Réaction à l’article : Les enfants qui avaient 12 ans (voir en bas de page)

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Les enfants qui avaient douze ans en 93

en Afghanistan ont aujourd'hui 20 [1]

 

Par Will Scarlett

 

En 1970, de nombreux enfants mendiaient dans les rues de Kaboul, amputés d'un bras ou d'une jambe. Etonnée de ce qui, dans mes structures d'occidentale culturellement conditionnée, ne pouvaient être que des accidents, encore plus étonnée parce qu'il y avait très peu de voitures mais beaucoup de camions, j'en avais déduit qu'ils couraient près des camions, se suspendaient après et passaient dessous.

Ce sont des Afghans qui m'ont enlevé mes illusions : Ces enfants appartenaient à des familles d'une pauvreté telle que couper le bras ou la jambe d'un enfant à sa naissance était lui donner sa seule chance de ne pas mourir de faim, les mendiants étant en quelque sorte pris en charge par la communauté.

Cette pratique n'avait pas lieu qu'en Afghanistan. Et non, ils n'étaient pas barbares, ils préféraient donner à leur enfant une possibilité de vivre.

Monsieur le moralisateur vous tombez vraiment très mal, vos propos qui se veulent culpabilisateurs ignorent tout de certaines réalités. Si vous permettez un conseil, Monsieur le moralisateur, offrez-vous donc un Paris-Delhi, ou un Paris-Karachi, n'oubliez pas Calcutta au passage, et après vous pourrez parler de ce que vous n'avez jamais vu : si vous le supportez, bien sûr, ce genre de réalités étant beaucoup plus sécurisant vu de loin, jugé barbare et réglé en ouvrant un site ou en adressant un chèque à la Croix-Rouge. Vous pourrez certainement bientôt vous offrir un Paris-Kaboul, si vous en avez le courage, ce dont je doute, car en général les beaux parleurs de votre genre parlent très fort, jugent et n'agissent jamais.

[…]

J'ai de plus en plus de mal à supporter cette mentalité franco-centrique , européano-centrique, qui va jusqu'à faire la différence entre "les Civilisés" (nous) d'un côté) et "les Barbares" (tout ce qui n'est pas nous)., le terme "barbare" ayant remplacé "sauvage" et "primitif".

Si couper la main d'un voleur est un acte que je qualifierais de dégradant (voire criminel) pour la personne humaine, laisser dans nos jolies sociétés (qui donnent des leçons de morale aux autres en brandissant les lumières , les droits de l'Homme et la démocratie ) par exemple, des personnes âgées vivre dans des mouroirs dont les "barbares" ne voudraient pas (eux respectant les vieillards), est également dégradant (voire criminel).

Alors, les leçons de morale qui relèvent en fait de l'Hypocrisie la plus pure, je ne les supporte plus.

[…]

Sachez que l'amputation des enfants à la naissance ne se pratique plus en Asie : l'Unicef a réussi à négocier avec les chefs d'entreprise, et maintenant, beaucoup de ces enfants travaillent.

 

 

 


[1] Cet article est tiré d’un débat qui m’avait opposé à Mme Scarlett sur le forum du journal le Monde. Nous sommes heureusement arrivés à nous entendre, mais la discussion a été houleuse à cause de la passion et de l’impulsion qui nous animaient. L’appellation Monsieur le moralisateur me désigne moi en fait. Mais cet article est surtout un témoignage qui peut nous apprendre beaucoup. Ce ne sont pas des histoires, il s’agit là de vécu.

Merci encore à Mme Scarlett de nous avoir autorisé à diffuser son article.