Quand les roses se fanent…

 

 

Auteur : Thera

E-Mail : Thera_holly@hotmail.com

Genre : drame, romance.

Résumé : Parfois la vie d’un être perd de son sens, et c’est alors la vie de plusieurs autres qui s’en trouve bouleversé…

Disclaimer : Les personnages ainsi que la série sont la propriété de MGM, Showtime et Gekko. Je n’ai pas touché d’argent pour écrire cette fanfic.

Note de l’auteur : Cette fanfic m’est très personnelle, c’est pour ça que je la dédie inévitablement à ma grande sœur qui au fil des années est devenu ma petite sœur. Elle n’en aura certainement pas connaissance car cela lui rappellerait sa propre souffrance et je me dois de la préserver. Mais je voudrais juste lui dire que je l’aime et la remercier d’être, malgré toutes ses souffrances, encore en vie.

Cette fanfic était en " travaux " depuis de longs mois déjà, mais avec les précieux conseils de Fa et puis aussi ceux de EnfantTV, j’ai trouvé l’envie nécessaire afin de la terminer.

Je me suis ensuite longtemps demandé si je devais publier ou non cette fic, et au moment où vous la lirez je pense que je serais encore indécise. Mais j’ai décidé de la publier quand même au risque de…

 

 

*****

Daniel observa pour la troisième fois les chiffres rougis de son radio-réveil. Il était tout juste 23h. Il étira difficilement son bras jusqu’à sa lampe de chevet. Il l’alluma. La lumière jaunâtre de l’ampoule était faible mais Daniel dut plisser un peu les yeux sous la violence du contraste. Son monde auparavant plongé dans la peine-ombre, faisait lentement surface avec une vivace agressivité. Il se frotta les yeux par deux fois. Bien qu’il était déjà réveillé depuis déjà un moment, ses yeux semblaient encore encrassés dans le sommeil. Ils devaient s’adapter progressivement à la clarté de la chambre comme ils l’avaient fait avec la troublante obscurité d’avant.

Le sommeil lui faisait encore défaut bien que pris d’une harassante fatigue. Il était en semi-sommeil depuis….depuis quand d’ailleurs ? Il n’en avait aucune idée, trente minutes ? une heure ? Il avait perdu la notion du temps, c’est comme si le temps s’écoulait sans vraiment que Daniel n’y fasse attention. Toujours est il que son sommeil était perturbé par de violents cauchemars. Incessants et interminables.

Chaque nuit c’était la même histoire. Daniel se faisait agressé jusque dans son sommeil. Cela ne suffisait pas que sa vie tout entière n’était que agression, il fallait désormais qu’il ne trouve aucun répit, pas même dans son sommeil. Ces rêves interminables plus sombres les uns que les autres. Toujours aussi violents, où Daniel n’avait que la place du coupable. Des rêves où le noir se peignait sur des murs trop ténébreuses. Il n’y avait aucune place pour la candeur. Tout était question de mort, de culpabilité, de trahison. Et le plus effrayant était que dans ces rêves apocalyptiques, Daniel était toujours le fautif, le traître, le damné. Il n’y avait rien de bien dans tout ceci, rien qui ne vaille la peine.

Daniel s’assit sur son lit et observa ses mains. Elle semblaient tremblées de façon incontrôlables. Tous ses membres étaient raides et il ruisselait de sueur de tout son corps. D’un geste rapide il se leva. L’air frais caressa doucement sa peau encore moite de sueur. Il se dirigea vers la fenêtre de sa chambre. Il plongea son regard sur la rue. Ses volets n’étaient pas fermés, aucune chance en ce moment, il avait comme des accès de claustrophobie. Au dehors tout était calme. La rue était déserte et peu éclairée. Pourtant son attention fut retenu par quelque chose de surprenant. Un silhouette. En regardant bien, Daniel compris que cette forme n’était autre que son propre reflet dans la vitre. Effrayé par cette vue des plus déplorables, Daniel recula d’un pas. Il examina néanmoins son reflet avec plus d’attention. Un copie quasi burlesque de lui-même se dessinait devant lui. Daniel eut un rire sarcastique qui résonna dans la chambre. Il avait du mal à reconnaître son corps. Un débris voilà ce qu’il était.

Un sentiment de déchirure vint l’envahir. Il regagna son lit, et s’y allongea. Il n’eut pas à fournir grand effort pour que les larmes vinrent ruisseler sur son visage. Un douleur au plus profond de lui hurlait. Un mal-être. Un mal de vivre.

Les yeux mouillés de larmes, il regarda à nouveau son réveil. Il devait dormir ! Demain il avait ce foutu briefing à 8h où il devait présenter son exposé sur….sur quoi ? Il n’en savait rien car il ne l’avait pas préparé. Avait-il volontairement oublié ou n’avait-il pu se concentrer sur cela ?

Finalement tout lui échappait. Tout s’enfuyait, le temps, les vies, tout. Il n’avait envie de rien. Pas envie de s’endormir de peur de retomber dans ces cauchemars. Pas envie de rester éveillé de peur de retomber dans les ruelles sombres de ses pensées. Il ne voulait rien. Pas même aller travailler, cela n’avait plus aucun sens. Passé un temps cela aurait provoqué chez lui de l’engouement, et à présent cela ne suscitait que dégoût. Il voulait cessé de faire semblant, de se fondre dans ce conformisme qui tient à dire " je suis heureux, tout va bien " !

Non tout n’allait pas bien. On aurait même pu dire que tout allait mal !

C’est à bout de force et " bercé " par ses dures pensées que Daniel parvint à trouver le sommeil.

 

*****

Daniel remua nerveusement dans son lit. Quelque chose venait le perturber. Dans son sommeil, il balança maladroitement son bras qui vint s’écraser sur la table de chevet. Cela ne paru avoir aucun effet. Et pourtant Daniel entendait un bourdonnement quasi sourd. Il parvint à identifier tout de même le son et se leva d’un bon. Le téléphone c’était le téléphone. Il bouscula sa table de chevet en se levant et attrapa de justesse, au vol, le téléphone qui était parti pour terminer sa course sur le sol.

Daniel ne prit pas la délicatesse de remercier Sam, il lui raccrocha tout simplement au nez sans prendre congé avant. Il s’empressa de se préparer. Tout en se préparant, son esprit s’était à nouveau évadé, c’est comme s’il perdait un peu de lucidité. Plus son esprit s’encombrait, plus son action ralentissait. Ses battements de cœur s’accéléraient. Sa respiration devenait de plus en plus difficile. Il sentait qu’il perdait l’équilibre. Son décor se mettait à tanguer autour de lui. Puis plus rien. Le noir total. Il venait de perdre connaissance.

 

*****

Daniel émergea lentement. Il avait encore les yeux clos. Il remua pour dégourdir ses membres. Il sentait son corps lourd. Il sentait de l’agitation autour de lui c’est pour ça que à contre-cœur il ouvrit les yeux. La vive lumière blanche lui vint en pleine figure. Il referma ses paupières instinctivement. Il sentait encore un va et vient et en rouvrant les yeux avec précaution, il comprit qu’il était à l’infirmerie. Mais aucun souvenir du pourquoi de sa présence en ce lieu. Une des infirmières se mit à ses côtés pour ensuite disparaître aussi vite en marmonnant un " je vais chercher le docteur Fraiser ".

Daniel n’avait pas eu le temps de dire quoi que ce soit. Il se repositionna dans le lit et ferma à nouveau les yeux. Un bruit familier de talons frappés sur le sol vint à nouveau le perturber.

Devant lui Janet se tenait là, une barre d’inquiétude en travers du front, et un timide sourire aux lèvres.

Il porta sa main à son front et la fit parcourir le long de son visage.

Elle ne savait que répondre face à son agressivité.

Elle tourna les talons, et sortit. Daniel avait un comportement étrange, elle devait peut-être le mettre en arrêt. Elle ne savait pas très bien ce qu’elle devait faire.

Daniel, lui, avait à nouveau fermé les yeux. Il allait se reposer en attendant de pouvoir sortir de cet endroit qui l’oppressait.

 

*****

SG1 se tenait en salle d’embarcation. L’équipe attendait que les chevrons s’enclenchent un à un pour ensuite passer la porte.

Daniel se tenait droit comme les autre. Il s’était reposé dans ses quartiers après avoir quitté l’infirmerie. Il n’avait quasiment adressé la parole à personne. Jack avait bien tenté d’aller lui parler après que Janet lui ait fait partager ses craintes, mais Daniel l’avait tout bonnement congédié.

SG1 était toujours aussi silencieuse, on aurait presque pu croire qu’un malaise s’était installé entre les quatre compagnons.

Finalement et au plus grand soulagement de tous, le Général autorisa SG1 à franchir le Shapaï. SG1 s’y engouffra rapidement.

Une fois de l’autre côté, la planète qui s’offrait à eux paraissait verdoyante et ensoleillé.

 

Daniel et Jack marchaient en silence depuis déjà cinq minute. Daniel regardait ses pieds. Sous ses pieds l’herbe défilait à tout allure. Son regard se perdait sur le terrain.

