CHRONOLOGIE

Cette chronologie partielle s'inspire de celle établie par l'Institut Kurde de Paris. Elle sera completée progrèssivement.

VIIe siècle : Premières traces écrites de la langue kurde. Début de l'islamisation des Kurdes.

1514 : Les émirs kurdes s'allient au sultan ottoman Selim Ier contre la Perse qui est battue par les forces kurdo-turques. Le sultan reconnaît l'autonomie des émirats kurdes.

XIXe; siècle : L'empire ottoman met en oeuvre une politique de centralisation et tente de réduire l'autonomie des Kurdes, ce qui conduit de 1806 à 1880 à une série de soulèvements qui sont écrasés. Les émirats sont abolis.

1908 : Déclaration unioniste. Fondation de plusieurs associations kurdes rapidement interdites.

30 octobre 1918 : Armistice de Moudros : capitulation de l'empire ottoman. La Grande Bretagne occupe la Mésopotamie, la France occupe la Syrie.

Décembre 1918/1920 - Révolte de Cheikh Mahmoud contre l'occupation de la région de Mossoul par les Britanniques qui reprennent à grand peine le contrôle de la situation après des bombardements aériens.

1919/1920 : Révolte de Simko contre le pouvoir impérial en Iran.

10 août 1920 : Traité de Sèvres entre l'empire ottoman et les vainqueurs de la guerre. Le traité, qui ne sera pas appliqué, préconise la création d'un Etat arménien et d'un Etat kurde.

1922/1923 : Nouvelle révolte de Cheikh Mahmoud en Irak, il est rejoint en 1923 par Simko. L'armée britannique réprime la révolte et contraint Cheikh Mahmoud à l'exil.

24 juillet 1923 : Le traité de Lausanne entre la Turquie et les puissances alliées rend officiellement caduc le traité de Sèvres et reconnaît la souveraineté de la Turquie sur la plus grande partie du Kurdistan.

3 mars 1924 : En Turquie, interdiction des écoles, associations et publications kurdes.

Février/avril 1925 : La révolte de Cheikh Said en Turquie menace sérieusement le régime qui instaure progressivement une administration militaire dans les zones kurdes. Cette révolte est suivie de plus d'une dizaine d'autres, dont les plus importantes sont celles de la région du Mont Ararat (1927/1930) et du Dersim (1936/1938).

16 décembre 1925 : A la demande de la Grande-Bretagne, le Conseil de la SDN autorise l'Irak à annexer la région de Mossoul.

Juin 1930 : Simko est assassiné lors des négociations avec le pouvoir iranien.

1931 : Dans le Kurdistan irakien, nouvelle révolte de Cheikh Mahmoud qui est fait prisonnier, puis de Cheikh Ahmed Barzani. La Grande Bretagne écrase l'insurrection.

8 juillet 1937 : Traité de Saad-Abad entre la Turquie, l'Irak, l'Iran et l'Afghanistan pour lutter contre la "subversion", celle des Kurdes en particulier.

1942 : Fondation, en Iran, du Komalah Jeyavana i Kurdistan (Comité qui devient en août 1945 le Parti Démocratique du Kurdistan d'Iran).

1943/1945 : Révolte des Kurdes d'Irak, sous la direction de Mustafa Barzani. Il fonde en 1946, le parti Démocratique du Kurdistan d'Irak.

22 janvier - 15 décembre 1946 : A l'initiative de l'URSS, une République kurde est constituée dans la région de Mahabad en Iran. Le retrait d'Iran des troupes soviétiques qui y étaient entrées en 1941 met fin à son existence. Son président, Qazi Muhammad, est exécuté en mars 1947. Mustafa Barzani venu à son aide, se réfugie en URSS. Avec la fin de cette République, le mouvement kurde est marginalisé à la fois sur le plan régional et dans chacun des Etats. Cette période de "pacification" dure plus d'une décennie.

14 juillet 1958 : Coup d'Etat en Irak. Barzani rentre d'exil. Le régime du général Kassem entame des pourparlers avec les Kurdes.

27 mai 1960 : Coup d'Etat militaire en Turquie. 55 chefs tribaux kurdes sont déportés. Avec le retour définitif des civils au pouvoir en 1965, on assiste aux premiers signes d'un renouveau kurde.

