Comité Cambodgien de Vigilance
|
|
Notes juridiquesRappel des sourcesLe régime cambodgien issu de la Constitution du 21 septembre 1993 a été voulu et mis en place par les Accords de Paris du 23 octobre 1991, reconnus à la fois par toutes les parties cambodgiennes et par vingt autres puissances internationales. Les principaux objectifs de ces Accords sont le rétablissement de la paix au Cambodge, en même temps que la consolidation de la paix régionale afin de promouvoir une nouvelle ère de développement harmonieux des nations de la région et leur coexistence pacifique. Pour la paix au Cambodge, les signataires cambodgiens et étrangers ont convenu dy établir un nouvel Etat de droit, respectueux des droits de lhomme et soumis à un régime politique de démocratie libérale pluraliste, cela enfin " dempêcher tout retour aux politiques et pratiques du passé ". La Constitution cambodgienne du 21 septembre 1993 a formellement rappelé, dans son préambule, son attachement à ces principes et a prévu des procédures de règlement pacifique de tous conflits et crises politiques pouvant éclater au sein du régime. En juillet 1997, laction menée par le 2e Premier ministre Hun Sen a très gravement porté atteinte à lesprit desdits Accords et en violation flagrante de la Constitution de lEtat cambodgien. Cette action fut un coup détat prémédité de longue date et la proclamation dun changement radical du régime politique de 1993. Le coup dEtatLaction violente ordonnée par M. Hun Sen, en juillet 1997, répondait-il à un danger menaçant la vie de la nation ? Si tel était le cas, M. Hun Sen, en tant que membre du gouvernement se devait dabord den débattre avec le président de lAssemblée nationale, puis, avec ce dernier, de demander au Roi de proclamer publiquement létat durgence (art. 22 de la Constitution). Rien na été fait. Les ordres donnés aux forces militaires et policières par M. Hun Sen étaient-ils légaux ? Aucune disposition constitutionnelle nautorise M. Hun Sen, membre du gouvernement, ni aucune autre autorité étatique que lAssemblée nationale, à émettre des chefs daccusation de délits criminels et den saisir les tribunaux compétents contre un autre membre du gouvernement, et encore moins den perdre des mesures de sanction avant quun jugement judiciaire ne soit prononcé. Larticle 107 stipule que : "Les ministres doivent recevoir des sanctions pour des crimes et délits quils auront commis pendant lexercice de leurs fonctions. Dans ce cas, et dans les cas de fautes graves dans laccomplissement de leurs fonctions, lAssemblée peut en saisir le tribunal. LAssemblée décidera dans cette affaire par un vote au scrutin secret à la majorité absolue des voix de tous les membres de lAssemblée entière". Le 5 juillet dernier, donc, M. Hun Sen a donné des ordres illégaux à une partie des forces armées militaires et policières de combattre une autre partie jugée fidèle au 1er Premier ministre. Le même article 107 est une disposition logique, conforme à la règle de solidarité gouvernementale énoncé par larticle 102, laquelle veut que le 2e Premier ministre, comme tous les autres membres du gouvernement, partage toutes les responsabilités gouvernementales avec le 1er Premier ministre, le prince Norodom Ranariddh, devant le Parlement. Dailleurs, cette même règle de solidarité gouvernementale se retrouve dans larticle 106 qui stipule que la vacance du poste de Premier ministre entraîne la démission pure et simple de lensemble du Conseil des ministres, et un nouveau gouvernement doit être désigné par lAssemblée nationale et le Roi, suivant les articles 19 et 100 de la même Constitution. A aucun moment jusqu'à présent, M. Hun Sen na remis sa démission en respect de cette règle constitutionnelle. En bafouant les droits de lAssemblée nationale et autres dispositions de la Constitution, laction menée par M. Hun sen pour mettre fin aux fonctions du 1er Premier ministres en juillet dernier est universellement désignée sous le nom de coup détat. Le changement de régime politiqueLe régime politique cambodgien a-t-il été changé depuis le 5 