Décembre 2014

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  Ambivalence



Dimanche 7 décembre 2014


Aaah, écrire... quelle affaire ! Je ne sais plus vraiment comment me situer en écriture. Autant sur mon blog, un peu en déshérence, que sur ce bizarre journal-lettre-autobiographie animé par pulsation de jets successifs entrecoupés de silences.

Mais je me rends compte que c'est moins l'écriture qui m'attire que l'échange qu'elle permet. Ou qu'elle m'a permis... Je sens que je suis en manque de quelque chose, que je ne saurais préciser. Manque d'échange "intéressants" ? manque d'instabilité, peut-être. Oui, c'est ça : j'ai besoin d'une certaine dose d'inconfort intellectuel. J'ai besoin de remise en question, de controverse, de contradiction. Ma vie est sans doute un peu trop lisse en ce moment.

Je suis aussi, je le sens, en manque d'amitié. En manque de confidences, en manque d'émotions. Oh, ce ne sont pas des manques douloureux, bien sûr, ni même problématiques. C'est plutôt comme un manque de lumière en plein hiver : une envie ! J'ai envie d'échanges et de partages. De rires et de douceur. Mais dans une certaine "qualité" d'intériorité et de profondeur. J'ai envie de vibrer, d'être en mouvement, en questionnement.

Cette aspiration, qui se cherche du côté de l'altérité, va à l'encontre d'une autre, apparemment plus forte : celle de la liberté que permet la solitude. J'aime ma solitude... et en même temps j'aimerais vivre ces temps de rencontre et de partage dont je parle. Mais peut-être ai-je pris goût à la solitude parce que je ne trouvais pas, en présence des autres, suffisamment de ce qui me plaît ? Il est rare, finalement, que je m'y sente tellement bien que j'ai envie de recommencer dès que possible.

Mais n'y a t-il pas le risque que l'envie se transforme en attente ?





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Comme un ventre creux



Vendredi 12 décembre 2014


Il fut un temps où l'écriture était une priorité. Il y avait un besoin d'écrire. J'y consacrais beaucoup de mon temps libre, et parfois même des temps qui étaient censés être consacrés à autre chose. Je prenais ce temps, je le volais si nécessaire.

Aujourd'hui le besoin n'est plus là et la place qu'avait prise l'écriture dans ma vie est très largement "vide". Je sens comme un ventre creux après un accouchement. Comme un manque de l'autre après une fin de relation.

L'écriture était devenue une compagne.

L'écriture était dialogue.

Ce dialogue me manque.

Plus précisément : l'interaction intelligente et élaborative que permettent l'échange et le partage me manque...




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La part manquante




Samedi 13 décembre 2014


Quand j'arrête de raisonner, quand je me laisse aller à entendre ce que je ressens vraiment... le manque de partage me renvoie inéluctablement vers ce que j'ai connu dans le passé. Vers ces temps durant lesquels j'étais en réflexion et évolution constante, porté par les circonstances que la vie avait mises dans mes pas. Je pense en particulier à ces échanges nourris qui me permettaient d'avancer à pas de géant en remettant en question ce que je croyais acquis. Et mes pensées me portent vers celle dont le hasard des rencontre fit ma muse, mon égérie, mon inspiratrice...

Je n'ai plus de contact avec elle depuis longtemps mais, malgré cette absence, le souvenir de nos échanges a continué à porter ma réflexion et orienter mon évolution. Une telle persistance me laisse croire qu'il s'agissait bien de la rencontre sur laquelle nous nous accordions pour la qualifier de "rare". De fait, elle était hors du commun.

Qu'est-ce qui a fait que je me suis senti autant "touché" par elle ? Pourquoi elle et seulement elle ? Qu'est-ce qui, en elle, m'a touché si fort ? Cela m'échappe encore. Ce qu'elle a ouvert en moi, ce qu'elle m'a apporté, la confiance que j'ai eu en "nous" et dans les potentialités que recelait notre rencontre, tout cela reste inscrit en moi. Nos partages me manquent...

Bien sûr, depuis le temps, ce manque n'est plus souffrance. Apprendre à le dépasser m'a permis de me surpasser et je crois avoir tiré de nombreux bénéfices de cette mésaventure commune. Il n'empêche que le manque demeure.

Certains jours plus que d'autres.

Pourquoi tu écris ça ? Ça sert à rien...

Exact.




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Résurgences




Vendredi 26 décembre 2014


Chaque soir, au moment où je me prépare à entrer seul dans mon lit, l'amie d'autrefois s'invite dans mes pensées. Son absence vient m'accompagner de sa présence. Un peu comme si chaque journée nécéssitait de se clore par le même constat invariable : elle n'est plus là.

