Cascade fatale sur le tournage de «Taxi 2»

La chute d'une voiture a provoqué la mort d'un cameraman. Par MICHEL HOLTZ Le mardi 17 août 1999

La Peugeot 406 déboule du tunnel comme prévu. Il est 10 h 15 et l'avenue de l'Amiral-Bruix, à côté de la Porte Dauphine, dans le XVIe arrondissement parisien, est fermée à la circulation. L'auto est dans la bonne ligne, les quatre roues face au tremplin qui doit lui permettre de sauter par-dessus les deux chars AMX 30 qui lui barrent le chemin. Le scénario est respecté. Juste après, quelque chose a coincé. La Peugeot survole bien les chars, mais elle n'atterrit pas sur le lit de cartons, qui doit amortir sa chute. Elle achève sa course 15 mètres plus loin et percute de plein fouet le cameraman Alain Dutartre et son assistant, Jean-Michel Bar. Ce devait être l'une des cascades clés du film Taxi 2, le second opus du carton cinématographique de l'an passé (lire encadré). Très grièvement blessé, le cameraman de 41 ans est rapidement transporté à l'hôpital Beaujon de Clichy (92), où il décède quelques heures plus tard. Son assistant a les deux jambes fracturées. Quant à Gilbert Bataille, pilote de la 406, il est en état de choc et souffre d'un tassement des vertèbres.

Le pro des pros. La cascade était réglée par Rémy Julienne, une pointure, le cascadeur automobile le plus connu au monde. «Rémy, c'est la référence absolue. C'est lui qui a transformé nos pirouettes en métier.» Jacky Venon est cascadeur lui aussi. Il a travaillé avec Julienne sur les tournages de plusieurs James Bond. «Avant lui, on improvisait. Quand Rémy est arrivé, il a tout remis à plat, passant des mois à faire des simulations de ses opérations. Sur cette affaire, il y a forcément eu un bug.» Erreur de calcul de la vitesse? «Impossible», intervient l'un des techniciens présents sur les lieux pendant le drame. «La vitesse était parfaitement calculée pour ce saut. Et puis, il y a le lit de cartons. Un truc inventé par Rémy pour éviter que les voitures ne dérapent après un atterrissage. On avait tout répété à Cerny.» Dans ce coin de l'Essonne, Julienne dispose d'une piste d'essais, où toutes ses cascades sont préparées, simulées par ordinateur avant d'être effectuées à blanc.

L'obsession du parfait. «Et quand il te dit de rouler à 62 km/h, t'as pas intérêt à être un cran au-dessus ou en dessous», se souvient un pilote employé par le cascadeur sur le Marginal, de Jacques Deray. «Il y a tellement de gars à qui ce genre d'accident pouvait arriver et ça tombe sur lui, le type le plus précautionneux que je connaisse. Il est tellement omnubilé par l'accident qu'il en est chiant.» Une obsession qui date de 1964. Cette année-là, Julienne débute aux côtés du grand cascadeur de l'époque: Gilles Delamar, lorsque celui-ci se tue en plein tournage du film Fantomas, au volant d'une Renault Floride. Depuis, Julienne est considéré comme le pape du risque zéro. «Le seul ennui qu'il ait eu, en trente-cinq ans de carrière, c'est une ceinture de sécurité qui refusait de se décrocher alors qu'il était en voiture, au fond de l'eau. Les plongeurs l'ont récupéré juste à temps», se souvient Jacky Venon. Et c'est pour cette raison que l'équipe de Besson et Krawczyk l'a choisi.

Les cascades du premier volet de Taxi étaient réglées par Michel Julienne, fils de Rémy. Or, il y a quelques années, les deux hommes, qui travaillaient ensemble, s'étaient gravement fâchés. Rémy invoquait notamment le peu de précautions prises par Michel lors de la préparation de ses exploits. Le fils a, depuis, fondé sa propre société. Les difficultés d'un tournage dans les rues parisiennes, le peu de temps imparti par la préfecture (la fermeture des rues sont de son registre), ont pu pousser la production de Taxi 2 à confier l'affaire à Rémy plutôt qu'à son fils.

