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Présentation du projet "Four à barres" 2001 /2002/2003
Journées de la Céramique

Construction et utilisation d'un four à barres

On désigne sous le terme de four à barres un ensemble de structures de cuisson céramique dont l'enfournement principal est réalisé en utilisant comme support des barres d'argile fichées dans les parois des fours à intervalles réguliers. Cette particularité s'applique à plusieurs ensembles de fours dont le fonctionnement peut être différent selon leur situation géographique. La diffusion et l'utilisation de ce mode d'enfournement semble lié au monde islamique. On le retrouve sur le pourtours de la Méditerranée dans les zones islamisées. On pourrait grossièrement définir un groupe oriental (Iran, Syrie, Liban…) et un groupe occidental (Espagne, France) qui nous intéressera ici. Il est curieux que seules quelques présences de barres d'enfournement ait été signalées en Afrique du Nord, peut-être par manque de prospection, d'information ou de fouilles effectuées.

Le groupe espagnol semble bien lié à la présence des arabes. Les datations s'échelonnent du Xe au XIIIe siècle. La morphologie des fours présente une bonne homogénéité de conception, même si des variations importantes de capacités sont à noter. Le four retrouvé à Marseille paraît quant à lui un exemplaire isolé. Transfert de technologie? Un potier transitant d'Espagne à Marseille a pu y établir ce four rapidement transformé en four à sole grâce à des arc rajoutés postérieurement à sa construction. Aucun four n'est signalé en Italie, ce qui semble confirmer la thèse d'un apport venu d'Espagne dans le cas de Marseille.

 


Bilan des connaissances:

C'est, en particulier, à partir des travaux de recherches sur les fours islamiques de Sarragosa d'Antonio MOSTALAC CARRILLO ("Los hornos islamicos de Zaragoza" publication de la Casa Vélasquez 1990 ) et l'important travail de synthèse réalisé par Jacques THIRIOT ( dAf n°65 : "Annexe - Géographie du four de potier à barres d'enfournement") que nous avons conçu les bases de notre expérimentation. Nous proposons de borner nos recherches au type de four correspondant aux exemplaires trouvés jusqu'à ce jour en Espagne et l'exemplaire pour l'instant unique fouillé en France à Marseille.


Description de la structure :

La forme générale est un cylindre vertical plus haut que large pour autant que les vestiges permettent d'en juger. Les exemplaires connus de la série choisie ne possèdent pas de sole ou de grille pouvant séparer l'espace de combustion du laboratoire.
Souvent une porte haute semble permettre à la fois l'enfournement des pièces à cuire et après une éventuelle fermeture partielle pourrait servir d'orifice de charge pour le foyer.
Un doute subsiste quant à la partie haute voûtée ou non et au mode de fermeture et du contrôle du tirage haut.
Une certitude : des barres de 40 à 45cm de long étaient fichées dans la paroi du four à intervalles réguliers en hauteur et à l'horizontale déterminant ainsi des étages d'enfournement à claires voies.
Des traces de glaçures (émail stannifère en général) sur les barres confirment leur utilisation pour la cuisson de pièces émaillées.
Les barres mesurant en moyenne 40 à 45cm de long, le diamètre moyen des fours connus étant au minimum de 2 mètres, il en résulte un espace central vertical vide de barres de 1m20 de diamètre sur toute la hauteur du four.
Signalons également que, pour cet ensemble de fours, la présence d'un ou plusieurs gradins circulaires à la base de la chambre du four est presque toujours attesté.


Fours à barres connus en fouilles à ce jour :

Pour l'Espagne :Murcia (2 exemplaires) - Zaragosa (2 exemplaires)- Balaguier - Priego de Cordoba
Pour la France : Marseille (1 exemplaire)

Problématique et intérêt de l'expérimentation:

  • Les fours à barres sont mal connus quant à leur fonctionnement. S'il en existe encore dans le monde, ils sont de types différents et difficiles d'accès.
  • Leur reconstitution d'après les comptes-rendus de fouilles laissent de larges plages d'ombre surtout en ce qui concerne la restitution des parties hautes ainsi que les données concernant la porte et le foyer.
  • De grands doutes subsistent quant à la manière d'occuper l'espace intérieur : pièces émaillées sur les barres et pièces à biscuiter au centre?
  • D'autres questionnements peuvent apparaître en cours d'expérimentation.

 Trois démarches peuvent aider à combler ces zones d'ombre :

  • Nouvelles découvertes archéologiques de fours mieux conservés
  • La recherche ethnologique dans des pays où ces fours fonctionnent encore?
  • La recherche de documents anciens (bibliographie)
  • L'expérimentation en grandeur réelle de ces structures de cuissons afin d'en tester les réactions thermiques en fonction de la variation de paramètres préétablis.

L'expérimentation en grandeur réelle d'un tel four permettra de tester divers modes de chargement et d'en étudier les réactions techniques.

Un autre intérêt sera de construire une structure évolutive permettant la modification du foyer au fur et à mesure des cuissons afin de déterminer quelles solutions permettent d'obtenir des résultats satisfaisant pour la cuisson des émaux stannifères ( projection de cendres, surchauffe, tirage ..etc. )

Pour en savoir plus :

Article paru dans de la revue de la "Céramique et du Verre"
de janvier-février 2008
- n°158- p.60


Un film a été réalisé sur cette expérimentation :
"Un four à barres à Bélesta"

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