La Wilaya IV            الولاية الرابعة التاريخية

 

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- Objectifs révolutionnaires,

in El-Moudjahid, août 1957

- Hassan IV, in Jeune Afrique, 1962

- Massu, Le Torrent et la digue (extraits)

- La vie en Wilaya IV

- Bougara: une plume subtile

 

 

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En zone 3, Wilaya IV

L'étape suivante nous conduisit en zone 3, wilaya 4. Nous nous rendîmes au PC de cette zone où nous rencontrâmes une foule de cadres. Une réunion périodique de la dite zone avait regroupé, en plus des membres du conseil zonal, le capitaine Mohamed (Djilali Bounâama), le lieutenant politique, Moussa Charif, le lieutenant militaire Laid et le lieutenant RL (renseignements et liaisons) Mokhtar (Yazid Benaîssa), les quatre chefs de région: le sous-lieutenant Khaled, PM (chef politco-militaire) de l'Ouarsenis, le sous-lieutenant Rachid Bouchouchi, PM de Theniet El Had, le sous-lieutenant Ah Azzi, PM de Miliana, le sous lieutenant Lakhdar Bouchama, PM de Ténès, et des cadres sectoraux. La reunion avait été rehaussée par  la présence d'un membre du conseil de la Wilaya IV, le commandant RL Tayeb (Omar Oussedik).

Nous apprîmes, au cours de cette halte, que le colonel Sadek, Dehiles Sîlmane, n'était pas rentré et qu'en dépit des assurances qui nous avaient été données par Boussouf, membre du CCE, la wilaya VI avait pratiquement cessé d'être: la partie Nord de cette wilaya avait été transformée en zone 4 rattachée à  la wilaya 4; Tayeb Djeghlali qui avait assumé l'intérim de la wilaya VI après la mort du Colonel Ah Mellah, était parti en direction de l'Est (Tunisie).

Ainsi se trouvait achevée notre mission. N'ayant plus de wilaya, devenant officiers sans armée, par la force des choses, nous étions intégrés à la wilaya IV. A celle-ci, revenait, par là-même, le droit de disposer du matériel que nous avions ramené. Celui-ci avait été pris en charge par la wilaya IV à partir de la zone 3; nous en étions soulagés et n'avions plus de contraintes. Nous devions seulement nous rendre au PC de la wilaya IV, qui se trouvait à l'époque dans la région de Médéa, pour y rencontrer le colonel Bougara. Comme cela n'avait rien d’urgent, nous nous sommes permis quelques jours de repos auprès des frères de la zone 3.

A partir de l’Ouarsenis jusqu’à la région de Médéa, le maquis était à cette époque une zone interdite, n'abritant que les moudjahidine, les moussebiline et quelques rares civils vivant au rythme des maquisards. A part quelques raids que l'aviation venait effectuer de temps à autre au petit bonheur la chance, la région était relativement calme. Il y fit un froid de canard durant notre séjour; il avait beaucoup neigé et nos huttes de fortune ne nous abritaient pas convenablement. La nourriture n'y était pas variée et n'abondait jamais; mais on n'y crevait pas de faim et nous y passâmes malgré tout d'agréables moments.

Le commandant Tayeb  avec lequel nous eûmes l'occasion de discuter de notre voyage et de notre séjour au Maroc, ne manqua pas de souligner son antipathie et sa rancœur vis-à-vis des chefs de la wilaya V. Ainsi, de part et d'autre, on continuait à l'époque à ne pas se jeter des fleurs.

Nous quittâmes le PC de la zone 3 pour nous rendre à celui de la wilaya IV situé dan la forêt de Ouled Bouâachra, au sud de Médéa. Nous eûmes comme compagnons de route, entre autres, les sous-lieutenants Lakhdar Bouchama, Rachid Bouchouchi et Ali Azzi. Le premier fit avec nous deux étapes puis nous quitta pour se diriger vers le nord, dans la région de Ténès dont il était le chef; le second nous accompagna jusqu'à son PC, dans la région de Theniet El-Had, et le troisième nous escorta jusqu'au PC de la wilaya d'où il devait se diriger vers son poste de commandement, dans la région de Miliana.

 Dans la région de Téniet-EI-Had

De la région de l’Ouarsenis, nous passâmes à la région de Téniet El-Had. On ne peut pas parler de celle-ci sans évoquer sa célèbre forêt de cèdres de réputation mondiale. Cette autre merveille de la nature n'a malheureusement pas été épargnée par la politique de la terre brûlée.

Sur notre parcours. la nourriture fut par endroit des plus frugales. Aussi, le sous-lieutenant Rachid Bouchouchi ne cessa de nous parler de la richesse de sa région à tous les points de vue et insista pour que nous fassions un petit crochet par son PC. Nous finîmes par accepter l’invitation, mais Rachid n'avait pas compté avec l'imprévu. Nous  arrivâmes chez  lui  par un petit matin pluvieux et nous fûmes accueillis par deux avions de chasse qui effectuaient des raids. Cette région venait de subir un ratissage et la flore au-dessus du sol était toute brûlée. Nous finîmes sous terre dans une casemate et, en guise de bonne nourriture promise, nous eûmes droit à une grande « guessâa » en  aluminium pleine de riz. Celui-ci, bouilli dans de l'eau, avait plutôt l'apparence d'une pâte compacte. Il nous fut servi sans sel ni autres ingrédients. Il fallait vraiment avoir faim pour pouvoir l'avaler. Le ratissage qui venait de passer, avait saccagé nourriture et ustensiles. Rachid était gêné pour nous. Il en fallait plus pour nous décevoir. Toutefois, nous trouvâmes là une occasion pour passer le reste de la journée à taquiner Rachid. Ce brave garçon trouva la mort plus tard, le 5 mai 1959 en compagnie du colonel Bougara.

