Parler de "Law and Order" est on ne peut plus d'actualité.Créée par Dick Wolf, un ancien publicitaire reconverti dans le show-business, cette série est apparue sur les écrans américains en septembre 1990 et est toujours actuellement en cours de production. Elle en est donc à sa septième saison.
La chaîne de télévision française FR3 a diffusé quelques épisodes durant le week-end, principalement le dimanche, mais de façon désordonnée, en dépit du plus élémentaire bon sens, sans se gêner pour les déprogrammer à l'improviste quand la direction de la chaîne le jugeait nécessaire. Rarement une série de qualité aura été aussi maltraitée que celle-là.
Pour nous consoler, la chaîne diffuse deux épisodes de l'insipide Derrick dans la soirée du dimanche. Ouf, sauvé !
Le principe de "Law and Order" tient à la fois de la série policière et de la série de type "procédure judiciaire". mais qu'on ne s'y trompe pas, cela n'a rien à voir avec "Perry Mason" ou "Matlock". Le réalisme est de mise dans "Law and Order" et c'est la procédure judiciaire elle-même, plus que la recherche du ou des coupables, qui est le leitmotiv de la série.
Tous les épisodes sont construits sur le même shéma et divisés en deux parties, distinctes mais complémentaires. Soigné et efficace.
Quelques mots de préambule - repris dans le tableau de la page précédente - et c'est parti.
Les quelques secondes qui précèdent le générique plongent directement le téléspectateur au coeur de l'intrigue et le mettent en présence de ce qui déclenche l'action judiciaire (abandon d'enfant, meurtre,...).
Apparaissent alors les deux inspecteurs de la police de New-York, dont la mission consiste à investiguer et à recueillir le plus d'indices possibles susceptibles d'aider à la manifestation de la vérité. La première partie du feuilleton est consacré exclusivement à leurs recherches et passionne de bout en bout.
L'adjoint du Procureur Benjamin Stone
Lorsqu'ils ont terminé leur travail et qu'ils croient détenir les preuves nécessaires pour poursuivre en justice, les deux inspecteurs passent la main aux membres du ministère public (District Attorney), qui représentent l'état et qui sont chargés de poursuivre les auteurs de crimes ou délits devant les tribunaux. Les inculpés faisant dès lors appel à un avocat se défendent et c'est généralement à partir de ce moment bien précis que vont intervenir les problèmes de procédure. Car l'avocat, loin souvent de conclure sur le fond, préfère, sans néanmoins admettre l'implication du client dans tel ou tel fait, se battre avec en première ligne la dénonciation de vices de procédure qui pourraient faire capoter le procès.
Les concepteurs, en s'inspirant sans doute de cas s'étant produit dans la réalité, ont voulu avant tout privilégier la crédibilité du récit et donner à "Law & Order" ce petit coté semi-documentaire qui est sa grande force.
Les acteurs
"Law & Order" n'a pas été des plus stables en ce qui concerne son casting et c'est ce qui fait aussi son charme. La qualité des acteurs est sans conteste un des grands atouts de la série et la plupart ont acquis grâce à ce feuilleton une popularité dans le monde entier. La photographie ci-dessous montre l'équipe de la première saison.
Le détective Phil Carreta en pleine action
La forme
Ce qui frappe de prime abord, c'est la superbe musique du générique composée par le grand Mike Post, spécialiste des séries télévisées. Sur fond d'images qui sont pour la plupart des instantanés pris sur le vif, elle se distingue des autres génériques et éveille l'intérêt.
Le rôle le plus important, c'est peut-être en définitive la ville de New-York qui le tient. Présentée de manière tentaculaire, un peu "grise", cette ville transpire et suinte et cela se sent dans la série.
Quant aux personnages, leur vie privée reste secrète et ils n'ont d'intérêt que pour la fonction qu'ils occupent. L'action dans laquelle ils sont engagés est rapide et parfois saccadée par un son d'ambiance. La mise en scène est de ce fait hachée mais extrêmement sobre, souple et efficace, les séquences s'enchaînant à un rythme éffréné. Plans, dialogues, actions se superposent et s'entrechoquent sans temps mort.
Le fond
Un des objectifs de "Law and Order" est sans nul doute de présenter des cas d'espèce.
Les intrigues, au-delà du mouvement qu'elles suscitent, soumettent aux téléspectateurs non seulement des questions liées au fonctionnement de la loi et à la manière dont elle doit être traitée par ceux qui sont chargés de la faire respecter mais également des interrogations sur certains thèmes de société. Que l'on se rassure cependant, contrairement à certaines autres productions, cela se fait de façon naturelle sans que la série ne souffre d'un excès de moralisme.
Ainsi, par exemple, la loi américaine interdit aux policiers de pénétrer dans un domicile privé sans l'obtention d'un mandat de perquisition décerné par le juge. S'ils le font, ils se rendent coupables de violation de domicile. Un des épisodes montre comment les policiers investissent le semblant de cabane construit par un "sans domicile fixe" dans Central Park et découvrent un indice important. L'avocat de la défense dénigre toute valeur à l'objet trouvé sur place en se basant sur le fait que les policier n'avaient aucun droit de pénétrer dans ce qui représente le domicile de ce clochard. C'est une interprètation possible et qui pourrait créer un précédent.
Il n'y a pas de tabou dans "Law & Order", tous les sujets sont traités de manière égale, de l'avortement à l'homosexualité en passant par le viol ou l'inceste mais en ne cherchant pas à faire dans le sensationnel et le percutant. Que du contraire, violence, sexe et "gros mots" n'y ont pas droit de cité et n'apparaissent que lorsque c'est absolument nécessaire.
Les téléspectateurs américains ne s'y sont d'ailleurs pas trompés et ont intégré "Law & Order" dans la liste des émissions pour une télévision de qualité.