11 septembre 1961 : Nouvelle révolte kurde en Irak sous la direction de Barzani. L'insurrection s'amplifie au fil des années. Le régime militaire d'Aref, issu du coup d'Etat de 1963, ne parvient pas à l'écraser militairement. En 1964, un cessez-le-feu est signé ; il est refusé par une partie du mouvement kurde. La révolte reprend en 1965.

1962 : Recensement prenant en compte l'appartenance ethnique et religieuse en Syrie. 120 000 Kurdes et leurs descendants se voient refuser la nationalité syrienne.

Mars 1963 : Arrivée du Baas au pouvoir en Syrie. Une politique de création d'une "Ceinture arabe" dans la région frontalière du nord-est est engagée. Les Kurdes sont déportés à Alep et Damas ou s'exilent à Beyrouth. Cette politique est poursuivie jusqu'en 1983.

Juillet 1968 : Coup d'Etat baassiste en Irak.

1970 : La renaissance progressive du mouvement kurde en Turquie après le coup d'Etat de 1960 aboutit à la création des DDKO (Foyers culturels révolutionnaires de l'Est).

11 mars 1970 : Accord kurdo-irakien sur l'autonomie du Kurdistan. Il prévoit une participation des Kurdes aux instances suprêmes de l'Etat et un recensement destiné à délimiter la région autonome. Des institutions autonomes sont censées être mises en place dans un délai de quatre ans. Pendant cette période de "ni guerre , ni paix", l'URSS commence à soutenir l'Irak (traité de 1972), tandis que l'Iran conseillé par Washington, apporte son aide aux Kurdes.

12 mars 1971 : Coup d'Etat militaire en Turquie. La gauche radicale et le mouvement kurde sont durement réprimés. Les civils reviennent au pouvoir en 1973.

Mars 1974 : Bagdad promulgue unilatéralement une "Loi sur l'autonomie du Kurdistan" ; très en retrait sur les accords de 1970, elle est rejetée par les Kurdes. La révolte reprend, elle revêt la forme d'une guerre généralisée.

5 mars 1975 : Accord d'Alger entre le Chah et Saddam Hussein. L'Iran obtient gain de cause sur les différends frontaliers qui l'opposent à l'Irak et retire son appui aux Kurdes. La révolte s'effondre pour reprendre sous la forme de guérilla en 1976.

Juin 1975 : Scission du PDK (Irak) ; Jalal Talabani fonde l'Union patriotique du Kurdistan, regroupant plusieurs tendances anti-barzaniste. Le PDK se restructure à son tour. Plusieurs organisations nouvelles issues de diverses scissions voient le jour dans les années suivantes.

1977/1978 : Amplification du mouvement kurde en Turquie. Plusieurs villes kurdes, dont la plus importante, Diyarbakir, élisent des maires nationalistes. Fondation de deux nouvelles organisations : le KUK (Libérateurs nationaux du Kurdistan) et le PKK (Parti ouvrier du Kurdistan, dirigé par Apo, pseudonyme de Abdullah Ocalan). Les organisations qui choisissent la lutte armée pour créer un "Kurdistan socialiste", se lancent dans une guerre fratricide.

1979 : Révolution islamique en Iran. Les partis kurdes iraniens, PDKI (Parti démocratique du Kurdistan d'Iran) et Komelah (organisation d'extrême gauche fondée en 1969, qui n'a rien à voir avec l'organisation du même nom des années 1942-1945), sortent de la clandestinité et s'emparent de presque toutes les villes kurdes. Les négociations entre les partis kurdes et le pouvoir en vue de l'élaboration d'un statut d'autonomie sont interrompues par la "Guerre sainte" déclarée par l'Ayatollah Khomeiny contre les Kurdes en 1980. Les jugements sommaires des tribunaux révolutionnaires, sous l'autorité de l'Ayatollah Khalkhali, complètent les opérations militaires du pouvoir. Les deux organisations armées kurdes abandonnent les villes.

Septembre 1980 : Début d'une guerre de huit ans entre l'Iran et l'Irak. Les régions kurdes deviennent des deux côtés un champ de bataille. Guerres fratricides entre Kurdes iraniens, soutenus par l'Irak, et Kurdes irakiens soutenus par l'Iran.

