Son Souvenir

 

 

Auteur : Thera

E-mail : Thera_holly@hotmail.com

Genre : Romance, et un peu de drame, enfin si on veut….

Disclaimer : Les personnages ainsi que la série sont la propriété de MGM, Showtime et Gekko. Je n’ai pas touché d’argent pour écrire cette fanfic.

Note de l’auteur : Voici encore une fanfic où Sam est " au centre des débats ", mais que voulez-vous je prends un réel plaisir à analyser, sous toutes les coutures, ce personnage.

Comme d’habitude je remercie EnfantTV pour m’avoir relu, et pour m’avoir soutenu dans ma fièvre créatrice….lol….là j’exagère !!!

Je remercie aussi tous ceux qui m’ont envoyé des commentaires sur mes précédentes fanfics.

Je dédis cette fanfic à tous les mordus de Stargate…. J

Bonne Lecture…

 

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Le coin était plutôt calme et sur cette petite route peu de voitures y circulaient d’ordinaire. Seuls quelques enfants jouaient aux billes sur le bord de la route ne semblant se soucier de rien d’autre que de leur jeu. Sam observait depuis un moment déjà le petit chalet qui se dressait devant elle. Le chalet de Jack O’Neill. Elle était incapable de faire le moindre mouvement. Les volets clos, le jardin en friche, elle n’avait jamais imaginé cette petite bâtisse comme ça. Ce chalet paraissait abandonné et pour cause il l’était.

Cette féroce appréhension ne l’encourageait pas dans sa tâche à accomplir. D’ailleurs elle ignorait tout du pourquoi de sa venue. Son esprit était trop voilé pour permettre ne serait-ce qu’un peu de clairvoyance. Toutes ses pensées s’y bousculaient et s’y confrontaient. Pourquoi revenir maintenant, six mois s’étaient déjà écoulés. Il était encore temps de faire demi-tour, de fuir à nouveau comme elle avait si bien appris à le faire. Remonter dans la voiture, quitter cet Etat et reprendre une vie normale en oubliant définitivement cet endroit. Elle l’avait fait jusqu’à présent, c’était si simple de faire preuve de lâcheté. Non pas cette fois ! Elle savait qu’elle n’en avait pas le droit par respect pour lui, elle lui devait bien ça, et puis aussi pour elle-même.

Elle enfila la main dans la poche de sa veste, et ses doigts se crispèrent sur la clé. Le contact avec le métal froid provoqua chez elle comme une mini décharge. Elle était maintenant déterminée, du moins pour un temps. Elle se décida enfin à traverser la route. Les enfants s’arrêtèrent quelques instants, c’est comme s’ils venaient de remarquer la présence de Sam, une étrangère par ici ce n’était pas commun. Elle se sentait gênée d’être tout à coup observé. C’était comme si par les regards de ces enfants, elle sentait sur elle le poids des reproches. Ceux qui l’animaient et qui la vidaient. Sam leur envoya pour toute réponse un sourire peu assuré.

Elle poussa le portillon en bois, traversa le carré de jardin sans même s’y attarder, monta quelques marches pour se retrouver comme immobile devant la massive porte de bois. Elle n’aurait pas cru arriver aussi vite devant l’entrée. Elle observa la porte, le bois arborait des rainures un peu partout et des craquelures commençaient à faire leur apparition en signe de vieillissement. La réalité lui semblait être comme une porte auquel elle se blessait en s’y heurtant. Le fait était que tout avait tellement changé. Sam tenta de refoulé les quelques larmes qui perlaient au coin des yeux. Tout ceci était peine perdue.

Tout à coup, ce chalet lui paraissait immense, elle se sentait mal à l’aise, elle avait l’impression de violer son intimité. Et puis elle avait tout simplement peur de ce qu’elle allait trouver. Elle n’était pas tenu de faire cela, elle aurait eu l’occasion de le faite plus tôt mais elle n’avait jamais eu le courage de parvenir jusqu’ici. C’est comme si elle espérait trouver son salut, sa paix intérieure. Elle était prête désormais à affronter Jack O’Neill. Celui qui hantait ses cauchemars. Les efforts qu’elle avait mis en œuvre pour tenter de l’oublier s’effondraient en quelques secondes.

