Mois de mai 2001


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Mardi 1 mai 2001

Opinions

 

Juste un petit passage...

En parcourant quelques journaux en ligne, j'ai été surpris de constater comme il y était question de "Loft story". A croire que c'est vraiment le phénomène de société!

Le plus risible, c'est qu'en lisant ces pages dans quelques semaines, on se demandera de quoi il pouvait bien s'agir, pour peu que le lecteur ne soit pas français... Ephémère actualité, qui mobilise toute l'attention pendant quelques temps, puis s'efface dans l'oubli.

Ce qui est consternant, c'est qu'on se focalise sur ce non-évenement, alors que de l'autre coté de la Méditerrannée, plus de 60 personnes sont tombées sous les balles d'un régime autoritaire. Et de ça, on parle beaucoup moins...

Alors moi, je vais en dire quoi de "Loft story", que je connais sans en avoir vu une miette? Impossible de passer à travers les mailles du filet: radio, journaux, télé... c'est vraiment LE sujet.

Et ben ce soir je me suis planté devant mon poste, pour voir un peu à quoi ça ressemblait. Oui, je n'ai pas honte, parce que je ne peux rien en dire (mais faut-il en dire quelque chose???), si je ne me suis pas fait mon idée moi-même.

Et bien il n'y a rien à en dire! Une succession de micro-séquences, présentées comme des évenements capitaux de la journée. Machin s'en va parce qu'il s'ennuie (tu m'étonnes!), pétasse blonde à mis sa combin' rouge moulante, Mec et Meuf se font un bisou sur la bouche, sous les rires excités de leurs compagnons de misère (on dirait des enfants de 8 ans!!!). Hop la, le tout expédié en 7 minutes! Ah vous parlez d'un truc passionnant!

Je suppose qu'il faut aller voir sur le site web pour avoir l'intégralité de la journée. Voui, j'ai essayé aussi, guidé par des diaristes qui ont fait l'effort de mettre le lien adéquat. Mais comme ça m'a paru long à télécharger (encombrement?) j'ai renoncé.

Il paraît (?) que la France est un des derniers pays (sous entendu "pays développés", parce que les pays pauvres, ça compte pour du beurre!) à céder à la tentation. Bon ben tant pis, on vient de perdre un peu de la dignité qu'on avait gardée jusque-là...

Ca peut paraître bizarre que je critique ce truc alors que je fais partie de ceux qui sont parfois considérés comme les "exhibitionnistes du net". Et puis surtout, que j'y aille faire un tour! C'est vrai, puisque le truc est sous mon nez, je vais y faire un tour. Mais j'aurais préféré qu'il n'y soit pas.

Ou plutôt, j'aurais préféré qu'il fût différent. J'imagine quelque chose qui ressemblerait à certains journaux en ligne, empreints de sensibilité, de poésie, de réflexions approfondies, de bonne humeur... Mais quelle audience aurait eu une telle émission, fondée sur la réflexion plus que sur le paraître?

Il n'y a qu'a voir le nombre de visiteurs de nos journaux, à comparer avec la cohorte qui doit visiter le site de "Loft story"!

C'est ça qui me gêne: flatter nos goûts les plus simplistes, comme la curiosité, le voyeurisme, le sensationalisme. Parce que ça marche trop facilement. Ce coté de nous, prêt à suivre le troupeau tout en sachant qu'il n'y a rien d'autre qu'une illusion fugitive.

Vous savez comment on fait venir un troupeau de vrais moutons? En agitant un récipient rempli de grains de maïs. Quelques centaines de grammes suffisent pour une centaine de moutons qui se pressent, attirés par cet infime festin, qui sera oublié a peine mangé les quelques grains par individus.

La télé poubelle, c'est ça. Et il n'est pas si facile de rester totalement insensible au grain, dés lors qu'on entend le bruit dans la casserolle...

 

Bon, ben pour quelqu'un qui ne voulait pas en parler, je fais fort!!!

Ou comment se laisser embringuer alors qu'on sait que ce n'est que du vent...

 

***

Hop, bénéficiant du calme de ce 1er mai dans les mises à jour de journaux, je profite de ma soirée pour écrire un peu.

Envie de parler de mes lectures de journaux. Sujet un peu délicat parce que je sais que les nouvelles se propagent vite dans notre petite communauté. Si je dis "du mal" (sous la forme d'une simple remarque) d'un/une diariste, je suis certain qu'il/elle en aura trés vite connaissance. C'est pour cette raison que je ne dis en général que du bien... hé hé hé, pas fou...

De liens en liens, je suis allé lire une entrée de la Scribouilleuse, via Tabulawriter qui en parlait. Je lis plus ou moins régulièrement la Scribouilleuse, avec un mélange de curiosité et de... comment dire... agacement. Mais je dois dire que ce soir, en lisant son entrée du 27 avril, j'ai un peu mieux compris ce qui m'agaçait: elle reste généralement assez superficielle (voire trés superficielle...), tout en débordant d'énergie scripturale.

Elle disait qu'elle abordait peu le coté intime de sa vie, qui signifierait expression de ses difficultés, préférant privilégier le coté bonnne humeur. Elle qualifie d'ailleurs ses écrits de "Chroniques" plutôt que de "Journal intime". Je comprends qu'on puisse préférer donner ce coté de soi. Et sans doute est-ce l'âge qui donne envie d'approfondir ses réflexions et de les exprimer sans trop de retenue. C'est probablement pour cette raison que je lis plutôt des diaristes qui ont dépassé la trentaine.

Je ne veux pas dire que les plus jeunes sont moins "profonds", mais que cette "profondeur" prend moins de place dans leurs écrits. Ils semblent plus facilement rester légers (mais ce n'est pas une règle générale!).

Bon, en écrivant ça, je ne voudrais surtout pas me faire d'ennemis! Je sais que plusieurs de mes lecteurs/lectrices apprécient la Scribouilleuse.

Peut-être y a t-il aussi de ma part une certaine jalousie? Parce qu'elle est souvent citée (mais je le suis aussi...) alors que parfois je me demande où elle nous emmène avec les histoires sans fin de sa vie quotidienne. On me dira que je ne suis pas obligé de lire si ça ne me convient pas. Trés juste... Mais comme "Loft Story", c'est à portée de mes yeux et il y a un je-ne-sais-quoi qui m'attire.

Peut-être son assurance tranquille? On dirait qu'elle ne doute pas d'elle (donc l'inverse de ce que je suis). Elle semble même carrément contente d'elle bien souvent. Je crois que c'est ce qui me fascine. Comment peut-on être content de soi? C'est quelque chose qui m'est tellement étranger...

Et puis tant de bonne humeur m'intrigue. M'intriguait, devrais-je dire. Parce que justement les dernières entrées montrent une sensibilité qui restait fort discrète. Et cette sensibilité me parle beaucoup plus. Je me sens en phase avec les émotions, pas avec quelqu'un qui reste dans la superficialité.

Je suis bien content de découvrir ces "failles" dans le personnage. Peut-être est-ce ce que j'attendais? Mon agacement venait-il de cette apparente imperméabilité aux sentiments? Il faut dire que je ne la lis que depuis quelques semaines, et que j'ignore tout de ce qui précédait.

Du coup, elle me paraît beaucoup plus "vulnérable". J'ai besoin de sentir la fragilité des gens (peut-être pour me rassurer sur la mienne?). Les personnes trop sûres d'elles-mêmes (je parle en général), exercent sur moi une fascination/répulsion. Je ne comprends pas la froideur, la distance, la non-émotivité... fussent-elles masquées par une jovialité et un entrain affichés.

Je me répands ici comme si je le faisais dans un journal privé. Je sais pourtant que je serais lu. J'espère simplement ne heurter la sensibilité de personne.

Il y a quelques temps, je disais (ici ou par mail, je ne sais plus) qu'on ne pouvait pas dire du mal des journaux des autres en les citant. Je le pense toujours, et j'espère qu'on ne considèrera pas ce que j'ai écrit là comme une critique. C'est simplement une explication sur ma façon de réagir face à des personnes différentes de moi. J'aurais pu écrire à la Scribouilleuse (et je l'informerai par mail de ce texte), mais comme je ne critique absolument pas sa façon de faire, que je ne porte pas de jugement qualitatif, je n'avais en fait "rien" à lui dire. Elle écrit son journal à sa façon, et c'est trés bien. C'est ce qui lui convient, ça plaît à son lectorat, alors c'est parfait.

Vous le sentez probablement, je crains d'éveiller quelques sensibilités. Ce n'est évidemment pas mon but. C'est toujours une des limites de l'écriture en ligne. Que peut-on dire, que doit-on garder pour soi? Censure ou pas?

Je tente le coup, je verrais bien ce qu'il en est...

Ah si, une chose qui m'agace prodigieusement (mais ce n'est qu'un détail): les gazouillis d'oiseaux de la page d'accueil!!! Pourtant, la première fois, j'avais trouvé ça trés agréable... Alors je clique le plus vite possible avant ces horripilants cui-cui.

 


Jeudi 2 mai 2001

 

J'ai l'immense plaisir de recevoir régulièrement des mails qui demandent des réponses approfondies. Mais parfois je m'inquiète du temps que je mets pour répondre.

Certainement encore une peur de décevoir... Je me dis que si la personne qui m'a écrit ne reçoit pas une réponse rapide, cela voudrait dire que son courriel m'intéresse peu. Or souvent, il me faut un petit temps pour assimiler le contenu du courrier. Pas que je sois lent à comprendre, mais que j'ai besoin de bien sentir ce que cela fait naître en moi comme réflexions.

Ce soir, c'est trois bons et longs mails que j'ai reçu, et hier soir un autre avait précédé. J'ai donc de quoi m'occuper pour quelques heures :o)

La Scribouilleuse m'a répondu, apparemment nullement irritée de ce que j'avais dit hier. Tant mieux, j'en suis bien content! Comme quoi, il est toujours possible de dire ce qu'on ressent sans que se soit mal perçu. Je dois dire que je m'en suis un peu inquiété aujourd'hui, craignant de m'être livré trop directement à un dénigrement que je réprouve.

Je sais bien que je ne dénigrais rien, mais je m'inquiétais que ce soit pris de cette façon.

***

 

Ce soir, j'ai regardé un moment un débat sur l'hyper-émotivité. J'étais à la fois curieux et tout à fait au courant. Sans être à proprement parler un hyper-émotif, je sais que je suis tout de même trés soumis à ces émotions. Quand j'entendais des participants dire qu'ils se sentaient toujours regardés par les autres, qu'ils n'osaient pas entrer dans un magasin ou demander un renseignement, qu'ils perdaient tous leurs moyens lorsqu'ils se sentaient jugés... je ne savais que trop bien ce qu'ils exprimaient.

Quand l'une d'elle disait que sa mère était assez rigide, ne montrait jamais de signe de tendresse, ne montrait jamais le moindre signe de satisfaction... c'était droit vers mon enfance que mes souvenirs allaient (dans mon cas, c'était mon père).

Mais je me suis cependant rendu compte que je n'en étais plus autant handicapé. Je parviens de plus en plus à me rapprocher de la "normale". Rares sont les situations qui me plongent dans ce stress.

Peut-être que je triche aussi un peu: je me suis peu à peu éloigné de tout ce qui pouvait me mettre dans cette posture désagréable. Je travaille seul (pas de conflits), je ne vais jamais dans des magasins (sauf des libre-services), je fuis les contacts avec des clients qui attendent quelque chose que je ne suis pas certain de pouvoir leur donner.

Pour mes 40 ans, la question de faire une fête se pose. J'en ai à la fois envie, pour réunir tous les gens que j'apprécie... et peur, parce que je déteste me sentir au centre d'un groupe ou d'un évenement.

 

Dans le débat de ce soir, il était question de la richesse que sont les émotions. Et il est vrai que j'en suis de plus en plus persuadé. Aprés les avoir longtemps refoulées, puis tolérées, j'en suis maintenant à les revendiquer. Oui, j'ai des émotions, et oui, j'en suis heureux. C'est un peu le sens de ce que j'écrivais hier d'ailleurs: j'ai besoin de ressentir les émotions des autres, et les miennes, pour me sentir "vibrer".

Je marche aux émotions, c'est mon carburant.

Rien de nouveau, j'en suis conscient, pour beaucoup de gens qui vivent avec ça depuis toujours. Mais je crois que les hommes ont moins cette perception de leurs émotions, à cause d'une éducation qui les considère comme "faiblesses", dans un monde ou la force à longtemps été exaltée.

J'aimerais aborder certains domaines des sentiments et de l'émotion, comme la mort, évoquée hier par l'insomniaque. Ou encore suivre les fils conducteurs que des lecteurs font apparaître en me posant des questions, ou en me livrant leurs réflexions. Faute de temps, je reporte une nouvelle fois ces sujets...

 

Dernière minute (aprés lecture de mes diaristes préférés): C'est marrant, l'incrédule parle aussi d'hyperémotivité dans sa page du jour.

 


Jeudi 3 mai 2001

Voyeurisme

 

Je suis en train de me dire que je devrais peut-être écrire moins souvent ici, mais avoir quelque chose de plus "construit". Parce que là je batifole d'un sujet à l'autre sans vraiment approfondir.

Mais bon, tant pis, on va dire que c'est MON journal, et que j'y écris ce qui me vient, et quand ça me vient.

 

Par exemple, j'ai été impressionné par une émission à la radio ce matin. Je vais tâcher de laisser mes impressions à ce sujet, mais auparavant j'ai envie de réagir à quelques lignes lues dans un magazine supposé "sérieux", l'Express.

Cet hebdomadaire bien connu en France fait sa couverture avec... "Loft Story". C'est vraiment le sujet "hypeeeer tendaaannnce" (a prononcer avec l'accent adéquat...). Figurez-vous qu'on y parle aussi de nous, les "diaristes virtuels". Lisez plutôt:

Sous le titre déjà évocateur de "Le triomphe du voyeurisme", on peut lire ces quelques lignes. « Le voyeurisme (...) se généralise sur internet avec ces fous du web qui mettent leur intimité en ligne», puis plus loin «Mais c'est le web, qui permet de communiquer secrètement avec le monde entier, qui dope la tentation exhibitionniste. Dans son livre Cher écran, Philippe Lejeune raconte comment de plus en plus de cybenautes livrent leur journal intime et trouvent un public voyeur». Hé hé! Et oui, vous êtes des voyeurs, vous qui êtes en train de me lire!

Une fois de plus c'est l'amalgame... On mélange une émission télé, les webcam, les journaux en ligne, les autobiographies ou les autophotographies. Bref, tout ce qui touche au sacro-saint "intime". Mais avec une petite idée sous-jacente. L'intime dont on parle, c'est surtout celui qui touche au sexe. Ouh la la! le sexe! Le mot est laché! Vilain sexe qu'il convient de garder secret.

