Alter et ego...
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Anachronie d'une chute




Samedi 16 mars 2024
[Mis en ligne le 31 mars 2024]


Le film-évènement Anatomie d'une chute met en abîme le doute : l'homme qui a été retrouvé mort devant son chalet s'est-il suicidé ou a t-il été poussé par sa femme ? Aucun témoin, aucun élément probant ne peut attester de l'une ou l'autre des possibilités. Seule une violente dispute, la veille de la mort, est prouvée. Mais qu'en déduire ? Au cours de l'enquête, puis durant le procès, diverses hypothèses sont posées pour expliquer la mystérieuse chute. La vie du couple est auscultée dans ses moindres détails, le profil psychologique de chacun est disséqué.
Le jeune fils du couple assiste à ce déballage d'intimité durant le procès intenté à sa mère, soupçonnée de meurtre. L'enfant tient à suivre les débats malgré un refus initial de la juge, qui cherche à le protéger. Il lui explique avoir besoin de savoir et que, s'il devait être privé d'assister aux audiences, il n'aura de cesse de chercher réponses aux questions qui l'assaillent.

Alors que le jour du verdict approche, le jeune garçon confie à la personne chargée de veiller sur lui son trouble : il est incapable de savoir si sa mère est coupable ou non et souffre de cette incertitude. La personne lui répond qu'il n'a pas à choisir entre une option ou l'autre, puisque l'incertitude ne le permet pas, mais qu'il peut décider de ce qu'il va croire.

Lorsqu'on ne sait pas, et puisque l'incertitude a quelque chose d'inconfortable, voire d'insupportable, on ne peut qu'imaginer des réponses. Les supposer, pour repousser le doute. Il peut alors être perçu comme salvateur de poser une hypothèse, que l'on peut décider de tenir pour vraie : la supposition devient certitude volontaire. On entre là dans le registre de la foi, qui ne laisse plus de place au doute. L'exemple des religions est probablement le plus ancien et le plus durable symptome de ce mécanisme mental : décider de croire une "explication" (l'hypothèse "Dieu", par exemple) plutôt que de devoir faire face à l'absence de réponses.

Je présume cependant que la foi n'est pas systématiquement la conséquence d'une décision, toujours susceptible d'être révoquée. Il me semble plus probable qu'elle résulte d'une éducation, d'une coutume, d'une imprégnation culturelle. Simplement parce que le conformisme évite de remettre en question un socle de certitudes... qui aurait pour conséquence d'induire l'effet inverse de celui que la croyance offre.

Douter est coûteux en énergie mentale, en plus d'être inconfortable.

C'est pourquoi l'idée de décider, offrant une échappatoire permettant de s'extraire d'un choix inextricable, m'a interpellé. J'ai senti une résonance avec l'option contraire, qui fut la mienne autrefois : la décision de ne pas choisir. Ou, autrement dit, choisir de ne pas choisir. Le (non-)choix en question se situant entre renoncer à la liberté relationnelle que je m'étais accordée ou renoncer aux engagements moraux que j'avais pris. J'ai choisi de rester fidèle aux deux options... et les personnes à qui mon non-choix ne convenait pas ont fait le leur.

J'ai cependant compris, plus tard, qu'en fait j'avais bien décidé quelque chose de clair : mon autodétermination... et accessoirement les conséquences qui en découleraient. Je n'ai pas choisi entre une relation et une autre : je suis resté ouvert aux deux, laissant les personnes avec qui j'étais lié se déterminer à leur tour. Elles ont choisi de se retirer, suivant leur propre logique relationnelle, me renvoyant aux conséquences de mes tergiversations infinies.

Pour l'une j'ai compris et accepté sa décision, qui m'a paru logique. Pour l'autre ce fut exactement l'inverse.

Ne pas comprendre allait me faire basculer vers une nouvelle strate d'incertitude, plus profonde encore. Pourquoi la personne grâce à qui j'avais engagé ma révolution intérieure se retirait-elle au moment même où, de son côté, se retirait mon épouse qui ne supportait plus mon parcours d'émancipation ? La concomittance des choix avait quelque chose d'absurde puisque, de fait, le second rendait inutile le premier. Mais cette perception des choses, c'était selon ma logique...  Pour nommer ma perplexité face à l'irréversibilité déclarée d'une décision dont les conséquences m'étaient imposées, j'ai usé de divers qualificatifs au fil du temps : énigmatique, incompréhensible, irrésolue, indécidable. Ma perplexité resta longtemps paroxystique. Il me manquait assurément des éléments pour comprendre une logique dont le sens m'échappait.

Je m'en suis finalement accommodé, tant bien que mal. À coup d'hypothèses et de suppositions j'ai dessiné l'arbre des possibles, ramifié à chaque point d'incertitude rencontré. « Et si je... », « Et si elle... », « Et si ce jour-là... », « Il se peut que... ». Une exploration fine et détaillée, quoique anachronique, outrepassée, faute d'avoir pu la partager librement au présent [fantasme d'une écoute respectueuse, à laquelle je n'ai pas été capable de m'élever].

Qu'est-ce qui m'a fait supporter de rester aussi longtemps dans l'indécidable ? Je pense faire partie des personnes qui vivent relativement bien l'incertitude, y trouvant un espace de réflexions au-delà de mes limites. J'en ai tiré profit, à défaut de satisfaction. En fait, la fertilité du doute me convient probablement. Grand indécis, il semble que j'ai besoin de longuement soupeser les éventualités et conséquences d'un choix, qui est toujours un renoncement à une partie des possibles. Fondamentalement, je reste lent dans mes prises de décision. Et ce, d'autant plus qu'elle ont un potentiel élevé de conséquences.

Un temps d'analyse qui peut devenir insupportable pour qui a besoin d'être fixé... pour avancer.






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