Elle s’empara de la clé qu’elle glissa maladroitement dans la serrure, elle la tourna lentement comme pour se donner le temps de voir venir les choses. La porte s’ouvra laissant s’échapper une odeur acre de renfermé. L’intérieur de la maison était sombre, Sam s’y engouffra avec la peur au ventre, la peur de faire face à son passé à lui, de lui faire face. Elle se dirigea en hâte vers ce qui semblait être un salon, et ouvra les volets et les fenêtres, ainsi elle se sentait moins oppressé. Elle avait cet indicible désir de l’appeler, stupide idée, pensa-t-elle. Tout en respirant l’air frais qui s’infiltrait peu à peu dans le chalet elle se mit à scruter la pièce. Malgré la poussière, le décor aussi rustique qu’il soit semblait donner un côté chaleureux à cet endroit. Le salon n’était pas bien grand, le canapé semblait désespérément attendre la venue de quelqu’un tant la vision qu’il donnait était piteuse. Un peu plus loin, une colonne à CD et une chaîne étaient là. Sam s’y dirigea. Elle voulu allumer la chaîne. Rien. Evidemment il n’y avait pas de courant. Peu importe elle n’avait pas envie d’écouter de la musique, le silence était un de ses fidèles compagnons. Elle avait juste besoin d’écouter ce que ce chalet avait à lui dire. Le salon lui paraissait bien agencé.

Et pourtant ce lieu lui paraissait hostile, elle se sentait comme une étrangère, peut-être tout simplement parce qu’elle l’était. Alors pourquoi lui avait-on demandé de s’y rendre ? C’était bizarre elle avait aussi l’impression qu’en venait ici elle allait mettre fin à ces moments de douleur et de désarroi. Elle pressentait que c’était là le tournant de ces pénibles journées où elle avait atteint le fond en tentant de l’oublier. C’était peut-être un effort à fournir de venir ici mais elle y gagnerait peut-être aussi. Elle n’était sur de rien sinon de la souffrance qu’elle éprouvait. Et en fin de compte qu’espérait-elle trouver ici ? Il n’y avait pas âme qui vive ici.

Elle ne pouvait s’empêcher de se sentir vide devant ce chalet qui lui rappelait combien elle avait souffert et combien elle souffrait encore. Sam s’efforça de chasser les idées noires de ses pensées, si elle commençait comme ça elle allait fuir encore une fois et c’est comme si elle fuyait devant lui.

Elle se dirigea d’un pas mal assuré vers les escaliers. Sous son pas lent, les marches craquaient dans un bruit sourd qui résonnait dans tout le chalet. En haut de l’escalier, elle fit un rapide tour de ce qui s’offrait à elle, il n’y avait pas beaucoup de pièces à l’étage. Il fallait qu’elle se lance à la découverte de ce lieu, elle se dirigea vers l’une d’elle. La porte était entrouverte comme si quelqu’un venait d’y pénétrer. Encore une fois sa pensée n’avait aucun sens. Sam poussa délicatement la porte qui se mit à grincer au contact de ses doigts. Elle avait l’impression de troubler je-ne-sais-quoi et cela la mettait mal à l’aise.

En entrant dans la pièce, Sam remarqua que c’était certainement une chambre d’amis, tant la pièce lui paraissait impersonnelle. Elle promena son regard sur cette chambre. Elle resta stupéfaite, comme pétrifiée par le spectacle qui s’offrait à elle : cette chambre respirait la vie. Les volets étaient clos, mais quelques faisceaux de lumières perçaient cette pesante obscurité, ce qui rendait la pièce plutôt claire. Sam se mit à observer la pièce, un lit, une table de chevet, un placard. Rien de plus simple. Mais la pièce dégageait cette inexplicable vivacité.

L’ambiance de la chambre paraissait plutôt apaisante, et pourtant Sam ne se sentait pas bien. Pourquoi ? Peut-être parce qu’elle se retrouvait seule ici, et qu’elle prenait conscience peu à peu de la raison de sa présence. Elle s’adossa au mur et se laissa glisser jusqu’à se retrouver assise à même le sol. Que lui était-il arrivée ? Comment avait-elle pu en arriver là ? Sa vie avait si brutalement basculée. Et elle n’avait rien fait, elle n’avait pas réagit. Depuis ces derniers mois elle ne faisait que subir sa vie, elle n’en était pas maître. Elle se laissa porter au gré des autres. Elle avait l’impression d’évoluer, d’avancer à contre courant. De se battre contre cette éternelle peur du vide laissé, du malheur et de cette souffrance grandissante. Elle ne pouvait y réchapper, vivre ces instants pénibles peut-être était-ce cela sa destinée. Le plus dur était que ses proches avaient repris pieds, et étaient rentré à nouveau dans le rang.