Parce que c'est bien de ça qu'il est question. Que reproche-t-on à "Loft story"? D'observer une bande de jeunes dans le quotidien de leur prison dorée volontaire? Que nenni! On reproche (en en bavant d'envie?) la possibilité offerte de voir des séances intimes en se connectant sur internet. Voir un bout de nichon ou de fesse sous la douche... juste pour donner envie d'en voir plus.

D'ailleurs l'article va bien dans ce sens du "sus au sexe" (jeu de mot facile...) en évoquant les récits intimes des écrivains (Annie Ernaux), les photos en auto-portrait (surtout celles qui montrent la nudité)... pour glisser imperceptiblement vers les films pornos (quel rapport?) ou la publicité tendance érotique. Le point commun? Notre voyeurisme.

Est-ce que cela est bien nouveau? Je trouve curieuse cette méfiance vis à vis de l'intime dévoilé. On sait combien l'autobiographie indispose des gens, alors on peut imaginer combien la vision de l'intime peut les déranger. Si un roman ne dérange personne parce qu'il raconte des vies supposées inventées de toute pièce, il en va tout autrement dès que ce roman comporte une part autobiographique. En fait, plus on se rapproche du vrai, plus cela dérange. Bizarre, non?

Il n'y a qu'a voir comme les émissions télé a tendance intimiste dérangent. Et pourtant, elles sont trés regardées!

 

Avant-hier, j'écrivais que nos instinct de voyeurs étaient flattés... et j'ai tendance à justifier maintenant cet mise au jour de l'intime. Contradiction?

Possible... Parce que je "juge" sans doute ce qui serait intéressant ou pas à montrer. Voir des gens discuter dans le vide pendant des heures me semble stupide, alors que ça intéresse probablement des gens. En fait, chacun y trouve ce qui lui convient.

Je ne pense pas que je regarderais cette émission, pourtant je suis avec interêt tout ce qu'on en dit. Si ce qui se passe dans ce loft m'indifère, en revanche je suis passionné par l'aspect sociologique du concept. Que peuvent y trouver les gens, pourquoi autant de remue-ménage autour de ça, qu'est-ce qui peut motiver des gens à se mettre ainsi sous le regard de millions d'autres?

Parce que ne nous y trompons pas, cela n'a absolument rien de commun avec "nous", les diaristes en ligne. Public restreint et assez largement connu, échanges, anonymat... c'est exactement l'inverse de que que la télé peut offrir.

Malgré le qualificatif d"exhibitionnistes" que l'on nous colle volontiers, je n'imagine pas une seconde d'aller me mettre en vitrine dans ce bocal qu'est "Loft story". 38.000 candidats paraît-il... Je ne sais même pas s'ils gagnent quelque chose?

 

Bon, moi qui avait écrit qu'il n'y avait rien à en dire...

Vous croyez que j'évoque le sujet initialement "prévu"? Aprés "Peut-on pardonner à ses parents?" la semaine dernière, le sujet de ce matin était "Parler a ses parents avant leur mort" (ou un truc du même genre). Ah, c'est nettement plus sérieux, hein!

Quelque chose qui touche (ou touchera) tout le monde un jour.

Mes parents sont encore en vie (je vous ai dit que j'avais de la chance dans la vie...) et la question n'est pas d'actualité pour moi. Pourtant, depuis quelques années, depuis que j'ai pardonné à mon père les erreurs qu'il avait faites, je pense assez souvent à ce dialogue nécessaire. Je me dis qu'il serait trop bête d'attendre que les années passent et qu'un jour il soit trop tard...

J'ai fait beaucoup de reproches à mes parents. C'était nécessaire, afin que je nomme les douleurs qui m'avaient trop longtemps fait souffrir. Je devais mettre à nu ces plaies, ces blessures tenace d'amour propre. Maintenant, c'est choses faite. Ils ont tout entendu, sans animosité de ma part, mais avec une certaine détermination. Je suis revenu souvent à la charge avec des histoires anciennes...

Désormais, je voudrais les remercier pour ce que je suis devenu, leur dire que je les apprécie, que je les aime.

Mais les mots ne viennnent pas, je ne sens jamais le moment favorable (et quel moment le sera?). Je n'ose pas. Parce que je sais que ce sera un moment d'émotion particulièrement fort.

Je crois aussi que j'ai un peu peur de cette inversion des rôles: devenir celui qui franchit le pas, alors que je suis encore leur "enfant". Vis à vis de mon père surtout, que je crois incapable d'exprimer des sentiments pareils. J'ai peur, en voulant lui faire du bien, que ce soit douloureux pour lui de constater son incapacité a dire ses émotions.

Je me dis parfois que si je montre cette "force" qu'est l'expression de ses émotions, ce sera difficile à vivre pour lui de constater qu'il en est incapable. J'ai peur qu'il se sente diminué, affaibli, de voir son fils, le timoré, prendre le dessus.

Lui qui m'a tellement dénigré pour mes capacités intellectuelles faibles (en fait inadaptées au système scolaire), il doit bien se rendre compte que je puise peu à peu en moi une force qu'il n'a pas su développer chez lui.

« Un homme devient homme le jour où il devient le père de son père». Voila des années que je l'ai dans la tête cette phrase. Il faudra bien qu'un jour elle devienne réalité...

Je crois que c'est un des objectifs majeurs que j'ai dans ma vie, pour les quelques années qui viennent. Je sais que de cette étape dépend mon épanouissement futur, par le confiance en moi que j'en retirerais.

 

Curieux, ce que j'ai écrit là n'est pas sans rapport avec la mort, que j'ai toujours envie d'évoquer. Je tourne autour du sujet...

 


Samedi 5 mai 2001

 

2 h 00 du matin

J'ai passé ma soirée à répondre à un mail. Quatre heure d'écriture! Je crois que c'est un record.

Aprés ça, étonnez-vous que je ne puisse plus écrire ici...

Bon, je tâcherai de me rattraper ultérieurement.

C'est bizarre, mais en ce moment je me sens particuilèrement en verve. Sans doute ce temps pluvieux qui me laisse un peu de temps dans mes soirées. Mais dès qu'il fera beau, que je rentrerais dans la maison à la nuit, ça réduira forcément mon temps de réflexion.

Allez ouste! Au dodo...


Dimanche 6 mai 2001

 

Petite matinée pépère...

La petite famille se prépare: visite chez des amis aujourd'hui. Ca ne m'enchante pas plus que ça. Je présuppose que nous allons échanger des banalités habituelles, parler des enfants, du boulot, de leur nouvelle maison... bof bof bof...

Ce genre de relations, fondées sur une certaine habitude, me pèse de plus en plus. Quand je pense à la richesse des échanges que j'ai sur internet!

C'est un peu le risque d'ailleurs: trouver la vie dite "virtuelle" plus intéressante que le "vraie" vie (du moins pour le coté relationnel).

Je sais bien qu'il ne tient qu'a moi d'avoir des échanges approfondis avec des personnes réelles, mais ce n'est pas si facile, alors que depuis des années on se cantonne à ces relations tranquilles. Parfois, j'ai envie de donner un coup de pied dans la fourmilière et voir ce qui se passe. Mais je n'ose pas...

Oui, je sais bien que vous qui me lisez devez vous dire que je n'ai qu'a plus y aller. Ou donner ce fameux coup de pied. Mais la réalité fait que ce ne sont pas des démarches faciles.

Je constate bien quelques petits changements de ma part, une audace légèrement accrue qui me permet d'exprimer sans trop de difficultés ce qu'auparavant je gardais en moi. Mais ça reste assez limité. Le décalage entre mon intériorité et ce que j'exprime est vraiment important.

C'est agaçant et frustrant.

On dirait un gamin de 15 ans quand je dis des choses pareilles!

Bref, passons...

***

Hier j'ai reçu un drôle de mail. Un lecteur inconnu me demandait la suite de mon texte "Harcèlement textuel" (que je donne seulement sur demande "motivée").

 

COMMENTS: tres agreable a lire beaucoup de sincerite

je suis neanmoins choque d'avoir a envoyer un message pour lire la suite

 

Ben... c'est à dire qu'avec ça je ne suis pas bien avancé. Certes il apprécie la lecture, mais à qui ai-je à faire?

Le fait qu'il se dise "choqué" d'avoir à formuler une demande me surprend, à mon tour. Pourquoi ne pourrais-je pas demander à en savoir un peu plus sur ceux à qui je donne cette partie assez intime de ma vie? Je donne en contrepartie d'un peu de l'autre. Jusque là celà a trés bien fonctionné et chaque demande que j'ai eue l'était soit de diaristes que je lis, et en qui j'avais donc toute confiance, soit de personnes inconnues, mais qui m'écrivaient avec une telle sensibilité que je ne pouvais douter de leur sincérité. C'est avec un grand plaisir que je leur ai donné l'adresse de la suite.

Mais là, ce message sybillin demande quelques compléments d'information. Surtout sur le mot "choqué", qui intervient plutôt défavorablement. Pourtant, la première partie paraît montrer un interêt particulier pour ce cette histoire...

J'ai écrit au lecteur en question, mais Mail Daemon m'a retourné mon courrier. Alors, était-ce une blague?

Si tu te reconnais, lecteur inconnu, tu peux m'envoyer un nouveau message.

Bon, il est temps que je me prépare pour la virée dominicale...

 

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22h30

Le dimanche est un jour creux pour les relations virtuelles, je n'ai jamais compris pourquoi. Il me semblerait plus logique que les gens mettent à profit ce jour de repos pour prendre le temps d'écrire. Et bien non. Ni pour la mise à jour des diaristes, ni pour la participation aux forums.

Peut-être que beaucoup font ce genre de choses depuis leur travail?

***

 

Hier j'écrivais que j'avais plein de choses à écrire ici. Et en l'écrivant je pensais que peut-être cette envie ne durerait pas... C'est un peu ce que je ressens aujourd'hui. J'ai comme une overdose d'écriture. Mais il faut dire qu'avec la rédaction des mails trés longs je me suis un peu vidé de ma substance.

C'est un peu l'inconvénient de cette forme d'écriture introspective: elle est trés liée à mon état intérieur. Et il se peut, parfois que je sois en totale panne d'inspiration.

Alors j'en profite pour réfléchir un peu...

Ce journal, par exemple, sur lequel je ne me pose plus de questions. J'écris, je mets en ligne, je reçois assez régulièrement un écho de lecture de la part de fidèles ou d'inconnus... une petite routine s'installe.

Et puis hier, de lien en lien, je tombe sur un journal quasi-inconnu, celui de Joliejojo, qui se demandait comment les diaristes formaient leur communauté. Et là, je débarque au beau milieu d'une vie inconnue... C'est souvent l'effet que ça me fait. Et je me dis alors que des gens qui arriveraient sur mon site auraient la même impression. Il y a plein de non-dits, de sous-entendus, d'idées implicites que connaissent les lecteurs habituels. Mais pour un nouveau venu, je me demande ce qui fait qu'il accrochera...

En fait, entre diaristes, on suit nos vies. Mais n'en lire qu'un fragment n'offre sans doute que peu d'intérêt. C'est sur la durée que se produisent des changements perceptibles.

D'ailleurs, pour beaucoup de mes "préférés", il me serait difficile de renoncer à la lecture de leur vie. J'ai envie de savoir ce qui se passe, comment leurs attentes se réalisent, quels sont les changements dans leur parcours. Et surtout comment évoluent leurs réflexions sur le long terme. Rares sont ceux que je finis par "abandonner". Au contraire, la liste de ceux que je lis avec régularité aurait tendance à s'allonger dangereusement (pour le temps que j'y consacre).

 

***

Sans aucun rapport avec ce qui précède, je me pose de temps en temps la question du choix que j'ai fait pour les pages de ce site. La grande majorité des diaristes ont une page par jour, ce qui offre l'avantage de s'y référer ultérieurement, ou de citer une page précise sur leur site. J'ai fait le choix d'avoir une page pour la dernière entrée, puis une pour les semaines qui précèdent, et enfin une par mois (ou par quinzaine lorsque le fichier est trop gros). L'avantage principal étant une lecture facile hors connection. Par contre je me prive de l'accès direct à un jour précis... Je sais bien qu'il existe les "ancres", mais bon, comme je ne suis pas contraint d'en mettre sur chaque entrée, je néglige cette possibilité.

Bon, je ne vais pas mettre en place un sondage sur le sujet, mais si ça vous dit de me donner votre avis, je suis preneur :o)

Il faut dire aussi que je ne sais pas si j'aurais le courage de faire des renvois à des jours précis. Il faudrait que je sois bien organisé, que je sache quel jour je parlais de tel sujet... Or je ne me relis jamais, et je ne mets que rarement des titres. Comment m'y retrouver?

Se relire... C'est peut-être quelque chose que je devrais faire de temps en temps. Je suis sûr que je serais surpris par ce que j'ai pu dire quelques mois plus tôt.

En fait, comme je ne fais aucune sortie papier, ces textes n'ont pour moi qu'une existence éphémère. A l'instant ou je matérialise l'idée par des mots. Parfois, pour des sujets un peu plus "fort", il en reste une trace dans les jours qui suivent. Et puis tout disparaît, devient flou, ne laissant qu'une ombre dans ma mémoire. C'est la succession de ces empreintes qui me fait progresser, créant mon identité nouvelle.

Ce sont parfois les courageux lecteurs qui entreprennent de me lire depuis l'origine qui me rappellent ce que j'ai dit auparavant. J'ai parfois la surprise de les voir me citer et de ne pas reconnaître mes propres mots. J'avoue, au détriment de l'humilité, que parfois je me trouve "bien" dans ces passages...

Bah, oui... de temps en temps, c'est agréable de se surprendre soi-même.

 

***

 

Au fait, comment s'est déroulée ma visite amicale dominicale? Conforme à ce que je prévoyais...

Pourquoi en vieillissant perd-t-on le sens de la fête et de la rigolade?????

 

***

 

Petite réflexion que je me suis faite ce soir, alors que mon fiston de 16 ans, qui était resté seul à la maison (les amis de papa-maman... bof!!), est allé visiter des sites X sur internet. Naïf, il a oublié d'effacer les icônes automatiques et sa soeur lui a demandé ce que c'était. La précipitation avec laquelle il a voulu effacer toute trace de son forfait a attiré mon attention... et j'ai vu les adresses avec un nom sans équivoque.

Bref, il a 16 ans et n'est pas né de la dernière pluie. Je l'ai sependant mis en garde sur le fait que ce genre de site (interdits au moins de 18 ans, quelle hypocrisie!) lui présente des images de "l'amour" (heu...) qui sont très très éloignée de la réalité. Ce à quoi il m'a rétorqué qu'il le savait trés bien.