juillet 1997 ? Le coup détat sanglant, par lui-même, a déjà déclenché un changement radical du régime de 1993, en provocant la mort et des arrestations arbitraires de plusieurs centaines de militaires, de policiers et de civils, ainsi que léclatement de lAssemblée nationale et des administrations du pays. Par la suite, M. Hun Sen sest efforcé de préserver quelques apparences afin de mieux détruire encore les fondements même de la démocratie cambodgienne. En effet, la forme du régime de 1993, stipulée par larticle 1er de la Constitution , est en partie maintenue (présence physique du Roi), alors que son fondement établi par larticle 51 a déjà été totalement détruit par le coup détat et les actions de M. Hun Sen poussant toutes les institutions étatiques à commettre des actes antidémocratiques et anticonstitutionnels, tant, par exemple, dans la prise des mesures de répression contre ses opposants que dans lélaboration de nouveaux textes législatifs... Il est clair, dès le succès du coup détat, que le régime cambodgien de démocratie libérale pluraliste est devenue le régime de " lhomme fort " Hun Sen, un homme qui domine, menace et dirige le fonctionnement de toutes les autres institutions, à commencer par lAssemblée nationale. La communauté internationale sen est bien rendue compte : lONU a voté la vacance du siège du Cambodge, et lASEAN a refusé de ladmettre en son sein. Dernièrement encore, le mandat théorique des députés devant prendre fin en 1998, M. Hun Sen et son équipe imposent une loi et une préparation du terrain électoral menaçant dangereusement toute action légitime de lopposition à son parti. Que reste-t-il donc encore au Cambodge de lEtat de droit, du respect des droits de lhomme, de la séparation des pouvoirs, ou de la démocratie libérale pluraliste ? Pour un Gouvernement intérimaireLa dérive de lEtat cambodgien vers un nouveau régime dictatorial est indéniable. A cause même de ses propres faiblesses, le Cambodge va être de nouveau plongé dans une crise politique, économique et sociale insurmontable. Lurgence des actions nationales et internationales pour éradiquer cette crise est de ramener LEtat cambodgien à lapplication à la lettre et lesprit de la Constitution démocratiquement établie en 1993. Les volontés nationales et internationales doivent dabord exiger la démission collective du gouvernement cambodgien actuel - issu du coup détat destituant son 1er Premier ministre - et la suspension des pouvoirs législatifs de lAssemblée nationale qui avait manqué à ses devoirs de contrôle du gouvernement avant, pendant et après le coup détat - en suivant lesprit de larticle 92, étant donné linexistance du Conseil constitutionnel. Ensuite, il appartient au Roi, en tant que " garant de la souveraineté nationale [...] et de la régularité du fonctionnement des pouvoirs publics " (articles 8 et 9), de nommer, après consultation du Président de lAssemblée nationale, un gouvernement intérimaire neutre, pour une durée maximale dun an, dont la mission est dassurer de nouveau le fonctionnement régulier des administrations civiles, judiciaires, militaires, policières et des collectivités nationales ; de rétablir le respect des droits de lhomme et lordre public ; dorganiser les nouvelles élections législatives dans un environnement neutre, équitable et démocratique. Il est donc souhaitable que les personnalités choisies pour participer à ce gouvernement sengagent à ne soutenir aucun parti politique en compétition et nêtre pas elles-mêmes candidates à ces élections. LAssemblée nationale actuelle verra aussi son mandat prolongé par le Roi, de la même période du fonctionnement de gouvernement intérimaire. Elle se réunira tous les jours, de façon permanente, et exercera ses pouvoirs de contrôle des actes administratifs dudit gouvernement. Le Roi remettra les pouvoirs constitutionnels à leurs détenteurs respectifs dès la proclamation dune nouvelle Assemblée et la nomination dun nouveau gouvernement démocratique. |
Pour toute question ou remarque concernant ce site Web, envoyez un email à ccv231091@yahoo.com
|