Il sentait son corps lourd sous ses pas. De tout évidence il avait de plus en plus de mal à faire fonctionner son corps. C’est comme si son esprit agissait sur son corps. Plus il marchait, plus il sentait ces affreuses douleurs physiques revenir au galop. Cela lui parcourait les bras et les jambes et toujours ce sentiment d’oppression dans la poitrine. Comme si on lui appuyait sur le torse pour l’empêcher de respirer.

Il stoppa sa marche pour prendre une grande inspiration. Jack se retourna comme si il avait sentis que Daniel allait mal.

Jack avait posé cette question avec beaucoup de considération et de sincérité dans la voix. Daniel en avait été troublé. Et à un moment il aurait aimé lui dire ce qui se passait. Lui dire ce mal-être qui l’habitait. Cette envie de ne plus ressentir quoi que ce soit. Lui dire ce poids qui pesait sur sa vie. Que sa vie n’avait plus la même sonorité qu’avant. Et qu’il souffrait en dedans comme jamais il n’avait souffert. Oui l’espace d’un instant, en regardant dans les yeux de Jack, il avait eu envie de tout lui dire, de se livrer. Puis Daniel s’était ravisé. Personne ne pouvait comprendre, son malheur était unique, il lui appartenait à lui seul.

Daniel baissa les yeux.

Jack sentit le mensonge de Daniel mais ne laissa rien paraître. Lui seul mieux que quiconque savait qu’il était difficile de s’exprimer face aux autres.

Après avoir repris leur marche, ils sortirent rapidement de la clairière dans laquelle ils marchaient pour se retrouver sur un petit sentier qui aboutissait à une sorte de petit village. Ce village avait des allures de bidonville.

Jack et Daniel s’arrêtèrent pour contempler le spectacle qui s’offrait à eux. Une seule chose ressortait de cette contemplation. La misère. Daniel, qui était en retrait par rapport à Jack, se sentait à nouveau vaciller. Ces derniers temps, il était à fleur de peau, et probablement que si Jack n’avait pas été là, il aurait pleuré encore et encore. Tout le touchait et à la fois rien ne pouvait l’atteindre.

Daniel resta immobile quelques instants, il ne pouvait pas, il souffrait déjà assez, il n’avait nullement besoin de la souffrance des autres.

Puis voyant Jack progresser lentement, il s’avança. Plus ils approchaient et plus ils commençaient à entrevoir les habitants de ces taudis.

Jack ralentissait son pas comme il voyait les habitants, ce qui obligea Daniel à faire de même. Les personnes s’écartèrent et s’affolèrent à la vue de Jack et Daniel. Ils semblaient effrayés, terrorisés. Mais le plus terrible, c’est que la plupart des gens étaient mutilés. Certains leur manquaient un membres, d’autres étaient défigurés. Tous semblaient avoir une même marque au visage, celle de la peur.

Les gens s’affolaient de plus en plus. Le plus effroyable devait être encore les cris et les pleurs trop perçants qui provenaient des tentes de fortunes.

Il se retourna pour apercevoir un Daniel méconnaissable. Pâle et vacillant.

Jack se retourna brutalement. Les petites rues, il y a quelques instants bondés, étaient désormais vides. Un homme leur faisait face. Il avait certainement l’âge de Jack, mais sa crasse et ses habits délabrés auraient pu altérer le jugement.

Jack attendait que Daniel prenne la parole comme à son habitude, mais rien ne vint, il dut se résoudre à répondre.

La discussion fut coupé par le grésillement intempestif de la radio.

Jack reporta son attention sur l’homme face à lui. Il put s’apercevoir que Daniel n’avait pas bougé d’un poil comme si il était à des milliers de kilomètres, complètement ailleurs.

Jack s’éloigna à grandes enjambées. Daniel était toujours aussi immobile en face de Kelnom. Il semblait paniqué tout à coup. Il se retrouvait seul. Et puis ce lieu était si oppressant, et il régnait tant de misère que cela lui donnait la nausée. Et comme si Kelnom sentit le malaise de Daniel, il intervint.

Après un dernier regard inquiet d’où était partis Jack, Daniel se laissa entraîner à contrecœur.

 

*****

Jack arriva en courant à la hauteur de Sam et Teal’c.

Ils partirent tous les trois vers le petit village. Le silence les accompagnait, tant la tension était forte. Quand enfin ils entrèrent dans le village, Sam ne put réprimer un cri d’effroi. Cela fit retourner Jack et Teal’c. Sam avait une main couvrant sa bouche, et ses yeux étaient horrifiés. Jack s’approcha d’elle.

Ce n’était pas le genre de Sam de perdre son sang froid de la sorte mais tout cela en était trop. Elle ne pouvait pas rester de marbre face à cette sauvagerie dont ces gens avaient été les victimes. Elle était militaire certes, mais pas insensible.

Après qu’on le leur ait indiqué, Sam, Teal’c et Jack se dirigèrent vers la tente de Kelnom.

 

*****

Ils s’étaient installés du mieux qu’ils avaient pu dans la tente de Kelnom. Il y avait trouvé Daniel aussi perdu que Jack l’avait laissé. Kelnom leur avait offert une mixture qui ne semblait pas si mauvaise que ça. Ils étaient tous perdus dans leurs pensées.

Kelnom les observait respectant leur silence. Il le ressentait maintenant, ces hommes étaient bons, ils pouvaient certainement espérer beaucoup d’eux. Il se donna le droit de briser ce silence qui était malheureusement parsemé de cris de douleurs encore et toujours.

Jack leva les yeux sur Kelnom. Son regard " sûr de lui " avait changé, il était désormais triste et mélancolique.

Kelnom semblait inquiet tout à coup. Il fallait qu’il ressasse à nouveau ces événements douloureux, les raconter c’était aussi les revivre. En était-il capable ? Il avait peur de craquer, de se briser à nouveau. Mais peut-être trouverait-il là une façon de purger sa douleur ?

Sa voix se brisa. Ses interlocuteurs le remarquèrent rapidement.

Kelnom ferma les yeux, et prit une grande inspiration.

Il marqua une pause. Son visage reflétait la haine, et la peine. Mais son émotion aussi.

Aucun ne trouva réponse à sa question. Pourquoi ?! Seul ce questionnement atteignait leur esprit. Pourquoi tant d’animosité ? Comment pouvait-on être aussi dénué de sentiment au point de commettre de tels actes ?

Le silence pesait. Aucun mot n’aurait pu exprimer le ressenti des personnes présentes. Chacun était choqué, outré, blessé. Bien sûr pendant ces années de guerre, ils avaient inévitablement eu affaire à ce genre de massacre mais à chaque fois cela semblait toujours plus dur à accepter.

Une femme pénétra dans la tente, perturbant ainsi l’instant de recueillement.

Tout le monde se leva et quitta la tente. Jack et Teal’c en profitèrent pour faire le tour du petit campement. Daniel, lui, resta paralysé à l’entrée de la tente et observait les alentours.

Sam se dirigea avec Kelnom vers un petit coin où se trouvait un jeune garçon. Cela semblait être Assoum. Il avait le genoux ouvert. Sa blessure n’était pas excessivement profonde, mais sa jambe entière avait d’autres cicatrices qui laissaient supposer que cet enfant avait du subir de terribles tortures.

Sam se mit à hauteur du jeune garçon, et sortit des cotons désinfectants. Assoum exécuta un mouvement de recul.

Assoum se laissa soigner. Une fois terminé, le jeune garçon se leva et alla rejoindre un groupe d’enfants un peu plus loin.

Sam reste là toujours accroupi, elle promena son regard minutieusement sur le campement. Tout à coup, son regard s’emplit de considération et de tendresse. Kelnom qui n’avait pas perdu une miette de la scène, remarqua que Sam observait Daniel. Samantha trouvait Daniel Changé, pâle…et changé !

Sam sortit de ses pensées.

Kelnom se leva rapidement et partit s’enfermer dans une tente. Il avait tout de suite ressenti quelque chose en Daniel, une détresse, peut-être parce que lui aussi avait cette même détresse en lui. Sam resta quelques instants interdite. Qu’est-ce que tout cela signifiait ? Son regard se posa à nouveau sur Daniel. Il n’avait pas bougé, les yeux dans le vide, dans un corps mou qui ne semblait pas le porter.

 

 

*****

SG1 avait du rentrer sur Terre afin de faire un rapport de la situation au Général Hammond. Mais Jack avait promis à cette population de revenir, sachant que le Général ne refuserait certainement pas d’aider ces gens.

Une fois arrivés sur Terre, Hammond avait immédiatement ordonné un débriefing. Ce fut un long moment pour l’équipe qui dut expliquer en détails l’histoire de cette population et le sort qu’elle avait injustement subit. Hammond avait alors pu sentir l’émotion de SG1 à l’évocation de tout cela. L’équipe en avait été particulièrement affecté. C’est ainsi que le Général donna une journée de repos à SG1 pour récupérer. Bien sûr ces derniers protestèrent mais le Général leur avait assuré qu’il enverrait SG3 de suite pour ne pas préoccuper les habitants de la planète qui attendaient certainement le retour de SG1. SG3 allait prendre le relais, Hammond comptait sur la force morale de SG3 pour appréhender au mieux cette mission.

