LA MODE A VERSAILLES

La mode masculine

La mode à Versailles Depuis toujours, les courtisants ont adoptés la mode de leur souverain. On a vu sous Henry III , les hommes se parer de gants et de boucles d'oreilles et François premier instaura le port de la barbe. Mais de tout ces rois, Louis XIV fut le seul à créer sa propre mode et à rallier ses courtisants aux même choix. Allant même jusqu'à créer en 1661 un brevet, permettant à certain privilégiés de porter le justaucorps. Suivre la mode à Versailles était pour un courtisant une nécessité. il se devait de respecter les normes des tailleurs si il ne voulait pas se ridiculiser.

Les fils de Louis XIII ont toujours donné l'exemple, en portant des habits somptueux, Louis XIV voulait sa cour éclatante et les gentilshommes, pour être à la hauteur de leur monarque se ruinaient en rubans, perruques et autres fanfreluches. Au début du règne de Louis XIV, la rhingrave et le justaucorps était les vêtements favoris des hommes de la cour. La rhingrave se composait d'une petite jupe en forme de petit tonneau rigide sous lequel était fixé un haut de chausse bouffant. En général, elle montait jusqu'à la ceinture et se poursuivait par un pourpoint très court à manches fendues sur les cotés qui s'arrêtaient aux deux tiers des bras. Le tout agrémenté de rubans multicolores de dentelles tissées d’or et ornés de papillons et d’oiseaux d’or qui étaient alors un signe de richesse. Les chaussures quand à elles disparaissaient bien souvent sous le flot de rubans ce qui obligeait les courtisants à marcher les jambes écartées. Par la suite, le soulier qui, autrefois, était carré très long et surmonté d’un énorme ruban fut remplacé par la botte. Elle était fine et pointue et ornée d’une boucle de pierreries .

Costume Louis XIV vers 1670 Costume de Louis XIV vers 1660

 

On complétait la tenue par une perruque lourde et volumineuse, Vers 1660 la perruque reçut un perfectionnement important : les cheveux furent passés à travers une toile fine ou tressés sur des fils de soie et non plus cousus sur une calotte. Le port de la perruque se généralisa et le commerce d'exportation prit un essor considérable. Mais Louis XIV, pourvu d'une abondante toison, ne consentit à se plier à cette mode qu'en 1673 ; encore fallut-il lui faire des perruques munies de trous par lesquels il passait les mèches qu'il voulut conserver. Les barbiers perruquiers, auxquels Louis XIV donna un statut, imposèrent vers 1690, les immenses crinières royales dressées en deux hautes pointes et dont les boucles tombaient sur les épaules. Elles étaient si lourdes (un kilo environ) qu'on se faisait raser la tête pour les porter. Le roi dut se soumettre à cette obligation jusqu'à soixante dix ans tant ses cheveux poussaient. Elles portaient les noms de perruques " à la royale ", " infolio ", " à la brigadière " ou encore pour les militaires, " à la robin ". Il faudra attendre les années 1700 pour voir apparaître les perruques poudrées en blanc. On recouvrait rarement sa perruque d’un chapeau, de par sa taille extravagante. La mode était aux petites calottes basses et rondes faites de peaux de castors et ornés de ruban ou de plumes selon les époques. Par la suite, les bords du chapeau se retrousseront des trois cotés, pour créer le Tricorne.

 

  1 - Le chapeau est un grand feutre garni de plumes et de rubans.
2 - La perruque doit être portée par tout homme de qualité.
3 - Le jabot est l'ornement de dentelles qui garnit l'ouverture de la chemise sur la poitrine.
4 - Le rabat est un col orné de dentelles, qui se noue sous le cou avec des cordons.
5 - Le pourpoint est une sorte de brassière courte, ouverte devant pour exhiber la luxueuse chemise.
6 - La luxueuse chemise.
7 - Les cordons sont terminés par des houppes ou des glands.
8 - Le baudrier, large bande d'étoffe brodée de soie, garnie de galons et de franges sert a soutenir l'épée. On le passe par-dessus le pourpoint.
9 - La rhingrave est la pièce la plus extraordinaire, c'est une sorte de jupe-culotte, ornée de dentelles et de rubans superposés.
10 - Les hauts-de-chausses sont presque entièrement dissimulés par la rhingrave et fermés à la base par des ornements de dentelle.
11 - Les canons, ornements de dentelles fermant les hauts-de-chausses.
12 - Les bas sont en soie très fine et peuvent être superposés.
13 - Les souliers.
14 - Les talons sont importants : avec la perruque, il servent à grandir la taille.
15 -Les galante sont des rubans de soie. Il en flotte des épaules aux souliers. Même la canne en est ornée.
16 - Les gants, en peau souple, à grands poignets évasés, couverts de broderies, sont imprégnés de parfums.

