Le chef des services d’espionnage
pakistanais, le lieutenant-général Mammoud Ahmad, se trouvait aux États-Unis
lors des attaques contre le World Trade Center et le Pentagone. Arrivé le 4
septembre, le général Ahmad avait rencontré des représentants du département
d’État après les attaques contre le World Trade Center, mais il a également
eu des entretiens, au cours de la semaine précédant les attentats
terroristes, avec ses vis-à-vis de la CIA et du Pentagone.
Quelle était la nature de ces
rencontres qualifiées de « routinières » qui ont eu lieu avant le 11
septembre ? Avaient-elles un lien avec les consultations ultérieures, au
lendemain du 11 septembre, qui ont amené le Pakistan à prendre la décision de
coopérer avec Washington ? La planification de la guerre était-elle à l’ordre
du jour des discussions entre les responsables pakistanais et américains ? Le
9 septembre, alors que le général Mammoud Ahmad se trouvait aux États-Unis,
le commandant Ahmad Shah Massoud de l’Alliance du Nord était assassiné. Les
représentants de cette organisation ont informé l’administration Bush que les
services secrets pakistanais (ISI) étaient selon toute probabilité impliqués
dans cet assassinat.
C’est donc en toute connaissance de
cause que l’administration Bush a pris la décision, lors des consultations
intervenues avec le général Mammoud Ahmad après le 11 septembre, de «
coopérer » directement avec les services de renseignements pakistanais malgré
leurs liens avec Oussama ben Laden et les taliban, et leur rôle présumé dans
l’assassinat de Massoud.
Pendant ce temps, des responsables du
Pentagone et du département d’État étaient envoyés à Islamabad pour mettre
une dernière main aux plans de guerre américains. Dimanche le 6 octobre, la
veille des premiers bombardements sur les principales villes afghanes, le
général Mammoud Ahmad était limogé de son poste à la tête des services
secrets pakistanais dans ce qui a été présenté comme un remaniement de «
routine ».
Des
liens troublants entre le général et le terroriste
Quelques jours plus tard, le journal
Times of India révélait les liens entre le général Mammoud Ahmad et Mohammed
Atta, présumé tête dirigeante des attaques contre le World Trade Center. L’article
du Times of India était basé sur des informations contenues dans un rapport
des services de renseignement du gouvernement de New Delhi transmis au
gouvernement américain via les canaux officiels. Citant une source à l’intérieur
du gouvernement indien, l’Agence France-Presse a confirmé que « les faits
transmis par le gouvernement indien à Washington étaient d’un tout autre
ordre qu’une simple information liant un général voyou à des actes de
terrorisme déplacés ».
Les implications des révélations du
Times of India sont multiples. Elles soulèvent la question des liens existant
entre le General Ahmad et le terroriste Mohammed Atta, mais également la
possibilité que d’autres membres des services secrets pakistanais aient pu
avoir des contacts avec les terroristes. Elles permettent également de
questionner l’interprétation officielle selon laquelle les attentats du 11
septembre constituaient un acte de « terrorisme individuel » organisé par une
cellule autonome du réseau Al Qaeda et soulèvent l’hypothèse que les
attentats feraient partie d’une opération émanant des services de
renseignement pakistanais.
Le reportage du Times of India jette
également une nouvelle lumière sur la nature des « activités d’affaires » du
général Ahmad aux États-Unis au cours de la semaine précédant les événements
du 11 septembre, soulevant la possibilité de contacts aux États-Unis entre l’ISI
et Mohammed Atta avant les attaques contre le World Trade Center au moment où
le général Ahmad et sa délégation étaient en soi-disant « tournée de
consultations » auprès des responsables américains.
Un
axe ISI-Oussama-taliban et... CIA ?
En évoquant les liens présumés entre
les terroristes et l’ISI, il faut comprendre que la nomination du général
Ahmad à la tête des services secrets pakistanais avait reçu l’approbation des
États-Unis. En tant que dirigeant de l’ISI depuis 1999, il était en relation
étroite avec ses homologues de la CIA, de la Defense Intelligence Agency
(DIA) et du Pentagone. Souvenons-nous également que les services de
renseignement pakistanais ont constitué durant toute la période de l’après-guerre
froide le fer de lance des opérations secrètes de la CIA au Caucase, en Asie
centrale et dans les Balkans.
L’existence d’un axe «
ISI-Oussama-taliban » était bien connue. Tout comme étaient bien connus les
liens entre l’ISI et différentes agences du gouvernement américain dont la
CIA. L’administration Bush était au courant du rôle du général Ahmad.
Autrement dit, l'administration Bush se sert d'une organisation directement
liée au terrorisme afin de mener la dite « campagne contre le terrorisme ».
En fait, les liens de l’administration Bush avec l’ISI pakistanais – y inclus
les « consultations » avec le général Ahmad au cours des semaines précédant
le 11 septembre – soulèvent la question d’une possible « complicité ».
Pendant que le général Ahmad rencontrait des responsables américains au
Pentagone et dans les bureaux de la CIA, des contacts auraient selon le Times
of India également été établis entre l’ISI et les présumés terroristes des
attentats du 11 septembre !
Selon un rapport des services de
renseignement du gouvernement indien, les responsables des attentats du 11
septembre avaient des contacts avec l’ISI qui, à son tour, entretenait des
liens avec les agences du gouvernement américain. Est-ce que certains
responsables au sein de l’establishment militaire et des services de
renseignement américains avaient eu connaissance des contacts de l’ISI avec
Mohammed Atta, chef de file des terroristes, et qu’ils n’auraient pas crû bon
d’agir !
Que l’administration Bush ait été
complice de cette situation reste à démontrer. Une enquête s'avère nécessaire
afin d'établir tous les faits dans cette affaire.
Toutefois, il est évident que cette
guerre contre le peuple afghan n’est pas « une campagne contre le terrorisme
international ». C’est une guerre de conquête affectant l’avenir de l’humanité.
Le peuple américain, tout comme le peuple canadien, a été consciemment et
délibérément trompé par son gouvernement. La vérité doit prévaloir.
|