SG1 était donc consigné à la base jusqu’au lendemain, le temps pour eux de reprendre leurs esprits. Daniel s’était immédiatement enfermé dans ses quartiers, il voulait s’isoler le plus possible, Teal’c était aller faire son Kel’no’krim. Et Jack cherchait une excuse valable pour aller discuter avec Sam qui était dans son labo.

Sam travaillait d’arrache pieds depuis qu’ils étaient rentrés. Elle tentait d’oublier ce qu’elle avait vu là-bas. Elle sentit une présence derrière elle, et se retourna. Elle trouva un Colonel tout sourire sur le pas de la porte.

Devant le regard interrogateur de son second Jack entra et vint s’asseoir en face d’elle.

Sam adopta une visage plus grave.

Jack lui offrit pour toute réponse son plus beau sourire. Sam le lui rendit. Ils restèrent quelques instants à se fixer l’un l’autre tous deux avec le même sourire BA sur les lèvres, puis Jack détourna à regrets les yeux.

Jack disparut dans l’embrasure de la porte, et Sam trouva bon de reprendre son travail. Leurs conversation n’avait pas vraiment mené à quelque chose, le fait est qu’ils avaient tous deux partagés leurs doutes concernant Daniel. Et cela Sam en était contente, même si ils n’étaient pas parvenus à en parler directement à l’intéressé : Daniel. Sam tenta de se concentré à nouveau sur ses simulations, car elle avait encore du travail.

 

*****

Il était à peu près 8 heures quand SG1 se réunit autour du Général Hammond. Ils étaient tous installés en salle de briefing, quelque peu tendus.

Un silence s’installa. Hammond avait toujours eu un profond respect pour son équipe et une certaine protection. Cet homme avait un charisme impressionnant, il leur laissait le choix, il n’imposait rien.

Jack avait dis cela avec une telle assurance que cela en était effrayant. Il avait presque été froid.

La réaction de Teal’c ne surpris personne. Ce jaffa était près à n’importe quoi pour aider les autres.

Sam chercha des yeux ceux du Colonel. Elle avait besoin de savoir s’il avait besoin d’elle. O’Neill qui lui avait compris le petit manège de Sam garda le regard baissé. Il ne voulait rien imposer à Sam, elle devait faire son propre choix. Sam regardait toujours Jack en vain, elle se tourna vers le Général.

Tous les regards étaient désormais posés sur Daniel. Si bien que même perdu dans ses pensées il sentit le poids des regards sur lui. Il se sentit obliger d’accompagner ses collègues, même si l’envie n’y était pas.

SG1 sortit en silence de la salle de briefing, et se dirigea vers les vestiaires. Une fois à l’intérieur, chacun se préparait toujours dans un incontestable silence. Daniel se battait à nouveau avec son équipement si bien qu’il se mit à jurer tout ce qu’il put.

Daniel avait ses yeux plantés dans ceux de Jack. Il fulminait de colère et de douleur aussi. Pourquoi ne voyait-il rien ? Daniel, agacé, préféra rassembler ses affaires et sortir.

Daniel s’était adossé au mur et avait les yeux clos. Il leur en voulait terriblement. Eux qui se précipitaient pour venir en aide à de parfaits inconnus, et étaient dans l’incapacité de voir sa détresse à lui. Il en était malade, il se sentait tellement seul.

Dans les vestiaires, aucun des trois n’avait bougé, ils étaient tous choqués par l’attitude de Daniel. Teal’c qui avait finis s’adressa à ses compagnons.

Teal’c sortit laissant Jack et Sam. Jack regardait Sam d’un air interrogateur, et cette dernière le remarqua.

Sam adopta son attitude froide de parfait militaire.

Sam le regarda. Elle comprit qu’il voulait réellement savoir ce qu’elle ressentait face à cela. Jack savait que cette façade de militaire cachait ne femme sensible.

Poussé par une inexplicable envie de tendresse, Jack s’approcha de Sam et déposa un chaste baiser sur le front de la jeune femme, en murmurant à nouveau " c’est promis Carter ! ".

Puis ils sortirent ensemble des vestiaires pour gagner la salle d’embarquement où Teal’c et Daniel devaient les attendre.

 

*****

Cela faisait deux jours qu’ils étaient à nouveau sur PS310. Ils avaient déjà fait un monstre travail rien qu’en parlant du côté humanitaire. Chacun avait mis la main à la patte, et régnait une bonne entente entre le peuple et les militaires.

Sam profitait d’une courte pause qu’elle s’accordait pour rendre une visite à Janet qui s’affairait sans cesse auprès des blessés. Sam entra dans une tente qui servait d’infirmerie. Une fois que Janet en eut finis avec un de ces patients, Sam se dirigea vers son amie.

Les deux jeunes femmes se fixaient, comme si chacune essayait de sonder l’autre. Sam n’avait pas bougé d’un poil, mais elle s’apprêtait à quitter la tente quand Janet prit les devant.

Janet en attendait visiblement plus de la part de son amie.

Janet lui répondit par un sourire. Elles échangèrent encore un regard complice puis elles furent ramené à la réalité par des gémissements de blessés.

Les deux jeunes femmes échangèrent un dernier regard puis Sam sortit. Elle tenta de rejoindre son Colonel. Il était avec Daniel et quelques autres membres de SG3 en train de monter de grosses tentes de fortunes.

Philips se dirigea vers la tente qui servait d’infirmerie. Il revint peu de temps après.

Philips se dirigea vers la Porte, quand il fut stoppé par Daniel qui lui courait après.

Philips et Daniel passèrent le vortex en direction de la terre.

Teal’c arqua un sourcil en signe d’incompréhension.

Jack partit furieux laissant Teal’c pour le moins perplexe.

 

*****

Cela faisait maintenant près d’une semaine que SG1, accompagné de SG3 et Janet, étaient sur cette planète. Après que Philips soit revenu avec le matériel médical, il avait informé que le Docteur Jackson était resté sur Terre. Cela n’avait pas vraiment étonné quiconque vu le malaise qui semblait s’installer entre les membres de SG1. Samantha était retourné une fois sur Terre et avait tenté de parler avec Daniel mais elle s’était heurté à une personne froide désireuse de ne voir personne. Elle en avait fait part à ses deux amis qui n’avaient pas semblés être surpris. Mais l’affaire n’avait eu aucune suite.

Sur le terrain, les habitants reprenaient des forces peu à peu. Les cris et les pleurs avaient laissés place à des rires. Ils réapprenaient à vivre et à prendre goût aux petits plaisirs. SG1 semblait avoir réussit sa mission. Cependant tout n’était pas encore finis. Mais SG1 avait besoin de repos tout comme le reste du personnel militaire présent. Alors ils avaient été convenu que tout le monde rentrait pour que la relève vienne prendre place.

Kelnom et Teal’c échangèrent un sourire.

Philips fit un hochement de tête et passa la porte à l’unisson avec son équipe.

Jack et Teal’c passèrent la porte, pour se retrouver en salle d’embarcation. Immédiatement ils se dirigèrent vers les vestiaires, pour prendre une douche.

 

*****

Alors que Teal’c et Jack se détendaient ; en salle d’embarcation, SG6 attendaient patiemment l’ouverture de la porte. Ils étaient tous fin prêt à partir.

En salle des commandes, Siler et Carter lançaient la procédure d’activation de la porte. Alors que les chevrons allaient s’enclencher un à un, au bout du quatrième chevron la porte s’immobilisa et le chevron ne s’enclencha pas.

En salle d’embarcation, SG6 se retourna d’office pour faire face à Siler et Carter. Tous arboraient un air interrogateur. Le colonel Simt qui commandait cette unité, interpella Carter.

Carter reporta son attention sur l’ordinateur.

Ils réactivèrent la séquence avec les coordonnées mais la porte ne semblait pas vouloir s’enclencher. Hammond qui avait senti l’agitation, arriva en salle des commandes.

SG6, le Général et Carter s’installèrent en salle de briefing, en même temps que Jack, Teal’c et Daniel entrèrent précipitamment.

Le silence emplit la pièce.

SG6 et Hammond quittèrent la salle de briefing sans plus attendre. Seul SG1 restait, chacun avait la tête baissé perdu dans ses pensées, excepté Sam qui rassemblait ses affaires. Jack releva la tête et observa Daniel. Sam allait partir quand Jack se décida à parler.

Daniel comprit que Jack s’adressait à lui.

Il quitta la pièce rapidement.

Sam n’avait rien dit, elle s’était contenté d’écouter ses deux amis, elle se sentait blessé de ce changement entre l’équipe. Ils n’arrivaient plus à s’entendre. Elle quitta elle aussi la pièce, elle devait trouver une solution pour retourner sur PS310.

*****

Cela faisait plusieurs heures que chacun dans la base s’affairait pour réactiver la porte sur PS310. Il régnait une puissante agitation, et l’ambiance était électrique. Rien ne fonctionnait, la porte ne voulait pas s’enclencher sur la destination désirée, même si les scientifiques et techniciens travaillaient d’arrache pieds. Ils avaient même contacté les Asgards et les Tokras, en espérant qu’ils pourraient se diriger en vaisseau vers PS310. Mais aucun des deux forces alliers n’avaient donné de réponse, chacun avait certainement ses propres problèmes.

