XVI
Les
Gros Cailloux
Un
jour, un vieux professeur de l'École nationale d'administration publique (ENAP)
fut engagé pour donner une formation sur la planification efficace de son temps
à un groupe d'une quinzaine de dirigeants de grosses compagnies nord-américaines.
Ce cours constituait l'un des cinq ateliers de leur journée de formation. Le
vieux prof n'avait donc qu'une heure pour "passer sa matière".
Debout,
devant ce groupe d'élite (qui était prêt à noter tout ce que l'expert allait
enseigner), le vieux prof les regarda un par un, lentement, puis leur dit :
"Nous allons réaliser une expérience".
De
dessous la table qui le séparait de ses élèves, le vieux prof sortit un
immense pot de verre qu'il posa délicatement en face de lui. Ensuite, il sortit
environ une douzaine de cailloux a peu près gros comme des balles de tennis et
les plaça délicatement, un par un, dans le grand pot. Lorsque le pot fut
rempli jusqu'au bord et qu'il fut impossible d'y ajouter un caillou de plus, il
leva lentement les yeux vers ses élèves et leur demanda :
"Est-ce
que ce pot est plein ?".
Tous
répondirent : "Oui".
Il
attendit quelques secondes et ajouta : "Vraiment?".
Alors,
il se pencha de nouveau et sortit de sous la table un récipient rempli de
gravier. Avec minutie, il versa ce gravier sur les gros cailloux puis brassa légèrement
le pot. Les morceaux de gravier s'infiltrèrent entre les cailloux... jusqu'au
fond du pot.
Le
vieux prof leva à nouveau les yeux vers son auditoire et redemanda :
"Est-ce que ce pot est plein ?". Cette fois, ses brillants élèves
commençaient à comprendre son manège.
L'un
d'eux répondît : "Probablement pas !".
"Bien !"
répondît le vieux prof.
Il
se pencha de nouveau et cette fois, sortit de sous la table un récipient de
sable. Avec attention, il versa le sable dans le pot. Le sable alla remplir les
espaces entre les gros cailloux et le gravier. Encore une fois, il demanda :
"Est-ce que ce pot est plein ?".
Cette
fois, sans hésiter et en chœur, les brillants élèves répondirent :
"Non !".
"Bien !"
Répondît le vieux prof.
Et
comme s'y attendaient ses prestigieux élèves, il prit le pichet d'eau qui était
sur la table et remplit le pot jusqu'a ras bord. Le vieux prof leva alors les
yeux vers son groupe et demanda : "Quelle grande vérité nous démontre
cette expérience ? "
Pas
fou, le plus audacieux des élèves, songeant au sujet de ce cours, répondît :
"Cela démontre que même lorsque l'on croit que notre agenda est complètement
rempli, si on le veut vraiment, on peut y ajouter plus de rendez-vous, plus de
choses à faire".
"Non"
répondît le vieux prof. "Ce n'est pas cela. La grande vérité que nous démontre
cette expérience est la suivante: si on ne met pas les gros cailloux en premier
dans le pot, on ne pourra jamais les faire entrer tous, ensuite". Il y eut
un profond silence, chacun prenant conscience de l'évidence de ces propos.
Le
vieux prof leur dit alors :
"Quels sont les gros cailloux dans votre vie ?"
"Votre santé ?"
"Votre famille ?"
"Vos ami(e)s ?"
"Réaliser vos rêves ?"
"Faire ce que vous aimez ?"
"Apprendre ?"
"Défendre une cause ?"
"Relaxer ?"
"Prendre le temps... ?"
"Ou... toute autre chose ?"
"Ce
qu'il faut retenir, c'est l'importance de mettre ses gros cailloux en premier
dans sa vie, sinon on risque de ne pas réussir... sa vie. Si on donne priorité
aux peccadilles (le gravier, le sable), on remplira sa vie de peccadilles et on
n'aura plus suffisamment de temps précieux à consacrer aux éléments
importants de sa vie.
Alors, n'oubliez pas de vous poser à
vous-même la question : "Quels sont les GROS CAILLOUX dans ma vie ?"
Ensuite, mettez-les en premier dans votre pot. D'un geste amical de la main, le
vieux professeur salua son auditoire et lentement quitta la salle.
La
Matière correspond à l'espace,
la Vie au Temps,
La Conscience à l'Éternité.
L’attention se nourrit de RIEN.
Quatre
espèces d'hommes. La première dit: ce qui est à moi est à moi et ce qui est
à toi est à toi; ce sont ceux de la classe moyenne; la deuxième espèce dit:
ce qui est à moi est à toi et ce qui est à toi est à moi, ce sont les
humbles. La troisième espèce dit: ce qui est à moi est à toi , ce qui est à
toi est aussi à toi. Ceux-là sont les hommes pieux. La quatrième espèce dit;
ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est aussi à moi, ce sont les méchants.