Elle se demanda à nouveau comment une seule personne pouvait avoir autant de contrôle sur sa vie. On lui avait volé sa propre vie à l’instant où elle l’avait perdu lui.

Elle se souvenait trop bien des mots du Général, cela résonnait encore dans sa tête. " Déclaré mort en mission ! ". C’en était fini, Jack avait donné sa vie pour sauver celle de ces compagnons. Elle ne se souvenait pas vraiment ce qu’avait été exactement la mission, ou peut-être n’avait-elle pas envie de se souvenir ? Ce que Sam savait était qu’elle avait senti ses membres défaillir quand ces mots avaient retentis, comme elle tremblait aujourd’hui encore à la puissance des souvenirs de ces moments. Et puis plus rien. Elle s’était finalement réveillée quelques jours plus tard à l’infirmerie. " Finis ". " Reprendre le cours des choses ". C’était ce qu’on cessait de lui répéter. Il fallait maintenant accepter. La vie reprenait pour les autres, elle n’attendrait personne.

Jack avait rédigé d’éventuelles lettres d’adieu à chacun, on n’était jamais trop prudent dans ce métier. C’était la procédure, ces lettres étaient écrites depuis bien longtemps, au cas où il arriverait quelque chose. Cette fois le Général dut se résoudre à les sortir de son tiroir, il devait en faire usage. Dans la lettre destinée à Sam, rien de plus normal que des adieux entre amis. Sam ne s’attendait pas vraiment à autre chose même si l’idée de trouver là une déclaration lui avait effleuré l’esprit. Jack avait su garder son rôle de parfait gentleman jusque dans la mort ou alors avait-il seulement fait encore preuve de pudeur.

Et puis finalement elle n’aurait su affronter une lettre où Jack aurait exprimé ouvertement ses sentiments à son égard. Elle avait lu la lettre attentivement, buvant ses moindres mots, c’était tout ce qui lui restait ; et puis arrivée à la fin de la lettre elle avait été accrochée par ceci " ce chalet est à vous ! ". Elle n’avait pas tout de suite compris, c’est en trouvant des clés au fond de l’enveloppe qu’elle avait saisi le sens de ces mots.

Génial ! Elle avait déjà un mal fou à se faire à sa mort mais en plus de ça elle héritait de son fameux chalet au fin fond du Minnesota. Comment devait-elle réagir ? Se sentir flattée et touchée qu’il lui ait fait ce cadeau ou alors le prendre comme une blague douteuse pour lui rappeler le nombre de fois où elle avait refusé de s’y rendre. Jack avait certainement eu là une des ces pensées équivoques. Et maintenant que devait-elle faire de ce chalet ? Honnêtement elle n’en avait rien à faire ! Le vendre ? Oui pourquoi pas mais c’était quand même délicat. Alors les clés restèrent dans un boîtier prévu à cet effet presque 6 mois, jusqu’à ce jour. Aujourd’hui poussé par je ne sais quel vent, elle avait soudainement décidé de se rendre à ce chalet et d’y découvrir peut-être ce qu’elle semblait chercher désespérément. Reprendre une vie normale.

Car depuis la mort de Jack elle ne vivait que pour son travail, c’est ce qui la maintenait en vie. Elle subissait le poids de la vie. Sa vie lui coulait entre les doigts et rien d’autres. Elle en avait même négligé ses amis. Plus rien ne comptait. Elle avait trop perdu. Et pourtant elle avait vraiment essayé de se protéger de lui, et des sentiments qu’elle ressentait pour lui.

Alors peut-être était-ce utopique de penser qu’en venant ici elle trouverait enfin la voie de son salut. Oui mais elle avait envie de s’y raccrocher. Si en sortant d’ici, elle souffrait encore plus alors tant pis…sa vie ne pouvait être pire.

Au fur et à mesure que les souvenirs de ces 6 derniers mois affluaient, Samantha ressentait une intense douleur morale. Elle sentait aussi son corps s’endolorir peu à peu, elle avait serré ses genoux contre sa poitrine et sa tête était enfouie entre ses jambes. Ses yeux étaient emplis de larmes. Elle essayait tant bien que mal de se protéger de ses pensées qui la faisaient tant souffrir. Mais peu à peu, elle sentait que la pression de sa propre souffrance lui faisait rendre les armes. Abandonner, peut-être était-ce cela la solution ? Elle allait se laisser couler encore et encore dans ce profond abysse. Elle sentait qu’elle perdait le contrôle d’elle-même. Les éléments de la chambre se déformaient en choses étranges et tournaient à lui faire perdre la tête. Sam sentait qu’elle perdait pied. C’est avec un brin de force et de lucidité qu’il lui restait que Sam comprit qu’elle devait sortir avant de tomber dans l’inconscience. L’air devenait quasi irrespirable.

