Les Registres Fossiles

Alain Feuerbacher


Le livre  Création consacre ses chapitres 4-7 à l'examen des registres fossiles. Nous allons donc montrer comment ces chapitres, aussi bien que d'autres publications de la Watchtower, n'offrent pas au lecteur une image complète de ce qu'a été trouvée dans les registres fossiles. A l'appui de cela, de vastes exemples spécifiques seront employés pour présenter une image juste de ce que les publications techniques sur le sujet présentent. Cela sera nécessaire car : (1) la plupart des personnes n'ont pas la formation nécessaire, (2) le plus grand nombre ne prend pas le temps d’aller chercher par eux-même dans les références techniques et (3) les publications de la Watchtower ne contiennent jamais les données nécessaires à la compréhension du problème.

Les  enregistrements fossiles indiquent une longue histoire de vaste changements dans les formes de vie apparues sur notre terre. Voici des exemples de déclarations typiques faites par des géologues sur ces changements :

[Il y a un ] une énorme quantité de preuves qui soutiennent la notion générale de l'évolution : le fait que les êtres vivants sur  terre étaient différents dans le passé et que au fur et à mesure que le temps s’est écoulé jusqu’à maintenant, les différentes sortes d'animaux et de plantes se sont développés jusqu’à ce que nous voyons aujourd’hui. [35]

Notre connaissance de l'évolution des plantes et des animaux est basée sur un ensemble factuel d'observations. Nous avons un grand nombre de faits (les fossiles) sur lesquels nous pouvons nous baser et ces fossiles nous donnent une image claire, complexe et cohérente de changements et de successions ordonnées parmi les êtres vivants jusqu'à présent. [36]

... les registres fossiles documentent non seulement l'évolution mais ... ce sont ces registres fossiles eux-mêmes qui ont forcés les scientifiques à abandonner leur idée sur la fixité d'espèce et là poser leur regard sur un mécanisme plausible de changement, un mécanisme d'évolution. Les registres fossiles démontrent non seulement l'évolution dans les détails, mais ils brisent toutes les affirmations des créationistes scientifiques concernant l'origine des organismes vivants... Les dents de poissons ne sont pas apparu avant 400 millions d'années avant notre ère, les plantes terrestres ne sont pas apparues avant 375 millions d'années, les animaux terrestres il y a 350 millions d'années, les insectes il y a 350 millions d'années, les mammifères il y a 150 millions d'années, les plantes à fleurs il y a 135 millions d'années, les mammifères primates il y a 25 millions d'années; et notre propre espèce, Homo sapiens, n'est apparu qu’il y a 2 à  4 millions d'années (selon la manière nous classifions les fossiles intermédiaires comme premier homme ou pas). [37]

Contrairement à ce que revendiquent les évolutionnistes, les articles ci-dessus ne prouvent pas que l'évolution s’est produite, nous voulons parler de l'évolution dans le sens d'une forme de vie graduellement changée en une autre. Mais cela montre indéniablement un changement énorme à travers les époques géologiques dans tous les types d'animaux qui ont existé. Par exemple, l’auteur de l’article mis en note pense que le changement est mieux expliqué par un acte créatif, bien que les données soient [37a] compatibles avec les deux théories. Le débat est vraiment placer sur les mécanismes qui produisent les changements, pas sur la réalité des changements en eux-mêmes.

Un des problèmes les plus difficiles pour les évolutionnistes est de trouver une explication raisonnable au phénomène qu'ils nomment "l'évolution convergente." L'évolution convergente se produit quand deux lignes distinctes de créatures développent des structures qui sont extérieurement semblables ou identiques pour ce qui est de la fonction. Par exemple, la forme des marsouins ressemble beaucoup à la forme des reptiles marins maintenant disparus appelés Ichthyosaur. Le loup tasmanien d'Australie est presque identique au véritable loup d'Eurasie et des Amériques, bien que l’un soit un marsupial et l'autre est un mammifère placentaire et que les deux se sont  séparés depuis plus de 60 millions d'années. [38] Il est difficile d’appréhender comment l'évolution, dirigée par des mutations aléatoires et des facteurs imprévisibles, a pu aboutir à des créatures si semblables.

Les plus vastes changements dans les formes de vie sont arrivés principalement pendant des épisodes d'extinction où, dans des intervalles relativement brefs dans le temps, des communautés entières d'animaux et de plantes ont disparu, pour être remplacé par de nouveaux ensembles. Comme le livre l'Extinction déclare : [39]

Les extinctions massives - les crises mondiales qui ont balayées à plusieurs reprises la plupart des espèces de vie animale sur terre - sont maintenant des principes de base de la géologie. Chaque grande crise a "rééquilibré" le système biologique mondial, au sens ou d’importants groupes d'organismes ont disparu, laissant la place à l'expansion  d'autres groupes.