Dormir,
c'est se distraire de l'univers.
Quand
je pense que ma présence ici-bas n'est due qu'a deux personnes qui se sont
envoyées en l'air, je deviens philosophe.
1.
On naît fatigué et on vit pour se reposer.
2. Aime
ton lit comme toi même.
3. Repose
toi le jour, pour dormir la nuit
4. Si tu
en vois un qui se repose, aide-le
5. Le
travail c'est de la fatigue.
6. Ne
fais pas aujourd'hui ce que tu peux faire demain.
7. Fais-en
le moins possible et ce que tu dois faire, fais le faire par les autres.
8. Trop
de repos n'a jamais fais mourir personne.
9. Quand
l'envie de travailler te prend, assieds-toi, attends qu'elle te passe.
10. Si le travail c'est la santé, vive la maladie.
24 janvier 1985: Je suis entre ce matin dans ma soixante-quinzième année. Ca commence a faire beaucoup. J'aime la vie, chaque seconde de ma vie. Je n'ai jamais été indifférent, j'ai regarde, écoute, touche, respire, aime. Aime toute chose et toutes choses, belles et laides, émerveille par les miracles qui m'entourent et dont je suis fait. Je suis un univers de miracles. Je le sais. Bonheur de sentir le stylo entre mes doigts, et la fraîcheur du papier sous ma main, et de voir le petit serpent noir de l'écriture dessiner son chemin comme je l'ai voulu et comme il le veut. Bonheur de me savoir vivant et de savoir autours de moi l'univers en marche, en rond puisque j'en suis le centre comme chaque vivant et chaque parcelle non vivante. Essayer de comprendre? Impossible. Démesure. Mais s'émerveiller de la grandeur infinie, si bien finie en chaque poussière de poussière. Et de l'ingéniosité de chaque détail, la main, l'oeil, l'oreille, le monde organise de chaque cellule, les tourbillons vides de l'atome, le vide infranchissable du bois de mon bureau. Vide, tout est vide, disait l'Ecclésiaste. Et ce vide est si méticuleusement ordonne, qu'il emplit et construit et anime le vivant et la brique, la brique est vivante, la brique grouille et tourbillonne, la brique est vide, je suis vide, je contiens l'univers. A quoi bon écrire tout cela, a quoi bon écrire puisque cela est, et que rien ne peux empêcher d'être ce qui est, et de voir ceux qui regardent, et d'entendre ceux qui coûtent.
Le
ventre de ma mère
C'est
mon premier domicile
Il était tout arrondi
Bien souvent je m'imagine
Ce que je pouvais bien être...
Les
pieds sur ton coeur maman
Les genoux tout contre ton foie
Les mains crispées au canal
Qui aboutissait à ton ventre
Le dos
tordu en spirale
Les oreilles pleines les yeux vides
Tout recroquevillé tendu
La tête presque hors de ton corps
Mon crâne
à ton orifice
Je jouis de ta santé
De la chaleur de ton sang
Des étreintes de papa
Bien
souvent un feu hybride
Électrisait mes ténèbres
Un choc au crâne me détendait
Et je ruais sur ton coeur
Le
grand muscle de ton vagin
Se resserrait alors durement
Je me laissais douloureusement faire
Et tu m'inondais de ton sang
Mon
front est encore bosselé
De ces bourrades de mon père
Pourquoi faut-il se laisser faire
Ainsi à moitié étranglé ?
Si
j'avais pu ouvrir la bouche
Je t'aurais mordu
Si j'avais pu déjà parler
J'aurais dit :
Merde,
je ne veux pas vivre !
Quand
j'étais gosse et que je feuilletais l'Ancien Testament raconté aux enfants et
illustré de gravures de Gustave Doré, j'y voyais le Bon Dieu sur un nuage. C'était
un vieux monsieur, il avait des yeux, un nez, une longue barbe, et je me disais
qu'ayant une bouche, il devait aussi manger. Et s'il mangeait, il fallait aussi
qu'il eût des intestins. Mais cette idée m'effrayait aussitôt, car j'avais
beau être d'une famille plutôt athée, je sentais que l'idée des intestins de
Dieu était blasphématoire. Sans la moindre préparation théologique, spontanément,
l'enfant que j'étais alors comprenait donc déjà qu'il y a incompatibilité
entre la merde et Dieu et, par conséquent, la fragilité de la thèse
fondamentale de l'anthropologie chrétienne selon laquelle l'homme a été créé
à l'image de Dieu. De deux choses l'une : ou bien l'homme a été créé à
l'image de Dieu et alors Dieu a des intestins, ou bien Dieu n'a pas d'intestins
et l'homme ne lui ressemble pas. Les anciens gnostiques le sentaient aussi
clairement que moi dans ma cinquième année. Pour trancher ce problème maudit,
Valentin, Grand Maître de la Gnose du IIe siècle, affirmait que Jésus
"mangeait, buvait, mais ne déféquait point". La merde est un problème
théologique plus ardu que le mal. Dieu a donné la liberté à l'homme et on
peut donc admettre qu'il n'est pas responsable des crimes de l'humanité. Mais
la responsabilité de la merde incombe entièrement à celui qui a créé
l'homme, et à lui seul.