Elle se leva avec peine manquant de tomber et atteignit la sortie à son grand soulagement.

Elle claqua violemment la porte derrière elle comme pour chasser toutes ces émotions. Cela agissait même sur son corps. Tout ceci était si loin et encore si présent. Elle sentait encore des sursauts nerveux dans tous ses membres.

Sam se retrouva désormais comme propulsé dans le sombre et vaste couloir. Elle ne s’y sentait pas non plus en sécurité. Elle sentait une douleur lancinante et incommensurable. La douleur était encore si vivace, rien ne s’était estompé. Sa vie était rongée par le douloureux souvenir et la souffrance. Elle avait l’impression que cet endroit se refermait sur elle comme un étau, pour renforcer la culpabilité qu’elle éprouvait. Lui était mort, elle vivante. C’est comme si elle sentait le reproche de Jack de la savoir en vie. Ce couloir prenait tout à coup des allures d’impasses de vie. Soit Sam décidait de se sortir de ce cauchemar, soit elle repoussait encore l’idée de se frotter à la réalité.

Au bout du couloir, une porte qui donnait sûrement sur la chambre de Jack. Elle était tentée d’y pénétrer. Mais finalement son manque de courage prit le dessus.

Finalement son choix aussi peu intrépide qu’il soit, se fixa sur une pièce voisine où Sam s’y engouffra avec ferveur. Une fois à l’intérieur, elle comprit qu’elle se tenait dans la salle de bain. Là aussi le lieu ne semblait pas abandonné, quelques produits jonchaient encore ça ou là. Mais la poussière avait fait des siennes, la pièce reflétait une pale image à l’allure terne.

Comme instinctivement attiré, Sam se dirigea prudemment vers le miroir. Ce dernier arborait lui aussi une apparence des plus mauvaises. Il était recouvert d’une fine couche de poussière. Le reflet apparaissait mais l’image n’était pas nette. Cela rendait quelque peu l’anonymat au reflet qui s’y projetait. Comme si ce miroir ne reflétait pas le plus profond de l’âme. Sam put ainsi voir apparaître son reflet. Malgré la poussière, on y voyait les traits crispés de son visage, et ses yeux rougis accentuaient ses cernes. Un visage défiguré par le vide que Jack laissait. Un regard accablé. Rien ne ressemblait à la jeune femme à la gracieuse vitalité et au sourire ravageur qu’elle était. Elle passa ses mains sur son visage comme si elle avait le pouvoir d’effacer les marques de souffrance que reflétait platement son visage. Rien à faire son visage ne trompait personne, elle souffrait. Cette douleur la minait jusqu’au plus profond d’elle-même.

Les larmes se mirent à nouveau à ruisseler sur ses joues. La solitude et le malheur l’habitaient. Le regard fixé sur son reflet, elle observait les larmes envahirent son visage, comme le malheur avait envahi sa vie si subitement. Elle s’en voulait de s’être attacher à ce point à cet homme. Où cela l’avait-elle mené ? A souffrir encore et toujours. Il avait été sa vie toute entière. Elle n’avait désormais plus rien.

Un autre sentiment commençait à la dominer. Il fallait qu’il explose. La colère. L’envie de tout foutre en l’air. Elle en avait assez de souffrir, elle voulait seulement voir le soleil à nouveau, elle ne demandait pas grand chose. Elle avait essayé de chasser à jamais Jack de son esprit. Au lieu de ça il apparaissait aux pensées de Sam toujours associé à la haine, la souffrance, la guerre. Elle se mit à crier.

" Que voulez-vous mon Colonel ? Pourquoi m’avoir amené ici ?!!! "

Inévitablement elle avait levé les yeux au ciel. Elle eut le silence pour unique réponse. Elle ne comprenait pas pourquoi il lui avait donné ce chalet. Il aurait du savoir que ça la faisait souffrir ! Ce qu’elle voulait c’était seulement une présence, sa présence. Et au lieu de ça elle retombait dans l’incessante solitude. Au milieu de ce chalet qui lui paraissait si hostile.