Sam quant à elle sentait de plus en plus la pression sure elle. Tout le monde en attendait trop d’elle, et elle se sentait lasse d’être la tête chercheuse. Et puis le Colonel et le Général qui s’inquiétaient sans cesse de l’avancement de ses recherches ne faisait qu’empirer la chose.

La nuit serait longue pour le SGC, ils se devaient de trouver une solution.

 

*****

Il était bientôt 23h quand Daniel s’enferma dans ses quartiers. Toute cette agitation s’en était trop. Les gens qui s’étaient activés autour de la porte, et tout ce monde qui n’avait que de cesse de penser à sauver cette population lui donnait la nausée. Il avait besoin de se couper de tout ceci. Ce combat ne lui appartenait plus. Et puis tout ces gens dans cette base ne lui invoquait que colère. Ils étaient tous incapables de venir en aide à ceux qui leur étaient proches. Et puis ses amis ? Il venait à nouveau de les repousser un peu plus, c’était mieux comme ça. La séparation n’en serait que moins dure, pour eux comme pour lui.

Il jeta un regard nerveux en direction de son sac posé sur le lit. Il avait l’étrange sensation que tout cela devait être provoqué dés cet instant. La souffrance était trop intense pour pouvoir être encore supporté. C’était comme s’il entendait un appel, celui qui le pousserait à mettre fin à toute cette mascarade.

Finalement il ne connaîtrait pas le fin mot de l’histoire. Mais cela était mieux ainsi car il pouvait aisément imaginer que tous ces gens avaient été sauvé à temps et qu’ils avaient trouvé la paix. Et puis la force qu’avait déployé la base ces dernières heures n’en resterait pas vaine. Il pouvait imaginé n’importe quel scénario, cela n’avait plus d’importance, car cette vérité il ne la connaîtrait pas. Et aussi égoïste que cela pouvait paraître, il se fichait un peu de cela. Il devait se concentrer sur lui-même.

Daniel se dirigea vers la petite salle de bain. Il observa son visage qui se reflétait dans le miroir. Ses traits tirés montraient sa crainte. Avait-il peur à cet instant ? Bien sûr mais il n’avait pas trouvé d’autre issue à tout cela, et il devait peut-être vaincre sa peur pour un ailleurs plus honorable. Là ou il allait il n’emporterait rien pas même ce corps trop lourd pour lui. Tout ceci n’était qu’une enveloppe, une surface qui cachait tant et tant de souffrance. Il se sentait prisonnier de ce corps alors il devait le quitter.

Il remplit son verre d’eau et regagna la pièce sombre. Il posa le verre sur la table de chevet et s’assit sur le lit. Il se mit a contempler ses quartiers. C’était le reflet d’une vie sans but, d’une vie sans envie. Ce lieu l’opprimait et le fascinait à la fois. Cet endroit était tout simplement triste, comment avait-il pu rester aussi longtemps ici. Il le savait c’était que probablement, le matérialisme lui importait peu avant, quand sa vie avait encore un sens.

Mais il comprenait mieux pourquoi son envie de quitter cette vie s’était manifesté dans un tel endroit. Ce n’était en aucun cas parce que l’endroit était sinistre et qu’il pouvait associer cela à sa mort. Non car il trouvait la mort si belle, quel merveilleux acte de courage que de mourir. Il avait choisit ce lieu pour l’unique raison que sa vie avait brutalement basculé ici-même, quelques années plus tôt, et que c’était normal qu’elle prenne fin ici. C’était un juste retour des choses.

Il ouvrit son sac lentement. Quelques vêtements maladroitement pliés firent irruption du sac. Il y avait également un livre. Il le saisit. L’avait-il lu ? Il ne s’en souvenait plus. Coincés entre deux pages, se baladait ça ou là des photos. Principalement de ses amis mais aussi de Sha’re. Les larmes ne tardèrent pas à perler ses yeux. C’était comme si ses amis l’appelaient, le retenaient. Et pourtant ils étaient en colère contre eux. Eux qui n’avaient pas su voir en lui sa souffrance. Et puis finalement qu’est-ce que cela aurait changé ? Sa vie ne se résumait pas à ses amis. Alors cela n’aurait pas vraiment agit sur son mal être.

Daniel secoua la tête en pleurant. Il avait tellement mal. Cette douleur résonnait en lui avec tellement d’écho.

Il referma violemment le livre. Il ne pouvait pas, le courage lui manquait pour continuer. Il voulait cesser de ressentir, il désirait être dans le néant. Etre le néant. Tout irait mieux ensuite pour lui qui s’apprêtait à quitter ce monde et puis pour les autres aussi qui restaient.

Il se mit à nouveau à farfouiller dans son sac. Il en sortit des boîtes de médicaments. Il observa avec attention ce qu’il tenait dans les mains. C’était donc ça sa délivrance ? Il n’arrivait pas à avoir l’esprit clair pour se souvenir comment il avait obtenu ces boîtes de neuroleptiques et d’anxiolytiques et autres comprimés encore, mais cela n’avait plus grande importance.

Il s’installa plus confortablement sur le lit jusqu’à se caler au mur. Il prit soin d’ouvrir les boîtes. Il ne devait rien précipiter, ne rien laisser au hasard. Il avait à présent le vue brouillé par les larmes et sa respiration était rythmé par les sanglots. Etait-il heureux de cette fin ? Non certainement pas, il n’avait jamais pensé écrire la fin de son histoire comme cela, lui si aimant de la vie. Mais n’avait-il pas d’autre choix ? Si bien sûr, on a toujours le choix. Alors il avait pris cette voie là plutôt qu’une autre. Et aussi douloureux qu’était ce choix, rien ne serait comparable à cette souffrance s’il décidait de rester. La question qui le harcelait sans cesse, était qu’il se demandait comment il en était arrivé là, à ne plus désirer la vie.

Il s’empara d’un crayon et d’un papier et griffonna quelque mot pour ensuite y déposé sur la table de chevet. Il leur devait bien ça, quelques mots juste avant de partir. Pas d’explications, non car il se devait juste une explication à lui-même.

Il prit les médicaments un à un pour les écraser et les mélanger à l’eau. Son verre devint tout à coup trouble, comme ce qui l’attendait je ne sais où. La vie était si frêle, cela dépendait de si peu de chose pour tout arrêter.

Son cœur battait la chamade. Il savait qu’il y avait un fossé entre de désir de mourir et le fait de passer à l’acte réellement. Mais sa détermination était grande. Les larmes ruisselaient toujours sur son visage. Et puis encore la lassitude de son existence et son mal-être qui criaient en dedans. Il savait. C’était la seule façon de se libérer de son mal intérieur, il trouverait enfin la paix, du moins l’espérait-il.

Il porta le verre à ses lèvres et le but d’une traite. Il reposa le verre, en effectuant une grimace significative, et se pelotonna dans son lit. Il passa son corps sous les couvertures et ferma les yeux. Il continuait néanmoins de pleurer. Il voulait maintenant s’endormir calmement, ne rien ressentir et partir.

Son ventre commençait à le torturer. Il ne savait pas exactement si cela était dû au mélange qu’il venait de boire ou bien si c’était la crainte qui le tenaillait. Peut importe bientôt il ne ressentirait plus rien.

Il avait peur de se retrouver seul là-bas aussi. Est-ce que quelqu’un l’attendrait ? Quelqu’un pour l’accueillir, pour le rassurer ?

Il plongeait littéralement dans l’inconnu. Il n’avait jamais vraiment été religieux. Seulement il avait toujours eu l’intime conviction qu’il y avait quelqu’un ou quelque chose au-dessus de tous. Alors peut-être qu’il ne serait pas seul à passer ce cap ?!

Daniel, perdu dans ses pensées, sentit peu à peu le sommeil le gagner. Tout allait prendre fin, très bientôt. C’était une question de minutes.

Ses paupières étaient lourdes et ses larmes redoublèrent comme s’il savait qu’il allait finalement atteindre son but. Son corps tremblait de douleur. Tout prenait fin. Les souffrances physiques et morales allaient s’estomper. Il sentait son âme flotter au dessus de son corps. Et des tas d’images qui défilaient, comme s’il faisait son jugement dernier. C’était angoissant et enivrant à la fois. Il revoyait une dernière fois ce qu’il quittait. Mais il avait tellement mal que tout ceci n’était pas nostalgique, bientôt il serait libre de toute souffrance. Il partait, il le sentait. Plus rien ne le retenait, et sûrement pas cette vie pour qui il n’avait plus envi de se battre.

Il offrait sa vie à qui n’en veule lui ne la désirait plus. Il l’échangeait volontiers contre l’inconnu qu’était la mort.

Ses paupières se celèrent à nouveau.

Il était 23h57. La base était en effervescence. Et un homme se donnait la mort.

