L'outil informatique et les sourds


On peut considérer que c’est une technologie performante et d’une grande efficacité pour les sourds.
En effet, passé le cap de la découverte et de la formation face à cet outil, il s’avère être une grande source d’aide et d’informations pour les sourds.
De plus, il peut offrir l’accès à des moyens complémentaires tels que le C.D - ROM ou internet. Les personnes sourdes, qui peuvent démontrer que l’outil informatique peut leur être utile pour communiquer, comme dans le cadre du travail par exemple, peuvent obtenir une subvention de l’AGEFIPH pour en acquérir un . Le concept, lui - même de l’informatique est suffisamment accessible aux sourds puisque l’ouïe n’y est pas indispensable. Même quand il arrive que l’ordinateur < pousse des cris > d’alerte par des signaux sonores ,désormais tous les P.C sont capables de transformer ces signaux par des textes écrits sur l’écran.
Les sourds peuvent donc utiliser l’outil informatique pour écrire (avec tous les traitements de textes) et pour apprendre et s’informer (CD - ROMS et internet).

I - Les traitements de textes
Ils sont équipés de correcteurs orthographique et grammaticaux. De ce fait et avec un peu d’expérience , les sourds peuvent améliorer leur qualité d’expression écrite.

II - Les CD - ROMS
Ce sont donc des disques compacts sur lesquels sont gravés d’innombrables informations . Les encyclopédies sur support papier tiennent aujourd’hui sur un seul disque et peuvent être consultées de manière interactive et très vivante. C’est un des moyens pour les sourds qui ont acquis la lecture de faire des recherche ,mêmes basiques, d’apprendre et même de se distraire, tant l’accès y est facile et la consultation attrayante.

Par ailleurs ,il existe des sociétés spécialisées, qui s’emploient à créer et développer des technologies pour handicapés, par exemple :

· Disnet-Step
est un institut de formation et de développement qui a conçu pour les sourds un CD-ROM pour l’apprentissage à distance .

· L’association ARIS
à Paris a réalisé DICO SIGNE, un dictionnaire informatique de langue des signes évolutif.

· Alexandre BONNUCI
,universitaire ,a mis en route un projet de réalisation d’un CD- ROM multimédia d’apprentissage .Ce dernier prépare une thèse sur la L.S.F à l’Université LYON 2.

· Le groupe Thomson
a lui aussi une action en faveur des nouvelles technologies de communication pour les handicapés : CAP-HANDI . C’est un programme mis en place dans le cadre de la loi de 1996 sur l’insertion professionnelle.

Ce programme a été réalisé en collaboration avec :
- l’AGEFIPH ,qui participe à la sélection de ses programmes ainsi qu’à leur financement .

- les différentes associations de personnes handicapées qui aident à définir les besoins et à évaluer les performances fonctionnelles des prototypes.


La question est : Comment peut-on utiliser les technologies du groupe Thomson pour aider les handicapés ?
Au cours du premier programme CAP-HANDI ,qui a été lancé début 1993,ont été entamées des recherches sur plusieurs secteurs d’activités :

- Le premier touche au problème de la communication avec les infirmes moteurs cérébraux.
- Le deuxième ,le troisième et le quatrième sur le handicap auditif.

Concernant les sourds un projet de dictionnaire de la langue des signes a donné lieu au développement d’un compact disque interactif qui est une méthode d’apprentissage de la langue des signes et un dictionnaire de la langue des signes (donc deux CD-ROMS). Le vocabulaire est celui de la vie quotidienne et professionnelle. Il est présenté sous forme de 1800 séquences vidéo. C’est pour le moment le produit le plus avancé de leur programme, parce qu’il a donné lieu à un matériel, à un produit qu’on peut regarder sur une télévision grâce à un lecteur de compact disque interactif. Il a été réalisé avec la participation de l’AGEFIPH, d ’ANPEDA, d’ IVT et d’ALPC. Reste un point sombre qui est le prix auquel il est proposé .