Peut importe ce qu’avait voulu Jack en lui offrant ce chalet, elle en avait assez, ce n’était pas ici qu’elle ferait son deuil. Il fallait qu’elle parte.

Sam se retrouva à nouveau dans le couloir. Trop long. Trop noir. Elle sentait son cœur battre plus fort et ses mains tremblées. Son regard balayait l’espace devant elle à la recherche d’une issue. Encore une autre porte. Est-ce que celle-ci la mènerait tout droit en enfer ? Elle ne pouvait détacher son regard de la porte en face d’elle. Elle se sentait comme cloué au sol, impossible du moindre mouvement. Elle avait envie de fuir cet endroit au plus vite et pourtant paradoxalement elle était attirée vers la porte. La peur la paralysait et la laissait indécise. Elle avait toujours fui devant l’attachement qu’elle avait pour Jack et elle sentait qu’elle faisait la même chose avec la pièce qui semblait l’appeler désespérément. Cette chambre avait tant à lui révéler.

C’est avec une certaine retenue qu’elle marcha jusqu’à la porte. Arrivée devant cette porte, elle appuya lentement sur la poignée puis pénétra dans la chambre. La chambre de Jack. La pièce baignait aussi dans une douce lumière rassurante. Tout semblait prendre forme à mesure que les yeux de Sam découvraient la chambre. Le décor était plutôt sobre, et une certaine forme de sérénité se dégageait de la pièce. On s’y sentait bien, en sécurité comme protégé par une quelconque bienveillance.

Sam s’apaisa, sa respiration devint moins saccadée et ses traits étaient moins crispés. La colère et la crainte disparaissaient. Elle reprenait le contrôle de ses émotions. Elle hésita quelque peu avant de se diriger vers une commode qui semblait être le théâtre d’une intense activité. Le dit meuble était orné d’un nombre impressionnant de cardes photos. La pièce entière semblait baigner dans cette ambiance de représentation fictive de la vie. Les photos étaient une des principales sources de décoration. Jack accordait certainement beaucoup d’importance aux photographies.

Sam se mit à inspecter soigneusement les photos. Elle fut agréablement surprise et émue de découvrire qu’elle apparaissait comme le personnage dominant des photos. Certaines représentaient des sorties avec SG1 et Janet, ou quelques photos officielles. D’autres encore étaient des photos inconnues à Sam, elle n’avait même pas eu connaissance que Jack les avait prises. Jack avait volé quelques instants de la vie de Sam pour les faire revivre dans sa chambre. Il emmenait Sam jusque dans ses vacances. Il ne pouvait l’oublier, elle était là au creux de son intimité.

Elle continua son exploration au cœur des photos. Ce fut sans surprise qu’elle y découvrit Sara son ex-femme et Charlie. Eux aussi avaient représenté une partie de la vie de Jack. Et Sam ne put se sentir triste en pensant que c’était aussi le fruit de ses malheurs. Il avait perdu son fils, et cela elle ne pourrait jamais oublier la souffrance dans les yeux de Jack les rares fois où il avait évoqué son fils.

Sam se retourna. Elle faisait maintenant face au lit. Un pull était posé là. Chose qu’elle n’avait pas remarqué en entrant. La dernière fois que Jack avait du venir ici, il l’avait certainement oublié. Et le pull avait survécu à tout ceci.

Sam prit place sur le lit et s’empara du pull. Elle le porta à son nez. Il ne dégageait aucune odeur si ce n’est le renfermé. Mais elle pouvait sans peine se souvenir du parfum que portait Jack. Elle serra le pull contre sa poitrine et ferma les yeux. Elle avait envie de s’abandonner là et de s’endormire. Ne plus penser. Juste pouvoir dormir. Et se réveiller ensuite pour découvrire que tout ceci n’était qu’un affreux rêve.

Tout cela dépassait de loin ce qu’elle croyait pouvoir ressentir. La douleur était encore trop profonde et si ancrée en son sein. Comment avait-il pu avoir autant de contrôle sur sa vie ? En fait elle l’imaginait assez bien. Un jour ou l’autre, au hasard de discussion elle avait du baisser sa garde. Il en avait profité pour envahir son cœur. Ce qu’elle avait cru être de l’amitié n’était en faite qu’un amour naissant. Il avait littéralement pris possession d’elle. Chaque geste qu’elle faisait, chaque parole qu’elle prononçait avait toujours été dirigée en vue de ne jamais le décevoir. Il avait agis sur Sam, et aujourd’hui elle se trouvait sans repères aucuns.