 

*****

Il était assis là depuis certainement une heure voir plus. Les coudes appuyés sur les genoux, le dos courbé, et la tête baissée, il n’avait pas changé de position depuis. Il faisait tourner et retourner un petit morceau de papier entre ses doigts. Ce bout de papier seulement orné de quelques mots, il ne l’avait pas quitté non plus. Il l’avait lu à haute voix pour les autres mais n’avait voulu en aucun cas le céder à quelqu’un. Il l’avait tellement chiffonné que certainement ce qui avait été écrit était probablement effacé quelque peu. Mais il ne pouvait s’empêcher de jouer machinalement avec cette feuille.

Jack avait le visage grave, et ses traits tirés lui donnait facilement deux fois son âge. Aucune larme ne s’était aventuré sur le désert de ses joues, mais en dedans son cœur pleurait de douleur.

Dans le vaste couloir blanc, l’activité était au summum. Des gens du personnel ou encore des patients traversaient le couloirs rapidement. Des vies étaient en jeu ici aussi.

Il ne remarqua pas les pas qui s’avançaient prudemment vers lui. Ce n’est qu’une fois que les pieds furent sous ses yeux qu’il se décida à relever lentement la tête.

Le Général Hammond se tenait là devant Jack. Son visage laissait aisément transparaître sa tristesse.

Hammond s’éloigna dans la foule du couloir qui ne cessait de s’agrandir. Jack resta là, impassible. Rien ne pouvait le troubler. Il n’était concentrer que sur une chose, sur quelques mots " Pardonnez-moi ma lâcheté "…

 

*****

L’ambiance était d’une étrange candeur. Une clarté perçait et aveuglait. Alors c’était donc ça le Paradis ? Tout était clair, lumineux, presque diaphane !

Daniel se sentait bien, au calme, ou presque. Ce qui était étrange et qui le troublait était ce " bip " régulier qu’il percevait. Et puis ce picotement qu’il ressentait dans le bras comme une aiguille lors d’une transfusion. Ce qui lui semblait anormal aussi était qu’il avait la sensation de sentir encore ses membres. N’était-il pas à présent une âme errant dans le Jardin d’Eden ?

Puis des chuchotements, des bruits venaient peu à peu à sa conscience. Ils se firent plus intenses. Daniel tardait à ouvrir les yeux comme s’il prenait conscience de ce qui se passait. IL avait peur de découvrir la vie, sa vie derrière son rideau de paupières. Quand enfin il ouvrit les yeux, c’est pour rencontrer les yeux marrons d’une infirmière au regard compréhensif. Trop compréhensif. Il plissa aussitôt les yeux, tant la lumière était aveuglante. La luminosité était telle qu’il aurait pu se croire dans un lieu paradisiaque.

Daniel ressentait un profond soulagement mais aussi un sentiment d’amer défaite. Il était troublé, déstabilisé.

Il tenta de dire un mot, mais l’infirmière l’en empêcha. Sa bouche était pâteuse et son corps extrêmement lourd.

Les deux personnes disparurent de la pièce. Daniel ne chercha pas à comprendre. Il avait l’esprit totalement confus. Il ne savait pas exactement ce qu’il désirait ou non. Ce dont il était sûr était ce mal de tête lancinant. Et ce sentiment de bien-être que lui procurait le soleil qui entrait abondamment dans la chambre. Il referma ses yeux comme il sentait la fatigue l’emporter, il ne résista pas, et se laissa bercer doucement.

 

*****

Le couloir s’était peu à peu vidé, pour ne rester que trois personnes. Jack, Teal’c et Samantha étaient assis en silence. Jack n’avait pas changé de position. Sam était assise à côté de lui mais n’osait pas bouger tant Jack semblait tendu et agressif. Teal’c s’était installé sur le banc en face, et observait un point invisible sur le mur impeccablement blanc.

Ils semblaient tous trois exténués, les yeux étaient enflés de fatigue ou de pleurs probablement. Leurs visages en disaient long sur leur ressentis. Ils avaient mal, tant l’incident les avait surpris, secoué. Ils n’avaient pas pu lire la détresse de Daniel et pour cela ils se sentaient terriblement coupables.

Sam se leva d’un coup, presque brutalement. Incroyablement droite, elle arrangea les plis qui s’étaient formés sur son tee-shirt. Son visage était froide presque imperméable à toutes émotions.

Jack ne releva même pas les yeux, il se contenta de nier la proposition par un mouvement de tête.

Sam se dirigea vers la machine à café à quelques mètres d’où ils étaient. Ses talons claquaient sur le carrelage froid de l’hôpital. Elle marchait rapidement faisant ainsi accentuer le bruit de ses pas. Teal’c la suivit du regard jusqu’à ce qu’elle disparaisse de sa vue tandis que Jack avait toujours les yeux posés sur le sol.

Un juron et bruit les firent sortir de leur rêverie, c’était Carter !

Ils se levèrent en même temps empruntant le même chemin pour rejoindre la machine à café qui semblait causé du souci à Sam. Ils trouvèrent Sam en train de donner des coups de pieds dans la machine.

Sam continuait à taper dans la machine si bien que Teal’c décida d’intervenir. Il tenta de l’éloigner de l’engin mais elle se débattait. Alors il l’emprisonna fermement de ses deux bras. Elle continuait de se débattre.

Sam rendit les armes, elle cessa de se débattre pour s’effondrer en sanglots dans les bras de Teal’c. Il la serra plus fort pour lui faire comprendre qu’il était là pour elle.

Jack observa la scène comme un voyeur. Il fut surpris du visage de son Major. Complètement défiguré par la douleur. Il se souvint ensuite qu’il ne l’avait pas regardé depuis la dernière fois en salle de briefing. Depuis qu’ils avaient retrouver Daniel, il avait gardé la tête baissé. Il n’avait regardé personne seulement peut-être Hammond. Egoïste dans sa souffrance, il avait levé le regard que sur lui-même, que sur sa propre souffrance oubliant ainsi que les autres souffraient eux aussi. Le visage de Teal’c et Sam lui paraissait trop fatigué et trop triste. Cela lui brisa le cœur.

Jack prit le café chaud dans ses mains.

Sam se détacha de Teal’c et regarda Jack un peu surprise. Mais à l’heure qu’il était Jack n’était capable que de cette marque d’attention, si cela en était une. Elle prit le café mais resta perplexe.

Tous repartirent prendre leur places. Et le silence s’installa à nouveau. L’hôpital paraissait très calme. Seuls quelques internes vagabondaient ça ou là, mais rien avoir avec l’activité qu’avait connu Jack tout à l’heure.

Un bruit de talons les firent relevés la tête tous en même temps. Janet arrivait vers eux d’un pas rapide. Elle semblait déterminée. Sam essaya de lire en elle mais Janet ne laissa filtrer aucuns sentiments, elle avait presque un visage sans expressions.

SG1 se leva en même temps comme pour accueillir Janet, mais cette dernière ne semblait pas vouloir s’arrêter.

Elle activa son pas encore une fois et SG1 la vit s’engouffrer dans une pièce non loin d’eux.

Jack frappa dans le mur énervé.

Ils se rassirent patiemment attendant Janet.

 

*****

Le Docteur Fraiser entra dans la chambre où dormait Daniel. Un médecin était en train de s’affairer autour de Daniel. Janet s’approcha doucement.

Janet fit oui d’un hochement de tête. Elle se mit à observer les écrans de contrôle tout autour du lit.

Wilson sortit laissant ainsi Janet seule. Elle observa Daniel plus attentivement, son physique était à pleurer. Mais tout ceci n’était qu’une enveloppe, ce qu’il y avait en dedans, c’était ça l’important. Et c’était cela qui causait du mal à Daniel. Son âme souffrait. Elle ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable. Elle était médecin c’était son métier que de percevoir la détresse des autres. Tout ceci n’avait aucun sens, aucuns d’eux n’avaient pu prévoir ce qui était arrivé, ils étaient si impuissants que ça ?!

Janet sortit pour se retrouver dans le couloir blanc où ses amis l’attendaient toujours. A sa vue, ils se figèrent.

Tous se saluèrent. Teal’c et Janet s’enfoncèrent dans le long couloir, tandis que Jack et Sam prenaient le chemin de la sortie.

Une fois dehors, ils se dirigèrent lentement vers le véhicule comme s’ils redoutaient quelque peu de quitter Daniel. Ils montèrent en silence dans le pick-up, sans même se regarder. Sam se laissa littéralement effondrée sur le siège passager. Elle colla son visage à la vitre et ferma les yeux. Elle se sentait las de tant de souffrance. Jack l’observa quelques instants tant ce n’était pas dans les habitudes de Sam de laisser libre court à ses émotions. Jack finit par mettre en route le moteur et quitta rapidement le parking de l’hôpital.

Ils parcouraient les rues de Colorado Springs. Aucun d’eux ne parlait. Il n’y avait probablement rien à dire. Jack observa à nouveau furtivement Sam. Elle n’avait pas bougé une seule seconde. Jack la sentait craqué et cela lui faisait un peu peur. Et puis dans ce genre de situation, être seul n’était pas la meilleur solution alors il décida de lui faire une proposition.

Sam ouvrit lentement les yeux pour les posés sur Jack.