I.B.M a aussi signé un accord d ‘entreprise en 1987 pour la recherche en matière de nouvelles technologies de communication. Il s’est spécialisé dans la recherche de logiciels pour aider les handicapés.
Un logiciel de rééducation de la parole et de la voix pour personnes sourdes ou d’autres problèmes liés à la voix ou à la parole a donc été mis au point. Ce logiciel s’appelle Speechviewer. Il est utilisé par des thérapeutes ,c’est - à - dire des orthophonistes et toutes les personnes gravitant dans ce monde.

III- Les Logiciels
- DACTYL 3.0
Créé par ARIS est un logiciel d’apprentissage de la dactylologie sur ordinateur vendu à un prix public de 200 francs.


- ALLAO
(Apprentissage de la lecture labiale assistée par ordinateur), associé à un lecteur de vidéodisque, ce logiciel facilite l’apprentissage et le rééducation. C’est un professeur infatigable et patient....

- SPEECHVIEWER
Conçu par IBM, ce logiciel visualise des phonèmes et assiste l’apprentissage de la parole. Les enfants apprécient son aspect ludique. Par exemple, lorsque l’enfant émet un son juste, il provoque le déplacement d’un train, le saut d’un singe, la sortie d’un labyrinthe etc.


-LEXICA
est un projet dit < multimédia > d’ANPEDA qui groupe la parole, le L.P.C et la L.S.F, le tout sous une forma très imagée. ANPEDA, était présente mais restait vigilante au développement de ces techniques qui doivent rester des facteurs d’aide à l’insertion.

IV - Internet

Pour ceux qui peuvent s’autoriser un investissement supplémentaire, l’achat d’un appareil spécifique appelé <modem > ainsi que l’abonnement à un fournisseur d’accès, s’ouvrent à un monde inconnu et à une mine d’or insoupçonnable d’informations : Internet.
Moyen de communication révolutionnaire qui n’a pas fini de faire parler de lui. En effet, il est la porte ouverte vers le monde pour des personnes isolées ou qui ont besoin d’apprendre, de rechercher et surtout de communiquer.
Subsiste cependant un paradoxe puisque cette technologie, qui peut vite se montrer indispensable pour ceux qui y prennent goût, ne reste qu’une machine derrière laquelle on se retranche. On pourrait donc débattre de la véritable valeur de la communication dans ces circonstances .


Pour simplifier l’explication du fonctionnement de cet outil, nous nous attacherons à ne décrire que les avantages évidents pour les sourds . Tout d’abord, grâce à un système de < moteur de recherches > (il en existe plusieurs),en tapant un mot clef, on peut accéder à toutes les informations disponibles sur le sujet et en provenance de divers pays . Par exemple, en tapant le mot clef < sourd >, on peut accéder à plus de 200 documents, immédiatement disponibles sur le moteur de recherches en question, qui contiennent soit le mot < sourd > ou qui traitent de la surdité directement .

Il existe ,par ailleurs, des sites spécialement dédiés aux sourds .En voici un échantillon pour avoir un ordre d’idée :

-DEAF WORLD WIDE : http ://deafworldweb.org/dww/
Il est le principal réseau de publication et le site central d’Internet en ce qui concerne les informations traitant de la surdité et de tous les sujets allant de la culture sourde jusqu'à toutes les références mondiales. Il leur offre aussi la possibilité de discuter en direct avec d’autres sourds grâce à l’I.R.C.

-Gallaudet University :
On y découvre, bien-sûr, l’université à proprement dit, mais aussi :
- l’histoire de la culture sourde américaine
- les perspectives des sourds
- les archives de l’université
- des bibliographies
- les recherches en langues des signes, entre autres

- Université Lyon 2
- On y découvre une page personnelle (HOME PAGE) d’Alexandre BONUCCI qui décrit ses travaux de recherches, ses réalisations et publications.
Il a, entre autres, mis au point :
- un dictionnaire virtuel de la langue des signes sur internet: DATASIGN.
- une base donnée d’alphabets dactylologiques de langues signées (Suédois, Russe, Français, Italien, Américain..... ) sur internet : ALPHABASE.
- AYMARA ,qui est une police de caractère contenant l’alphabet dactylologique de la L.S.F.
- CYBERSIGN ,première base de données multilingue de signes sur internet. Ce projet est en collaboration avec l’université du Nouveau Mexique et de Washington.