Et puis finalement comment pouvait-elle lui en vouloir d’avoir été si prévenant à son égard ? Les rires, les blagues, les regards, autant de choses qui les avaient animés. Ils avaient tant partagé l’un avec l’autre. Ces bribes d’images, c’est comme si Sam les redécouvrait. Elle les avait toujours eu en elle, elle avait seulement oublié quelque peu la saveur des ces instants qui avait fait son bonheur.

Elle se sentait vide et désemparée, Jack avait compté plus que n’importe qui pour elle. Elle ne savait pas pourquoi il avait autant représenté dans sa vie. Peut-être parce qu’en fin de compte du jour où ils s’étaient connus, il avait toujours été là pour elle. Lui offrant parfois son silence comme soutien ou un simple regard d’encouragement. Tous ces petits signes qui la poussait en avant. Et aujourd’hui elle avait perdu sa boussole, comment devait-elle vivre ? Avec un amer regret ?

Ses mains se crispèrent à nouveau sur le pull. Elle avait peur de ne pas en avoir fait autant pour lui. Elle avait toujours voulu mettre certaines barrières entre eux, pour éviter d’y mêler les sentiments. Seulement elle craignait qu’il ait prit cela comme un manque d’attachement. Oh oui des regrets elle en avait, c’était son lot quotidien.

Et pourtant quelque chose la raccrochait à la pensée qu’elle l’avait aidé, elle aussi. Elle ne savait pas exactement mais à mesure que ce lieu se dévoilait à elle, elle avait l’impression de prendre conscience de ce qu’elle représentait pour Jack. Elle avait l’émoi d’avoir été l’un des piliers de la vie de Jack. C’était probablement prétentieux de sa part de penser ainsi. Mais le fait était qu’elle avait cette étrange sensation. Peut-être faisait-elle fausse route, seulement c’était rassurant de penser qu’elle avait joué un rôle plus ou moins important dans la vie de Jack. Ce n’était pas par fierté personnelle mais plutôt comme un bonheur qui pouvait à nouveau la porter dans sa vie.

Elle desserra l’étreinte qu’elle exerçait sur le pull, et le laissa s’échouer à nouveau sur le lit. Son regard s’accrocha sur une petite bibliothèque qui se trouvait au coin de la pièce. Elle s’y dirigea. Sam avait toujours aimé les bibliothèques où l’on gardait précieusement tout un tas d’histoires qui permettaient l’évasion totale. La bibliothèque semblait réunir plusieurs ouvrages de guerre. Sam ne put s’empêcher de se demander si cela était propre aux militaires de conserver des livres retraçant les guerres. Ces livres illustraient bien le charisme de Jack. Dur, froid. Et pourtant dans animé par l’incessant besoin de protéger…et d’aimer.

Son attention fut attirée par des livres qu’elle ne croyait pas trouver dans la bibliothèque de Jack O’Neill. Des livres philosophiques. A cette vue, elle sourit, elle n’aurait jamais imaginé que Jack lise ce genre de livre. Et bien d’autres livres littéraires. Quelques noms de grands auteurs surgirent aux yeux de Sam. Des tragédies de pléiades anciennes. Il aimait les histoires tristes, les fléaux ou encore la fatalité d’un héros. Ne se retrouvait-il pas dans ces ouvrages ? Lui qui avait toujours cru être poursuivi par la fatalité du malheur.

Elle s’empara d’un livre au hasard et s’y attarda. Elle feuilleta doucement les pages, les reniflant parfois comme pour s’en imprégner. Comme si elle avait pu retracer la vie de Jack à travers ces pages.

Elle reposa le livre à sa place et fit parcourir lentement ses doigts sur la tranche des livres soigneusement alignés dans la petite bibliothèque. Elle ferma les yeux comme pour intensifier la sensation qui s’échappait de ce geste. Que ressentait-elle à cet instant précis ? Elle ne savait pas vraiment l’exprimer, un trouble étrange la submergeait. Un vide, un manque. Celui d’avoir vécu au côté d’un homme pendant plusieurs années sans vraiment le connaître. Elle ne ressentait pas vraiment un malaise. C’était juste une constatation qui prenait rapidement des allures de regrets. Encore des regrets. Elle n’avait visiblement pas su l’apprivoiser. Un sentiment de déception venait se mêler à tout ça. Mais bien au delà de ce sentiment de déception, c’était un désir presque inavoué jusqu’ici qui surgissait. Le simple désir de l’avoir aimé. Elle aurait aimé vivre plus près de lui.