L'extinction du Permien a anéanti, au moins 75 % de toute les espèces animales tant  sur terre que dans les océans. [40], [41] La dernière extinction du Crétacée a au moins éliminée 60% de toute les espèces animales, y compris tous les dinosaures. [42]

De plus petits épisodes d'extinction se sont produits entre les plus grand épisode. Par exemple l'Ère Mésozoïque, ce lui qu’on appelle l'Âge  des Dinosaures, en a eu deux. Ils ont été localisés à la fin du Trias et du Jurassique. Ces Périodes elles-mêmes ont aussi contenu des épisodes encore plus petits d'extinction. Pendant la Période du Crétacée, une extinction secondaire a coïncidé avec l’apparition des plantes à fleurs. [43]

Le magazine National Geographic  contient un diagramme très clair décrivant le plan général des extinctions de la Période du Cambrien jusqu’à nos jours. [44]

Les extinctions massives ont un certain nombre de particularités en commun. La vie animale terrestre et maritime a été frappée. La flore n'a pas été autant affectée  que la vie animale et les animaux tropicaux ont eu tendance à être le plus frappé. Certains groupes d'animaux ont été frappés d’extinction presque à chaque épisode. [45] Après une extinction un nouvel ensemble d'animaux remplace les anciens en une période de temps géologiquement courte. Juste avant une extinction le nombre des variétés d'animaux diminuait souvent . [46]

Il y a beaucoup de débat au sein de la communauté scientifique sur ce qui a causé  exactement  les extinctions, mais le fait que les extinctions soient arrivées est simplement une observation des registres fossiles et c'est un fait à tel point que certains schémas peuvent être dégagés de l’observation des extinctions. Les registres fossiles montrent que les formes de vie ont surgi soudainement, ont duré une longue période de temps avec pratiquement aucun changement et se sont ensuite éteintes. Souvent elles ont été remplacés par des animaux semblables d'espèce différente. Cette évidence, que les espèces reste fixe pendant de longues périodes et sont soudainement remplacées, a provoqué la naissance d’une théorie appelée « des équilibres ponctués » durant ces vingt dernières années. Les commentaires de Robert Bakker paléontologue  sur ses propres découvertes qui confirme cet ordre général, dans les strates de la Formation des zones de Corno Bluff et de Sheep Creek dans le Wyoming, sont notables : [47]

Le Brontosaure de Sheep Creek se trouve au musée de l'Université du Wyoming. C'est un squelette magnifique tiré des du lac  Limestone tout près de Morrison Beds. J'en ai examiné chaque centimètre carré pour rédiger  mes notes afin de le comparer avec le Brontosaure de Yale tiré  d'une carrière de Corno Bluff, et avec le Brontosaure du Musée d'Histoire naturelle de New-York découvert dans une couche intermédiaire d’une carrière de « Nine-Mile-Crossing ». Mes notes finales ont couverte l’étude des Brontosaures sur des centaines de milliers de générations, ayant vécu plusieurs changements environnementaux majeurs et plusieurs changements climatiques. Mes notes n’ont révélées aucun indice  de changement évolutif en continu. Le brontosaure n’a pas changé dans son adaptation pendant un million d'années.

Non seulement le Brontosaure reste dans une forme statique sur une très longue période de temps, mais quand il s’est mis à changé, il a semblé sauter d’un coup dans un jaillissement évolutif rapide... Mais dans le Colorado, dans des couches fixées un peu plus tardivement que celles du sommet de Como Bluff, des brontosaures  beaucoup plus grand ont été découverts... De longues époques sont passées sans changement, puis a suivi une apparition soudaine d'une nouvelle, et plus grande espèce.

Les Brontosaures n'étaient pas les seuls dinosaures de Como soutenant le concept des équilibres ponctués. Allosaurus, un prédateur de l’époque, est resté fixé à une taille adulte ...durant le laps de temps compris entre les strates les plus basses de Morrison Beds jusqu'au sommet des formations sur le site de Bluff. Mais dans le Colorado, dans les mêmes strates qui révèlent des brontosaures géants, nous trouvons aussi des allosaures ... Un autre brontosaure, Camarasaurus, semble avoir suivi le même schéma.

Bakker a tenu compte de la vitesse suivant laquelle les nouveaux animaux sont apparu dans les registres fossiles après les périodes d'extinction. Concernant l'apparition des dinosaures ornithorynque, il a déclaré : [48]

Le premier d'entre eux est apparu il y a quinze millions d'années avant la fin du Crétacé. Durant les dix millions d’années suivantes ils se sont étendus si rapidement que sept espèces distinctes peuvent être trouvés dans un petit affleurement de la formation de Judith River[au Montana et en Alberta]. Des types de dinosaures cornus [comme par exemple ceux de la famille des Triceratops] ont aussi témoigné d’une expansion si importante pendant cette même période qu’ils ont été  trouvés sous la forme de cinq ou six espèces dans cette formation. Leur taux d'expansion a été bien plus rapide que ceux mesurés pour les grandes familles de mammifères pendant l'Âge des Mammifères.