Le clou du film. L'équipe enchaînait les cascades depuis près d'une semaine. Au programme: une poursuite sur le pont du Garigliano, dans le XVe arrondissement, et une arrivée de la 406 en parachute rue Ampère, dans le XVIIe. Et puis le clou du film, le survol, Porte Dauphine, des chars prêtés par l'armée de terre.

L'enquête a été confiée à la première division de la police judiciaire, qui a immédiatement nommé des experts. «Leur première tâche est d'examiner la pellicule tournée par Alain Dutartre dès qu'elle aura été développée, confie un enquêteur. Bien sûr, il faut également expertiser l'épave de la voiture. Une erreur de compteur ou un emballement du moteur est toujours possible, bien que ce soit extrêmement délicat à vérifier étant donné l'état de l'auto.»

Il y a également cette vidéocassette d'amateur, filmée depuis le jardin d'un immeuble du boulevard et que TF1 (coproducteur de Taxi 2) a rachetée et largement diffusée hier. La police judiciaire devrait la saisir et la visionner. Le tournage, lui, est arrêté jusqu'à nouvel ordre.

 


Un mort sur le tournage de "Taxi 2"

Célébrités, 16 Août 1999 Un cameraman du tournage de "Taxi 2" grièvement blessé par une voiture lors d'une cascade est décédé. Deux autres membres de l'équipe ont été touchés.

Un cameraman de 41 ans, qui participait au tournage du film Taxi 2, lundi à Paris, est mort des suites de ses blessures après avoir été fauché dans la matinée par une voiture qui effectuait une cascade.
Un assistant du cameraman, qui se trouvait à ses côtés, a été gravement blessé aux jambes et transporté à l'hôpital Ambroise Paré. Le conducteur de la voiture, qui travaillait pour Rémy Julienne, le responsable des cascades du film, a été transporté à Bichat en état de choc pour y être examiné. Il a quitté l'hôpital dans l'après-midi.

Le tournage de Taxi 2, qui fait suite au premier film Taxi réalisé par Gérard Pirès, sorti dans les salles en 1998 et vu par six millions et demi de spectateurs, a été provisoirement interrompu, a indiqué la production du film dans un communiqué.
L'accident s'est produit peu après 10h, dans le 16ème arrondissement, près de la Porte Dauphine, sur le boulevard de l'Amiral Bruix, qui avait été fermé à la circulation pour le tournage de Taxi 2, réalisé celui-là par Gérard Krawczyk et produit par Luc Besson.

Le scénario prévoyait qu'une Peugeot 406 de couleur blanche, équipée d'ailerons, quitte le sol à sa sortie du tunnel de la Porte Dauphine, en roulant sur un tremplin, et qu'elle survole trois chars de l'armée. La voiture devait atterrir sur un amas de cartons, installé sur la chaussée.
Pour une raison encore indéterminée, la 406 est retombée à une distance de 15 à 20 mètres au-delà de l'endroit prévu. Dans sa chute, elle a fauché un caméraman, Alain Dutartre, qui a été très grièvement blessé. Souffrant d'un polytraumatisme, il a été transporté à l'hôpital Beaujon où il est mort peu avant 14h.
Son assistant, Jean-Michel Bar, 26 ans, a eu les jambes brisées dans l'accident. Le conducteur de la 406, Gilbert Bataille, 54 ans, est un cascadeur professionnel.

La 1ère division de la police judiciaire (DPJ) a été chargée de l'enquête. Une douzaine de témoins oculaires et de responsables du tournage devaient être entendus par les enquêteurs. Huit d'entre eux avaient été interrogés en fin d'après-midi.
Le conducteur de la Peugeot 406, portant une minerve, s'est rendu vers 17h dans les locaux de la 1ère DPJ pour être entendu, selon une source bien informée qui a précisé que les policiers devaient également visionner des images de l'accident.
Un expert devrait être nommé par le parquet pour contribuer à établir les causes de l'accident, selon la même source.
"La production, comme pour le premier "Taxi" avait pris toute les précautions nécessaires, notamment en faisant appel à l'un des plus grands professionnels des cascades, reconnu tant en France qu'à l'étranger", a indiqué la production du film dans un communiqué. Toute l'équipe de Taxi 2 est "profondément choquée et bouleversée par l'accident tragique intervenu lundi matin", selon le communiqué. A.F.P


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