Cet endroit lui en apprenait tout à coup bien plus que ce que l’homme qu’elle avait côtoyé lui avait révélé. Découvrir ce chalet était comme si Jack se dévoilait finalement à nu. Il se livrait à Sam. Maintenant elle comprenait peu à peu ce qu’avait été l’âme de l’incompréhensible Jack O’Neill.

Sam fit à nouveau le tour de la chambre, les larmes aux yeux, elle rasait les murs pour être sûr de mémoriser les moindres détails. Ne rien oublier, là était le plus important. Garder à l’esprit les moindres parcelles de vie de Jack que cette pièce dévoilait. Puis elle quitta la chambre, en prenant soin de bien refermer la porte. Elle s’adossa ensuite à la porte tout en soupirant. Tant d’émotions ravageaient son être à cet instant.

Ce chalet ne lui avait pas été donné par hasard.

Elle esquissa un triste sourire et entama la descente des escaliers. Arrivée en bas, ses muscles se raidirent. Elle sentit un frisson lui parcourir tout le corps. La fraîcheur commençait à la gagner. Elle se dirigea vers le salon pour fermer les fenêtres, qu’elle avait ouverte auparavant.

A peine avait-elle levé son regard en direction d’une des fenêtres que Sam fut stoppé net dans sa progression. Ses yeux étaient rivés vers le dehors. Elle était incapable de bouger trop stupéfaite par la scène qui s’offrait à elle. C’était si romanesque. Comment n’avait-elle pas pu le remarquer plus tôt.

Elle s’empressa de fermer les fenêtres et se dirigea en hâte hors du chalet. Une fois à l’extérieur, elle fit le tour de l’habitacle puis s’arrêta comme paralysé. Elle n’en revenait pas. Elle n’y croyait pas. Le lac. Le fameux lac. Celui dont on lui avait tari d’éloge, celui où Jack allait pêcher. Celui là même. Il n’avait pas eu tord de lui venter les mérites du Minnesota.

La vue était splendide. Le soleil était en train de se coucher sur le lac. Une couleur rouge orangé se dessinait sur le paysage tout entier. Tout semblait s’embraser. Les yeux de Sam s’embrumèrent encore une fois de larmes tant le spectacle était féerique. Cela faisait des lustres qu’elle n’avait pas vu pareille animation. Elle en avait oublié l’intensité que pouvait dégager un si beau phénomène naturel. C’était un parfait moment de plénitude où la beauté de l’instant vous transporte dans un état second de paix. Cela apaisait le mal qui la rongeait. Ce moment de sérénité prisait sur tout le reste.

Son visage désormais apaisé semblait moins pale. Les derniers rayons du soleil semblaient danser en un ballet frénétique et malicieux sur le visage de Sam. Les larmes continuaient inlassablement à ruisseler le long de ses joues. Elle ne pouvait les retenir. Une source intarissable. Une libération. Plus d’étaux. Plus de chaînes. Elle avait l’impression que quelque chose changeait en elle.

Les yeux toujours habités par cet instant magique où le soleil faisait ses derniers adieux, elle comprenait enfin le but de sa venue ici. En lui offrant ce chalet Jack lui avait offert plus qu’un simple lieu de résidence. Il lui avait ouvert son cœur. Jack avait offert sa vie tout entière à Sam. Sa vérité à lui, sa vertu. Il n’avait jamais su exprimer ce qu’il ressentait, en particulier sa tendresse et son attachement aux autres. Et par ce fabuleux héritage qu’il lui léguait, il s’était livré à elle. Pas avec des mots mais avec la puissance de son cœur.

Tout ceci n’avait été que dans le but de lui prouver son ressenti pour elle. Et maintenant elle savait. Elle avait découvert ce chalet comme elle avait découvert l’homme qu’il fut. Pas le militaire mais l’homme. Tous ces instants déchirants qu’elle venait de vivre ici, lui avaient permis de découvrir qui avait été Jack, celui sans lequel elle n’était rien. Sam avait porté Jack dans ses espérances sans le savoir. Elle avait été sa force de vie. Sa raison. Elle comprenait que sans le vouloir, elle avait poussé Jack à avancer, à vivre tout simplement. Elle l’avait soutenu. Aujourd’hui c’était Sam qui avait besoin de soutien, et il était là. Bien sûr, il était mort, mais ce chalet le faisait comme revivre aux yeux de Sam pour quelques instants.