Concernant la théorie des équilibres ponctués le paléontologiste Roger Lewin a écrit : [49]

Quand il a écrit l'Origine des Espèce, Darwin a soutenu que les raisons pour lesquelles ' les formes intermédiaires était rare dans les registres fossiles venaient du caractère extrêmement incomplet des registres fossiles : De brefs instantanés séparés par de longs intervalles de temps. La théorie des équilibres ponctués, en niant que les registres sont incomplets, donne une autre interprétation : à savoir, que ces changements évolutifs sont concentrés sur des périodes de temps géologiquement brèves et sur de petites populations. Il y a donc peu d'occasion pour de telles populations d’être incorporé dans les registres. Autrement dit, les modèles observés  dans les registres – une espèce persistant dans une forme donnée, puis changeant brusquement sous une autre forme - est une réalité, pas une lacune des registres en eux mêmes.

Première Vie, Création et Évolution

Le chapitre 4 du livre Création a pour titre "la Vie peut-elle venir  par hasard ?" Je n'y passerai pas beaucoup de temps, parce que la plupart des arguments deviennent rapidement trop techniques.

À la page 38, les paragraphes 1 et 2 traitent  de la génération spontanée de la vie. Une paraphrase de ce qu'un lecteur pourrait penser après la lecture du  paragraphe 2  pourrait être : "les scientifiques du 17ème siècle croyaient en la génération spontanée de la vie. Louis Pasteur a prouvé que c’était faux au 19ème siècle. En ignorant cette démonstration , les scientifiques continuent à supposer que la génération spontanée de la vie s’est produite parce que cela est nécessaire pour la validité de la théorie de l’Evolution."

Qu'est-ce qui ne va pas dans ce paragraphe ? D'une part, les expériences que Pasteur a faites n'ont pas prouvées que la vie ne pouvait pas se produire spontanément. Il a seulement montré que la corruption des produits alimentaires et les infections dans les organismes vivants sont causés par l'invasion d'organismes microscopiques. Le deuxième problème rencontrée dans ce paragraphe, c’est qu’il suppose que la génération spontanée est nécessaire pour que l’évolution soit valide. C'est vrai pour certaines versions de cette théorie, mais d'autres, comme la version originale de Darwin, posent le postulat que la création de la première forme de vie n’est pas du ressort de cette théorie. Un troisième problème dans ce paragraphe 2 vient du fait qu’il parle de la génération spontanée de la vie comme elle était interprétée du 17ème au 19ème siècle et comme si celle dont on parle aujourd'hui en ce qui concerne l'évolution était la même. Ce n'est pas le cas. Le premier concept de la génération spontanée se référait à l’apparition  d'organismes vivants comme les larves sur une courte période de temps sans aucune source apparente. La génération spontanée appliqué à l'évolution se réfère à un processus qui est arrivé il y a des milliards d'années dans des circonstances spéciales au cours d'une période de temps extrêmement longue . Le terme "génération spontanée" s'applique aux deux situations, mais avec des implications entièrement différentes.

Les paragraphes 3 à 5 se rapportent aux spéculations de l'évolutionniste Richard Dawkins sur l'origine de la vie. Après avoir déclaré que "la soupe organique" est un modèle extrêmement improbable et que Dawkins admet cela, le paragraphe 5 à la page 39 déclare :

À ce point le lecteur peut commencer à comprendre le commentaire de Dawkins dans la préface de son livre : "Ce livre doit être lu comme si c'était de la science-fiction ."

Création essaye clairement de faire croire au lecteur que Dawkins 'sait' qu'il est peu réaliste et que ses arguments  sont inutiles en faveur de sa position évolutionniste. Mais Dawkins ne pense certainement pas  qu'il est peu réaliste,  la préface de son livre dit plutôt : [50]

Ce livre doit être lu  comme si c'était la science-fiction. Il est conçu pour faire appel à l'imagination. Mais ce n'est pas de la science-fiction : c'est de la science. "Plus étrange que la fiction" exprime exactement ce que  je pense de la réalité.

La Société Watchtower a  pris depuis longtemps la position que les  premières formes de vie sont apparues soudainement, au commencement de la période appelée "l’explosion du Cambrian ".

Cependant, la vie existe depuis bien plus longtemps que  - 600 millions d'années date du début de la Période du Cambrien. Nous examinerons donc la position de la Société sur ce point.

