L'Histoire de

St-Augustin-de-Woburn

 Par Denis Roy

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La paroisse de St-Augustin-de-Woburn connu trois étapes dans son développement, soit la colonie de Channay, la Mission de St-Augustin-de-Woburn et enfin la Paroisse de St-Augustin-de-Woburn.

Vers 1880, les premiers colons et défricheurs s'établissaient à la Colonie de "Channay" d'après Channay-sur-Lathan, située au nord-ouest de Tours et au Nord-Est de l'Anjou en France. Ces premiers colons se regroupaient dans la région connue aujourd'hui sous le nom de rang Dubrûle, chemin de l'Aéroport et rang de Toutes-Joies. La première petite agglomération aurait été située approximativement à l'endroit ou l'on retrouve aujourd'hui les antennes de transmission de Mégantic-Transvision à l'extrémité du rang Dubrûle.

En septembre 1880, l'abbé Victor Chartier curé de LaPatrie fut délégué à Channay par Mgr Antoine Racine afin d'y choisir le site de la première chapelle. Ayant examiné les lieux en compagnie de M. J.B. Cousineau, curé de Piopolis et de M.F. Corriveau, curé de Notre-Dame-des-Bois, il choisit la demi-Sud du lot 6 au sixième rang du canton de Woburn.

Le 30 mai 1881, Mgr Antoine Racine évêque du Diocèse de Sherbrooke et président de la "Société de colonisation de la Cité de Sherbrooke" quittait sa ville épiscopale Sherbrooke afin de confirmer le site d'une église dans la colonie franco-canadienne de Channay, au canton de Woburn. Ce qui suit est le compte-rendu de l'un des participants non identifié de ce voyage relaté dans le journal le "Pionnier de Sherbrooke", publié le 15 novembre 1881.

Compte-rendu du voyage de MGR Antoine Racine à Channay en 1881

"À trois heures PM le 30 mai 1881, le convoi de "L'international" nous entraînait à travers les riches et verdoyantes campagnes du comté de Compton. À cinq heures, nous étions au beau et florissant village de Cookshire chef-lieu du comté. Encore une heure de route et nous débouchions dans la vallée profonde le long des bruyantes cascades de la rivière au Saumon; nous arrivions à Scotstown où s'opère la correspondance avec la diligence de LaPatrie.

Cette malheureuse diligence avait fait des siennes ce soir-là. Elle devait nous amener un compagnon de voyage, le Révérend Père Jérôme trappiste de Bethléem. Ce bon Père parti de LaPatrie, nous arriva tout en sueur et harassé de fatigue, une roue de la voiture (diligence) s'était brisée à mi-chemin. Le postillon (charretier) avait alors fait monter son passager à cheval; mais ce dernier pas plus fiable que la diligence à cause de ses nombreux trébuchements, força son cavalier le Père Jérôme à faire le reste du trajet à pied dans la boue et les ornières.

Reprenant le chemin de fer, nous étions rendus à la Station de la Baie au Sable (SandyBay) à 7h50 PM. Un joli carrosse, muni de deux chevaux vigoureux, était rendu au poste pour conduire Mgr Racine à Piopolis. D'autres dispositions avaient également été prises pour conduire les personnes de sa suite avec tout le confort possible.

Ces accents sacrés, répercutés par les accents de la forêt, imprimaient à la cérémonie un cachet de beauté, de grandeur, capable d'arracher des larmes d'enthousiasme aux plus indifférents. Les gazouillements du torrent roulant ses flots écumeux à travers les rochers, toutes les voix de la nature semblaient s'unir et s'harmoniser avec celle de l'homme, pour célébrer cette première conquête de la civilisation sur la solitude des bois séculaires.

La fête terminée, nous prîmes un excellent et copieux déjeuner servi par M. Savoie, l'actif et intelligent entrepreneur des défrichements exécutées pour le compte de La compagnie de Colonisation et de Crédit de Cantons de l'est; puis nous allâmes drapeau français en tête visiter la Butte nantaise, superbe éminence qui se trouve à quelques pas de l'emplacement de l'église et qui offre un coup d'œil sur tout le canton. C'est l'endroit que M. Bécigneul a désigné pour se bâtir une résidence: ce choix prouve en faveur de son bon goût.

À neuf heures A.M., nous prenions la direction de nos chaloupes en passant à travers les prairies naturelles qui bordent l'Arnold, à l'entrée du canton de Woburn. Ces prairies sont formées du sol le plus riche qu'il soit possible d'imaginer. Nous possédons là un véritable Manitoba en miniature. Après avoir salué l'endroit où campa le fameux général américain, qui donna son nom à la rivière en 1775, nous fîmes voile pour Piopolis où nous arrivâmes vers deux heures P.M. sains et saufs et enchantés de notre fête dans la forêt."

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Cette première chapelle a été érigée à Channay probablement en 1883, suite à une recommandation à Monseigneur Antoine Racine évêque du diocèse de Sherbrooke par le curé Victor Chartier de LaPatrie le 3 septembre 1880. Elle était située entre les rangs 5 et 6 du canton de Woburn sur le milieu de la longueur du lot 6 et bordant le Nord du lot 7. Cette chapelle fut en service jusqu'en janvier 1890.

Le 14 juin 1886, L'abbé Eugène Peigné chanoine honoraire du diocèse de Nantes, (France) et grand vicaire du diocèse de Sherbrooke, bénit une cloche achetée lors d'un passage à Liverpool Angleterre, et l'offre à la jeune colonie de Channay.

C'est vers 1894 qu'on abandonna le vocable de Channay pour celui de Woburn.

Ce nom de Channay fut porté quelque années, alternant avec celui de Woburn, en souvenir du lieu de résidence de dame Augustine Duval, une du groupe de généreux bienfaiteurs français, qui en vue d'établissement canadiens-français à Woburn avait plusieurs fois répondu aux appels et aux démarches en France de l'avocat J.Adolphe Chicoyne de St-Hyacinthe devenu député à Québec pour le comté de Wolfe, et dirigeant de la Compagnie de Colonisation des Cantons de L'Est fondée en 1881; Homme voué corps et âme à l'enracinement français, aux derniers confins Est de l'Estrie, contigus au Maine USA. Le patron de la paroisse, saint Augustin, fut aussi choisi pour rendre hommage à cette bienfaitrice dame Augustine Duval.

Ainsi ces pionniers venus de Bretagne, de Loire, de Vendée et aussi de Haute-Savoie donnèrent naissance plus tard à la paroisse de St-Augustin-de-Woburn.

 

La suite bientôt…