Jack avait toujours aimé Sam. Et si elle en avait peut-être douté à un moment ou à un autre, désormais elle en était sur. Il l’avait aimé. Cet endroit le prouvait. Elle avait maintenant saisi la subtilité de cet héritage.

Un sourire se dessina sur ses lèvres. Les derniers rayons du soleil venaient de disparaître comme la nuit commençait à tomber. Sam leva les yeux au ciel. Les premières étoiles perçaient le ciel désormais sombre. Il était peut-être là-haut quelque part. Le plus important était qu’il était là dans le cœur de Sam. Elle avait tenté en vain d’oublier Jack pensant alléger son fardeau. Mais elle avait maintenant compris qu’elle devait, tout en poursuivant sa vie, se souvenir de ces moments partagés avec lui. Elle n’avait pas le droit de l’oublier. Parce qu’elle n’en avait pas envie, et parce qu’elle l’aimait.

Sam avait toujours la tête vers le haut, les yeux fermés. Une brise légère se leva, jouant dans ses cheveux et balayant ses larmes. Elle sentit l’air frais sur ses joues encore humides. Une douce sensation de fraîcheur. Le vent se mit à souffler un peu plus fort. Il n’apportait pas l’air de souffrance, il soufflait le renouveau.

Sam ouvra les yeux lentement et observa ce qui se présentait à ses yeux. Rien de plus beau. Elle avait encore l’esprit remplis de merveilles. Mais elle devait repartir, il était tard. Elle avait encore beaucoup de route à faire, peu importe. Elle reviendrait. Elle en avait la certitude.

Elle reviendrait faire le ménage, planter quelques fleurs et pourquoi pas pêcher. Pendant quelques temps elle avait laissé échapper son destin, si destin il y avait, mais cela n’adviendrait plus. Elle avait encore temps à accomplir, ici et puis ailleurs aussi. Et puis elle pourrait revenir avec Teal’c, Janet et Daniel y passer d’agréables vacances, dans le souvenir de Jack. Oui pourquoi pas ?!!

Sam posa encore une fois son regard sur le lac, ce ne sera pas la dernière fois qu’elle le fera. Puis c’est sous une merveilleuse clarté lunaire qu’elle alla fermer le chalet, un léger pincement au cœur.

Il était mort en voulant " jouer au héros ", et elle n’avait toujours pas trouver le " bon " côté des choses, comme on dit. Elle était encore triste, mais elle ne s’effondrerait pas, pas cette fois. Elle avait pris conscience de tant de choses, et puis elle s’était pardonné à elle-même.

Aujourd’hui elle ne parvenait plus à s’insurger devant les agissements de Jack qui l’avait conduit à sa perte. Il avait fait ce qu’il avait à faire. Il fallait certainement aller au bout des épreuves. C’était sûrement le prix à payer. La peine de l’avoir perdu était encore douloureuse. Et cela prendrait du temps à cicatriser.

L’important c’était qu’elle avait découvert à quel point Jack l’avait aimé. Il l’avait aimé en silence sans rien attendre en retour. Chacun retranché dans ses positions, ils n’avaient pu vivre leur amour. A cette idée au lieu d’en éprouver de la tristesse comme auparavant, Sam se sentait rassurée. Ils n’avaient, tous deux, jamais cesser de s’aimer.

Et les regrets ? Ils étaient encore là quelque part mais elle avait compris que cela ne l’avancerait à rien de vivre toujours dans le regret. Le temps n’effacerait rien des blessures d’hier ou encore de l’ironie de ce sentiment de frustration qui nous habite quand on tente de retenir ceux qu’on nous arrache violemment. Oui mais combien les souvenirs étaient précieux désormais. Il n’y avait pas d’aptitude au bonheur, elle le savait mais en se donnant les moyens, elle pourrait rendre les choses plus vivables.

Jack avait dit un jour qu’il ne partait jamais sans dire au revoir, et c’était le cas. Sam sourit. Il n’avait pas tord, il n’était pas parti comme un voleur.

Il lui avait laissé un message avant de partir, celui de son cœur….

 

 

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Alors vous en pensez quoi ??? J ou L  ?

Thera….

Ps : je m’excuse si vous avez trouvé des fautes dans ma ff, mais après des heures devant l’ordi, quelque fois je ne vois plus très bien ce que j’écris….lol…