n'es pas parvenu à la racine du sujet. Il y a 2 enseignements abstrus. L'un d'eux dit que les bonnes actions d'un homme dans ce monde lui taillent un vêtement pour se couvrir. S'il lui arrive de commettre des péchés et si D. considère que ses mauvaises actions dépassent les bonnes et qu'il est assez pervers pour regretter les bonnes actions faites au début, il est perdu dans les 2 mondes. Et les bonnes actions faites au début, que deviennent-elles, car on sait qu'elles ne périssent pas, alors que le pécheur, lui, périt ? Ces bonnes actions servent à compléter le vêtement d'un Juste qui a vécu dans la voie de D. et qui est mort avant d'avoir terminé l'habit qui doit l'envelopper dans le monde à venir. Ceci est mentionné dans Job 27/17: "il pourra les entasser, mais c'est le juste qui les endossera, c'est l'homme de bien qui se partagera son argent"- Ainsi l'expression "son péché est couvert" signifie "couvert des péchés du méchant".

Une autre leçon est que le péché d'un Juste est caché dans les "profondeurs de la mer", comme quelqu'un qui se noie et qu'on ne retrouve plus. Que signifient "les profondeurs de la mer"? Rabbi Shiméo'n explique que c'est un profond mystère. Tous ceux qui viennent de l'Autre Côté, du côté de la violence, liés aux espèces du Mal, les couronnes inférieures, celles d'Azazel, sont appelés "profondeurs ou mzoulot" de la mer, -- le jour du Grand Pardon -- comme si la mer se clarifiait de ses impuretés, à l'image des scories qui se dépouillent quand on purifie l'argent par le feu. On jette ainsi en ce jour les péchés dans la mer (péché =hithah, échec) tous les péchés provoqués par la mauvaise pulsion, répugnants et dégoutants, pour purifier corps et âme.

(Zohar III/101a-b)

 

Note

(1) La violence d'Isaac n'est pas apparente. S'il représente la rigueur, bien qu'il soit un patriarche un peu effacé dans la Torah, malvoyant, c'est parce que les courts passages qui le concernent sont entourés de violence:

- les anges venus annoncer la grossesse de Sarah à 90 ans se dirigent vers Sodome pour la détruire; ils sont eux-mêmes menacés de sodomie…

- l'épisode de la méprise d'Abimelekh qui veut enlever Sarah pour la violer

- railleries d'Ismaël à l'égard de Sarah et renvoi de la servante Agar avec son fils dans le désert

- ligature d'Isaac, prêt au sacrifice suprême, et mort conséquente de Sarah

- union d'Isaac avec Rébecca dans les conditions d'un "mariage arrangé", lui qui adorait plutôt sa mère; puis aussitôt mariage de son père avec Kétoura, une étrangère.

- nouvel épisode d'une méprise d'Abimelekh qui veut enlever Rébecca à Gherar, puis creusement de puits dont les noms "E'sseq" (contestation) et "sitna"(hostilité) sont assez évocateurs

- attirance d'Isaac vers son aîné E'ssav, homme des bois, dur et sauvage

 

Par ailleurs, la mort d'Isaac est mentionnée en un seul verset Genèse 35/29: "Il défaillit et mourut, et rejoignit ses pères, âgé et rassasié de jours – 180 ans--. Esaü et Jacob ses fils l'ensevelirent."

La valeur guématrique de Yitsh'aq est 208 équivalent "harag", assassin, meurtrier et "arbeh", fléau de la dévatation (sauterelles)

Albert Soued

le 3 octobre 2010

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