Auteur : Thera

Spoilers : Grace, Chimera

Création : mars 2004

Disclaimer : Les personnages ainsi que la série sont la propriété de MGM, Showtime et Gekko. Je n’ai pas touché d’argent pour écrire cette fanfic.

Note de l’auteur : J’ai adoré " Grace " et c’est un euphémisme, j’ai carrément été bouleversé par le zod…bref…en tant que shippeur, j’ai forcément accordé de l’importance à cette réplique " I’ll always be there for you, No matter what "…et voilà ce que cela a donné…

*****

Sa main serrée en poing frappa furtivement la porte d’entrée, puis retomba lourdement le long de son corps.

Aucun bruit. Aucune réponse. Aucun son qui aurait pu lui indiquer une quelconque présence.

Elle aurait probablement du partir. Elle aurait eu le temps de quitter l’allée et de regagner sa voiture. Oui ça elle en aurait largement eu le temps bien avant que la porte ne finisse par s’ouvrir pour laisser entrevoir un Jack O’Neill des mauvais jours.

Son visage se décomposa à la vue de ce dernier. Et la question du pourquoi de sa venue ici refit brusquement surface avec une vivace insistance. Les traits de Jack se radoucirent quand il vit les yeux de la jeune femme plus rouges qu’à l’accoutumée et sa visible hésitation. Il mit alors sa mauvaise humeur de côté. Après tout ce n’était pas la première fois que les Canuks perdaient un match !

Sam ne bougeait pas. Elle fixait silencieusement les chaussures de son supérieur. Elle attendait visiblement le coup de grâce, qu’il lui demande poliment mais fermement pourquoi était-elle là, comme il savait si " bien " le faire quand il était de mauvaise humeur. Rien ne vint.

C’est seulement quelques secondes plus tard que Jack laissa échappé un " Carter " d’une douceur qui fit frissonner Samantha. Elle se décida enfin à lever les yeux sur lui, ses lèvres s’agitèrent sans qu’aucun son ne sorte. Que venait-elle faire ici si elle n’était capable de lui parler correctement ?

Alors Jack s’effaça et l’invita à entrer. Elle fit quelques pas en avant dans l’entrée, c’est seulement quand la porte se referma qu’elle réalisa réellement qu’elle était chez Jack. Par le bruit lâché par la porte, elle aurait juré que Jack avait claqué cette dernière. Le son résonnait encore en elle. Tel un reproche.

Mais il n’en était rien, car quand Jack lui fit face et que ses yeux la fixèrent d’une intense gravité, elle comprit son inquiétude.

Qui ne l’aurait pas été ?

Trouver Sam, les larmes aux yeux et plus silencieuse que jamais, sur le perron de sa porte, cela pouvait certainement déboussoler n’importe quel individu un tant soi peu sensible. Bien plus qu’en on s’appelait Jack O’Neill.

Dans ses yeux gisaient donc de l’inquiétude. Pour Sam ce n’était pas ce qu’il aurait du ressentir, le sentiment de colère lui paraissait plus juste, plus approprié aux circonstances. Un sentiment contenu jusqu’alors dont elle croyait essuyer la vague de colère. Au lieu de cela elle trouvait en ses yeux un regard concerné qui était à la limite de l’agacer. Mais elle n’était pas en mesure de lui expliquer cela.

Sam n’avait pas le goût non plus de parler, de lui expliquer pourquoi elle avait traversé la moitié de la ville pour se retrouver sur le pas de sa porte. Car elle-même ne savait pas, après tout elle n’avait pas le droit de venir ici, elle savait qu’elle le blesserait encore un peu plus.

Elle attendait de Jack qu’il hausse froidement les épaules devant sa peine. Elle n’y voyait pas autrement, cela ne pouvait en être autrement. Et pourtant, il lui avait ouvert la porte sans poser de question. Et voilà qu’à présent il lui proposait à boire avec désinvolture comme si la mine déconfite de Sam n’était pas un pâle reflet de son ressenti. Cela passait tout à coup de l’inquiétude à la nonchalance.

• Carter ? Vous voulez quelque chose à boire ? reprit-il d’une infinie douceur.
• Non, lâcha-elle doucement, non merci.

Ses yeux se perdirent quelque part dans les mailles de son pull à lui. Encore une fois ses lèvres sèches s’étaient entrouvertes sans qu’aucun son ne sorte après ce " non " trop poli. Parler…elle n’y parvenait pas et pourtant elle était là devant lui. Elle craignait que parler avec lui ne finisse par entraver leur accord.

• Très bien…moi je crois que j’ai besoin d’une bière.

Il ne demanda pas son reste et se dirigea vers la cuisine. Toujours plantée dans l’entrée Sam le regarda s’éloigner.

S’éloigner…elle se sentait tomber dans un trou. La réaction de Jack ou plutôt son manque de réaction la faisait perdre pied. Elle aurait volontiers accepté une bonne gifle à la place de ce néant. Elle se décida à le suivre.

Quand il referma la porte du frigo il se retrouva nez à nez avec Sam. Son visage a présent éclairé par le néon de la cuisine, lui apparaissait plus blafard, et ses yeux bien plus rouges encore. Elle le fixait d’un regard si fragile et plein de doutes.