Poursuivant intérieurement mes réflexions sur ce que je pouvais trouver de malsain a regarder ça à son âge, il m'est venu subitement une révélation. Je lui ai fait remarquer que ce genre d'images, non seulement pouvaient s'imprimer dans sa mémoire durablement (définitivement?), mais surtout fausser sa perception de la réalité sans même qu'il n'en ait conscience.

Je m'explique: en voyant les corps hors-norme des femmes qui posent, sans même parler de leurs postures aguicheuses, de leurs sous-vétements savamment positionnés, je pense que s'impriment dans son inconscient des images déformantes. Montrer ces femmes comme des "salopes qui aiment ça", même si on sait que c'est "pour de faux", fausse la perception de la réalité.

En voyant déjà sur les pubs des femmes à la beauté fatale, au corps superbe, si on y ajoute une nudité perverse (tendance érotico-soft), je suis persuadé qu'on influence l'inconscient collectif masculin, mais aussi féminin.

 

Pub érotico-soft dans un magazine grand public

 

Bon, je n'invente rien là, je sais bien. Voilà bien longtemps que je me sais "victime des images", mais je n'avais jamais vraiment compris comme la manipulation de nos fantasmes pouvait être sournoise. Il me semblait que si certaines silhouettes me subjugaient, et que les images y correspondaient, c'est parce que les photographes savaient ce qui plaisait aux hommes. Certainement, oui...

Mais là où c'est sournois, c'est que sans les images permanentes, cette vision de la femme resterait exeptionnelle. Il y a un siècle, je ne pense pas que les gens étaient aussi soumis que nous à ça. Si les hommes (et les femmes aussi, d'ailleurs) sont victimes de cette dictature de l'image parfaite, c'est bien parce que l'image est partout.

Euh.. c'est peut-être pas trés clair ma démonstration... Ou alors ça vous paraissait déjà évident?

Ce que je veux dire, plus trivialement, c'est qu'il ne me semble pas étonnant que les hommes attendent de leur compagne qu'elle ressemble à l'image parfaite qui s'est peu à peu imprimée dans leur inconscient sexuel. Si elle n'a pas des seins comme des obus, des courbes parfaites, un grain de peau lisse comme la soie, un bronzage halé intégral, une chevelure sauvage, des yeux ardents de désir, un sourire de hyène... non, là j'éxagère...

Bref, plus elle sera éloignée de ce "modèle" que nous croyons spontanément né de notre pensée, et plus la déception sera cruelle. Déception à laquelle n'étaient pas soumis nos ancètres, puisque ils n'avaient pour référence que les filles du quartier ou du village, généralement habillées...

Enfin, c'est en tout cas comme ça que je perçois les choses en ce qui me concerne.

 

Trois publicités de... parfum

 

Mais ce n'est évidemment pas le seul domaine où nos perceptions sont faussées (surtout pour les plus jeunes). On a déjà beaucoup parlé de la violence, banalisée par les films. On pourrait y ajouter l'irrespect vis à vis de l'autorité, les comportement dangereux en voiture...

Ce genre de propos, hélas, fait vite penser à quelques groupes politico-religieux extrêmistes, ce qui fait qu'il est parfois difficile de s'exprimer à ce sujet.

Drôle de société ou la tolérance, fondamentalement bénéfique, risque de porter en germe quelque chose de l'ordre de l'auto-mutilation, si ce n'est l'auto-destruction.

L'alternance rigueur/laxisme est-elle inévitable?

Bon, je m'arête là, parce que sinon je vais y passer la nuit dans ces réflexions sans fin dont je ne maîtrise que très peu des connaissances nécessaires.

N'empêche que je suis assez inquiet pour l'avenir qui se prépare... Quand on voit les réactions de certains jeunes dans les collèges, il y a de quoi prendre peur!


Lundi 7 mai 2001

 

De retour au travail. Pas trop de temps disponible. Pourtant, j'ai encore reçu un extraordinaire courriel (5 pages!) qui répondait à celui que j'avais écrit samedi. C'est étonnant comme on peut parfois se sentir en symbiose avec quelqu'un qu'on ne connaît que depuis quelques messages. Un vrai régal!

Mais comment faire pour étirer le temps? Je ne sais plus comment faire pour répondre aux mails en attente.

A ce sujet, je me pose une question: existe-t-il une possibilité de jalousie entre "confidentes"? Est-ce que le fait que je dise de temps en temps que j'ai reçu un mail qui m'a fait plaisir n'irrite pas un peu celles qui n'ont pas encore reçu de réponse au leur? Et le fait que je partage mes relations ne peut-il pas aussi être mal perçu par des personnes qui aimeraient sans doute, même sans se l'avouer, avoir un contact privilégié?

Euh... c'est pas que je me sente important aux yeux des autres, mais je sais que moi je ressens parfois quelque chose de cet ordre là. Une sorte de petite jalousie de n'avoir pas une place plus unique que ça.

Ouch! C'est vachement présomptueux ce que j'écris là!

Je ne devrais sans doute pas faire mention de tout ça... rester discret sur mes contacts... Peut-être quelque chose que j'ai à apprendre encore? Une limite à la sincérité?

Encore une des particularités du journal en ligne... trouver les limites de "l'intime public" et de "l'intime privé".

 


Mardi 8 mai 2001

 

Au secooouuurs!

 

Je me trouve face à quelque chose que je n'avais pas prévu: plus assez de temps pour répondre à tous les contacts que j'ai liés sur internet!

Parce qu'il ne s'agit pas de faire des petits "coucou" en passant. Les échanges que j'ai ont toujours une base de réflexion approfondie.

Peut-être que c'est moi qui me contraint à répondre longuement a un long courriel, alors qu'une réponse courte pourrait suffire, au vu ce que je laisse ici de moi régulièrement? Mais c'est plus fort que moi, j'ai toujours envie de commenter, répondre, exprimer mon accord avec les message reçu. Résultat: je n'y parviens plus comme je le voudrais...

 

Je ne vais surtout pas me plaindre de recevoir trop de messages, ni qu'ils soient trop longs, oh non! Bien au contraire. C'est toujours un moment de bonheur que de recevoir ces messages. Mais il faut que j'apprenne à "gérer" ces échanges. Soit en répondant plus succinctement (mais je risque de diminuer la portée de l'échange), soit en répondant dans l'ordre de réception (mais il y a des messages qui ont un caractère plus immédiat que d'autres).

Si je suis autant accro d'internet, c'est bien parce que cela offre des possibilités d'échange de grande qualité. Mais n'y a-t-il pas un risque de tuer la poule aux oeufs d'or en ne sachant plus où donner de la tête?

Je me rends compte aussi que j'ai peur que cela favorise un certain égoïsme de ma part. Parce que j'ai tendance à répondre aux messages les plus "forts", ceux qui m'émeuvent, me touchent le plus. Ceux-là, en priorité, sollicitent beaucoup de mon attention. En bref, je vais vers là où ça me fait le plus de bien...

Et je suis alors gêné d'en mettre d'autre "en attente"...

 

Vraiment, je ne sais plus comment faire, parce que je voudrais TOUT garder. Aucune de mes relations virtuelles ne me semble mineure. Chacune s'exerce dans un domaine de prédilection. Certaines vraiment intimistes, d'autres plus fondées sur les opinions. Mais partiquement toutes ont un lien avec les relations humaines. Sujet absolument passionnant, dont l'exploration est sans fin.

J'ai peur que certaines de mes correspondantes se lassent de mes délais de réponse, ou prennent ça pour du désinterêt. Jusqu'à maintenant, il ne semble pas que le cas se soit produit, parce que je correspond avec des personnes équilibrées, patientes, et qui ne sont pas demandeuses de mon attention.

Peut-être que je fais une sorte d'analogie avec ce qui se passait avec mes "conquètes" du Chat, qui avaient une certaine exigence quand à la régularité de nos échanges?

Les rapports que j'ai désormais ne sont plus fondés sur la séduction (pas que je sache...), et je crois que cela change beaucoup de choses.

 

Apparté: il n'est pas aisé d'écrire dans ce journal, comme si je me parlais à moi-même, tout en sachant que je suis lu par chacune de celles dont je parle!!! Aïe aïe aïe! Comment garder ma liberté d'écriture en sachant que je peux toucher leur sensibilité?

Certains croient qu'on ne peut pas être sincère sur le net en se sachant lu? Je tente le coup, continuant comme depuis le début à ne pas me sensurer.

 

Séduction...

Que sais-je de ce que pense chacune de mes correspondantes? C'est l'aveu de "jalousie" de l'une d'elle, toute nouvelle dans ce cercle de relation (et qui ne lit pas encore ce journal, mais en aura l'adresse d'ici peu...) qui m'a fait penser qu'il pouvait exister quelque chose de cet ordre.

Ce matin, lové dans les bras de mon épouse, ma confidente légitime (pourquoi je dis ça???), je pensais que si j'évoquais souvent mes relations féminines... c'était certainement une façon de me protéger. Me protéger de la séduction.

En évoquant la multiplicité (façon de parler...), je pense que je "casse" pour elles toute possibilité de naissance d'un début de soupçon d'attirance. Ceci fait en me souvenant avec quelle facilité l'attirance était née lors de mes conversations par Chat. Je crois que j'ai depuis développé une grande méfiance pour ce type de relation.

Pareillement, avec plusieurs confidentes, je m'empêche de me focaliser sur une relation privilégiée qui pourrait fort bien se développer en attirance de type "amoureux".

Bon, en me lisant, je suppose que certaines vont s'étouffer, parce qu'il ne leur est jamais venu à l'idée que je puisse envisager, de prés ou de loin, un rapport de séduction.

Boah...! Vous savez bien, puisque vous me connaissez maintenant, que j'ai toujours eu cette ambiguité séduction/amitié dans la tête. Cela fait des mois que les choses s'éclaircissent, mais parfois des questionnements réapparaissent. Je dois dire que je ne me posais plus aucune question depuis pas mal de temps, et puis il a suffi de ce mot de "jalousie"... qui arrive au même moment que cette impossibilité de répondre à tous les messages simultanément.

 

Bon, on voit que tout n'est pas si clair que ça...

 

Et puis vous (voilà que je m'adresse directement à vous!)... êtes toutes des femmes, est-ce un hasard?

Comment se fait-il que mon écriture sollicite bien d'avantage des commentaires féminins que masculins? Qu'est-ce qui fait que je touche plus les femmes que les hommes?

Est-ce parce que les hommes lisent moins les journaux en ligne? Possible...

Est-ce parce qu'ils expriment moins ce qu'ils ressentent? Ou que mon journal n'évoque pas grand chose pour eux?

 

Bon, faudrait pas croire que je suis obnubilé par la séduction... (enfin si, un peu quand même, histoire de comprendre ce que c'est, comment ça fonctionne, comment elle apparaît...)

Pfff... raconter ça sur un journal en ligne! Alors que je sais qu'il sera lu par une trentaine de personnes...

Pourquoi je fais ça?

 

Pour m'accepter. Accepter mes pensées.

Aussi parce que je suis rassuré, depuis le temps que j'écris, sur l'effet de mes écrits: jamais de commentaires défavorables.

 

Ce qui commence à me déranger, c'est le début d'assurance dont je fais preuve. Parfois je me trouve trop sûr de moi en affirmant des trucs du genre "je sais que mes écrits plaisent". J'ai peur de perdre le doute permanent qui me caractérisait.

Et pour en revenir à la séduction, n'est-ce pas ma timidité qui fait mon "charme"? Si je prends de l'assurance, ne vais-je pas être perçu comme un peu prétentieux par ceux qui ne me connaissent pas?

 

Ouh la la... c'est la matinée questionnements là!

Pas si facile de changer...


Mercredi 9 mai 2001

 

00h25

Je me suis rendu compte, un peu tardivement, que l'entrée d'"hier" (ouais, enfin ce soir...) reprenait pour une bonne partie celle de la veille. Je savais que j'avais abordé le sujet, mais n'ayant pas écrit sur mon pc habituel, je n'ai pu me relire. Tant pis, si je ne vous ai pas lassés, au moins aurez-vous pu constater d'éventuelles confirmations ou contradictions...

Je viens de recevoir un mail de L., une diariste que j'apprécie. Entre autres sujets, elle a évoqué cette crainte que j'ai de mettre "en attente" certains messages. Ses mots m'ont rassuré, parce qu'elle me dit, parmi d'autres termes élogieux, qu'elle n'est "jamais décue". Hmmm, un vrai plaisir de lire ce genre de phrases...

Une autre m'informe qu'elle met un lien dans sa rubrique "Petite séléction de journaux pour gens pressés". C'est un honneur :o)


Jeudi 10 mai 2001

 

01h30

J'ai de ces horaires pour écrire moi...

Il faut dire que le beau temps était revenu aujourd'hui, aprés une interminable période pluvieuse. Quatre jours dans le brouillard avec cette humidité qui est partout. Il a même fallu rallumer le poêle à bois!

Aujourd'hui un pâle soleil a fait remonter la température jusqu'à 23°

Bon, ces détails sans grand interêt étant donnés, je poursuis:

09h30

Je viens d'aller faire un tour sur mes satistiques de visite (oui, je vérifie une ou deux fois par mois...) et je suis content de voir que le nombre de visites augmente peu à peu tous les mois. L'inverse serait inquiétant...

Bon, je l'ai déjà écrit, je ne sais pas trop comment je réagirais si j'avais beaucoup de lecteurs, mais pour le moment ça va, je n'y pense pas vraiment. Honnêtement, je n'y pense même pratiquement jamais! Faut pas croire ce que disent certains diaristes lorsqu'ils affirment qu'on n'a que ça dans la tête.

Mon esprit anticonformiste (assez séléctif, parce que parfois je suis trés conformiste!) m'a fait refuser de mettre un compteur sur ces pages. Mais si l'usage avait été de ne pas en mettre... il se pourrait bien que j'en aurais installé un, dans un souci de transparence.

C'est vrai, lorsque je vois un site qui arbore 5.000, ou 10.000 visiteurs, ça me donne un peu envie. Et pour quelqu'un qui découvre un site, c'est sûr que ça impressionne! Je me souviens de ma réaction en découvrant les premiers journaux en ligne. De tels chiffres me laissaient croire que le nombre de visiteurs quotidiens étaient impressionnant. Mais en fait, avec 20 lecteurs quotidiens, on arrive à plus de 7.000 visiteurs par an. Si on sait que ce sont généralement toujours les mêmes vingt... ça relativise un peu les choses. Bon, j'exagère un peu, parce que ce ne sont pas toujours les mêmes. Il y a aussi les visiteurs d'un seul clic, ceux qui reviennent une fois de temps en temps..

Bref, pour le moment pas de compteur sur ce site (mais je triche un peu puisque je n'ai qu'à additionner les statistiques mensuelles...).