Le livre  Création, au Chapitre 5, et aux pages 59-63, à l’intertitre "la Vie est apparu soudainement," donnent à ses lecteurs la fausse impression, qu'aucun fossile de créatures multicellulaires n'a jamais été découvert d’avant la période du Cambrien et que le commencement de cette ère correspond au commencement du compte-rendu de la Genèse et de la création de vie. Il dissimule aussi le fait, que beaucoup de fossiles de plus de trois milliard d'années avant le Cambrien ont été trouvés. À la page 60 Création déclare:

Du commencement , existe-t-il une preuve qui démontre que des organismes unicellulaires se soient développés en des organismes multicellulaires? "Les registres fossiles ne contiennent aucune trace de ces étapes préliminaires dans le développement des organismes multicellulaires," déclare [Robert Jastrow]. Au lieu de cela, il témoigne que : "les registres des roches ne contiennent rien d'autres que des bactéries et des plantes unicellulaires jusqu'à, il y a environ un milliard d'années, après environ trois milliard d'années de progrès invisibles, une apparition majeure s’est produite. Les premières créatures multicellulaires sont apparues sur la terre ."

Noter que Jastrow dit clairement que les premières  créatures multicellulaires sont apparues sur la terre "après environ trois milliard d'années de progrès invisibles," pendant lesquels les bactéries et les plantes unicellulaires ont vécu. La vie unicellulaire est quand même de la vie. Jastrow ne déclare pas aussi que la vie multicellulaire est apparue au commencement de la Période du Cambrien, mais au lieu de cela mentionne une période "d’il y a environ un milliard d'années." Le Cambrien a commencé  il y a environ 600 millions d'années,  il y a ainsi une différence d'environ 400 millions d'années entre le temps dont Jastrow parle et le début de la Période du Cambrien. Mais l'auteur de Création pense que les deux périodes sont les mêmes, puisque immédiatement après le paragraphe ci-dessus il affirme :

Ainsi, au début de la période appelée Cambrien, les registres fossiles prennent une tournure spectaculaire encore non expliquée. Une grande variété de créatures maritimes entièrement développées et complexes, beaucoup composées de coquilles dures, apparaissent si soudainement que  cette période est souvent appelée "une explosion" des créatures vivantes.

Il est difficile de voir comment l'auteur de Création est parvenu à cette conclusion. De ce qui est arrivé au commencement "de l'explosion" des créatures à parties dures il est au fond assez embarrassé. Il y a tant d'informations disponibles sur la chronologie de l'histoire de la vie qu'il est clair que l'auteur de Création ne maîtrise  pas son sujet. S'il avait lu le paragraphe entier d’où  il a tiré sa première citation de Jastrow il aurait constaté que les fossiles consistent non seulement en restes d’animaux, mais aussi en traces qu'ils ont laissés. Après avoir  décrit le développement de la vie unicellulaire en la vie multicellulaire, Jastrow déclare : [51]

Les registres fossiles ne contiennent aucune trace de ces étapes préliminaires dans le développement des organismes multicellulaires. Les premiers indices de formes de vie relativement avancées consistent en quelques traces à peine perceptibles, vraisemblablement faites dans de la boue par les tortillements légers, d’animaux semblables  à des vers. Ceux-ci sont trouvés dans des roches d’environ un milliard d'années. Un peu plus tard, des habitats de vers bien définis apparaissent dans les registres. Ces maigres restes  sont les traces les plus anciennes de la vie animale multicellulaire sur la planète.

En outre, si l'auteur de  Création avait lu les paragraphes suivant immédiatement  celui dont il a tiré sa deuxième citation de Jastrow il aurait trouvé la chose suivante : [52]

Les registres fossiles contiennent les restes de ces créatures multicellulaires. Celles-ci étaient des animaux primitifs, à corps mou; néanmoins, c’était une grande avancée par rapport aux formes de vie composée d’une simple cellule comme la bactérie... Pendant la moitié suivante de ce milliard d'années, il s’est produit très  peu de choses; ou en tout cas, très peu qui se soit conservé dans les registres fossiles. Ensuite il y a 600 millions d'années, une autre grande avancée s’est produite. Les registres fossiles démontrent l’apparition sur terre des premières créatures à corps durs - des animaux avec des squelettes externes. Ceux-ci sont les ancêtres des mollusques, de l'étoile de mer, du homard et de l'insecte.

Ainsi  "l'explosion du Cambrien" se rapporte  à l’apparition dans les registres fossiles des animaux multicellulaires composés de parties dures. C'est un des épisodes de diversification de la vie qui se reproduira plusieurs fois dans le temps. Durant  le Pré-cambrien la vie était exclusivement composée de créatures à parties molles et donc il était peu probable qu’elles soient préservées dans les registres fossiles.