Elle n’en dit pas plus. Jack prit cela pour un oui et prit la direction de sa maison. Une fois arrivé, il se gara et coupa le moteur. Il ne bougea pas ensuite, calé dans son siège il restait immobile. Tout ceci était étrange, ce sentiment était inexplicable. Sam le regarda.

C’est comme si elle avait lu en lui, mais de toute façon c’était facile car ils ressentaient tous la même chose. Ce sentiment de culpabilité et de responsabilité. Ce sentiment qui les laissait perdu.

Jack envoya à Sam un petit sourire et sortit de la voiture. Sam ne tarda pas à le rejoindre.

Sam se tenait bien droite au milieu du salon, elle était vraiment mal à l’aise mais elle n’aurait su expliquer pourquoi. Si c’était le fait qu’elle se trouve seule avec Jack ou alors ce sentiment vis à vis de Daniel. Jack remarqua que Sam cherchait ses marques. Il l’invita à s’asseoir.

Jack disparut dans la cuisine. Sam regarda une nouvelle fois autour d’elle avant de s’installer sur le canapé. Elle se calla mieux et trouva le canapé très confortable. Elle se risqua à laisser tomber sa tête contre le sofa, même si elle savait qu’elle serait capable de s’endormir. Elle entendait les bruits de tasses dans la cuisine. Elle ferma rapidement les yeux pour éviter aux larmes qui naissaient de couler sur ses joues.

Jack arriva avec un petit plateau dans les mains, quand il parvint à hauteur de la table basse, il découvrit Sam les yeux clos. Elle s’était endormis avant même qu’une de ses larmes n’est finis sa course sur sa joue. Il la regarda un instant le cœur serré, ça lui faisait tellement mal, mal pour elle, mal pour Daniel…

Il alla chercher un plaid pour ensuite le déposer sur Sam. Il se retira dans la cuisine. Il avait lui besoin d’être seul. Il connaissait que trop bien ce qu’avait pu ressentir Daniel, et cela lui faisait mal de savoir que son ami avait vécu pareille souffrance.

 

*****

Elle remua légèrement, sentant la chaleur qui l’entourait. Elle entendait vaguement un petit bruit. Elle se décida à ouvrir les yeux. Ce qu’elle vit en premier fut O’Neill une télécommande à la main. Elle tourna quelque peu la tête pour voir que la télévision était allumé. Jack s’aperçut que Sam avait ouvert les yeux, il regarda dans sa direction pour rencontrer les yeux blessés de son Major.

Ils partirent tous les deux à la cuisine. Ils préparèrent un petit repas, puis ils se mirent à table. Le dîner se déroula dans le plus simple silence, on pouvait entendre uniquement le bruit des couverts s’entrechoquer entre eux. Ils ne se regardaient même pas, on aurait pu croire que chacun mangeait seul.

A la fin du repas, Sam commença à débarrasser, et insista pour faire la vaisselle.

Elle rangea ensuite la vaisselle, et par mégarde elle lâcha un verre qui s’écrasa sur le sol. Elle jura tant qu’elle pouvait.

Jack sentait Sam craquer, elle n’en pouvait plus si bien que la moindre petite chose prenait alors une ampleur importante. Il la saisit par le bras et l’entraîna vers la salon. Et c’est là qu’elle se laissa aller complètement, son cœur se brisa, elle avait tellement mal.

Il s’approcha de Sam et délicatement la prit dans ses bras. Il la sentait si fragile, que son étreinte était si douce de peur de la casser.

Jack et Sam se sentaient coupables, comme les autres aussi probablement. Coupables de n’avoir pas su voir la détresse criante de Daniel, pas su voir son mal intérieur. Responsables de ne pas avoir su protéger Daniel de ce foutu mal qui vous saisi qu’est la dépression. Alors peut-être que cette tentative de suicide n’était au fond qu’un appel au secours, mais cela allait loin, il avait fallu que Daniel tente de mettre fin à ses jours pour que ses amis comprennent sa souffrance. Et c’est pour cela que ses amis se sentaient aussi mal.

Jack serra un peu plus encore Sam contre lui. Il voulait lui faire comprendre que tout ce qu’elle avait exprimer il le ressentait également mais qu’il était incapable de mettre des mots dessus pour le moment.

Sam se dégagea légèrement de Jack, et ses bras vinrent s’enrouler autour de la nuque de Jack.

Et sans que Jack sente le coup venir, elle colla ses lèvres à celle de son supérieur. Jack n’eut pas le temps de réagir que le baiser se faisait déjà intense, ardent. Le baiser n’avait rien de doux, il était quelque peu animal. Il n’y avait pas de place pour le romantisme, c’était juste un besoin pressant de contact.

Jack reprit ses esprits et fut surpris de voir avec quelle ardeur Sam l’embrassait. Il se rendit compte de ce que cela impliquait, et il se détacha difficilement de Sam lui faisant ainsi échapper un gémissement de frustration.

Sam ouvrit ses yeux et posa un regard interrogateur sur Jack.

Elle se colla à nouveau à lui tentant de l’embrasser, mais Jack esquiva le coup.

Elle planta son regard dans celui de Jack, il vit une lueur inhabituelle qu’il ne connaissait pas en elle. Sam se rapprocha encore de Jack.

Du désir ! Voilà ce que c’était cette lueur qu’il percevait dans ses yeux. Jack se sentait déstabilisé, ce qu’il lisait en elle était exactement ce qu’elle venait de dire. Elle avait réellement envie de faire l’amour avec lui. Tout ceci n’avait aucun sens, ils étaient tous deux trop choqués et avaient trop mal pour s’engager sur ce genre de terrain. Bien sûr il en avait toujours eu envie mais pas dans ces conditions.

Comme pour le convaincre Sam enroula à nouveau ses bras autour de Jack et déposa des baisers le long de la nuque de Jack. Elle sentit Jack démarrer au quart de tour.

Jack laissa tomber le peu de défenses qu’il avait. Il savait très bien que la situation n’était pas vraiment opportune à ce genre de laisser-aller, mais le fait que son Major se colle à lui, il n’arrivait pas vraiment à avoir les idées claires.

Il se décala légèrement de Sam pour lui capturer les lèvres. Ce fut le même baiser que le premier, toujours dénué de tendresse. Ils avaient besoin du contact de l’autre, c’est tout ce qu’ils demandaient. Les caresses se faisaient pressantes. Jack souleva Sam du sol et l’emmena dans se chambre. Ils firent d’abord l’amour avec fièvre, puis cela se fit avec plus de tendresse. Tous deux en quête de douceur et d’amour.

 

*****

Un rayon de soleil caressa son visage. Elle se sentait bien, elle ouvrit vaguement un œil. La lumière de la chambre l’aveugla. Elle s’étira lentement faisant ainsi glisser légèrement le drap de ses épaules. L’étoffe du drap caressait sa peau nue. Elle émit un petit sourire tellement elle se sentait bien. En s’étirant de tout son long son pied heurta quelque chose au bout du lit. Elle ouvrit en grand les yeux pour voir que Jack était assis au bout du lit dos à elle. Il avait alors la même position que dans le couloir de l’hôpital. Sam releva le drap sur elle en même temps qu’elle prenait position assise dans le lit. Jack ne la regardait toujours pas.

Un silence s’installa. Sam essayait de savoir ce qu’avait Jack. Il était tout à coup froide et ce n’avait pas été vraiment le réveil auquel elle s’attendait. A cet instant elle pensait que Jack était inquiet pour leur carrière respective.

Jack se retourna d’un bloc.

Sam baissa la tête, elle se sentait complètement perdue. Jack lui parlait comme si la nuit qu’ils venaient de passer n’avait pas eu lieu. Le simple " Carter " l’avait profondément blessé. Bien sûr elle ne s’attendait pas à ce que tout change au matin, mais cette démission elle y pensait de plus en plus et Jack ne comprenait pas sa motivation.

Jack resta silencieux quelques instants le temps pour lui de chercher ses mots.

Jack resta silencieux. Il avait mal autant que Sam. Mais il savait aussi que d’entamer cette relation alors que Daniel avait grand besoin d’eux ne serait pas une bonne chose. Tout ceci était si dur et si compliquer.

Sam avait tourné la tête du côté de la fenêtre et avait le regard brouillé de larmes. Et même si elle avait quelque peu provoqué ce qui c’était passé, elle ne pouvait s’empêcher de penser que Jack était injuste. Il la regarda quelques instants, ses bras étaient agrippés au drap qui enroulait sa poitrine et son visage était crispé. Il se décida à sortir.

Sam resta plusieurs minutes assise sur le lit avant de gagner la salle de bain pour se rhabiller.

Quand enfin elle descendit, elle trouva Jack planter dans le salon, il observait de loin ce qui se passait au dehors. Elle resta un peu sur la dernière marche de l’escalier, puis quand Jack ressentit sa présence, elle traversa en hâte le salon pour gagner la porte d’entrée.

Elle s’arrêta mais resta là la main sur la porte.

Elle se décida à se retourner.

Sam regarda Jack d’une façon quelque peu haineuse. Elle ne voulait pas le croire. Mais Jack perçait son regard, pour lui montrer à quel point il était sincère, à quel point il regrettait leur situation. Sam sentait qu’il était le plus honnête possible avec elle.