12 septembre 1980 : Coup d'Etat en Turquie. Les partis politiques et l'Assemblée sont dissous, la constitution est suspendue. Tortures et exécutions se multiplient. La langue kurde est interdite, même en usage oral. Les civils reviennent au pouvoir en 1983.

Décembre 1983 - janvier 1985 : Négociations séparées de l'UPK avec Bagdad en vue d'une coopération dans la guerre et d'un nouveau statut d'autonomie pour les régions kurdes.

1984 : Début du mouvement de guérilla du PKK en Turquie. Une organisation de brigades tribales, appelée "protecteurs de villages" est mise en place par le pouvoir en 1987 (elle compte actuellement plus de 50.000 hommes). Un préfet régional est nommé pour les onze provinces kurdes. La guérilla et la répression font plus de 12 500 morts en dix ans. Les mouvements kurdes, en désaccord avec le PKK sont marginalisés.

1987 : Création du FKI (Front du Kurdistan d'Irak) entre huit partis, dont l'UPK et le PDK.

1988 : En Irak, large utilisation des armes chimiques contre les populations kurdes, d'abord à Halabdja, ensuite sous forme d'opérations d'Anfal, dans la région de Badinan. Exode des Kurdes irakiens : 15 000 vers l'Iran, 60 000 vers la Turquie.

13 juillet 1989 : Assassinat, à Vienne, du Dr Abdul Rahman Ghassemlou, secrétaire général du PDK-Iran, de l'un de ses collaborateurs et d'un médiateur kurde irakien, qui négociaient avec des émissaires de Téhéran.

14 -15 octobre 1989 : Réunion à Paris, sous le patronage de France-Libertés et de l'Institut kurde de Paris, d'une conférence internationale sur les Kurdes. Sept députés kurdes du SHP (Parti social démocrate) de Turquie y participent. Ils sont aussitôt exclus de leur parti.

Printemps 1990 : Manifestations populaires et grève générale dans les villes kurdes de Turquie.

Juillet 1990 : Conférence à Moscou des Kurdes d'URSS ; ils réclament le rétablissement du territoire autonome des années 20.

27 Décembre 1990 : congrès de l'opposition irakienne à Beyrouth. 20 organisations, 300 participants.

Août 1990 : L'Irak envahit le Koweit et l'annexe. La guerre du golfe qui éclate en janvier 1991, ranime l'espoir des Kurdes irakiens.

Mars 1991 : La Turquie autorise l'usage oral de la langue kurde et invite officiellement les dirigeants du Front du Kurdistan d'Irak.

Mars-avril 1991 : Soulèvement du Kurdistan d'Irak au lendemain de la défaite de Saddam Hussein. Toutes les villes kurdes tombent aux mains des insurgés. Riposte massive et sanglante du pouvoir, autorisé dans un premier temps par les alliés à utiliser ses hélicoptères. Traumatisées par le souvenir de l'utilisation des armes chimiques, plus de deux millions de personnes prennent le chemin de l'exode vers l'Iran et la Turquie. Les forces alliées mettent en place dans le nord de l'Irak une zone de sécurité destinée à protéger les populations kurdes contre d'éventuelles représailles du pouvoir irakien et à inciter les réfugiés qui ont passé les frontières à regagner leurs pays (opération Provide Comfort). Elles sont rejointes par l'ONU à partir de mai.

11 - 13 mars 1991 : Nouveau congrès de l'opposition irakienne à Beyrouth.

20 - 22 mars 1991 : Après des accrochages avec les forces kurdes, le gouvernement irakien décide de se retirer des régions kurdes.

Mars - août 1991 : Négociations infructueuses entre Kurdes irakiens et pouvoir central.

Août 1991 : L'armée turque intervient contre les bases du PKK en Irak. Cette opération est suivie de dizaines d'autres entre 1991 et 1994.

Octobre 1991 : Elections législatives en Turquie. Les candidats du HEP (Parti travailliste du peuple, pro-kurde) se présentent sur les listes du SHP et s'imposent comme force politique principale de plusieurs villes kurdes comme Sirnak, Diyarbakir ou Mardin. L'accord électoral que le Parti de la Prospérité signe avec le parti d'Action nationaliste de Turkes met provisoirement fin à sa prépondérance dans les villes kurdes.