Ainsi il est clair que le livre  Création essaye de  faire croire que le début de la Période du Cambrien a vu le commencement de la vie complexe. L'auteur continue à être embarrassé par ce point à la page 61 :

Y a-t-il des  preuves fossiles d’une liaison entre cette explosion de la vie et la période qui l’a précédée ? A l’époque de Darwin ce genre de preuves n'existait pas. Il a admis ceci : "à la question de savoir pourquoi nous ne trouvons pas de dépôts  riches en fossiles appartenant aux périodes les plus reculées, celles d’avant la période du Cambrien, je ne peux donner aucune réponse satisfaisante." Aujourd'hui, la situation a-t-elle changé ? Le Paléontologiste Alfred S. Romer notant la célèbre déclaration de Darwin sur " la façon brusque par laquelle des groupes entiers de nouvelles espèces sont apparus soudainement" a écrit : " Avant  [la période du Cambrien], il y a d’énormes couches de sédiments dans lesquelles on espèrerait voir apparaître les ancêtres des formes du Cambrien. Mais nous ne les trouvons pas; ces dépôts plus anciens sont presque stériles de  traces de vie et on pourrait raisonnablement dire que l'image générale est compatible avec l'idée d’une création spéciale au commencement de l’époque du Cambrien. ' À la question pourquoi nous ne trouvons pas de dépôts  riches en fossiles appartenant aux périodes les plus reculées d’avant la période du Cambrien, ' comme a dit Darwin, ' je ne peux donner aucune réponse satisfaisante. ' Nous ne pouvons pas non plus aujourd'hui, "

L’article de Romer que cite le livre Création a été publiées en 1959. En 1989 Stéphane Jay Gould, concernant les première formes de vie, a déclaré [53]

Au cours de ces trente dernières années, une riche collection de fossiles précambriens a été trouvée... Les archives fossiles dont on dispose maintenant remontent jusqu’au première roches pouvant contenir des traces de vie ... les premiers restes morphologiques sont ... aussi vieux qu'ils peuvent l’être. Des stromatolites (sorte de tapis de sédiments amalgamé  par l’activité des bactéries et des algues bleues) et de véritables cellules ont été trouvé dans les plus vieux sédiments  non métamorphosés de la terre, datant de 3.5 à 3.6 milliards d'années en Afrique et en Australie... Les archives fossiles du Précambrien contiennent une faune d'animaux multicellulaires ayant précédé l'explosion du Cambrien, la faune d’Ediacara, ainsi nommée parce que découverte dans une localité d’Australie, est maintenant connue dans les roches du monde entier. Mais ces animaux ... sont à peine d’âge Précambrien. On les trouve exclusivement dans des roches datées  de l’époque précédant juste l'explosion, vers - 700 millions d'années et peut-être même moins... Les créatures d’Ediacara sont des animaux à corps mou et ils ne sont pas limités à quelque site géologique peu courant relevant des particularités de  l’environnement australien; ils représentent une faune d’extension mondiale.

Cette information était disponible dans beaucoup de publications scientifiques à l’époque où le livre Création a été publiée. Les paléontologistes continuent de publier de nouvelles découvertes sur la vie du Précambrien chaque année.

L’article de Romer était exact à l’époque où il a été écrit, mais est devenu périmé par la suite en raison des découvertes plus récentes. Une légende affirme que dans le milieu du dix-neuvième siècle, le physicien Lord  Kelvin avait calculé que le vol motorisé était impossible. Le livre Création ferait aussi bien en citant  Kelvin pour prouver l'impossibilité du voyage aérien qu’en citant Romer ou Darwin sur les découvertes du Précambrien dans les archives fossiles. Une bonne étude nécessite que soit employé la dernière information sur le  sujet.

L'American Scientific  a annoncé quelques découvertes très récentes sur les animaux d’Ediacaran : [54]

Nous savons maintenant que la rayonnement des espèces d’Ediacara a été  brusque et que l’étage géologique ù l’on a découvert les animaux fossiles est bien réel et précis.

L'article signale les évidences qui prouve que la vie unicellulaire a existé sur la terre pendant au moins 3.5 milliards d'années, que "l'explosion" de la vie animale est relativement récente (il y a environ  700 millions d'années) et  que "l'explosion" du Cambrien lui est toujours postérieure.

La section du livre Création commençant à la page 59, sous le sous-titre "la Vie est apparue soudainement," réussit à réfuter son propre point de vue. Le paragraphe 16 décrit comment la vie est apparu un jour durant le premier milliard d'années de l'histoire de la terre. Le paragraphe 17 fait le point sur le fait que la première forme de vie n'était pas si simple, que des cellules même "simples" sont déjà extrêmement compliquées comparées  à la matière inanimée. Le paragraphe 18 signale que cela s’est produit  trois milliard d'années avant que la vie multicellulaire ne soit apparue. Le paragraphe 19 décrit alors l'explosion de la vie complexe du Cambrien et cela dans la mer. Le paragraphe 20 dit il n'y a aucune liaison entre la vie du Cambrien et celle qui existait auparavant. Les paragraphes restants essayent alors de faire passer l’idée qu'il n'existait aucune vie Précambrienne! Il doit être  évident que s'il a fallu trois milliard d'années à la vie pour passer des formes unicellulaires ou formes multicellulaires,  il faut beaucoup d'imagination pour dire que la vie est apparue soudainement, ce qui est  pourtant le titre de cette section. Même en mettant de côté le fait de savoir si le titre de cette partie est vraie ou non, les arguments présentés sont contraire à ce qui est affirmé dans ce titre.