Elle quitta rapidement la maison de Jack. Elle était trop affecté de ce qui se passait elle avait besoin de rester seul. Une fois dehors, elle se souvint qu’elle n’avait pas de voiture. Elle allait devoir marcher, peut-importe cela lui ferait du bien.

 

*****

Teal’c avait passé plusieurs heures dans cette chambre, il n’aurait pas su dire combien, cette candeur qui se dégageait de cette hôpital lui faisait perdre la notion du temps. Il avait longuement regarder le visage blafard de Daniel comme si son visage allait répondre à toutes les questions qui hantait Teal’c. L’unique et la seule était le POURQUOI ?! Comment pouvait-on atteindre un point de sa vie où cette dernière ne représentait plus rien ? Il ne voyait nullement de la lâcheté dans l’acte de Daniel, mais plutôt un grand acte de courage. Il ne pouvait pas jugé son ami d’avoir baissé les bras d’avoir abandonné, il pouvait seulement ressentir de la colère envers lui-même. De la colère de n’avoir pas su lire la souffrance de son ami.

Il fut sortis de ses pensées par un mouvement de Daniel dans le lit. Il s’approcha de lui. Daniel remua encore avant d’ouvrir les yeux. Il tenta de dire quelque chose mais c’était quasi inaudible.

Daniel attrapa le bras de Teal’c pour le retenir.

Teal’c sonna un médecin et ils attendirent.

Daniel esquissa un pauvre sourire.

Daniel regarda difficilement son ami qui se sentait vraiment concerné par la réponse que pouvait lui apporter Daniel. Il ne pouvait lui mentir.

A ce moment Janet entra avec le Docteur Wilson. Janet avait une barre d’inquiétude sur le front et elle semblait très fatiguée.

Teal’c acquiesça et sortit après avoir échangé un dernier regard avec Daniel. Peu de temps après Janet sortit et se retrouva avec Teal’c dans l’immense couloir.

Elle disparut dans les couloirs de l’hôpital. Teal’c la regarda s’éloigner puis alla s’asseoir dans une salle d’attente. Il était submergé d’émotions. Il était soulagé bien sûr pour eux mais inquiet pour Daniel. S’il avait réellement désiré de mourir ce n’était peut-être pas un service à lui rendre que de l’avoir arraché à une mort certaine. En même temps, il voulait garder l’espoir qu’il y avait une chance de sauver Daniel.

Teal’c fut sortit de ses pensées par une main se posant sur son épaule. Il releva la tête pour rencontrer le regard inquiet de Jack.

A cet moment le Docteur Wilson apparut. Il semblait serein, ou du moins il avait une allure très professionnelle.

Les deux hommes suivirent Wilson. Ils entrèrent prudemment dans la chambre. Daniel avait les yeux ouverts mais fixés dans le vide. Il tourna lentement les yeux. Ils se posèrent alors sur Jack pour se fermer aussitôt.

Jack fixait Daniel. Aucun mot ne pouvait sortir de sa bouche. Il ne savait que dire.

Daniel sourit légèrement avant que les larmes ne viennent envahir son visage. Cette douleur ne s’était pas estompé. Il avait mal.

La porte s’ouvrit à cet instant. Sam y entra timidement. Jack se retourna et leurs regards se croisèrent. Le visage de Sam se fit plus dur et elle lui envoya un regard assassin. Cela n’échappa à personne.

Quand elle vit Daniel, le visage baigné de larmes, son cœur se déchira. Elle se précipita à son chevet. Elle lui prit la main et la serra.

Elle fixa Daniel qui avait lui aussi son regard dans celui de Sam.

Ce fut Sam qui posa la question qui brûlait les lèvres de chacun. La réponse de Daniel n’en fut que plus violente.

Les visages se firent graves. Chacun essayait de maîtriser cette souffrance qui leur arrivait en pleine figure.

Le silence n’avait que pour écho les pleurs plus ou moins étouffés. A des degrés différents, ils souffraient tous.

Le Docteur Wilson entra alors brisant ainsi cet instant d’intime douleur. Il demanda aux visiteurs de laisser Daniel se reposer. Sans un mot de plus, ils quittèrent la chambre. Ils n’avaient pu répondre à Daniel, devant cette criante souffrance. Qu’auraient-ils pu répondre ? Vivre le faisait souffrire. Comment pouvaient-ils lui prouver le contraire ? C’était sa vie, c’était sa souffrance.

 

*****

Cela faisait maintenant une semaine que Daniel était à l’hôpital et presque autant qu’il n’avait reçu de visite. En effet, pour son bien, il avait été recommandé qu’il ne reçoive de visiteurs pendant quelques jours. Ses amis avaient eu du mal à accepter la chose mais Janet leur avait fait comprendre que cela était dans l’unique but de protéger Daniel et de l’aider.

Son état physique s’améliorait de plus en plus mais pour son état psychologique, cela relevait d’un tout autre chapitre. Il était loin d’être guéris.

Aujourd’hui, Janet avait réunit le Général et SG1 en salle de briefing. Elle devait les mettre au courant de ce qui allait se passer par la suite pour Daniel. Elle appréhendait car elle ne savait prévoir la réaction de ses amis.

Janet fit le tour de l’assemblée des yeux puis fixa un point invisible sur la table.

Un silence plomba l’atmosphère.

Le silence s’imposa à nouveau à eux. Il n’y avait certainement rien à rajouter, il fallait accepter.

Personne ne répondit à cela. Leur petit entretien se termina dans une profonde tristesse. Ils étaient tous profondément déstabilisés. Ils sentaient que les choses changeaient.

 

*****

Jack était devant la porte de la chambre à Daniel depuis quelques minutes déjà. Il n’arrivait pas à se décider d’entrer. La confrontation avec Daniel lui faisait peur, en fait c’était plus la confrontation avec la souffrance de Daniel qui le paralysait. Il prit une grand inspiration et poussa enfin la porte. Il entra quelque peu gêné. Il trouva Daniel couché sur son lit fixant le plafond.

Daniel tourna la tête et posa son regard sur Jack.

Jack observa son ami. Il semblait avoir retrouvé des couleurs. Son visage ne faisait plus blafard, il avait encore d’horribles cernes mais cela était sûrement dû au manque de sommeil.

Jack enfouit sa main dans sa poche tout en s’approchant de Daniel. Il en sortit un petit bout de papier et le tendit à Daniel.

Daniel ne comprit pas immédiatement, il saisit l’objet, déplia la feuille et lut l’inscription. Ses yeux s’embrumèrent de larmes. Il posa le papier devant lui, puis regarda Jack.

Jack baissa les yeux, il comprenait que Daniel n’ait pas envie de se battre. Lui aussi avait vécu cela. Il prit le petite bout de papier qui avait échoué sur le lit. Le regarda attentivement puis posa ses yeux sur Daniel tout en déposant le papier dans les mains de son ami.

Daniel l’observait. Il n’avait vu Jack aussi grave qu’à de rare occasion. Il semblait sincère, concerné, peiné aussi.

Il parlait de plus en plus difficilement. Ses yeux étaient humides et sa voix se cassait par moment. Daniel se sentit ému par tant de sincérité. Il agrippa la main de Jack dans un geste timide sans même le regarder. Il n’était pas coutume de ce genre de marque d’affection entre les deux hommes. Ils étaient trop fiers pour cela mais à présent la donne était différente. Jack serra la main à Daniel.

Daniel allait répliquer qu’il ne pouvait pas savoir mais il se rappela que Jack était passé par cet état de lassitude de l’existence. Peut-importe il avait la conviction que les autres ne pouvaient rien pour lui.

Il retira sa main doucement, puis examina Jack. Il avait l’air contrarié, bien sûr il pouvait comprendre que Jack soit inquiet pour lui. Mais il percevait une autre inquiétude. Et il en avait une petite idée.

Daniel ferma ses yeux pour acquiescer ce que Jack venait de lui dire. Puis Jack prit congé auprès de Daniel. Ils se remercièrent tous deux silencieusement. Jack quitta ensuite la pièce.

 

*****

Jack sortait de l’hôpital. Il avait erré un moment dans les couloirs. Il avait cherché en vain quelqu’un pour le rassurer. Mais dans les hôpitaux se mêlaient aussi bien espoir que désespoir.

Il était dans le parking à la recherche de sa voiture quand il vit Sam qui se dirigeait vers le hall d’entrée.

Sam se retourna et stoppa attendant que Jack arrive à sa hauteur.

Sa voix laissait paraître une certaine froideur. Elle se rendit compte qu’elle n’avait pas voulu être aussi distante, elle tenta de rattraper le coup.

Sam observa Jack. Il avait le visage décomposé par la peine. Elle aussi savait que son visage marquait sa douleur.

Sam avait évoqué la promesse qu’il lui avait tenu dans les vestiaires quelques semaines plus tôt. Quand il lui avait juré qu’ils sauveraient le peuple de Kelnom des injures qu’ils avaient subi. Il savait que là encore il avait échoué, et il s’en voulait.

Puis elle s’arrêta et se retourna une dernière fois.

Jack resta pantois pendant quelques secondes. Il savait qu’il ne cessait de la faire souffrir. Mais il n’arrivait à tout gérer ces temps-ci.