***

22h00

Un peu malade ce soir. Sans doute les changements de température.

Sans interêt...

Sauf que ça agit sur ma capacité de réflexion et sur ma résistance. D'ailleurs, je me demande si je n'ai pas un peu exagéré sur l'écran ces derniers temps... Ecriture sur ce journal, beaucoup de longs mails à rédiger. Tout cela pompe quand même pas mal de ressources. Il me semble voir une corrélation entre ces périodes de grande réflexion, d'extériorisation, et une certaine fatigue qui apparaît sans crier gare.

Euh... peut-être que les nuits écourtées y sont aussi pour quelque chose...

Bref, une fois de plus je vais réduire un peu mes apparitions, espacer mes entrées pendant quelques jours. D'ailleurs, je travaille encore ce week-end (ouf, le dernier d'ici l'automne!) et ce journal restera muet. Vacances scripturales...

 

Contraste avec ce que j'écrivais la semaine dernière, quand je me sentais en verve. Là, maintenant, je me ressens plutôt vide. Je me suis préssé le citron jusqu'au bout, il n'y a plus grand chose à en tirer pour le moment.

 

Tiens, tant que j'y pense: je vois de plus en plus de journaux avec photos numériques. Ce genre de petit joujou m'attire, mais je me vois mal m'offrir ça juste pour inclure des photos ici. J'ai déjà un bon matériel photo traditionnel et cet investissement n'est pas justifié... sauf pour mettre des instantanés de vie, comme le fait Eva depuis peu.

Mais c'est surtout cette artiste qu'est l'incrédule qui maîtrise bien cette forme d'expression. Elle joue avec son image avec beaucoup de talent. Et vous avez vu ces beaux yeux? (hum hum...).

Je ne sais pas trop pourquoi je suis tenté par l'addition de quelques photos de temps en temps. D'une certaine façon, ça peut nuire au texte, si la photo a trop de sens. Mais inversement, c'est aussi une façon de se révéler...

Bien sûr, je pourrais piocher dans le stock de quelques milliers de photos que j'ai prises en toutes circonstances et en tout lieu, mais quel rapport avec ce que je vis maintenant, au jour le jour? Je pourrais aussi faire des photos, en prévoyant de les mettre ici, puis les porter au développement, etc... Mais ça n'aurait pas la force de l'instant.

Non, il n'y a que le numérique pour coller à la réalité de l'immédiat.

Je dis ça, comme si je pouvais me payer sans états d'âme un petit bijou qui coûte la moitié d'un smic (salaire minimum légal)... Certes, je pourrais bien trouver cet argent (surtout si je l'achète comme matériel professionnel), mais je me dis que ce serait un tel "luxe", juste pour me faire plaisir et étaler mes états d'âme "à la face du monde". Ce monde... justement! Avec tant de gens qui vivent dans la pauvreté...

Question morale ou humanitaire en somme...

Avec ce demi-smic, on fait vivre combien de pauvres? Horreur de comparaison, indécence. Mais tout est indécence dans nos sociétés de nantis...

Vertige devant l'incompréhensible, l'insaisissable, l'indicible...

Honte sur nous!

 


Dimanche 13 mai 2001

 

Retranscription telle quelle de mes réflexions sur une enveloppe kraft

«La bonne vieille écriture manuelle pour contrer l'ennui.

Je m'ennuie...

Assis sur un muret, à l'ombre d'un lilas en fleurs, je regarde passer les gens. Des centaines de personnes qui défilent devant moi, et cela durera encore des heures.

J'expose, parmi d'autres, le fruit de mon travail. Parfois un client intéressé s'arrète, observe, pose des questions. Achète aussi. Je suis là pour ça. Vendre.

Beau temps, douceur de l'air... je ne songe même pas que ce week-end, pour la plupart des gens, est synonyme de repos. Moi je suis assis, mais je ne me repose pas vraiment. Une rumeur de foule, des bribes de bavardages saisis au vol.

Je regarde les gens. Tous ces visages différents, ces habillements, ces "genres socio-culturels" qui transparaissent sans même avoir échangé un mot. Tendance au pré-jugement...

Brave mémère en robe à fleurs qui vient de me porter un regard morne. Je ne suis rien pour elle, elle n'est rien pour moi.

Fausse pin-up boudinées en mini jupe mauve, jeune couple avec poussette, la trentaine... l'air sympa. Moustachu à lunettes de soleil, légère bedaine au dessus de la ceinture... Tant de gens différents.

Ces journées sont comme des études sociologiques pour moi, privé de la vision de mes contemporains le reste du temlps.

Quel contraste avec le "monde virtuel". Je regarde parfois ces visages inconnus et me dis "tiens, X ou Y a peut-être ce genre de visage!". Ici, je suis attiré seulement selon l'aspect physique. Visage, regard, sourire, ou allure générale. Comment savoir ce qu'il y a derrière ces visages? Quelles pensées, quelle profondeur ou superficialité?

C'est le visage de la "personnalité publique" qui apparait, sans que rien ne transparaisse de l'intériorité.

Pourquoi sommes-nous si opaques?

 

Tout d'un coup, je pense aux confidences que je laisse sur internet. Comment puis-je avoir autant d'impudeur en exprimant mes pensées et fantasmes?

Dire que je raconte tous mes désirs de séduction, mes petirtes frustrations de mec... et que je suis lu par des dizaines de personnes avec qui j'échange ensuite! C'est quoi cette folie?

Jusqu'à quand vais-je pouvoir "oublier" ces regards sur mes pensées qui devraient (?) rester secrètes?

Je pense à ces gens qui doutent de la sincérité des journaux en ligne. Je crois pouvoir dire que j'y parviens.

...

Le "couple la trentaine l'air sympa" vient de passer dans l'autre sens. Elle mâche un chewing-gum. J'aime pas. Ca donne l'air vulgaire. Ou bovin. Je suis dur, je sais. Faut bien avoir des défauts:

Brouhaha tout d'un coup. J'avais oublié où j'étais, perdu dans le monde intérieur de mes pensées.

Un jeune "Rastignac" (feuilleton TV) aux cheveux ébouriffés vient de passer. Un grand-père barbu jusqu'au cou, pantalons à bretelles de paysan et chapeau de toile... Il y a de tout...

En fait, mon regard passe de visage en visage sans s'attarder... sauf si quelque plaisir visuel s'offre à lui. Et c'est ce que je cherche, pour égayer un peu ces heures d'attentes si rarement interrompues par un client.

Plaisir visuel... évidemment provoqué par des femmes...

Corps de toutes formes, morphologies similaires mais toujours différentes. Et surtout visages. Confirmation, d'ailleurs: c'est bien le visage que je regarde en premier. Mon regard se porte à cette hauteur. A défaut les cheveux.

...

Une cliente vient de me faire un chèque, penchée sur la table. Tee-shirt décolleté... plaisir offert/volé d'une part de son intimité. Un joli vallon entre la naissance de seins laiteux... quelques centimètres de dentelle d'un soutien-gorge.

Je sais... absolument rien d'original. Regard basique du mâle. Et oui, normal, je suis bêtement un mec qui se satisfait de ces plaisrs frustrants (bon, alors satisfait ou frustré?)

Retour des beaux jours et de ces femmes qui jouent le délicat jeu de l'éxhibition pudique. Une femme qui met en valeur sa poitrine ou son postérieur "sait" trés bien qu'ils seront regardés. Mais regardés de façon discrète, de façon à ce qu'elle ne le "sache" pas. J'imagine la gène si le regard reste trop ostensiblement porté sur ces formes...

Un sociologue avait étudié dans "Corps de femmes, regards d'hommes" (Jean-Paul Kauffman) l'accord tacite du "je montre/vous ne matez pas".

Bon, je délire encore sur ce sujet qui n'a rien de nouveau pour ceux et celles qui me lisent depuis longtemps.

Encore plus cynique:

Je me suis amusé à faire des "statistiques" sur le femmes, puisque j'ai le temps de regarder, compter.

En simplifiant, 10 à 15% des femmes qui passent ont quelque chose qui attire le regard. 1% peuvent être qualifiées de jolies. 0,1% de trés jolies. Toutes tranches d'âge confondues, toutes catégories socio-professionnelles confondues, et en sachant que c'est plutôt en zone rurale. Je suppose qu'en ville les choses sont différentes, ne serait-ce que parce que les femmes s'y soignent plus: maquillage, coiffure, habillement. Et ça change beaucoup de choses aux statistiques!

La vraie beauté naturelle est rare, mais en s'"arrangeant" beaucoup de femmes peuvent devenir séduisantes. Heureusement pour elles, et pour nous, les hommes.

Je suis un vrai macho, hein?!

Je crois aussi que je suis assez "exigeant" dans ce domaine, adepte d'un certain "perfectionnisme"... dont je sais tout ce qu'il à de négatif... et de dévalorisant (voire insultant?) pour les femmes.

Additif: les statistiques sont certainement les mêmes pour les hommes (justification)

Les 10 à 15% ne sont pas les mêmes pour tous (2eme justification)

...

Une jeune femme (22/23 ans) vient de venir voir ce que je vendais. Quelques minutes de discussion qui ne sont pas d'ordre commercial. Elle est plutôt mignonne. Je bloque.

Gène qu'on s'intéresse à ce que je fais. Encore plus de gène parce qu'elle me plaît. Peur de ne pas être intéressant, de paraître niais, timide: peur de ne pas plaire.

Je parle (avec elle) de façon "automatique", les mots sortent plus vite que le temps nécessaire à une éventuelle correction. Je suis comme un funambule. C'est du direct live et il peut se passer n'importe quoi d'inattendu. Je dois faire confiance à l'intelligence de ma spontanéité, à mon instinct.

Je ne sais pas comment expliquer cet effet de la timidité. Je parle avec l'attention tellement handicapée, paralysée, que je ne peux pas maîtriser ce qui sort de moi.

Généralement ça se passe bien, mais je crains toujours la platitude, le silence brusque, le vide absolu... aucun mot qui se présenterait à ma bouche.

J'écris ça parce que c'est la première fois que ça m'arrive alors que j'ai de quoi écrire. Mais il n'en ressortira pas grand chose. Tout cela est irrationnel et ne s'explique pas vraiment.

A quoi ont servi les échanges virtuels? Sans doute à dimineur un peu la tension dans les situations réelles. Mais ça reste encore trés trés infime.»

 


Lundi 14 mai 2001

 

Pour une fois (pour la première fois?) j'ai "besoin" de m'exprimer dans ce journal. Besoin de me confier.

D'une part parce que j'ai reçu un mail d'une lectrice inconnue qui trouve que ce journal fait un peu trop référence à d'autres diaristes. Petit cercle qui serait centré sur lui même et qui, d'une certaine façon, ferait que les simples lecteurs s'en sentent un peu "exclus". C'est possible... Je me souviens que j'avais été agacé du temps du forum de la CEV de ces petits règlements de compte en public.

Même si je ne crois jamais être tombé dans ce travers, le fait que j'ai parfois donné mon impression à la lecture de journaux a pu indisposer. Je m'abstiendrai dorénavant de ce genre de commentaires...

Par contre, je ne vais pas cesser de donner mes "coup de coeur" pour tel ou telle diariste que j'apprécie, ou pour une entrée qui m'aura ébloui.

Donc, à compter de ce jour, et afin de ne pas laisser les relations entre diaristes trop interférer dans ce "journal intime", je vais différentier mes interventions sur ce thème. Il y avait les rubriques "métajournal", de temps en temps. Il y aura les rubriques "cercle des diaristes". Chacun pourra donc lire selon ce qui l'attire.

 

Autre sujet qui me met mal à l'aise (mais ai-je vraiment envie d'en parler?): Inès, dont j'avais peu de nouvelles depuis un certain temps, à répondu à un courriel un peu inquiet de ma part.

Oui, je sais, ça ne concerne que moi et vous ne savez pas qui est Inès...

Mais aprés tout c'est mon journal et je peux bien y mettrer ce que bon me semble.

Oui, je suis un peu agacé, parce que... parce que biiiiiiiiip (censure: on me lit!). Relations entre diaristes un peu compliquées. Dés lors qu'on fait partie d'un "groupe", il convient de mesurer ses mots. La censure est inévitable. Ou plutôt la "retenue", c'est plus juste.

Donc, Inès m'apprend qu'elle ne comprends pas bien les relations que j'ai avec le monde des diaristes. Elle parle de "voyeurisme" et d'"handicapés de la parole". Même si elle précise qu'elle se pose des questions sans juger, le seul fait qu'elle évoque se sujet sans trop de précautions me montre que quelque chose est "cassé".

Ce n'est pas dramatique, mais je vois bien que nous n'avons plus le même rapport d'écoute et de compréhension qu'auparavant. Elle ne cherche plus a éviter tout ce qui pourrait me blesser. Petit détail, qui ne remet pas en cause nos contacts, mais qui pourtant change tout...

Une autre blessure, plus narcissique: elle a rencontré un autre homme, sur un Chat, et vit une relation physique avec lui.

Jalousie de ma part? Pas vraiment. Je suis content pour elle. Sentiment d'abandon? Oui, un peu. Pourtant, n'est-ce pas moi qui l'ait "abandonnée" en n'ayant plus cette relation exclusive avec elle?

Non, finalement, je crois que je sais de quoi il s'agit: elle me l'a caché. Bien qu'ayant évoqué succinctement, il y a quelques semaines, qu'elle conversait avec un homme, elle ne m'a pas fait partager ce qui se passait comme changement pour elle. Gêne de sa part? C'est possible...

N'empêche que cette "méfiance" vis à vis de mes réactions, cette moindre sincérité, ça me blesse.

 

Alors ces deux "évenements" (certes bien minimes...) me perturbent un peu aujourd'hui. D'autant plus que deux jours sans internet m'avaient fait poser des questions à ce sujet (voir dimanche).

***

"Cercle des diaristes"

Un peu plus tard, aprés lecture (en retard) de mes journaux favoris. Eva m'a redonné la pêche et le sourire (j'aime bien Eva...)

Laqk a fait une belle entrée, qui va un peu dans le même sens de ce que j'ai ressenti ce matin: complications dans les relations virtuelles avec les lectrices. Ceci dit, les siennes (de relations) sont plus avancées que les miennes... Je suis content de constater que lui aussi se pose des questions sur le rapport qui existe entre la séduction et le journal en ligne.

Vanicaramel... Ouh la la, je sens que mes propos ne vont pas du tout dans un sens qui va lui plaire, avec mes allusions de dimanche sur les femmes et leurs tenues. Elle s'irrite justement aujourd'hui des regards masculins sur son corps. Mais comment qu'y faut faire pour ne pas regarder??????