Notre dernière étape dans la région de Téniet- El-Had, nous la passâmes au nord-Ouest de Letournaux (Derrag), dans une hutte faite de branches d'arbres et de paille. Ce genre de refuge constitue en hiver plutôt un abri à courant d'air. De plus, nous dormions à même le siol. Megguetalmti et moi étions avntagés par nos kachabias ramenées du Maroc et qui nous servaient en même temps de lit de couverture. Beaucoup de djounoud s'étendaient sur un journal ou un morceau de carton quand il leur en tombait sous la main. Quant aux djounoud des unités, ils passaient le plus souvent leur nuit sur les crêtes à la belle étoile, en dépit des intempéries.

Pour nous réchauffer, nous ne pouvions pas utiliser le bois qu abondait dans la forêt car, le jour, il dégageait de la fumée et 1e soir, la lueur des flammes pouvait être perceptible de très loin. Nous avions cependant découvert une espèce de racine qui avait la faculté de se consumer sans faire de fumée ni de flamme, mais elle ne dégageait pas beaucoup de chaleur. Cette nuit-là, je faillis prendre feu en dormant: je m’étais trop approché de la braise et ma kachabia avait commencé à prendre feu au niveau de mon ventre.

A la limite d'un ratissage

Nous étions à la limite de la zone 3 et nous nous apprêtions à entrer en zone 2, wilaya IV. Nous avions pris le départ vers 4 H 30 du matin car il nous fallait profiter de la demi-obscurité de l'aube pour traverser une clairière à découvert et pouvoir progresser le jour. En forêt, nous nous déplacions le plus souvent le jour pour nous reposer la nuit. Nous faisions des étapes de 15 kilomètres en moyenne.

L'utilisation des montures était contre- indiquée à cette étape. Ce qui n'arrangeait pas les choses, du moins pour moi, car il m'était devenu pénible de me déplacer à pieds, la plante de ceux-ci avec le contact permanent de l'eau ces derniers temps (neige, pluie et eau des oueds) étant devenue très sensible. Elle avait blanchi, ramolli et s'était plissée.

Nous étions, ce matin-là, trois moudjahidine et cinq moussebiline ­à faire le chemin ensemble. Seuls les trois premiers avaient des armes, une mat 49 chacun, le commandant Meguelati, le sous-lieutenant Azzi et moi-même. Nous nous déplacions en toute sécurité, nous discutions à haute voix, nous chantions même. Arrivés à quelques mètres de l'orée de la forêt pour nous engager dans la clairière, nous entendîmes des éclats de voix en français. Elles se turent net, en même temps que nous. Nous nous hâtâmes de nous éloigner à toute allure. Nous ne nous sommes arrêtés que quatre heures plus tard. J'en étais même arrivé à oublier mon mal de pieds.

Nous avions rebroussé chemin vers 5 heures du matin. Il était 9 H quand nous arrêtâmes notre course. Tout cela pour nous éloigner d'environ deux kilomètres à vol d'oiseau de notre point de départ. La distance parcourue était beaucoup plus grande, mais nous avions effectué maints détours et zigzags pour brouiller toute poursuite et éviter d'être repérés. Deux avions de chasse semblaient être lancés à nos trousses. Mais ils n'arrivèrent pas à nous localiser.

Nous devions nous rendre dans la région de Djebel Ellouh située en zone 2, wilaya IV. Elle faisait l'objet d'un grand ratissage. Les voix que nous entendîmes étaient celles d'une unité française qui était venue dans la nuit, par la route de Letourneau, se poster à cet endroit pour intercepter ceux qui arriveraient à sortir du ratissage. Nus foncions donc droit dans la gueule du loup, n'eussent été les voix entendues à temps.

Nous reprîmes, le soir même, notre progression en direction du PC de la wilaya IV, qui se trouvait dans la forêt de Glaba, dans le sud de Médéa. Jamais un nom ne fut autant prononcé par les moudjahidine, me semble-t-il, que celui de Glaba. Si bien qu'à une période donnée, toutes les questions posées avaient pour réponse Glaba, telles que :  où vas-tu ? A Glaba; d'où viens-tu? De Glaba. Où est-ce qu'il y a un ratissage ? A Glaba. où est-ce que les avions bombardent ? A Glaba. Où y a t-il un accrochage? A Glaba, toujours, et ainsi de suite. Glaba était une forteresse forestière et une région très effervescente en matière d'actions. C'était aussi un point vers lequel convergeaient des moudjahidine de toute la wilaya IV, car le PC de la wilaya s'y trouvait.

Extrait du livre de Hamoud Chaïf, "Sans haine ni passion"

Vie quotidienne en Wilaya IV