 

*****

Un moment déjà que Sam était assise sur le chaise à côté du lit de Daniel. Ils n’avaient peu parlé, ils s’étaient contentés de joindre leurs mains. Ils partageaient le silence. Et Daniel appréciait cela, car Sam savait être discrète quand il devait. 

Daniel avait depuis quelque temps une question qui trottait dans sa tête. Il n’avait encore osé la poser, par crainte de la réponse. Il présentait que ce qu’il brûlait de savoir ne lui plaise guère.

Sam releva la tête trop surprise. Elle ne s’attendait visiblement pas à ça.

Daniel avait étouffé un cris. Sa tête était venu s’écraser entre ses mains, et il pleurait à présent. Sam vint s’asseoir sur le lit et le prit dans ses bras. Elle le berça alors que Daniel sanglotait. Sa sensibilité était mis à rude épreuve.

Sam ne savait que répondre, il avait raison sur toute la ligne. Ils avaient échoués. Et cet échec prenait des allures de gifle en pleine face.

Daniel se détacha de Sam et l’observa.

Elle lui sourit et posa un baiser sur sa joue.

Sam le regarda, elle était triste d’entendre ces paroles et elle avait les larmes aux yeux.

Daniel ferma les yeux comme les larmes glissaient sur ses joues.

Malgré ses craintes, Sam avait essayé d’aider au mieux Daniel. En lui disant qu’il devait se battre contre cette maladie, elle n’était sûre que Daniel s’en sortirait indemne. Mais elle savait qu’elle devait lui faire prendre conscience que ses souffrances pouvaient être atténuées, et qu’elle serait prête à le soutenir.

 

*****

Cela faisait maintenant trois semaines que Daniel était entré à Surbay. Trois semaines qu’il avait entamé sa longue période de guérison. Les premiers jours avaient été difficiles, il se sentait au plus mal. Il ne pensait pas que ce lieu puisse l’aider à retrouver l’envie de vivre, bien au contraire. Mais ses amis avaient été là à chaque avancée qu’il faisait ou à chaque pas en arrière. Quoiqu’il fasse, il avait trouvé dans les yeux de ses amis le réconfort et l’aide dont il rêvait. Cependant tout n’était pas gagné, la route serait encore longue. Ou peut-être que Daniel ne parviendrait jamais à s’en sortir ? Les réponses étaient truffées d’incertitudes.

On avait accordé une première sortie à Daniel. Pour cette première, Jack avait organisé un dîner chez lui. Janet, Hammond, Teal’c, Sam, personne n’avait manqué à l’appel. Sam était un peu stressé et mal à l’aise de se retrouver à nouveau chez son supérieur. Mais pour Daniel elle était prêt à tous les sacrifices.

Daniel avait été quelque peu anxieux à l’idée de se confronter au monde extérieur le temps de quelques heures. Mais finalement, l’ambiance était plutôt bonne, même si chacun surveillait son langage en vue de ne pas blesser involontairement Daniel.

Ils se sourirent. Il était souvent question de " à l’occasion ", comme si c’était une manière pour ses amis de faire tenir Daniel. De plus promettre des choses pour qu’il se donne les moyens et l’envie de guérir.

Aucun trouva bon de rajouter quoi que ce soit. Le sujet était délicat pour tout le monde.

Daniel baissa légèrement la tête en souriant.

Daniel releva la tête et observa ses amis. Un à un. Si ! Il savait que c’était nécessaire, plus que nécessaire.

Il avait à présent les larmes aux yeux. Les paroles de Daniel avaient émus tout le monde. IL avait besoin d’aller jusqu’au bout, c’est pourquoi il coupa Jack qui s’apprêtait à parler.

Un silence plomba l’atmosphère. Chacun prenait la mesure des paroles dîtes. Il avait probablement raison. Tout ne devait pas s’arrêter parce qu’une personne souffrait. Aussi douloureux que c’était à accepter, la vie suivait son cours.

Ils s’échangèrent un sourire. Puis après toutes ces émotions, la conversation reprit un ton plus léger. Et les rires et plaisanteries s’installèrent.

Plus tard dans la soirée, ils décidèrent qu’ils étaient temps de prendre congés. Ils aidèrent tous Jack à débarrasser la table et ranger un peu le salon. Daniel ramena à la cuisine quelques verres et y trouva Jack en train de ranger. Quand il vit Daniel entré, Jack stoppa ce qu’il était en train de faire.

Ils échangèrent un sourire, puis ils entendirent Janet appeler Daniel depuis le salon.

Ils échangèrent un dernier regard. Puis Daniel disparut de la cuisine.

Il avait été heureux de cette sortie, l’espace de quelque instants, il s’était sentis bien, libre.

Teal’c, Janet et Daniel étaient donc partis. Les deux amis avaient décidé de ramener Daniel à Srbay avant qu’il ne soit trop tard.

A présent, Georges, Jack et Sam se trouvaient dans le salon de Jack. Ils partageaient le silence depuis longtemps déjà après avoir bu un dernier café. C’était tout ce qu’ils étaient capables de faire. Las de cette ambiance, Hammond décida de prendre les devant.

Hammond comprit qu’il ne tirerait rien de ces deux là ce soir. Même si la venue de Daniel s’était bien passé, il était encore douloureux de penser à lui, de penser à ce qu’il vivait et le combat qu’il menait. Georges décida qu’il était temps de rentrer pour lui aussi.

Hammond se leva aussi, serra la main de Jack, fit ses adieux et se dirigea vers la sortie. Il n’était pas aussi dupe qu’on pouvait le croire, il savait que ces deux officiers avaient probablement plus long à se dire qu’ils ne le laissaient prétendre. Quand il passa la porte, Sam ramassait son sac à qui était à ses pieds.

Ce n’était pas du tout ce à quoi il pensait. Il voulait s’excuser, lui parler, en clair retrouver cette complicité qu’il avait avec elle. Et chasser pour de bon cette saleté de tension ! Il avait envie d’elle. Il ne pensait pas là au sexe, il avait envie qu’ils soient ensemble, qu’ils vivent une relation enfin. Il avait envie de la posséder. Il avait envie qu’ils soient ce que peu de gens parviennent à devenir l’un pour l’autre. Il voulait juste de la simplicité dans leurs sentiments. Maintenant il était prêt à prendre ses sentiments et ceux de Sam comme ils venaient.

Mais déjà Sam était à la porte et avait la main sur la poignée. Cela sonnait comme un air de déjà vu.

Même si cette phrase n’était qu’un murmure Sam put l’entendre et cela lui valut un frisson. Elle ne ferait pas deux fois la même erreur, elle avait déjà assez souffert. Et puis force de reconnaître qu’elle n’avait nullement envie de discuter avec lui. Elle appuya sur la poignée de la porte et l’ouvrit. Elle semblait avoir déjà vécu cet instant, quelques semaines plus tôt.

Toujours la main sur la poignée, elle se retourna à demi. Cette fois-ci il ne la chassait pas il la suppliait de rester.

Sam leva les yeux au ciel excédée, elle n’en croyait pas ses oreilles.

Sam baissa la tête, elle était partagé. Devait-elle le laisser s’en sortir aussi facilement ? Et en même temps, ils avaient déjà beaucoup trop souffert par le passé. Les excuses de Jack étaient pour le moins piteuses, mais elle avait appris à ses dépends que l’amour pardonnait. Elle se sentait stupide de revenir vers lui quand il " claquait des doigts " car c’était un peu le cas. Mais elle savait aussi qu’elle était désireuse que tout finisse par s’arranger.

De sa main, elle poussa doucement la porte. En se refermant, la porte fit un petit bruit qui la fit sursauter. Jack, lui, poussa un soupir de soulagement.

Sam vit Jack s’approcher d’elle. Elle était toujours devant la porte d’entrée. Arrivé à sa hauteur Jack la regarda intensément. Il n’avait pas toujours agis avec finesse avec elle, c’était le moins qu’on puisse dire, mais tout ceci lui avait servi de leçon. Il avait été odieux avec elle, et à présent elle ne lui en tenait pas rigueur, il trouvait ça insensé mais en était soulagé. Cette femme était époustouflante. Il la blessait et elle était toujours à ses côtés. Mais cela ne lui donnait pas le crédit pour la faire souffrir à nouveau, il s’en faisait la promesse, il ne lui ferait plus mal.

Ce qui c’était passé avec Daniel, lui avait prouvé qu’il ne fallait en aucun cas passé à côté des opportunité de la vie.

Il posa délicatement ses mains de chaque côté du visage de Sam, et colla son front au sien. Ils fermèrent tous deux les yeux, appréciant le contact. Le sac de Sam glissa au sol, comme ses mains venaient se poser sur le torse de Jack. Tant d’années à se chercher, tant d’années à se blesser…

Front contre front, les yeux clos, ils se sourirent.

 

*****

A tous ceux, pour qui, vivre est un combat…

Et à ceux qui vivent…tout simplement…

Si le cœur vous en dis, un petit feedback me ferait plaisir…même si cette fic vous a ennuyé par sa longueur peut-être, ou autre…

Merci

Thera.