 

Charlotte, me voyant sourire devant mon écran tout à l'heure, est venue prés de moi. Je lui ai expliqué un peu les raisons de cette soudaine bonne humeur, aprés la morosité qui durait depuis ce matin. Alors que je lui parlais d'un ton enjoué, elle m'a dit: «Tu es beau!». Waow! Rien que ça?

Ben oui, ça fait plaisir. Ca émeut...

En écrivant ça, je pense à tous ces diaristes solitaires... Je me dis que c'est sans doute une souffrance, parfois, de lire nos journaux de gens heureux en couple. Lorsque je remarque des signes de leur solitude, je suis attristé pour eux. Il m'est si facile de me souvenir de ce que je ressentais avant de rencontrer Charlotte, alors que je n'avais que... 19 ans! Les diaristes que je lis vivent parfois cette solitude depuis des années.

Qui sait ce que je serais si j'étais resté célibataire? Je préfère ne pas y penser, parce que ça ne serait certainement pas beau à voir! Certainement pas comme ces gens que je lis...

 

Bon, vous ne trouvez pas que c'est un peu le bazard cette entrée? Des couleurs, du gras et du pas gras, des retraits de marge, des italiques... manque plus que les photos!

Justement, j'aime bien les diaristes qui mettent quelques photos. Je trouve que ça permet de mieux les connaître, en observant les détails de leur cadre de vie. Pas de chance, je n'ai que des photos de famille, ou de vacances. Des paysages aussi, beaucoup. Mais ça apporte quoi?

La photo de journal est du même type que le journal lui-même: spontanée, partielle. Un détail du quotidien.

  


Mardi 15 mai 2001

Séduction et frustration

 

J'ai des courriers en attente... mais je privilégie le journal. Peut-être est-ce un tort? Peut-être devrais-je être un peu plus "fidèle" aux personnes qui me font la gentillesse de m'écrire régulièrement? Peut-être devrais-je cesser d'écrire un certain temps dans ce journal pour résorber ces messages en souffrance?

A force, je vais finir par décevoir, ou décourager mes "amies virtuelles"...

 

Bon, mais ce soir je suis de nouveau devant ce journal. Relation de dépendance... dont je me contrefous (boaf... j'essaie).

En ce moment on ne fait que parler de "l'intime dévoilé" à toutes les sauces. Succès de Loft Story oblige... Alors tout y passe: les films intimes, le dernier bouquin de Catherine Millet (en tête des ventes de bouquins), les émissions de télé-confession... Et que ça débatte de ce phénomène, dans une émission radio, dans une autre, dans les journaux... C'est vraiment le sujet qui compte en ce moment. Patience: le soufflé médiatique retombera d'ici peu.

Mais bon, j'ai déjà parlé plusieurs fois de ça, alors je ne vais pas rabacher encore!

Moi, l'intime, je ne le commente pas, je le raconte! hé hé hé...

 

Trop souvent "intime" rime avec "secret". Pour moi, l'intime c'est ce qui est propre à chacun de nous. Parfois on le cache, parfois on le montre. Et c'est variable selon avec qui on se trouve. L'intime, c'est aussi ce que seule la personne dont il est question peut évoquer. On est seul possesseur du droit d'en parler. Pas question de parler de l'intimité d'un tiers. L'intime est privé ("propriété" privée), même si parfois on accepte de le rendre public.

 

En fait, j'ai un peu réfléchi à ce que je disais dimanche sur le regard masculin. C'est le texte de Vanicaramel qui, en parfait contrepoint, m'a interpellé.

Si je comprends tout à fait la gène que peut ressentir une femme à soutenir des regards insistants (que j'espère ne pas avoir), je ne sais comment éviter ce qui agit sur moi comme un aimant.

Quel jeu étrange que celui de la séduction...

Si une femme se maquille, se coiffe, s'habille de façon calculée, se met en valeur, c'est bien pour séduire? Et qui cherche-t-elle à plaire?

- A elle-même, afin de se sentir bien dans sa peau... mais, je suppose, en essayant de s'accorder avec une certaine image de la femme. Image véhiculée par "l'inconscient collectif", lui même soumis à des comportements de séduction.

- Aux autres femmes, par souci de faire partie de cette identité féminine... là encore largement influencée par une image de séduction

- Aux hommes, en fin de compte, puisque c'est une sorte de "loi naturelle", auquelle elle est ramenée en tant qu'individu, en tant que femme.

Dés lors, comment s'étonner du regard des hommes?

Il est des femmes qui, apparemment, ne veulent pas séduire. Et effectivement elles ne sont pas regardées. Mais plus on s'habille de façon féminine/séductrice, plus les regards seront présents.

Que penser des tenues de plus en plus moulantes que l'on voit réapparaître chaque été? Sans vouloir passer pour un vieux con, en voyant certaines collégiennes d'aujourd'hui on a parfois l'impression de voir les prostituées d'hier! Bustiers hyper-moulants, décolletés sur soutien-gorge pigeonnants, nombril à l'air, pantalon hyper-ajusté, maquillage appuyé. Hé! on va où comme ça?

Sans parler d'incitation au viol, il y a quand même là un jeu un peu pervers qui consiste, plus ou moins consciemment, à exciter les mecs. Regarder (et encore!!) mais pas toucher.

Je ne sais pas trop comment les femmes qui se mettent en valeur à se point percoivent la chose, mais je me demande s'il n'y a pas hypocrisie (ou inconscience).

Voui, je sais bien, il est du droit de chacun de se vêtir comme il l'entend, et c'est trés bien comme ça. Je sais qu'il peut-être agréable pour une femme de se promener la poitrine libre de toute entrave... mais elle ne peut ignorer que les mouvements qui en découlent agissent sur je ne sais quelle hormone masculine. C'est comme ça, c'est naturel et inévitable.

Faudrait-il, pour qu'elles ne sentent pas ce regard, que les femmes s'habillent comme une autre frange des adolescentes: pantalons pendants et trois tailles trop grandes, tee-shirt du même accabit, vague veste plus ou moins crado, godasses de chantier... Bref, la même tenue que les garçons, anti-féminin au possible.

Suuuuurtout pas!!! (enfin, c'est mon avis...)

Bon, en fait, je ne sais pas où je vais avec mon exposé rébarbatif là...

Je voulais juste dire qu'il me semble que, comme en toute chose, le juste milieu est probablement le bon. Que les femmes soient féminines sans être provocantes. Elles auront ainsi des regards admiratifs, sans se sentir trop déshabillées.

Allons bon, voila que je me mets à donner des conseils!!!

 

***

Coup de téléphone d'Inès a midi. Elle voulait savoir comment j'avais pris les dernières nouvelles...

On a bien discuté, avec franchise. On a retrouvé la complicité qui existait avant. Je me suis rendu compte que nous avions chacun notre chemin. Nos attentes se sont répondues au départ, lors des premières discussions. Tendance au fusionnel. Et puis peu à peu les choses ont changé... la séduction mutuelle, celle qui nous avait poussés à aller très loin dans la complicité et l'intimité, n'existe plus vraiment. Inés a bifurqué vers le coté amitié, avec une nette attirance pour le "vivant", le réel. Et moi je fuis la séduction directe, plutôt inquiet de ses potentialités, me concentrant sur le coté amitié... mais en restant dans le "virtuel".

Nos chemins ne sont pas trés éloignés, mais pourtant bien différents.

Mais ça ne pose pas vraiment de problème, puisque nous nous remettons rapidement en phase lorsque nous évoquons les relations d'amitié, point commun de notre recherche. Elle a pourtant du mal a comprendre que je craigne ce passage au "réel".

C'est surtout parce que je sais que je n'y suis pas "moi", et que je n'ai pas envie d'endosser la défroque de ce personnage que je ne me sens pas être.

Je préfère être moi-même, bien qu'invisible, que physiquement là mais enfermé dans un esprit censeur.


Mercredi 16 mai 2001

Remise en question

 

Je n'ai pas aimé mon entrée d'hier. J'ai l'impression d'avoir écrit pour remplir mon "contrat" de diariste. J'avais eu des idées de passage dans la journée, que je n'avais pas pu matérialiser par l'écrit. Mais le soir, il ne restait que le souvenir de ces idées, et plus la substance. Alors j'ai écrit, mais sans réelle inspiration.

C'est stupide d'écrire de cette façon!

Je l'ai fait parce que je me sens redevable d'une certaine "production" vis à vis de mes lecteurs. Et là, je me rends compte qu'il y a quelque chose qui ne va plus.

Si je commence à croire que mes écrits ont de l'importance, c'est que je suis en train de devenir prétentieux. Pas bon du tout ça!!!

Je constate que mes entrées ont de plus en plus souvent un coté "journal d'opinion" (qui porte vite vers la suffisance de "celui-qui-sait"...), au détriment de l'analyse de mes pensées (du genre "je-ne-sais-pas", partagé avec un lectorat).

Alors je vais faire une pause. Je vais m'imposer une semaine de silence. Je pense qu'il est devenu nécessaire de prendre ce petit temps de recul. J'en profiterai pour me mettre à jour dans mes réponses de messages, parce que là, vraiment, ça ne va plus!

En écrivant sur ce journal, je me suis rendu compte que cela suscitait des prises de contact avec mes lecteurs/lectrices. Un vrai plaisir. Pourtant, je crois que je me suis laissé un peu griser par cette "reconnaissance": en voulant poursuivre dans cette voie pour épancher cette soif d'existence... je me rends compte que j'oublie de jouir de ces échanges.

Reporter mes réponses à des courriers personnels pour ne pas renoncer à ce journal! Non mais, ça va pas la tête??!

Je me prends pour quoi là? Une vedette?

De voir que l'on me cite dans d'autres journaux, de recevoir tous ces beaux messages... je crois que ça m'est monté à la tête. J'ai privilégié le visible par le plus grand nombre au détriment de l'invisible des relations intimistes.

Tout faux! Je suis tombé dans le piège!

Je veux retrouver mon esprit qui doute, qui cherche... et qui trouve.

Faut-il que je m'abstienne de lire mes "collègues", pour ne me consacrer qu'a mon journal? Non, je ne crois pas, parce que ce serait me priver de bien belles pages. J'ai souvent ressenti un grand plaisir en lisant quelque chose dont je me sentais proche (similarité) ou qui me faisait découvrir une façon de penser inexplorée.

Ce que je dois apprendre à faire, c'est écrire en tentant d'oublier que je serais lu. Mais est-ce possible? Lorsque je lis des anciens/anciennes diaristes, je crois avoir remarqué un style travaillé, et en même temps un détachement de tout ce qui est trop personnel. C'est souvent une réflexion qui part de leur vie personnelle, mais prend trés vite une dimension plus générale.

Or je crois que mon journal, qui a vite plongé vers l'intime, me fait m'exposer à des risques. Celui d'avoir parfois quelques difficultés à "assumer" mes propres mots. Celui aussi de faire que je suis complètement impliqué. Les message qui s'en suivent sont à leur tour touchants et profonds. Mes réponses, qui me gardent dans cet état d'implication, me demandent encore une certains concentration qui "pompe" mon énergie scripturale.

Pourtant... c'est bien ce genre d'échanges que je souhaite avoir.

Il faut peut-être que je sache prendre un peu de recul avec ce journal dans les moments de réflexion qui demandent un approfondissement. Sinon, je ne fais que survoler en dépensant beaucoup d'énergie pour un bilan assez peu efficace. Ce n'est qu'en approfondissant que les effets de mes "découvertes" sur moi-même ou les autres auront des chances d'être positifs.

 

Je crois que j'ai toujours craint que l'on m'oublie si je "disparaissais" pendant un moment. Mais maintenant (ce qui montre que j'ai pris de l'assurance...) je sais que je ne suis plus un inconnu. J'ai la grande chance d'avoir des lecteurs/lectrices fidèles que je suis presque sûr de retrouver. D'ailleurs une semaine c'est bien court, et nombre de diaristes ont un rythme d'écriture qui n'est pas loin de l'hebdomadaire.

Je n'ose m'astreindre à une plus longue absence, parce que je crains que cette abstinence ne me soit trop pénible...

 

Moi qui me proposais d'avoir une réflexions sur les "relations virtuelles", je suis en plein dans le sujet! «Comment rester soi-même durablement en ayant un journal en ligne?»

Voilà bien le genre de questions que ne se posent plus les "vieux" diaristes, nettement moins enclins à regarder vivre cette petite communauté que je ne le suis (et un certain nombre d'autres...).

Voila voila... Prochaine entrée: pas avant le 23 mai (sauf imprévu...).

 

***

Je viens de recevoir une réponse à un mail. Une diariste me dit, avec raison, que si elle ne me lisait pas depuis un moment, elle pourrait bien me prendre pour un macho (une fois de plus je commentais ma vision des corps féminins...). C'est bien ce que je crains: paraître un peu obsédé (mais ne le suis-je pas?) par ces rapports de séduction homme-femme, ainsi que par les corps féminins.

Pour me justifier, je pourrais dire que c'est une découverte assez tardive de ma masculinité, refoulée depuis toujours. Alors il se peut que je me conduise comme un ado un peu porté sur le sujet...

Et puis si j'en parle autant dans ce journal, c'est parce que c'est le seul endroit ou je peux extérioriser mes idées. Pas question que j'en parle avec mes proches (sauf Charlotte, évidemment, mais avec parcimonie). Et je crois que j'ai besoin de verbaliser, devant le monde extérieur, représenté ici par vos yeux de lecteurs.

Mais comme il se trouve que mes lecteurs sont, pour la plupart, des femmes, il est un peu bizarre que je fasse état de ces attirances à celles qui sont justement l'objet de mes "convoitises"...

C'est grave docteur?

 



Jeudi 24 mai 2001

Mise en ligne globale d'une semaine d'abstinence hors-ligne

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Dimanche 20 mai 2001

 

Je sais... j'avais dit que je n'écrirais plus avant mercredi.

Je triche un peu. Mais je ne mettrais pas ces pages en ligne avant cette date, juste pour me soustraire à cette "pression" que je m'inflige et qu'il me semble préférable de limiter.

Comment se passe ce sevrage? Et bien, pas mal... Il faut dire que j'ai été trés occupé (et absent) ces derniers jours. Donc ni journal, ni mails, ni lecture de diaristes. Abstinence totale!

Je crois qu'il est bon de se livrer à cet exercice de temps en temps, juste pour vois si on peut encore vivre sans internet. Je peux, ça me rassure :o)

 

Vendredi, je suis allé à Paris. Aller retour dans la journée. J'ai bien pensé à mes connaissances du net, mais je n'avais ni le temps de les prévenir, ni celui de passer les voir. Et encore moins celui de me poser la question de l'opportunité d'une telle rencontre... Pourtant, c'est une éventualité que je conçois de plus en plus.