Mars - avril 1992 : En Turquie, les fêtes de Newroz se terminent dans le sang (au moins cent morts, tous civils). Début d'un exode massif des Kurdes vers l'Ouest de la Turquie.

19 mai 1992 : Elections au Kurdistan d'Irak. Constitution d'un gouvernement local sous la direction de Fuad Massoum.

17 septembre 1992 : Le Dr Said Charafkandi, secrétaire général du PDK-Iran, est assassiné à Berlin avec trois de ses collaborateurs. Le parquet accuse l'Iran.

4 octobre 1992 : Proclamation au Kurdistan irakien de l'Etat fédéral.

5 octobre 1992 : combats entre les pechmergas du Front du Kurdistan d'Irak et le PKK, dans le Kurdistan d'Irak, suivis d'une intervention militaire turque.

27 octobre 1992 : Congrès de l'opposition à Salahadin. L'INC (Congrès National Irakien, mis en place par les Etats-Unis et composé d'opposants irakiens) se dote d'un conseil présidentiel, formé par Messoud Barzani, Bahr-ul-Ulum et Hassan al-Nakib.

10 février 1993 : A Damas, la Syrie, la Turquie et l'Iran affirment leur attachement à l'intégrité territoriale de l'Irak.

Mars 1993 : Des négociations entre le PKK et les Kurdes d'Irak aboutissent à une normalisation des relations.

Mars 1993 : Signature d'un protocole entre Abdullah Ocalan, secrétaire général du PKK et Kemal Burkay, secrétaire général du Parti socialiste du Kurdistan. Ocalan annonce une trêve à l'occasion des fêtes de Newroz.

13 mars 1993 : Raid de l'aviation iranienne contre les Kurdes iraniens dans le nord de l'Irak. D'autres interventions militaires ont lieu en 1993 et 1994.

16 avril 1993 : Le PKK prolonge la trêve unilatérale.

17 avril 1993 : Le décès du président turc, Turgut Ozal, partisan de la légalisation du PKK réduit les chances d'une solution politique.

26 avril 1993 : Le premier ministre du gouvernement kurde d'Irak Fuad Massoum , transmet ses fonctions à A. Rassoul, appartenant comme lui au PUK.

8 juin 1993 : Après des attaques de l'armée contre ses bases et la mort de plus de 30 soldats parmi ses combattants, le PKK annonce la fin de la trêve.

24 juin 1993 : Série d'actions de militants kurdes contre les missions diplomatiques turques en Europe. A Berne un militant kurde est tué.

15 juillet 1993 : La Cour constitutionnelle dissout le HEP.

Juin/juillet 1993 : Enlèvement de touristes européens par le PKK en Turquie. Attentats contre des étrangers dans les lieux touristiques. L'organisation interdit également le Kurdistan aux journalistes et aux politiciens turcs.

Février 1994 : Affrontements entre le Mouvement islamiste du Kurdistan d'Irak et l'UPK. Le 17 février, les deux parties signent un accord de cessez-le-feu. Les affrontements recommencent en mai 1994 et se poursuivent sporadiquement pendant l'été.

Printemps 1994 : Vaste offensive de l'armée turque contre les guérilleros du PKK. La célébration des fêtes de Newroz en RFA se transforme en affrontements entre partisans du PKK et Forces de sécurité fédérales.

2 mars 1994 : Levée de l'immunité parlementaire de cinq députés du DEP (Parti de la Démocratie, successeur du HEP). Ils sont arrêtés. Le parti est dissous par la Cour constitutionnelle en juin 1994 ; deux autres députés du DEP sont à leur tour incarcérés. Six députés, se trouvant à Bruxelles, refusent de retourner en Turquie.

Mai - juin 1994 : Violents affrontements entre les deux formations de la coalition du gouvernement kurde en Irak. Le conflit fait plus de mille morts. Nombreuses violations des droits de l'homme. Le Kurdistan irakien se trouve partagé entre les deux groupes. En juillet 1994, les deux groupes se réunissent à Paris pour signer un accord de cessez-le-feu et de bonne conduite.

Mars 1999