Il
vaut mieux savoir quelque chose de tout que tout savoir de quelque chose.
Cette
conviction que l'homme-en-tant-qu'espece s'améliore avec le temps vient sans
doute d'une confusion inconsciente avec l'homme-en-tant-qu'individu. L'homme est
d'abord un enfant avant d'être un adulte. Nous, hommes d'aujourd'hui, nous
sommes des adultes. Ce qui vivaient avant nous ne pouvaient qu'être des
enfants.
Mais il serait peut-être bon, il serait peut-être temps de se demander si la
perfection n'est pas dans l'enfance, si l'adulte n'est pas qu'un enfant qui a déjà
commence a pourrir.
Sauver
une vie, c’est sauver le monde !
Il
faut pleurer les hommes à leur naissance, non pas à leur mort.
Un
philosophe est donc quelqu'un qui reconnaît comprendre peu de chose et qui en
souffre.
L'homme
est une corde tendue entre l'animal et le surhumain. Une corde par-dessus un abîme.
L'homme
construit des maisons parce qu'il est vivant, mais il écrit des livres parce
qu'il se sait morte.
Il habite en bande parce qu'il est grégaire, mais il lit parce qu'il se sait
seul.
Si
je me retourne pour voir ce qui se cache derrière moi, je ne vois pas ce
qu’il y a derrière, mais ce qu’il y a devant.
Savoir
ce qu'un boulot rapporte, mais savoir aussi ce qu'il vous coûte.
La
peur de l'ennui est la seule excuse du travail.
Le monde se divise en deux catégories de gens : ceux qui lisent des livres
et ceux qui écoutent ceux qui ont lu des livres.
Quand
on a peur dans la vie, c'est parce qu'on ne sait pas quelle décision prendre.
"S'aimer soi-même, c'est le début d'une histoire
d'amour
qui va durer toute la vie."
Quelle
magnifique surprise de découvrir qu'on peut être seul sans souffrir de
solitude.
Il est faux de dire que les solitaires n'aiment pas les hommes; au
contraire, ils les aiment tant qu'ils refusent d'être déçus.
L'homme qui apprend doit
croire, celui qui sait doit douter.
Après le succès du film On ne fait pas d'omelette sans casser, les
producteurs exploitent le filon et tournent
On en fait pas d'omelette sans casser 2
Dans
l'amour, y'a pas de N.
Dans désert, y'a pas d'O.
Quand on ne sait pas, on ne se pose pas trop de questions, mais quand on
commence à disposer d'un début d'explication, on veut à tout prix tout
savoir, tout comprendre.
"
La vie ne peut pas sortir uniquement de l'imagination.
L'imagination, c'est la récompense d'une vie pleine. "
Je ne m'étonne jamais de voir les hommes
mauvais, mais je m'étonne souvent de ne les point voir honteux.
L'homme doit apprendre à marcher avant
d'apprendre à danser.
Les livres ont les mêmes ennemis que l'homme: le feu, l'humidité, les bêtes,
le temps; et leur propre contenu.
Quel aspect présenterait la vie si elle n'était pas dénuée
de sens? L'insignifiance absolue est la base sur quoi elle repose.
Les trous noirs sont de fabuleuses machines à espacer le temps et temporiser
l'espace.
Etre
heureux et se réjouir de tout, tel est le devoir de celui qui sait
Personne ne sait.
Les
meilleurs livres sont ceux qui racontent ce que l'on sait déjà.
Je n'ai que deux désirs : l'un de vivre et l'autre de mourir.
Le monde est une tortue. C'est une carapace imperméable habitée par une bête molle.
J'ai l'étrange impression d'avoir dessiner un cercle avec ma pensée. Suis-je clos sur moi-même ?
L’analyse
psychologique a perdu pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé que
l’homme éprouve ce qu’il s’imagine éprouver. De là à penser qu’il
s’imagine éprouver ce qu’il éprouve...