Samedi, un moment agréable: j'ai passé la journée avec plus de 200 personne! Nous fêtions l'anniversaire de la chorale à laquelle je participais voici quelques années. Chorale exclusivement spécialisée dans les Gospel et negro-spirituals. Une grande formation puisque nous y étions plus de 100 du temps où j'y étais.

Au cours de cette journée, j'ai ressenti plusieurs moments forts. Le premier fût lorsque, sans préparation, un groupe s'est mis à chanter pendant l'apéritif. En quelques secondes les voix se sont mêlées retrouvant instantanément les partitions de chacun. Moments intenses que je n'avais plus ressenti depuis 6 ans...

Comment expliquer ces frissons que l'on ressent en entendant ces chants? Et faire partie de cette envolée donne un surcroît de volupté. Des instants magiques...

Grande émotion aussi lorsqu'une ancienne soliste à la voix extraordinaire, expatriée à San Francisco nous a rejoint par la voix. Par téléphone, elle a entonné son solo, accompagné ensuite par la centaine de choristes. Beaucoup d'yeux embués... C'est assez extraordinaire ce que la technique permet.

Plaisir aussi de se retrouver sur une scène, lorsque par dizaines les anciens se sont levés des gradins pour descendre sous les projecteurs. Et sentir vibrer toutes ces voix...

Seul regret: Lynda Lemay passait le même soir en concert a quelques dizaines de kilomètres. Pour compenser, une des choristes à pris sa guitare et chanté deux de ses chansons.

Bon... je raconte ma vie là! Encore enthousiasmé, j'en oublie que des yeux me liront et ne comprendront pas grand chose à mes pauvres mots, bien impuissants pour faire passer les émotions.

Alors, davantage dans mon registe habituel, j'ai aussi eu des réflexions sur les personnes que j'ai rencontrées. D'abord, ma gêne habituelle... rien de nouveau sur ce point! Imaginez l'arrivée devant une foule de gens que l'on ne connaît pas vraiment, pas vus depuis 6 ans. Heureusement que j'ai vite repéré des visages connus. Assez rapidement un petit groupe s'est formé autrour de moi. Je fus surpris que des gens que je reconnaissais à peine se souvinssent de moi (ouh laa audacieux subjonctif... il est bon au moins?), de mon prénom, parfois même de mon métier!

Une de mes proches me fît remarquer au bout d'un moment que beaucoup de femmes venaient me parler. Le fait que Charlotte ne soit pas avec moi y était peut-être pour quelque chose? Et moi qui ne voit jamais rien...

Ceci dit... je n'ai pas été trés bavard, comme à mon habitude. Ca m'énèèèèèèèrve!!! J'en ai marre de cette gêne de collégien. Jusqu'à quand aurais-je cette attitude de fuite, d'effacement, d'auto-extinction?

J'ai quand même osé de temps en temps aller TOUT SEUL vers plusieurs femmes, et même m'asseoir à coté d'une d'elle, seule sur un rangée de fauteuils, alors qu'il y avait d'autres places possibles. Quel exploit!!! Renouvellé un peu plus tard avec une autre, et apparition d'un dialogue. Pétard de pétard, quel évènement interplanétaire!!!

Ouais, rigolez pas, hein...

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Rien a voir avec ce qui précède.

Petite promenade familale aujourd'hui... sauf que mon fils aîné ne voulait pas venir. Il a fallu faire oeuvre de persuasion pour lui dire qu'on aimerait bien qu'il vienne, pour qu'on soit tous en famille. «Ca m'intéresse pas» avait-il répondu, scotché devant l'ordinateur. Pas facile de convaincre un ado de partager un peu de cette sacro-sainte "liberté" qu'il revendique.

Je passe sur le détail des explications, tentatives de triche de sa part («j'ai plein de travail...»), d'autorité de la mienne («de toute façon je coupe l'ordinateur!»). Il est venu.

A suivi une longue explication sur la nécessité de se comporter en groupe avec un certain esprit, et où l'égoïsme devait être fortement aménagé. Notre fils a l'esprit suffisamment ouvert et sain pour comprendre sans se braquer. J'ai même poussé les explications jusqu'à des éléments insoupçonnés de sa part, comme "la difficulté des parents à avoir le rôle du chiant de service". Notre désir de le rendre autonome, son apprentissage de la vie d'adulte avec avantages, mais aussi contraintes.

Une fois que tout avait été dit, je suis allé le revoir seul à seul pour lui expliquer que,parfois, si je suis un peu rude, si je rouspète contre son insouciance, si je critique... il y a aussi beaucoup de cotés que j'apprécie chez lui. Et en particulier cette autonomie, son esprit d'analyse, ses facultés d'écoute et de compréhension.

Alors que je lui faisais ces compliments (chose que je fais trop rarement...) je le voyais avec un sourire radieux.

Je voudrais tellement qu'il n'ait pas cette image défavorable de lui, telle que celle que mon père m'avait donnée de moi. Il semble que ce ne soit pas le cas...

Il y a longtemps déjà que je lui ai raconté une part de mes blessures d'enfance. Il sait que c'est la cause de certains comportements de ma part et, apparemment, l'a bien compris depuis. Je crois que cette humilité que je lui ai montrée, cette faillibilité, ce droit à l'erreur, fait qu'il ne se sent pas aussi éloigné des adultes. Il m'idolâtre sans doute moins qui n'aurait pu le faire (avec l'inévitable perte d'illusions ultérieures...), mais je crois qu'il apprécie ma franchise. Je crois qu'il a de l'estime pour moi. Et franchement, c'est le genre de relation que je préfère: l'estime et le respect mutuel.

Mais ce n'est pas forcément évident à mettre en place entre un père et ses enfants.

 


 

Mardi 22 mai 2001

 

Je ne sais pas si ce soi-disant "sevrage" est efficace.

L'envie d'écrire est toujours là, même si l'activité professionnelle m'en laisse peu le temps. Et puis je me suis rendu compte que la nécessité de répondre aux mails ne me motivait pas sufisamment pour le faire.

Je sais bien que je devrais répondre à ces messages en retard, mais c'est comme si je n'avais pas d'inspiration. Je ne peux quand même pas expédier ça en quelques lignes...

Par contre, ce matin, j'ai voulu envoyer un message d'explication de ce silence à une personne rencontrée récemment sur un forum (je la nommerai Chloé) et je me suis rendu compte que, finalement, l'écriture se libérait facilement. Comment expliquer alors ce que je croyais être un manque d'inspiration?

Je me demande si ce n'est tout simplement pas que je ne suis pas, en ce moment, en disponibilité d'esprit pour échanger. Exprimer, oui, mais de façon "égoïste". Ce qui expliquerait aussi le fait que je puisse écrire dans ce journal, par le simple fait qu'il soit "hors-ligne" en ce moment. Pas envie de faire l'effort d'être bien compris, pas envie de susciter des réactions éventuelles. Je m'exprime, mais seul.

Ma nouvelle vie sociale sur internet me déstabilise. Je ne suis pas habitué à tant de contacts et il se peut que j'ai envie d'un retour à ma relative solitude, provisoirement. Et pourtant, je sais très bien que j'apprécie énormément ces contacts...

Peut-être aussi que ce dévoilement permanent me "pèse" un peu. Je suis toujours intrigué par la façon qu'on certains/certaines diaristes de parler de sujets qui les touchent, mais de façon générale, distanciée. Moi, je suis toujours à fond dans l'introspection. Et dès que je m'en écarte trop, que je fais vers l'anecdotique, je n'aime pas cette forme d'écriture.

J'ai l'exigence de l'intime.

Peut-être est-ce justement ce qui plaît à ceux/celles qui me lisent? Peut-être cela justifie-t-il ces longs messages que je reçois? Messages appréciés, ô combien, mais qui me "coûtent" une certaine énergie par les remises en cause que j'en fais et les réponses qu'ils exigent (les messages). J'ai toujours envie de répondre, et avec la même intensité que celle que leur auteur a mise, mais je n'ai parfois plus assez de ressources pour le faire.

Je comprends la nécessité pour les psychanalystes de faire leur propre psychanalyse... Il est trop difficile de s'impliquer dans la relation avec chaque interlocuteur! Si je me remets en cause avec chacun d'eux, si je veux répondre sur tous les sujets, je m'y épuise.

Et pourtant, comme j'apprécie la confiance qu'ils me donnent en me livrant ces parcelles d'eux-mêmes...

Je ne voudrais pourtant pas que ce que j'écris là puisse être interprété comme une lassitude. Continuez à m'écrire ce que vous avez envie d'exprimer après m'avoir lu! C'est trop enrichissant pour que je perde ces moments de communion.

C'est à moi d'apprendre comment gérer tout ça.

Cet intérêt que vous portez à mes écrits est extrêmement important pour revaloriser cette image d'insignifiance que j'ai de moi. J'ai déjà beaucoup changé en quelques mois (est-ce perceptible au travers de ces pages qui s'égrennent jour aprés jour?), et je veux poursuivre cette prise d'autonomie.

 

Il est possible que mon journal évolue, comme ceux de beaucoup d'autres avant moi. Je m'interroge parfois sur cette ouverture sur mon intimité... Il est encore trés auto-analytique, et jamais la catastrophe d'un jugement négatif ne s'est produite. Mais je sais que je suis comme un funambule, sur une corde sensible.

J'aimerai parfois avoir un détachement des évenements de ma vie, ou une pudeur poétique... Je constate que les femmes semblent finalement moins intimes que les hommes. Elles savent mieux rester dans l'ellipse, le non-dit, le suggéré. Les hommes s'épanchent moins, mais lorsqu'ils le font, c'est beaucoup plus impudique.

Je crois être assez transparent. Les femmes semblent ne l'être que dans la privauté des courriels ou du Chat.

Quel plaisir, d'ailleurs de se voir confier cette intériorité comme en étant un interlocuteur privilégié. Place favorisée, d'ailleurs propice à la naissance d'une certaine "séduction".

Oui, oui, je sais, j'en reviens toujours à ça! Obsédé!!!

Ce n'est pas QUE la séduction, mais AUSSI la séduction qui se développe dans ces messages. D'ailleurs, je ne m'en cache pas et aucune de mes interlocutrices ne semble s'en être offusquée... hé hé hé, complices alors?

Ou simplement tolérantes vis à vis de cette attitude de ma part, elles-mêmes n'en restant que dans la dimension de l'échange en pure amitié (ce qui est évidemment aussi à la base des relations que j'entretiens avec elles).

Elles. Qui sont-elles? Ne comptez pas sur moi pour vous le dire :o)

Combien sont-elles? Aucune importance? "Plusieurs" veut dire que je n'ai pas une seule relation privilégiée, mais un ensemble d'interlocutrices, chacune appréciée pour la part d'elle-même qu'elle m'a autorisé à connaître. Je ne saurais même pas dire que j'ai des "préférées" puisque chacune, selon le moment, le sujet abordé, la complicité plus ou moins éphémère et renouvellée, est la "privilégiée" du moment.

Je dois dire que cette situation me plaît. N'y voyez aucun donjuanisme (mot inexistant?) de ma part: je ne collectionne pas, je partage. Je n'ai aucune idée de la façon dont ces interlocutrices privilégiées percoivent ces échanges, et peut-être même que je vais les agacer en mettant ces moments sur le compte d'une certaine séduction.

D'ailleurs, qu'entends-je par "séduction". Elle se fait avant tout par les idées. C'est la façon de penser, d'écrire, l'utilisation des mots et des idées qui me séduisent. Il me plaît de savoir qu'une femme a envie de partager quelque chose avec moi. C'est un peu comme si, en un lieu quelconque, je me trouvais à coté d'une femme et que la conversation s'engage sur le domaine du ressenti personnel. Je serais content de sentir cette présence féminine à mes cotés, de partager une communion de pensée... mais j'en resterai probablement là. Cette séduction par les idées, et qui reste dans le domaine de la pensée, me convient tout à fait. Loin de moi l'idée d'envisager une suite (loin... mais pas absente pour autant). D'abord à cause de mon statut d'homme marié qui me "protège" à la fois de moi et d'elles. Ensuite, condition sine qua non, parce que cela se passe sur internet et que l'absence de contact physique permet d'aller plus en avant que dans la proximité d'une conversation côte à côte.

Bon, peut-être que vous allez penser que je me fais mes petits délires dans ma tête, imaginant (idéalisant) une séduction partagée. Oui, c'est possible. Bah... ça ne fait de mal à personne, et ça me fait du bien.

Si l'une de mes correspondantes me dit un jour « mais tu délires complètement, il n'y a jamais eu la moindre parcelle de séduction ou d'attirance chez moi», et bien je serais fixé! Et tant que je ne le sais pas, je continue à idéaliser...

"Idéal et réalité"... ce n'est pas un hasard.

 

Je me demande si ce n'est pas le fait d'être "hors-ligne" qui me fait en dire autant?


Mercredi 23 mai 2001

 

Voilà, c'est le jour prévu pour la reprise du journal en ligne. Rien ne presse. Je me satisfais fort bien de ce silence dans le monde des diaristes. Je crois que j'avais besoin de laisser un peu retomber la pression.

Du coup, je me suis lancé à nouveau dans des discussions sans fin sur ce forum restreint que j'évoque parois.

Il m'est venu en tête une pensée: jusqu'à quand vais-je tenir ce journal? Ne vais-je pas m'en lasser un jour? Ne vais-je pas faire le tour de ce que j'ai à dévoiler? Jusqu'à quand me sentirais-je "complice" des autres diaristes et de ces yeux qui me lisent?

Il y a quelques jours, j'ai vu que prés de 50 personnes s'étaient connectées sur ce journal. Qui sont-ils? Combien en connais-je? Qu'en pensent-ils?


Jeudi 24 mais 2001

Crise existentielle

 

Je ne sais plus trop où j'en suis avec ce journal...

J'ai voulu faire une pause, j'ai eu du mal à tenir les premiers jours, et puis, finalement, maintenant je me trouve confortablement installé dans ce silence.

Au moment où j'écris, à 23 h 51, je ne sais pas encore si je mettrais ce texte en ligne ce soir. Ni si j'incluerais ce que j'ai écrit dans les jours précédents.

Bizarre cette rupture brutale, cette lassitude.

Je ne lis pratiquement plus les diaristes, me contentant de lire le cercle restreint de mes préférés. D'ailleurs, il me semble que la période est peu propice à l'écriture pour eux aussi. Serait-ce l'arrivée de l'été qui nous fait profiter du beau temps?

Je viens de voir, via un autre journal, que MöngôlO avait cessé définitivement son journal. L'ancètre des diaristes francophones (me semble-t-il), ferme boutique aprés 4 ans d'existence. Je n'en suis pas trés surpris en fait. Il me semblait ressentir qu'il "tournait à vide".

Mon journal finira aussi un jour. Quand?