Les derniers paragraphes du Chapitre 5 du livre Création concluent que la théorie de l'évolution n'est pas soutenue par [54a] les registres fossiles et en grande partie, cela est sûrement vrai. Au lieu de cela, on peut peut-être considéré les registres fossiles comme soutenant la création ou l'évolution, selon nos suppositions de départ. Ce que ces derniers paragraphes ne réussissent pas à noter, c’est que les registres fossiles ne soutiennent pas la Genèse non plus, selon ce que nous avons présenté dans la section précédente de cet essai. Comme nous l’avons dit, le Chapitre 3 du livre  Création ne fournit aucun soutien au récit de la Genèse. Le livre création se trompe quand il pense que  démontrer que les registres fossiles sont inconséquent avec l'évolution prouve automatiquement le récit de la Genèse. Une citation de la page 62 démontre d’ailleurs que c'était l'intention de l'auteur :

"Le récit de la création de la Genèse et la théorie de l'évolution ne peuvent pas être concilié. L’un doit avoir raison et l'autre doit être faux ."

Il y a un certain nombre d'autres possibilités qui peuvent venir à l'esprit, un avis et pas des moindres pourrait être que personne, y compris ceux qui croient en la Genèse, n'a une idée précise sur ce qui s’est vraiment produit. Le simple fait que les principales parties  de la théorie de l'évolution aient  besoin d’une sérieuse  révision et pourrait même être abandonné, ne soutient pas pour autant les positions créationnistes. Françis Hitching, se demande  d’ailleurs: [55]

Pourquoi l'argument créationniste, évidemment plausible, peut éveiller des soupçons ? D'abord, parce qu'il tout à fait faux  de présenter le débat création  contre évolution comme si c’était les deux seules manières d’aborder le problème - comme si c’était deux côtés d’une même pièce de monnaie. Les explications actuelles sur l’évolution peuvent être scientifiquement embarrassantes ou insatisfaisantes, mais cela ne veut pas dire que l'évolution ne s'est pas produite. Les preuves fournies par chaque discipline scientifique qui ont rapportées successivement que la terre est vieille, fait partie d'un univers encore plus vieux et qui expliquent par l’évolution pourquoi nous avons tant de sortes différentes d'organismes. Les méthodes de datation radio métriques confirment l'antiquité de la Terre. La géologie montre comment il y a eu des époques différentes avec des formes de vie différentes qui ont vécus un temps et se sont éteintes. La génétique montre comment les êtres vivants sont proches des uns des autres et ont le pouvoir de se modifier.

Ces chercheurs acharnés 'ne prouvent pas' l'évolution (à proprement parler, la preuve peut être obtenue seulement par la logique et les mathématiques). Mais pris ensemble, venant  de tant de points de vue différents, cela forme une preuve accablante. Aussi, la façon dont le Darwinisme a été présenté, se trompant de différentes manières puis remplacé par le néo-darwinisme, qui  à son tour a dû être  démoli, démontre le caractère positif de la méthode scientifique. Les scientifiques peuvent s’accrocher à leurs théories, longtemps après que cela a été contredit  et même conspirer pour présenter leurs théories comme s'il n'y avait rien d'autre à présenter, l'histoire montre que au final, les faits s'accumulant, un changement de pensée devient inévitable.

Un autre auteur fait cette remarque : [56]

Les fondamentalistes qui présentent les arguments du  créationnisme "scientifique" en fait ne développent aucune théorie scientifique e. Leur approche , c’est d'attaquer les fondations de la théorie de l’évolution et leur raisonnement se base sur le fait que si la théorie de l’Evolution s'effondre, la création sera confirmé d'une façon ou d'une autre à sa place – bien sûr il n’est pas question du concept de la création en général, mais bien du récit particulier de la création comme il apparaît dans la Bible.

Un troisième auteur a écrit  à propos de la question "de la science créationniste" opposé à la création : [57]

Chandra Wickramasinghe et Fred Hoyle [57a] du Collège de l'Université de Cardiff, dans le Pays de galles, 

... ont conclu que le 10 ou 15 milliards d’années suggérées pour l’âge de l'univers ne donnent pas assez de temps pour  l'évolution pour fabriquer les codes génétiques comme on les trouve dans les cellules vivantes. Wickramasinghe a comparé la probabilité pour que la vie viennent de la matière inanimée à la probabilité qui permettrait à "une tornade d’assembler un Boeing 747." Ces auteurs ont donc soutenu que telles invraisemblances démontrent qu’il y a eu une création intentionnelle et intelligente des organismes vivants.