 

Vers 1670, on abandonna la rhingrave et les flots incommensurable de rubans pour adopter une culotte collante, sérré par une jarretière à double boucle sous le genoux. Avec ce nouveau vêtement, les hommes devinrent aussi coquets que les femmes, attachant énormément d’importance à leurs mollets .

Il leur fallait choisir leurs bas, souvent blancs, ils leurs arrivaient de d’assortir au reste de la tenue, ils étaient attachés par la jarretière à boucle et roulés au dessus du genoux. le roi commençant à prendre de l'âge et de l'embonpoint abandonna la rhingrave pour adopter l'uniforme militaire. Ce fut le triomphe du justaucorps. Ce dernier se composait de deux tuniques ajustées qui se superposaient. Elles étaient toutes deux boutonnées de haut en bas et étaient garnies de deux poches sur le devant. Pendant quelques temps, l’on plaçait par dessus ce justaucorps un baudrier, bien souvent garnis de fleurs de soie, puis il disparut pour laisser place au ceinturon puis au porte épée .La cravate était de rigueur et se voulait large et faite de dentelle. On complétait le costume par une cape ou un brandebourg dont on enfilait pas les manches. Pour pouvoir sortir, il manquait encore quelques petits détails à la mise du gentilhomme : son mouchoir parfumé au musc, une paire de gants , sa tabatière en nacre ou en ivoire, sa montre , généralement en or sans oublier la canne .

Pendant la guerre de succession d'Espagne, le roi, sous l'influence de madame de Maintenon, se vit contraint de faire des économies et délaissa les artifices du costumes. On vit alors disparaître broderies, aiguillettes, rubans et autre noeuds d'épaules. La soie fut remplacée par le coton et l'on vit apparaître le chapeau à plumet. La disparition des aiguillettes devait lancer une nouvelle folie : les boutons. Il arrivait qu’un gentilhomme en porte plus d’une douzaine sur sa tenue, allant jusqu’à les agrémenter de pierreries et les recouvrir de soie.

 


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La mode féminine

La mode féminine quand à elle, était bien souvent dictée par les maîtresses royales. Les dames dépensaient alors sans compter pour leurs toilettes et affichaient leurs richesses sur la garniture de leurs jupes faites de brocards d’or , damas ; satin, velours, le tout surchargé de dentelles, passementeries ,de prétintailles (découpes d'étoffes qui servaient d'ornement sur les vêtements féminins). Les falbalas firent leur apparition vers 1676 et les déshabillés, au sens de toilettes simples, non habillées vers 1672. Les pièces principales de la toilette féminine se composaient de robes ou jupes accompagnées de corsets. La jupe de dessus était large et laissait entrevoir d'autres jupes plus étroites que l'on portaient en dessous. La première portait le nom de "modeste", la seconde était la "friponne" et la dernière se nommait la "secrète". Les deux jupes de dessous étaient faites de tabis (sorte de moire de soie) ou de taffetas, celle du dessus par contre, était faites de velours, satins, soieries et autres moires. Cette dernière jupe était relevé légèrement sur le coté pour ainsi découvrir la seconde et se prolongeait par une traîne que l’on appelait " manteau ". cette traîne déterminait le rang d’une femme selon sa longueur.. Ainsi, une duchesse avait une queue à cinq aunes*, une princesse de sang à cinq, une petite fille de roi à sept, une fille de France à neuf et le grand maximum était pour la reine qui voyait sa robe se pourvoir d'une traîne de onze aunes!

Le corset était une espèce de gaine, emboîtant la poitrine depuis le dessous des seins jusqu’à la dernière côtes s’arrêtant en pointe sur le ventre et fort serré à la taille. Il se voulait tantôt souple, tantôt rigide. Le décolleté quand à lui se voulait généreux, laissant entrevoir la naissance des seins, les manches se étaient courtes et échancrées. Le soir, les robes se paraient de satins et autre brocard. Le corps décolleté était serré à l'extrême pour rendre la taille très fine. D'ou les malaises et évanouissement répétées des femmes de la cour. On pu distinguer dans les années 1630 plus de cinquante nuances pour les bas de ces dames. Des couleurs aux noms extravagants telles que : "couleur ventre de biche ", " veuve réjouie ", " trépassé revenu " et autre " baise moi ma mignonne "... Le XVII ème siècle se vit dépourvus de sous-vêtements.