Pas maintenant. Pas encore. Je crois que j'ai encore beosin de ce moyen de communication avec moi même, avec le regard des autres et leur présence, leurs mots.

Je sais pourtant qu'un jour je quitterai le monde des diaristes. Je cesserai de lire ces journaux qui m'ont tant apporté. Certains vont disparaître et leurs auteurs retourner dans l'anonymat de leur vie réelle (curieuse inversion entre l'existence virtuelle et la disparition dans le "hors-ligne"...).

Peut-être que je garderai quelques favoris que je suivrai au jour le jour, ou occasionnellement. Qu'adviendra-t-il de mes rencontres? Quelle sera la durée des contacts que j'ai noué? Vont-ils au delà du partage simultané des mots?

Peut-on parler d'"amitié virtuelle"?

Je suis mal à l'aise en ce moment, parce que j'ai laissé en attente plusieurs longs mails de personnes que j'aime bien. Je ne me sens pas inspiré pour leur répondre, pas "dans le sujet". Ma vie du moment n'est plus dans l'introspection (je ne sais pas bien où elle est, ma vie...).

ET je me dis que ces personnes doivent se demander pourquoi je ne réponds pas. Elles doivent se dire que leur existence à bien peu d'importance à mes yeux...

Ce n'est pas le cas. C'est simplement que je ne suis plus le même. Sans bien savoir pourquoi ni comment. Je suis entre parenthèses.

Une de ces amies m'écivait récemment que j'étais en période de flottement, qui pourrait bien être le signe d'importants changements à venir. C'est fort possible. C'est comme un palier, un moment où je n'avance plus. Comme si j'allais prendre une nouvelle direction. Vers quoi? Je ne le saurais que bien plus tard, en constatant les changements.

J'écris toujours, à 00 h 09, en hésitant sur la destination de ces lignes. La quiétude de la non lecture est confortable... mais en même temps je me dis que cette entrée de remise en question est importante. Pour ceux qui me suivent, c'est une étape qui peut signifier quelque chose, leur rappeller des passages similaires dans leur vie, ou les aider à les anticiper? non... à les... je ne trouve pas.

Bref, je pense qu'il est utile de savoir que l'on a parfois des passages à vide.

Je sais qu'il peut paraître bien prétentieux de se sentir "attendu" par des lecteurs/lectrices. Je pense que c'est le cas (mais sans en tirer la moindre gloire). Je crois savoir que mon écriture est appréciée. Allez... soyons honnête: je sais qu'elle est appréciée. Pas le style, quoiqu'il semble lui aussi pas désagréable (voui, on m'a même dit qu'il était agréable à lire!), mais le fond.

Cette auto-analyse plaît à certaines personnes et je me sens le "devoir" (sans déplaisir), de leur donner cette part de moi. Si je sais que mes mots peuvent aider quelqu'un, de façon même minime, j'ai envie de continuer à apporter cette aide.

J'ai toujours écrit en pensant que mon expérience, ma capacité à m'exprimer, pouvaient être partagées. Au delà des bienfaits de l'écriture qui me permettent de me découvrir, il y a aussi cette volonté de partage. Sentiment qui n'est peut-être pas dénué de narcissisme d'ailleurs: sentir la satisfaction d'être apprécié...

00 h 22: pause. Un blanc dans l'écriture d'installe brusquement. J'ai probablement fait le tour du sujet...

00 h 29 (c'est nouveau ça, de mettre l'heure?)

Je viens de relire mes entrées précédentes, pas encore mises en ligne. Une phrase m'a surpris: «continuez à m'écrire etc.», alors que quelquezs minutes plus tôt, en écrivant, je me demandais si je n'allais pas mettre quelque chose de genre «ne m'écrivez pas en ce moment, j'ai besoin de solitude».

En fait, il n'y a aucun problème pour que vous m'écriviez... mais il ne faudra pas attendre de réponse rapide. J'ai vraiment trop de gêne à faire attendre ceux qui m'ont écrit depuis plus de 15 jours!!!

Bon... je constate que ça y est, je m'adresse à mon lectorat. Ce qui veut dire que... j'ai décidé de mettre cette entrée en ligne. Marrant comme les choses se font toutes seules.

Ce qui me gêne, c'est mon entrée de mardi, je le sais trés bien...

Parce que j'ai parlé franchement du coté "séduction" qui existe avec les diaristes ou lectrices qui m'écrivent, ou a qui j'écris. J'ai un peu honte de ce que j'ai écrit mardi (même beaucoup honte!).

Voilà a quoi sert l'anonymat, entre autres: me protéger lorsque je suis sincère jusqu'à "ce qui ne se dit pas". C'est uniquement parce que je ne suis pas identifié que je peux me permettre ce genre de "révélations". Aussi parce que je suis rassuré par le fait qu'aucune de ce genre de confidences n'a jamais suscité une réaction défavorable. Je serais assez catastrophé si ce devait être le cas un jour.

Peut-être que je cherche la limite du dicible?

Certainement.

 

Bon, alors, je la met en ligne cette entrée? Et les autres avec?

Allez, comme d'habitude! Je suis là pour être sincère. Et qui m'aime me suive :o)

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Dernière minute

Il est toujours plus facile de mettre son entrée en ligne immédiatement aprés écriture que de le faire ultérieurement. Les mots d'un jour peuvent ne plus correspondre exactement à ce qu'on ressent quelques jours plus tard.

C'est aussi ça qui m'a décidé à ne pas différer la mise en ligne ce soir...

Je fixe l'éphémère dans le durable.


Samedi 26 mai 2001

 

Toujours aussi peu inspiré pour écrire ici. Je ne vais pas me forcer, hein...

Outre le fait de sentir un certains plafonnement, ou un vide intérieur, il y a aussi mon activité professionnelle qui me préoccupe pas mal. Au point même que j'ai cauchemardé cette nuit que je perdais le fruit de mon travail. J'ai revé que je ne m'étais plus occupé de rien pendant trés longtemps, puis que je revenais pour constater que tout était saccagé.

Relation directe à ma culpabilité de ne pas travailler assez...

Je passe pas mal de temps devant cet ordinateur le soir, alors qu'auparavant je mettais ce moment à profit pour travailler encore. Le week-end, aussi, je travaillais souvent. Parce que je sais que mes collègues procèdent de cette façon, annonçant des horaires de travail hebdomadaire dépassant trés largement ce que je fais.

Et puis je suis un peu gêné par rapport à Charlotte, qui a un travail salarié (je rappelle que je suis travailleur indépendant) et rapporte plus d'argent à la maison que moi. Mais c'est aussi elle qui m'encourage à prendre le temps de vivre, de rester plus longtemps en famille le soir ou le week-end.

Elle préfère me voir à ses cotés plutôt que me démenant dehors, inaccessible. Et tant pis si le travail avance moins vite...

Elle a sans doute raison.

Bref, tout ça pour dire que je passe de moins en moins de temps au travail et j'ai peur que cela ait un jour des répercussions(d'où mon cauchemar!).

Mais je passe de plus en plus de temps à "vivre": en famille, avec elle (longues conversations impromptues), avec "vous" (les relations "virtuelles), et avec moi. Surtout avec moi en fait. Parce que même lorsque je suis avec les autres, c'est avec moi que je suis. En moi. J'écoute, j'exprime, je ressens.

Oui, je l'ai toujours fait, mais maintenant, c'est encore plus important, plus prenant, plus... "plein".

 

Bon, je croyais n'avoir rien à écrire!!!

J'avais préparé une photo, histoire de laisser une petite trace de moi. Photo trouvée dans mes archives (quelques milliers de diapos...). Elle date un peu, puisque c'était lorsque je faisais de la haute montagne avec Charlotte. J'aimais beaucoup ces randonnées. Trés pénible physiquement, mais tellement grandiose au fur et à mesure qu'on prend de l'altitude.

Depuis quelques années, nous en faisons beaucoup moins. Pas facile d'emmener des petits dans ces conditions. Maintenant, nous envisageons de recommencer, mais Charlotte à un peu peur. Et puis la forme physique est moins... performante.

Nous aimions à ce point la montagne que c'est là que nous avons fait... notre "voyage de noces" (si on peut appeler ça comme ça). Un peu particulier, mais tout aussi inoubliable que Venise :o)

L'Ailefroide, depuis le Pic Coolidge (Massif des Ecrins - Alpes)

 

 

Pourquoi je mets ces photos? Elles n'ont rien a faire dans un journal. C'est vrai. Mais c'est une partie de ma vie, de ce que j'aime. J'ai envie de le faire partager.

Comme la plupart des diaristes, je n'ai pas de visage. Au moins, vous pouvez visualiser ce que mes yeux ont vu et ce que mon cerveau garde en mémoire.

Et puis (ça c'est mon coté sincère), je me dis que c'est une façon de donner une bonne image de moi. En général, la montagne est plutôt un lieu qui bénéficie d'une certaine aura.

Peut-être bien que je veux donner une belle image de moi?

Ben oui, vous savez aussi bien que moi que c'est ça.

Remarquez, j'aurais pu choisir de mettre une photo de moi en boite de nuit ou posant devant un stade de foot! ... sauf que de telles photos sont impossibles: je ne vais jamais en ces lieux.

Donc, mine de rien, ces photos montrent une partie de ma personnalité.

Comment? Personne ne m'avait rien demandé? Oui, c'est vrai!

Mais moi je me pose souvent des questions sur les diaristes que je lis. Et j'apprécie beaucoup celles qui mettent des photos de détails de leur quotidien. Eva et l'incrédule en font partie. Je trouve que c'est une dimension supplémentaire que l'on saisit à travers leur regard.

Je n'ai pas la chance d'avoir un appareil photo numérique (et pas assez de folie pour en acheter un essentiellement pour ce journal...), alors je pioche dans les photos existantes.

Nb: si quelqu'un est pointu dans ce domaine, est-ce qu'il peut me dire s'il est possible de scanner des photos avec le même "piqué" que des photos numériques? Je suis toujours très déçu du résultat (perfectionniste comme je suis...).

 

Allez, puisque vous êtes sages, je vous met même une photo de moi (pull rouge), avec un copain, au sommet du Pic Coolidge, devant la Barres des Ecrins.

Oui, la photo est petite et on y voit rien... hé hé hé. En plus, elle a... pfiouu, pas mal d'années!

 

Attendez, je l'agrandis...

 

 

 

Zut, mal cadrée... Bah, tant pis!

 


 

Dimanche 27 mai 2001

 

Pourquoi ai-je mis une photo de moi hier? Pourquoi celle du sommet d'une montagne?

Voila des mois que je m'interroge sur le fait de montrer une partie de moi. Je n'avais jamais trouvé de cliché qui me convenait. Et puis quel interêt, puisque je ne voulais pas montrer mon visage. Montrer quoi alors?

Mon corps. Parce que c'est une manière de me dévoiler sans être reconnu.

Pourquoi montrer mon corps?

Hum, ça devient plus délicat là...

Sans doute parce que j'en suis assez satisfait (ouh la la, le prétentieux!!!). Je sais qu'il est plutôt dans les "normes", donc je n'ai pas honte de le montrer. Et pourtant... j'entretien avec lui un rapport trés compliqué. A la fois je ne l'aime pas, et à la fois il me plaît. Bizarre, non?

Je n'aime pas du tout être sur une plage, ni même torse nu.

 

Je sais qu'il y a un rapport avec la sexualité, mais je ne sais pas lequel. La pudeur croissante en s'approchant de la nudité? Probablement. Et pourquoi la nudité me fait-elle "peur? Sans doute parce que, justement, il y a un rapport avec le sexe. Pas le sexe en tant que relation sexuelle, mais le sexe lui même. Cet "attribut masculin" (terme pudibond évitant de le nommer...) que je ne voudrais pas que l'on sache que j'ai.

Phrase tordue qui sort brute.

Oui, pas envie que l'on puisse deviner, ou imaginer ce "machin" (non, non, je ne le nommerai pas!).

 

Rien que lorsque je suis assis dans un fauteuil, je n'adopte jamais la posture bizarrement exhibitionniste de beaucoup de mâles. A savoir: jambes largement écartées. Exactement l'inverse de celle des femmes: jambes toujours serrées.

C'est quoi ce symbole des postures? L'homme "regarde-mon-sexe", et la femme "tu-ne-verras-pas-mon-sexe". Non, vous n'avez jamais remarqué ça?

 

Mais pourquoi fais-je autant attention au sexe? Quelle névrose cela cache-t-il?

Pas de réponse à ce jour...

 

Donc, je reviens à ma photo. J'ai donc mis mon corps sous vos yeux éblouis. Non: j'ai cherché à les éblouir! Bien peu, en fait, parce qu'on ne voit pas grand chose de ce bonhomme assis. Mais je ne pouvais pas me mettre "en pied" posant comme une statue de Michel-Ange! Un peu de retenue quand même... Je ne suis pas un mannequin en défilé de mode!

 

Cette photo-prétexte alliait à la fois mon corps, partiellement, et un lieu symbolique. Hier, je parlais d'autres lieux. J'aurais pu aussi trouver une photo de moi, tout simplement assis a un repas familial, ou en vacances. Mais, comme je suis le photographe de la famille, je suis rarement photographié et le choix était restreint. Pas comme Charlotte, dont j'ai souvent photographié le joli minois. Elle était vraiment jolie étant plus jeune. Elle le reste, mais avec les effets des années qui commencent à se voir... et quelques kilos de plus.

 

Donc: le sommet d'une montagne. Je dis bien le sommet, et d'une haute montagne en plus! Pas de la "montagne à vache" (montagne pépère de basse altitude). Choix pas vraiment conscient, mais pas innocent. Qu'est-ce que j'ai voulu montrer avec ça? Que je suis un prétentieux (non, ça c'est vous qui allez peut-être le penser!). J'ai voulu montrer que je suis (j'étais) sportif. Et puis avec de vagues notions que véhiculent la haute montagne: ténacité, courage, aventure...

 

Oui, rigolez pas... je ne m'en suis pas rendu compte sur le moment. C'est en y réfléchissant après que j'ai compris mon choix pour cette photo et pas une autre. Beuh! Pas trop fier de mon choix finalement...

 

Auto-analyse du choix de l'image que j'ai voulu donner de moi.

 

Et pourquoi? Pour qui?

Vous avez deviné: pour "séduire". Non plus avec mes idées cette fois (à supposer que ce soit le cas!), mais avec d'autres "arguments": mon corps et mes activités/goûts.

 

***

 

Il y a bien une chose que l'on ne pourra pas me reprocher ici: c'est le manque de sincérité.

Au point que je me demande si je n'en met pas "trop". Ne devrais-je pas garder un peu plus en moi certaines pensées, interrogations, doutes, tâtonnements?

 

Non, ce journal reflète les pensées qui me traversent l'esprit à un moment donné. Il n'y a pas de notions de "juste" ou de "vrai".