- Des listes d’associations des sourds:
Au Québec, elles sont à priori très nombreuses car on en dénombre au moins 50 répertoriées et presque toutes détaillées sur internet .
- En Belgique, on trouve par exemple :
- la Fédération Francophone des sourds de Belgique (FFSB).
- Le service d’interprétation des sourds de Wallonie (SISW).
- En France, on trouve ANPEDA (qui n’existe plus mais le site n’est pas actualisé à la date de la rédaction de cet exposé), IRIS ,S.I.L.S (Service d’interprètes en Langue des signes) etc....

On peut, cependant, constater que les associations les plus décrites virtuellement sont québécoises et elles donnent une impression de grande sensibilisation quant à la question de la culture sourde.

- Des rapports médicaux
Tels que ceux écrits par :
- le médecin belge Benoît Drion. Il a ,entre autres, rédigé des rapports concernant la relation sourd / médecin.
- Julien Plamondon, sur la maladie de Ménière. On trouve aussi des informations concernant les prothèses auditives et les implants cochléaires.

1 - La messagerie électronique (ou E-MAIL) :
Elle permet un échange de messages textuels, de sons et images entre deux ou plusieurs personnes connectées à internet. Chaque utilisateur dispose d’une boîte aux lettres et d’une adresse électronique personnelle. La messagerie électronique est un moyen plus rapide que La Poste pour envoyer des lettres qui mettent plusieurs jours pour atteindre le destinataire, et plus simple que le téléphone qui est inutilisable pour les sourds. Le temps pris par un message électronique pour arriver à destination peut varier de quelques secondes à une journée pour un coût négligeable.

2- Les Usenet- NEWS (ou forums de discussions):
Ils forment un monde unique et sont à l’origine de communautés virtuelles de la culture cybernétique. Elles consistent en un ensemble de groupes de discussions thématiques Il permet d’échanger des idées , des expériences ,des conseils ou des points de vue en abolissant les barrières hiérarchiques (car tout le mode se tutoie dès le premier contact), géographiques (si le groupe est à diffusion mondiale, l’article écrit par l’utilisateur sera visible dans tous les sites mondiaux), temporelles etc.. Usenet génère un nouveau type de relation entre des personnes qui ne conversent à un instant donné que parce qu’elles ont un intérêt commun. On compte plus de 20 000 groupes de discussions traitant de sujets les plus divers.

3- L’ I.R.C: internet relay chat (ou dialogue interactif )
C’est un moyen très convivial de converser par écrit en simultané, sans délai avec son interlocuteur .Pour deux sourds, ce système peut vite ressembler à une conversation téléphonique .La seule contrainte est qu’il faille être connecté en même temps pour que la personne < appelée > puisse répondre.

Ilest possible par ailleurs de me retrouver sur un canal de Mirc( #deaf) ainsi que d'autres sourds le soir.

4 - Un langage codé et universel ?
Toutes ces nouvelles méthodes de communication ont fait naître un système d’écriture codé sur internet, commun à tous les utilisateurs initiés. En effet, en quelques passages dans les forums de discussions ou dans les dialogues en I.R.C, on observe vite l’utilisation spontanée de petits signes, que l’on appelle SMILEYS. Au départ, leur objectif était d’indiquer une émotion : les utilisateurs ajoutaient ces signes pour préciser sur quel ton ils disaient les choses. Certains smileys sont utiles pour dire vite des choses qui prendraient plusieurs mots écrits et d’autres ne servent qu’à faire sourire l’interlocuteur. Par exemple :
:) le smiley est content.
:’- ( le smiley pleure.
: - D le smiley rit de son interlocuteur.
: - o le smiley est surpris.
: - {} le smiley a mis du rouge à lèvre
: -p le smiley tire la langue.
< : - ) le smiley est un âne.
: - 7 le smiley est désabusé.

On peut constater l’usage très répandu de ces smileys qui parfois mis côte à côte peuvent illustrer toute une idée . Par ailleurs ,dans les discussions de l’I.R.C et des News, on remarque également l’usage d’un français très peu soutenu ,voire même très < abimé >, dans la mesure où les utilisateurs écrivent souvent presque phonétiquement, ce qui rappelle d’autant plus la similitude d’une conversation orale.