Jacques Monod et François Crick, tous les deux lauréats du prix Nobel, ont aussi soutenu que l'énorme complexité des cellules vivantes fait que se poser la question sur leur apparition à partir de la matière inanimée est simplement trop mince pour valoir la peine d’être considérer. Dans chaque cas, des scientifiques distingués ont l'idée que la vie a été créée par un être suprême  ou a été transportée d'un autre monde à celui-là...

... nous n'avons rien dans les registres fossiles qui nous montre que les pas évolutifs et chimiques sont en fait arrivés et la suggestion que la première cellule vivante puisse avoir été créée est entièrement approprié. Cependant, je ne suis pas d'accord avec la suggestion qu'un tel processus soit si improbable qu'il n'ait pas pu arriver. On me rappelle les calculs de Lord Kelvin démontrant l'impossibilité de vol motorisé et on me suggère  que peut-être nous réussirons à en apprendre un peu plus sur l'évolution du matériel génétique et chimique avant de définitivement parler d'impossibilité pour l'évolution de la première cellule vivante. Cependant, les spéculations comme celle-ci sont entièrement raisonnables (cependant beaucoup ne sont peut être pas d'accord avec les détails) et la science doit faire comprendre au grand public que la cause  première  de la vie sur cette planète n’est pas un fait établi, et n'est non plus lié au processus de l'évolution biologique.

Une déclaration semblable peut être faite sur l'origine de l'univers. Notre compréhension de l’astrophysique est trop primitive pour nous permettre de donner une réponse significative à la question de savoir pourquoi il y a un univers. Quelques scientifiques suggèrent même que "les choix" chanceux des constantes physiques des particules atomiques et sous atomiques qui rendent la vie possible impliquent le choix conscient de ces constantes par un créateur intelligent et puissant. C’en ait assez. Ce que nous savons de l'origine de la vie et de l'origine de l'univers, est certainement compatible avec l'existence d'un créateur. Nous serions assez bêtes d’affirmer que notre compréhension sur l’avancement du cosmos et sur le monde biologique  prouve la non-existence de Dieu. Pour ma part, comme pour beaucoup d'autres scientifiques, je ne vois aucun conflit entre mes croyances religieuses et le travail de scientifique. C'est une mise au point qui peut être fait à tous ceux qui apprennent et écrivent de la science...

Je suis quelque peu attristé par les preuves avancées par les personnes comme Wickramasinghe et Hoyle sur l'existence d'un créateur, parce que leur argument est basé sur quelque chose de si fin d’un point de vue empirique. Parce que nous ne pouvons pas expliquer comment la vie a pu survenir (cela semble trop improbable), il doit y avoir un créateur, ou donc ils se disputent. On aurait pu faire le même argument il y a 50 ans et soutenir que parce que nous ne pouvons pas trouver (ou imaginer même ) une base chimique pour l'hérédité, cela prouve qu'il y a un principe vital dans tous les êtres vivants compréhensible seulement pour notre créateur et qui est au-delà de notre compréhension de la chimie et de la physique. Aujourd'hui, particulièrement grâce à Monod et Crick, nous savons qu'il n'y a aucun  principe vital et nous comprenons beaucoup mieux  la nature chimique de l'hérédité. Si 30 nouvelles années de travail scientifique arrivent à démontrer que la question de l'évolution chimique de la matière est en fait possible, devrons-nous conclure à ce moment que Dieu n'existe pas ? Je pense que non. Nous devons donc être très prudents si nous prétendons que notre incapacité de comprendre ou imaginer un processus naturel prouve du coup la création ( ou l'existence de Dieu). Pourquoi ? Parce que dans  l'avenir pas si éloigné nous pourrons mieux comprendre tous les processus naturels et détruire la confusion qui, à amener Lord Kelvin à s’offrir un tour en Boeing 747.

Ainsi il y a d'autres points de vue valables dont le livre  Création ne tient pas compte. Comme exprimé ci-dessus, les registres fossiles sont cohérent dans un sens large  avec l'évolution ou la création. Cependant, les évidences présentées dans cet essai nous pousse à conclure que le récit de la création dans la Genèse est fortement improbable.


Notes en bas de la page

[35] Ashley Montagu, Science and Creationism, p. 55, Oxford University Press, New York, 1984.

[36] ibid, p. 57.

[37] ibid, p. 49.