Le caleçon que Catherine de Medicis avait réussi à implanté au sein de sa cour fut vite délaissé, ne prenant quelques importances lors de promenades à cheval. Une femme de qualité se contentait d'un jupon ou d’une chemise de toile fine, ornée de dentelle d’Alençon. Avant et après Catherine de Medicis, la femme de grande comme de petite condition se trouva entièrement nue sous ses vêtements, et il fallut attendre trois siècles après le caleçon pour voir apparaître la petite culotte! On vit les maîtresses de Louis XIV inventer la mode. Ainsi, madame de Montespan lancera la robe pour femme enceinte. Une robe longue et dans ceinture que l'on appelait "l'innocente". Les coiffures quand à elles fort sage vers 1660 avec la frisure à la " sévigné " devenaient de véritables oeuvres d'art, allant aux grès des tendances, La mode de " la frisure à la Sévigné " fut supplantée par l'"Hurluberlu", puis ce fut le tour de la coiffure à la "Fontanges". La " Sévigné " consistait à se faire des boucles à l'anglaise et des frisures sur le front. L'"hurluberlu" par contre, exigeait un grand sacrifice de la part des galantes de l’époque, puisqu’il fallait couper les cheveux de chaques cotés du visage d'étages en étages dont on faisait de grosses boucles rondes la coiffure terminée, on s’enveloppait la tête avec une pièce de crêpe ou de taffetas que l’on surnommait la coiffe. Cette coiffe se devait d’être assortis au reste de la toilette, ou bien être noire. Dans ce cas, elle se nommait " les ténèbres ". Par dessus la coiffe, on posait deux cornettes . L’une faite de gaze et l’autre de soie.

 

Coiffure à la fontanges Hurluberlu vers 1670

 

Cette mode fut radicalement éclipsée en 1680 avec l'arrivée de la coiffure à la "Fontanges". Mademoiselle de Fontanges, alors maîtresse de Louis XVI , galopant avec le souverain lors d'une partie de chasse, se pris les cheveux dans une branche d'arbre. D'un geste rapide , elle rattacha sa chevelure en la relevant sur le sommet de sa tête. Le roi éblouit par cette vision lui demanda de ne pas en changer. Le lendemain, la Fontanges était sur toutes les têtes. Une mode qui devait survivre plus de vingt ans après la mort de la jeune duchesse. Elle subit toute fois quelques modifications en prenant des tournures extravagantes, se bardant de fils de fer et prenant des hauteurs tellement démesurées que les armatures devaient être fixées par des serruriers! Par dessus ces montagnes de cheveux, on plaçait la coiffe et les deux cornettes, bordées de dentelles plissées, soit à la Jardinière, soit à la Marly. On pouvait alors distinguer sur les têtes de ces femmes de coiffures portant des noms aussi extravagants que leurs échafaudages tels que : le dixième ciel, la souris , le mousquetaire ou encore le firmament… Sous madame de Maintenon, la simplicité et l’austérité furent de rigueur.

Les coiffures redevinrent de simples chignons et étaient recouverts de mantilles. Les tailles s’alourdirent sous de grandes jupes à falbalas et les corsages furent moins ouverts, recouvert d'un petit noeud que l'on nommait "tâtez-y". Une quantité d’accessoires devenaient indispensables tels que les mouches. Selon un code bien précis, et l’humeur de la courtisane, une multitude de mouches aux messages significatifs étaient à sa disposition. Le magasin " A la perle des mouches " se situant rue Saint Denis à Paris, offrait une grande collection de ces " ornements ", on y trouvait " La passionnée " qui se posait près de l’œil, " la baiseuse " au coin de la bouche, " la coquette " sur la lèvre, " la galante " sur la joue, " l’effrontée " sur le nez, ou encore " l’enjouée " sur une pommette, " la discrète " sur le menton, " l’assassine " sous l’œil, "la tendre " sur le lobe de l’oreille, et pour terminer, " la majestueuse " sur le front. Parmi les autres éléments indispensables, il y avait les gants , d'Espagne de préférence. Ces derniers se devaient d’être fendus sur la main, orné de dentelle d’or et délicatement parfumés, et devaient avoir été fabriqués sur les trois royaumes : la peau en Espagne, la taille en France et les coutures en Angleterre.

Les écharpes de taffetas garnie de dentelles protégeaient de la pluie, Les manchons eux se portaient par temps froid. On en trouvait en satin, en peluche ou, plus souvent en fourrures . Rue Dauphine à Paris, ce trouvait la boutique " du grand monarque " c’est là que les grandes dames de la cour se fournissaient en petit manchon en fourrure de chat, de chiens gris , castor, de loutre voir même de léopard le summum de la mode était de tenir caché un petit chien qui devait passé son museau sur le coté du manchon... Les éventails protégeaient de la chaleur. Différentes modes furent lancées, on vit des éventails à " la siamoise " représentant des figures de magots ( figures grotesques de porcelaine) et peints sur fond or. Sous Louis XV, certains éventails prirent le nom de " lorgnette " ils étaient entièrement décorés de chinoiseries arborant de jolies pagodes. Pour terminer une femme de qualité ne sortait jamais sans son masque de velours.

 

Tenue vers 1685 Costume vers 1685

* une aune = 1.188 m

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