Jack posa sa bière sur le comptoir et de sa main effleura le bras de Sam. Il ne pouvait pas rester dans la position dans laquelle il s’était muré avec tant de mal aux cours de ces années. La voir ainsi. La voir tout simplement femme, vivant et souffrant ses sentiments, cela lui était impossible de rester insensible.

• Parlez-moi ? Qu’est-ce qui ne va pas ?
• Je…je ne peux pas, répondit-elle d’une voix quasi enrouée.

Il sursauta au son de sa voix presque rauque.

Une larme s’échappa des yeux de Sam pour rouler le long de sa joue. Jack n’y tenant plus, ouvra ses bras et l’attira à lui. Elle n’émit aucune résistance. Ses yeux se fermèrent pour dissuader ses larmes qui se transformèrent bientôt en sanglots convulsifs.

Pourquoi pleurait-elle ? Elle ne savait pas réellement pourquoi. Pas plus que sa venue ici. Ce qu’elle savait était qu’il n’y avait qu’une personne capable d’apaiser ses maux.

Jack la serra plus fort pour calmer ses sanglots, alors elle se concentra sur la chaleur des bras qui l’entouraient. Elle savait pertinemment qu’elle l’avait irrité, voir tourmenté. Plus qu’irrité elle l’avait blessé, bien sûr involontairement mais elle l’avait fait quand même.

Et lui que faisait-il ? Il lui ouvrait ses bras comme pour refouler sa souffrance.

Elle le repoussa légèrement, et finit par se défaire de l’emprise des bras de Jack. Puis elle gomma les larmes sur son visage.

• Ce n’est pas juste, ça ne devrait pas se passer comme ça ! dit-elle calmement, ayant repris un peu de contenance.
• Pardon ?
• Je…je n’ai pas le droit de venir pleurer stupidement sur votre épaule tout ça parce que Pete et moi…

Pete.

Il avait compris à la seconde où elle avait passé la porte. Ou du moins il avait envisagé que sa présence ait un quelconque rapport avec lui. Mais il ne s’attendait pas à ce qu’elle s’exprime aussi directement.

Leurs regards s’accrochèrent. Et pendant ce bref instant par lequel leurs regards remplaçaient tous mots, ils se comprenaient comme jamais auparavant.

En venant ici, Sam attendait finalement de lui qu’il la blesse comme elle l’avait blessé. Elle l’aurait cru resté froid, insensible, glacé dans un silence. Elle attendait de lui qu’il laisse exploser sa colère, qu’il lui reproche son aventure avec Pete, même s’il n’en avait réellement pas le droit. Elle attendait de lui qu’il la repousse pour qu’elle ressente sa peine à lui.

Au lieu de ça, il était là…

Juste là pour elle…

Comme il l’avait toujours été. Et par cela elle ressentait tout ce que Jack éprouvait alors pour elle.

Elle tremblait à présent d’émotions. Sa rupture avec Pete l’avait perturbé. Leur rupture était d’un commun accord, mais " perdre " Pete c’était se retrouver, encore une fois, confronté à ses sentiments pour Jack. C’était réapprendre à gérer cette émotion si forte qu’elle abritait au creux d’elle.

• Je suis désolé, reprit-elle enfin, je n’aurais pas du venir…c’est complètement…

Sa voix recommença à se briser. Elle avait essayé de contrôler ses sentiments pour lui. Elle y avait tellement cru avec Pete. Il était tout ce dont une femme pouvait espérer, elle avait espérer si fort qu’elle parviendrait à ressentir des sentiments aussi forts qu’elle portait à son supérieur. En vain, elle ne désirait finalement qu’un seul homme. Son visage reflétait le duel que son esprit livrait.

• Approchez, lui souffla-t-il.

Il l’attira encore une fois à lui, il l’entendit murmurer une protestation qu’il feignit d’ignorer. Ses bras l’enveloppèrent à nouveau avec la même douceur. La même chaleur. Le même amour. Le corps de Sam était collé à celui de Jack. Elle pouvait sentir son cœur à lui battre contre le sien. Elle sentit à cet instant, bien plus qu’avant, l’amour, qu’elle savait en lui, tendre et timide, mais surtout fidèle. Le silence qu’ils partageaient était sans doute comme un aveu. Un de ces silences, si fréquents entre eux, mais qui reflétait clairement leur attachement. Un silence qui, à présent, ne portait plus de non-dits, d’ambiguïté.

Sam enroula ses bras autour de Jack, le rapprochant davantage, jusqu’à sentir son odeur. Cette odeur toujours aussi troublante, enivrante. Comment avait-elle pu s’en passer ? Son nez vint se nicher dans le cou de Jack, tandis que les doigts de ce dernier remontaient le long de sa nuque jusqu’à s’enterrer dans ses cheveux.

Leurs corps s’épousaient d’un naturel troublant, tel deux amants. Comme si leurs corps se connaissaient par cœur, comme s’ils n’avaient toujours formé qu’un. Loin d’être passionnée leur étreinte était douce et sincère.

Peut importe qu’un autre homme ait serré le corps de Sam contre le sien, Jack n’y pensait déjà plus.

Elle était là.

C’est tout ce qui importait.

Elle était là avec lui.

Et ce précieux sentiment qu’ils partageaient depuis de longues années, loin d’être détruit, avait été renforcé.

*****

Merci d’avoir pris le temps de lire.

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