Mais, interrogation récurrente, peut-on écrire dans un journal en ligne comme on le ferait dans un journal papier? Ce regard du lecteur pris à témoin, confident consentant, est à la fois un stimulant... et une limite. Seul face à mon journal papier, je suis certain que je ne me serais jamais aventuré dans beaucoup de domaines que j'ai exploré ici. Par contre, ce regard extérieur est incontestablement une limite.

 

Limite que je cherche...

 

J'ose de plus en plus dire exactement ce que je ressens, y compris ces pensées "inavouables" telles que le besoin de "vous" séduire. C'est le journal qui se nourrit lui-même! Parler dans un journal des rapports qui se créent par l'existence même de ce journal.

 

Je crois que je cherche la limite de ce que je peux vous dévoiler. Jusqu'où aller dans l'intime le plus intime: celui des pensées.

Parce que l'intimité des faits, entre nous, ce n'est pas le plus difficile à dévoiler.

Il me semble que peu de diaristes y parviennent. Parmi ceux que je lis, je ne vois que Laqk, qui, il faut le dire, entretient un peu le même genre de rapport de séduction que moi avec ses lectrices.

 

C'est bizarre que j'évoque si souvent cette notion de "séduction". A croire que je n'ai que çà en tête! Pas du tout. Je n'y pense généralement pas un instant dans la journée. Ce n'est que face aux échanges de mails et devant ces pages que cette idée me préoccupe.

 

Une chose, à laquelle j'ai pensé pourtant, ces derniers jours: et si, à force de prendre de l'assurance, je finissais par perdre ce qui a fait que mon écriture a plu? Dévoilant mes idées comme je le fais, ne cachant pas mes "intentions" (pourtant totalement inconscientes au départ), je risque parallèlement de détruire le personnage que j'étais initialement.

 

Mais en écrivant ces mots, à l'instant, je me rends compte que je présuppose ce que viennent chercher mon lectorat dans ces lignes. Ils ne sont pas moi, et donc ne réagissent pas comme moi. Il se peut que ce soit tout autre chose qu'ils apprécient. Ne serait-ce que mon avancement dans la prise de confiance en moi.

 

Et si j'arrêtais de me poser toutes ces questions? Et si j'écrivais finalement comme me viennent les mots, sans anticiper toujours ce que mes lecteurs vont en penser?

 

Et si je devenais "moi-même", enfin libre du regard extérieur?

 

_________________

Une lectrice, intéressée par un de mes textes, m'a indiqué l'adresse de son site consacré aux relations homme/femme. Vision nettement plus féministe, cela va de soi. Ce qui m'a surpris, c'est quelques descriptions de l'homme... qui me semblent assez caricaturales. Alors soit je suis un homme "à part" (ce que je ne ressens pas), soit la masculinité est aussi inconnue pour des femmes que la féminité l'est pour beaucoup d'hommes.

Quoi qu'il en soit, c'est par les échanges d'impressions que l'on progressera vers une meilleurs connaissances de nos particularités respectives. Et les journaux en sont un excellent vecteur.

 


Lundi 28 mai 2001

 

Quoi dire?

Hier j'ai un peu "pêté les plombs" avec mon entrée. Je crois que je me suis approché de cette fameuse "limite" que je cherchais.

Non mais, ça va pas d'écrire des trucs pareils? Parler d'un désir de séduction de mon lectorat... mais où vais-je???

Je ne veus pas "séduire" au sens ou on l'entend, mais seulement donner une image "favorable" de moi. Toujours pour la même raison: sentir que je suis "apprécié", sentir que je peux "plaire".

C'est récurrent chez moi ce besoin. Comme pour tout le monde, je pense. Mais moi j'ai l'audace folle (la lucidité? la bêtise?) de l'écrire.

Je ne dois pas. Je prends trop ce journal pour un journal privé. Je cumule l'indécence de l'intime et la stimulation du regard extérieur pris à témoin.

Un journal on line ne peut ni ne doit être vraiment intime. Je m'y brûle régulièrement. Personne ne me demande rien, et c'est moi qui m'impose cette exigence de la sincérité. C'est souvent trop lourd à assumer.

Je me suis donné la "mission" idiote d'être sincère, afin de prouver (dans quel but? et a qui?) qu'on pouvait être sincère et intime sur le net. C'est n'importe quoi!!

Il m'arrive souvent de m'user à écrire. A toujours chercher à comprendre pourquoi je pense, ou agis, ou réagis, de telle façon. Journal auto-analytique, je l'ai souvent dit. Mais elle commence à être lourde l'auto-analyse. Bientôt six ans que j'ai entrepris cette importante (capitale) remise en question. Tout a commencé avec Laura, et dura quatre ans. Ensuite six mois de Chat à la découverte de cette fameuse séduction. Et depuis presque un an, avec des interventions 3 ou 4 fois par semaine, ce journal.

C'est long...

Tout ce temps pour changer profondément de personnalité. Non, pour découvrir ma personnalité profonde. Parce que ce n'est pas moi qui ait changé, mais mon regard sur moi. Et ce regard a beaucoup changé en moi.

Je ne sais pas si les gens qui me lisent (surtout les plus jeunes) peuvent se rendre compte de ce que peut-être un tel changement. C'est à la fois enthousiasmant... et épuisant.

Je prends une nouvelle force, mais cela m'épuise.

Cet après-midi, tout en travaillant, je pensais a cet énorme "travail" de réappropriation de moi que j'ai fait depuis six ans. C'est une énergie considérable qui est mobilisée. Mon "vrai travail" s'en ressent. Je fais beaucoup moins d'heures que je ne le faisais avant. Toutes ces heures passées à réfléchir sur moi, d'une façon ou d'une autre, occupent forcément une part de mon emploi du temps.

Est-ce que cela en vaut la peine? Incontestablement oui! Je n'ai qu'une vie, j'en suis déjà à la moitié théorique et j'ai envie de vivre cette deuxième moitié pleinement. Alors si le changement se fait au détriment du travail, et bien tant pis! Du moment que les affaires "tournent", et même si elles ne tournent pas aussi bien qu'elles pourraient si j'y mettais un peu plus de moi, je n'ai pas à m'inquiéter.

Auto-justification facile, mais néanmoins nécessaire si je ne veux pas sentir le poids de la culpabilité s'abattre sur moi...

 

(sommeil... je m'endors. Suite une autre fois)

 


Mardi 29 juin 2001

 

Fatigué ce soir. Pas le courage d'écrire. Je suis à la fois "en manque de" et fatigué par ces "relations virtuelles", par ce journal, ces remises en question incessantes.

Je n'ai pas encore répondu à tous les mails que j'avais en attente. Un de temps en temps, je ne peux pas faire mieux. J'aurais aimé ce soir... mais je suis trop épuisé.

 


Mercredi 30 mai 2001

 

In extremis...

 

Je viens de recevoir un mail d'une lectrice qui me redonne le moral. Elle m'encourage à continuer dans la voie que j'explore depuis quelques jours (le rapport du corps et de la séduction). Je me rends compte que c'est vraiment ce que j'attendais, un encouragement de ce type.

Parce que depuis quelques jours, aucun mail n'a commenté mes entrées (oui, je sais, j'avais dit que j'en recevais "trop" et que je les faisais attendre). Et sur ce sujet trés délicat pour moi, je ne pouvais plus continuer à me dévoiler dans ce silence.

Je suis parfois extrêmement dépendant de l'avis des autres. Aucun signe, et je me dis que ce que j'écris est nul ou complètement délirant. Surtout sur le sujet en question...

Hier soir déjà, puis ce matin davantage, je remettais en question ce journal. Pas le journal lui-même, mais l'utilisation que j'en fais. Marre de m'adresser à un lectorat, comme si on se connaissait.

Ou alors il faudrait que j'ai un journal pour les gens que je connais, que j'apprécie, avec qui nous échangeons plus ou moins régulièrement, et un autre journal, public, à destination des gens qui me lisent et dont je ne sais rien. Je n'ai pas toujours envie de me confier à des inconnus.

Et puis ces yeux anonymes me perturbent un peu. Comment peut-on interpréter mes propos en débarquant sur mon site, sans avoir suivi le cheminement qui s'opère depuis des mois? Je dévoile mes pensées secrètes sans même savoir comment elles seront interprétées, alors que je ne ressens pas cette gêne avec mes amitiés virtuelles.

Ces derniers jours, je me suis dit que j'étais allé trop loin dans les révélations de mes pensées. Je commence à prendre une certaine assurance et je crains que ce changement d'attitude perturbe les relations que j'ai établies. J'étais (et suis encore!) celui qui doutait de lui, de son pouvoir de séduction par les mots comme par son être en entier. Si je perd une part de ce doute, ne vais-je pas perdre une partie de... (j'y reviens décidément toujours) ce qui pouvait me rendre attachant?

J'allais écrire "attirant"...

De même, en révélant que cette écriture est une certaine forme de "séduction", ne suis-je pas en train de détruire tout ce qui laissait croire à la naïveté d'une telle démarche?

Je re-précise que je n'ai jamais eu l'idée initiale de chercher à séduire par mes mots. Du moins pas de séduire au sens sexué. Tout au plus je pensais à séduire dans le domaine intellectuel pur.

Ouh la la, que c'est compliqué tout ça dans ma tête!!!

Entre cet irrépressible besoin d'exister, de ne plus me sentir insignifiant aux yeux des autres, et cet inattendu, inconnu, insoupçonné besoin de "séduire" dans le sens sexué (mais sur le plan intellectuel - vous me suivez?-), je suis un peu perdu.

Ce que je peux assurer, c'est que je défriche! Je n'avais aucune idée en commençant cette écriture en ligne de ce que j'y cherchais. Peut-être que je ferais bien de relire un peu ce que j'écrivais au début...

Je suis un peu chamboulé en ce moment. Comme me le dit une chère lectrice à qui je n'ai pas donné de nouvelles depuis un bon moment (toutes mes excuses "Sylvie"), les moments de flottement marquent souvent une étape dans un changement important. Ceux qui me suivent depuis longtemps sentent probablement ce changement.

 

Bon, je continue un peu en vrac, préférant laisser les idées fuser plutôt que de les ordonner.

Hier, sur le forum privé auquel je participe régulièrement, nous a été annoncé que quatre membres parisiens avaient décidé de se retrouver "pour de vrai". J'en ai été trés déçu, parce que je ne pourrais pas me joindre à eux et que deux personnes desquelles je me sens très proche y seront. Il y avait aussi probablement un soupçon de jalousie... Mais au dela de cette frustration, j'ai constaté que j'étais prêt à aller rencontrer des connaissances "virtuelles" (je déteste toujours autant ce mot inadapté à la réalité des relations du web). C'est nouveau, puisque j'avais toujours craint le choc de la réalité. Plus maintenant: j'aurais vraiment envie de rencontrer ces deux femmes, ainsi que les autres personnes, mais dans une moindre mesure. C'est d'ailleurs uniquement parce que cette rencontre programmée se fait en groupe que je suis tenté. Une rencontre seul(e) à seul aurait évidemment une toute autre signification. L'ambiguité possible rendrait la chose beaucoup plus délicate.

Je suis quand même vachement marqué par mon éducation: une rencontre homme/femme est FORCEMENT soumise à une certaine ambiguité! Pffff...

Remarque qui me ramène justemenent au mail reçu dont je fais état au début de ces lignes... Cette lectrice me dit: « Il m'est quasiment impossible d'imaginer une relation "assexuée" avec un homme : je veux dire une relation d'amitié sans aucun brin de séduction» (ne vous méprenez pas, elle parle en général).

Même si je le sais plus ou moins, je suis toujours rassuré lorsque je lis une phrase de ce genre écrite par une femme.

Note: j'essaie de ne plus nommer qui que ce soit, afin de préserver la confidentialité des messages et des relations. Je ne sais pas si c'est une bonne chose, mais je préfère ne mettre personne en position indélicate...

Je continue mes réflexions:

Ce matin je pensais à ce journal et le ton que j'y emploie. Je m'adresse souvent à vous lecteurs (et lectrices surtout, hé hé hé), alors que je me souviens avoir lutté contre cette tendance dès les premiers jours.

Je crois que je fais trop attention à ce lectorat (là j'écris juste pour moi), en imaginant ou anticipant toujours les réactions éventuelles, favorables ou non. Je ne crois pas que cela influence beaucoup mes mots, mais suffisamment pour que ça me gène.

J'aimerais... l'impossible. Avoir à la fois ce contact avec vous, par l'échange d'impressions, et rester totalement moi-même. Pour cela, il faudrait que je ne lise pas non plus les autres diaristes. C'est surtout avec les diaristes que je sens que les relations sont plus délicates.

Ce journal, lu ET commenté, mes lectures des personnes qui me lisent... tout cela influence forcément les idées. C'est une micro-société de l'intime (qui semble parfois agacer un peu les lecteurs non diaristes, ce que je comprends fort bien) qui fait que régulièrement nous nous auto-stimulons. Nous avançons ensemble, chacun dans son domaine particulier, mais en s'enrichissant des ces échanges entre nous.

Thérapie de groupe, en quelque sorte, mais chacun gardant sa totale indépendance (mais pas forcément totale liberté...).

Voila pourquoi je n'apprécie vraiment que les journaux à tendance introspective...

 

Encore une chose, avant que je ne retourne travailler au soleil (je fais la pause de l'aprés-midi: trop chaud pour rester dehors): je vais tenter d'écrire en me concentrant sur moi, "oubliant" le regard extérieur. Ca ne me sera pas facile parce que je constate que ma vie toute entière est marquée par le "regard de l'autre". Il faut que j'arrive à exister par moi-même.

Je suis quelqu'un, j'ai des pensées, des imperfections et des qualités. Je dois acccepter de les regarder en face, cesser de vouloir toujours plaire en gommant ce qui ne va pas, cesser de me dévaloriser en ne voyant que ce que je ne réussis pas.

J'ai envie de vivre simplement, sans me poser toujours une infinté de question sur ce qui sera le mieux.

Je ne pourrais jamais satisfaire tout le monde, ni plaire à tous. Et ne pas plaire n'est pas un échec, je ne suis pas un raté pour autant. Même si sur ce forum évoqué, on me traîte régulièrement d'hypocrite ou de personne se complaisant dans un rôle de victime (j'en passe...), je ne dois plus me laisser atteindre par des gens qui ne m'apprécient pas.

Bon, tout ça je le sais, et l'auto-persuasion marche de mieux: je peux être apprécié.

Vous, lecteurs, en êtes la meilleure preuve.

Merci de me lire :o))))))))))))))))

 

(Je pourrais continuer longtemps... mais le travail m'attend, et le stress -léger- consécutif bride mes pensées.)

 


 

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