[37a] A balanced view of what the fossil record contains and its relation to evolution and creation is presented in The Status of Evolution as a Scientific Theory, Robert C. Newman, et al, Interdisciplinary Biblical Research Institute, Hatfield, Pennsylvania, Research Report No. 37, 1990.

[38] Roger Lewin, Human Evolution: An Illustrated Introduction, Second Edition, p. 25, Blackwell Scientific Publications, Boston, 1989.

[39] Stephen M. Stanley, Extinction, p. ix, Scientific American Books, Inc., New York, 1987.

[40] ibid, p. 96.

[41] Rick Gore, "Extinctions," National Geographic Magazine, p. 684, Washington, D.C., June, 1989.

[42] ibid, p. 664.

[43] ibid, p. 689.

[44] ibid, pp. 669–671.

[45] Stanley, op cit, p. 17.

[46] Robert T. Bakker, The Dinosaur Heresies, pp. 406–424, 436–438, William Morrow and Company, Inc., New York, 1986.

[47] ibid, pp. 399–401.

[48] ibid, p. 404.

[49] Roger Lewin, op cit, p. 16, 1989.

[50] Richard Dawkins, The Selfish Gene, p. ix, 1976.

[51] Robert Jastrow, Red Giants and White Dwarfs, p. 249, Warner Books, Inc., New York, 1979.

[52] Robert Jastrow, The Enchanted Loom: Mind in the Universe, p. 23, Simon and Schuster, New York, 1981.

[53] Stephen Jay Gould, Wonderful Life, pp. 56-58, W. W. Norton & Company, New York, 1989.

[54] Andrew H. Knoll, "End of the Proterozoic Eon," Scientific American, pp. 64-73, New York, October, 1991.

[54a] Paragraph 38 quotes "zoologist [Harold G.] Coffin" to say that the fossil record supports creation, not evolution. Coffin is a six-literal-day creationist. His words are quoted from the magazine Liberty, published by the Seventh-Day Adventist Church. A warning flag that a reader should beware of Coffin’s credentials as a zoologist is his statement beginning with "To secular scientists. . ." This is most curious, to see Jehovah’s Witnesses quoting Seventh-Day Adventists on creation. The Society would never think of quoting them on strictly religious issues, and their insistence that the six creative days of Genesis were literal twenty four hour days would seem to disqualify them as a source reference on creation. The Society says the contention is unscriptural, in the July 22, 1987 Awake!, on page 13. As to the Society’s devotion to truth, it is inexcusable that the Creation book quotes a six-literal-day creationist without telling its readers. Coffin is quoted elsewhere in the Creation book as a zoologist, with no mention that he is also a six-literal-day creationist. 

Concerning Harold Coffin, Science and Creationism, (Montagu, op cit, pp. 292-293) said that he is a member of the Creation Research Society (CRS) of Ann Arbor, Michigan. He was called as a defense witness for the 1982 Arkansas law requiring "equal time" for the teaching of evolution and creation in schools: "Five of the State’s witnesses defending Arkansas’s Act 590 are members of CRS. The impossibility of such scientists conducting research objectively, rather than searching out data that support their biblically oriented hypothesis, was brought out when counsel Ennis cross-examined CRS scientist Harold Coffin, of the Geo-science Research Institute, Loma Linda University, California. The lack of scientific credibility of such scientists quickly became apparent: 

Ennis: You have had only two articles in standard scientific journals since getting your Ph.D. in 1955, haven’t you?

Coffin: That’s correct.

Ennis: The Burgess Shale is said to be 500 million years old, but you think it is only 5,000 years old, don’t you?

Coffin: Yes.

Ennis: You say that because of information from the Scriptures, don’t you?

Coffin: Correct.

Ennis: If you didn’t have the Bible you could believe the age of Earth to be many millions of years, couldn’t you?

Coffin: Yes, without the Bible.

Ennis: Creation science is not falsifiable, is it?

Coffin: No, it is in the same category as evolution science.

Ennis: No further questions."

[55] Francis Hitching, The Neck of the Giraffe, pp. 117-120, Ticknor & Fields, New Haven, Connecticut, 1982.

Francis Hitching was discussed earlier in this essay. The Neck of the Giraffe has many interesting things to say, but it makes a number of grievous errors. Hitching seems to be ignorant of much of the latest information on the fossil record, even what was readily available prior to the 1982 publishing date. For example, he claims on page 22 that no fossils exist to indicate how the four bones in the reptile jaw were transformed into the single bone of mammals. But by 1982, many fossils intermediate in time and structure were known and thoroughly described in the technical literature. This point is addressed in some detail later in this essay.

[56] Steven M. Stanley, The New Evolutionary Timetable, p. 172, 1981.

[57] Ashley Montagu, ed., op cit, pp. 58-59.

[57a] See also Life -- How Did It Get Here? By Evolution or by Creation?, p. 47.


Tiré de http://www.geocities.com/osarsif/ce03.htm