L’accès à l’informatique personnelle dite < multimédia > pose problème car, par exemple, certains jeux sont incompréhensibles sans le son. Pour ceux qui entendent encore assez, des améliorations appréciables de la qualité et du volume sonore sont obtenue avec des amplificateurs et haut - parleurs spécialement conçus pour les ordinateurs personnels.
Les ordinateurs personnels sont maintenant relativement répandus dans les foyers. Il est possible d’y intégrer des fonctions messageries et de télécopies, via un modem et un logiciel approprié. Toutefois, il n’existe pas de logiciel qui permette les fonctions de dialogue direct entre un Minitel et un micro - ordinateur. Il est donc obligatoire d’utiliser le 3618
Récemment, sont apparus des logiciels de vidéocommunications entre ordinateurs : le visage de l’interlocuteur apparaît à l’écran (les interlocuteurs sont filmés par une petite caméra associée au moniteur) et il est possible d’ouvrir une < fenêtre > de traitement de texte qui permet d’écrire . Si cette nouvelle technologie de communication se développaient, elle pourrait permettre des conversations en langue des signes et ,peut - être , de pratiquer la lecture labiale.
Selon l’équipe de la mission Télécommunications et Handicap, une étude européenne sur les applications multimédias (Internet) dans le domaine professionnel pour des personnes sourdes ou malentendantes a été réalisée. Un certain nombre de recommandations ont été faîtes et devront être prises en compte dans les développements futurs.


5 - Cependant, il y a trois difficultés majeures pour Internet :
1) D’une part ,c’est d’y accéder quand on est en France ,parce que on ne peut y accéder quasiment que le matin dans de bonnes conditions.
2) D’autre part, cela reste quand même un réseau prioritairement employé dans les entreprises, puisque les personnes sont de manière individuelle encore peu équipées en France.
3) Aussi, le net aux Etats-Unis est essentiellement employé sous forme de messageries, c’est l’E-mail qui fonctionne le plus et non pas l’accès aux sites , qui intéresse souvent peu de personnes. Or, en France, un produit formidable avait été développé antérieurement qui était le Minitel. Si bien, qu’on a pas encore cette culture de dialoguer par l’Internet en France, quand on est handicapé, notamment .

Ce sont peut-être trois barrières qui font qu’internet n’est pas encore un outil tout à fait démocratisé pour accéder à l’information pour les personnes handicapées.
Peut-être faut il également émettre quelques réserves par rapport à l’accès aux sites qui pour le moment est gratuit .Des rumeurs circulent et disent que ce ne sera peut-être pas pour longtemps. Une politique de tarification est à l’étude, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe et malheureusement le coût d’accès au site d’information sur Internet risque de rattraper fortement le coût d’accès à l’information de la télématique (3615 AFP :2,23 francs la minute) en France en tout cas .

Une différence subsiste toutefois entre le Minitel et Internet : Avec Internet ,les réceptions d’informations peuvent tout de suite être imprimées , ce qui n’est pas le cas pour le Minitel. Les informations peuvent être également renvoyées sur un autre mail .

Il s’opère donc une véritable révolution culturelle et commerciale dans le monde des handicaps, par des nouvelles technologies .Par exemple, dans le monde de l’audiovisuel, comment des produits sont encore vendus très chers sur le marché alors qu’ils peuvent être téléchargés gratuitement sur internet ? Le cloisonnement des marchés est tel qu’il est va exploser parce qu’il suffit que quelque chose existe dans un autre pays et que quelqu’un décide de le partager.

La deuxième révolution culturelle est basée sur l’information. Auparavant ,il était frappant de constater que les associations se considéraient comme riches des informations qu’elles détenaient , et n’acceptaient de les divulguer que sous réserve que la personne adhère à l’association ou souscrive un abonnement . Quand le service télématique ,avec Handitel, a été crée ,les associations n’ont pas vu cela d’un très bon œil, pensant qu’il arrivait sur un secteur concurrentiel, alors qu’en fait cela n’était fait que pour ouvrir l’accès à l’information des handicapés. Internet, c’est le partage de l’information et la règle du jeu c’est d’apporter un maximum d’informations, et donc les associations doivent apprendre à fonctionner autrement .

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