Mars 2010

Dernière mise à jour:mardi 20 avril 2010 - Accueil - Message






Les temps changent



Dimanche 7 mars


Il n’apparaît sans doute pas dans ce laborieux journal les bienfaits que je retire de mes années de cogitation autour d’une thématique relationnelle en lien avec le journal susdit et ci-devant vos yeux. Et cela apparaîtra d’autant moins qu’assez subitement il se pourrait que j’espace mes interventions. Je sens s’étioler mon besoin de m’épancher encore sur un sujet qui a longtemps débauché ma prolixité.

C’est un très long et parfois sombre tunnel que j’ai traversé mais je sens, je renifle, je flaire que maintenant la sortie n'est pas loin. Je vois la lumière très distinctement. J'y suis presque ! J'ai parcouru le chemin nécessaire, plutôt fier d’avoir affronté et mis en pièces nombre de mes vieux démons.

Je me prépare donc à quitter ce parcours de reconquête. J’ai commencé à rassembler mes affaires, à faire le point, et il ne me sera peut-être pas nécessaire d’en dire davantage ici. Tout d'un coup, peut-être sans crier gare, il se peut que je passe totalement à autre chose [vous voilà prévenus...]

Les questionnements successifs ne me harcèlent plus. Et s’il en reste, probablement réactivables pendant encore longtemps, ils ne sont plus soumis au sentiment d’urgence. Comme je l’écrivais récemment, plus rien ne presse désormais. Mes ressentis les plus divers constituent une source abondante à laquelle je sais pouvoir m’abreuver dans les années à venir. C’est, j’en suis convaincu, un atout important pour la profession à laquelle je me destine. Parce que j’ai traversé certaines épreuves, parce que j’ai vécu certains bonheurs, parce que j’ai connu enthousiasme et découragement, j’en connais les saveurs. Je perçois que c’est un avantage pour « sentir » les émotions des personnes qui se confient.

Le travail de décryptage émotionnel auquel je me suis livré m’a permis de connaître un peu mieux mon propre fonctionnement, mes forces et mes sensibilités. C’est une expérience précieuse.

D’ailleurs je vois que mon rapport aux autres a changé. Plus disponible pour écouter, je sais aussi m’ajuster de mieux en mieux à la proximité qui convient. Quitte à maintenir une distance protectrice avec les personnes qui pourraient chercher, sans en être pleinement conscientes, à m’entraîner dans leur mode de fonctionnement… pas toujours très limpide. Je suis devenu beaucoup plus attentif à mes ressentis et intuitions et ne me laisse plus emmener là où je pourrais me trouver pris dans des difficultés qui ne m’appartiennent pas. Je me sens nettement moins influençable par les manœuvres affectives et capable de laisser chacun face à ses responsabilités émotionnelles.

Globalement je me sens apprécié par les personnes qui me côtoient. Et même s’il peut y avoir quelques frictions, il me semble que l’on garde l’estime à mon égard. Quant aux personnes qui, déçues, se sont éloignées de moi… c’est sans doute que ma façon d’être éveillait leurs propres sensibilités ou ne répondait pas à leurs besoins.

Je ne me sens pas triste en acceptant cela. Et je ne voudrais pas qu’on croie que le relatif repli dans lequel je me situe depuis quelques temps signifie que je me renferme durablement. C’est tout le contraire qui se passe ! Après un recentrage sur mes besoins fondamentaux mon objectif est bien de me rouvrir et d’être accueillant, réceptif, ouvert à l’autre. J’ai eu besoin d’exprimer une certaine tristesse, c’est vrai, et je considère toujours qu’il est infiniment dommage que quelques relations confidentielles n’aient pas pu perdurer avec un esprit d’entraide et de confiance, mais bon… il s’est fait ce qui a pu se faire ! Parfois n’est plus trouvé en l’autre ce qui nous est nécessaire pour poursuivre « en confiance » et dans l’indispensable respect dont chacun a besoin. L’expérience a été riche d’enseignements : je sais que j’ai été parfois tellement mal que je n’ai pas respecté des personnes que, malgré tout, j’estimais beaucoup. Peut-être justement parce que je les estimais…

Si j’aborde l’estime accordée à autrui sous le double point de vue donné/reçu c’est parce que j’ai besoin de « reconnaître » moi-même ma propre valeur, après qu’elle ait pu être dégradée par des personnes proches en qui j’avais accordé une confiance excessive. Sans que ce soit volontaire de leur part, il se trouve que j’ai été très atteint dans ma confiance en moi par celles qui, après m’avoir estimé, m’ont fait dégringoler assez brutalement du piédestal sur lequel elles m’avaient hissé. Je n’ai pas toujours eu l’assise nécessaire pour ne pas être déstabilisé par leurs manœuvres de déboulonnage. Et pour moi qui avais besoin de conforter une estime personnelle défaillante, ces tentatives ont été de rudes secousses. Bénéfiques au final puisque j’en sors plus résilient…

J’espère que, dans le cas inverse, les personnes qui se sont senties déstabilisées par les manifestations de mon mal-être, au point de me fuir, ont aussi bénéficié d’une meilleure résilience.

De ces frictions entre sensibilités et émotions découle le passage à un mode de réflexion intériorisé et une attention portée à ce que je ressens… sans chercher à l’expliquer rationnellement. J’accorde désormais une grande attention à mes ressentis. Ainsi il est des personnes avec qui je me sens spontanément en confiance et l’échange est fluide. D’autres avec qui je deviens prudent, généralement parce que je me sens jugé ou évalué, ou parce que je perçois des attentes fortes auxquelles je ne saurai répondre. Cela peut me rendre un peu « dur », mais ce n’est que circonstanciel. Une réponse en miroir à ce que je ressens comme une insidieuse et subtile violence.

Ouais… je crois qu’il y a eu une transformation intérieure à l’œuvre depuis pas mal de temps. Sans doute largement masquée, dans mes écrits, par une problématique en suspens qui avait pris le dessus. Mais les temps changent…







Garder une trace



Samedi 27 mars


Le temps qui passe ne laisse pas toujours de traces. Ce qui passe en moi ne se dépose plus ici, comme j'en avais l'habitude autrefois. Mes réflexions sont devenues peu à peu silencieuses. Le besoin de mise en mots est devenu rare. Avec la paix est venu le temps du silence.

Mes pensées se sont transformées en un murmure. Un léger souffle. Constant, subtil, discret. Je ne suis plus dans les tempêtes intérieures, martèlement obsédant d'interrogations sans réponses, quête inlassable de sens.

Qu'est-ce qui se passe en moi, actuellement ?

À la fois un grand mouvement intérieur et rien de visible ! Je suis entré dans un niveau de conscience qui m'a ouvert de vastes horizons. Comme si tout était relié, interconnecté. Je crois que j'ai finalement disposé de suffisamment de clés pour que s'assemble quelque chose de cohérent.

Mais est-il utile, pertinent, judicieux de chercher à déposer les éléments de cette conscience ? Je n'en suis pas sûr. Je n'en ressens pas le besoin actuellement. Ou peut-être que je ressens le besoin de ne pas le faire.

Pourtant j'aimerais en garder une trace...




Mois d'avril 2010