Disparue mais encore proche en mon coeur, j'y pense comme à une amie chère qui pourrait revenir un jour. Or je sais désormais qu'elle ne reviendra pas. Alors, tandis que je me déshabille, je cogite brièvement sur ce constat qui, invariablement, me laisse déconcerté. Il m'arrive même d'exprimer à voix haute ma perplexité, m'adressant à "elle" en haussant les épaules d'impuissance, levant les yeux au ciel devant l'absurdité de la situation. Malgré moi mon corps mime le renoncement au dialogue qui n'aura pas lieu. Puis je me glisse entre les draps, éteins ma lampe, et songe encore quelques instants à cette incompréhension qui a éclaboussé ma vie de questions inépuisables...

Honnêtement, cela ne me dérange pas. Je crois même que j'apprécie cette fidélité de mon esprit. D'une certaine façon cela me confirme l'importance de cette histoire. Avec le temps j'ai admis que, malgré l'acceptation mentale, il me faudrait encore du temps pour que celle-ci percole jusqu'au plus profond de mon être. Un jour, probablement, mon corps acceptera.

Il n'y a guère que les soirs où je ne dors pas seul que j'échappe à ces résurgences.



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Défi




Mardi 30 décembre 2014

La fin de 2014 est proche et me vient l’envie de tirer un petit bilan de cette année charnière. Une année neutre, pourrais-je dire. Aucun voyage lointain cette année. Je suis resté « statique ». Ce n’est pas vraiment un hasard.

Année calme, heureuse, sereine… sauf sur la fin, avec cette sensation d’un vague ennui qui a embrumé les dernières semaines. Rien de bien palpable mais une impression d’immobilisme qui me signale que le temps est venu de me remettre en mouvement. Vers quoi ? Je n’en ai aucune idée !


- Tadaaam ! C’est là que j’interviens, pour t’aider à trouver. Je sens que tu as des choses à dire…

- Moi ? NoOoon, pas du tout !

- Pfff ! Alors pourquoi tu parles d’année charnière ? Entre quoi et quoi ? Qu’est-ce qui s’est terminé et qu’est-ce qui commence ?

- Ah ben carrément, tu me pousses à y aller direct ?

- Parfaitement ! Direct !

- Ce qui s’est terminé c’est… comment dire…

- Ah ne commences pas à tergiverser : direct !

- C’est… la fin d’un grand projet. D’un méga projet qui ne verra pas le jour.

- Noooon, ne me dis pas que tu appelles ça un « projet » !? 

- C’est le terme le plus approprié pour décrire le sentiment d’échec et de renoncement. Quand on se lance dans un truc difficile et qu’on s’y tient pendant longtemps, le moment ou on se voit obliger d’abandonner donne cette impression : tout ça pour rien. En fait c’est pas « rien » puisque l’engagement n’est jamais vain, mais il l’est pour cette fois là, pour ce projet là.

- On ne va pas préciser de quel « projet » il s’agit, hein ? 

- Nan, c’est pas la peine…

- Hé hé, ça te gêne d’en parler, hein ? 

- Un peu, ouais.

- T’as honte, hein ? 

- Hmmmnon, c’est pas de la honte. Je n’ai pas de raison d’avoir honte et j’ai même dit que j’en étais plutôt fier.

- Ouais mais quand même, après tant d’années

- Mais le temps n’a aucune importance là dedans. Il n’y a pas de délai, il n’y a pas d’échéances. Quand on tient à quelque chose le temps est un facteur secondaire. Si on mesure la valeur de quelque chose à l’aune du temps, alors les gens pressés n’accorderaient que bien peu de valeur à leurs aspirations. La vraie richesse est dans l’infinie patience.

- C’est pas dans l’air du temps, ça ! 

- L’ère du temps… L’ère des décisions rapides.

- Et irrévocables

- Tsss, tais-toi ! 

- Je vais te poser une question franche, réponds-y avec franchise.

- Ok

- Comment se fait-il que tu penses encore à elle ?

- Parce qu’elle m’était importante. Très importante. Et que, justement, le passage du temps n’influe pas sur ce genre de choses. Sauf si l’importance n’était que relative. Et puis j’y pense… parce que j’y pense ! Je ne contrôle pas ma pensée. C’est là, tout simplement.

- Oui mais après tant de temps !

- Mais je m’en fous du temps ! Il n’a rien à voir dans tout ça, le temps ! Il érode, il use, il ternit, il efface, mais il n’empêche pas aux pensées d’être là.

- Oui mais quand même, pour les gens qui te lisent…

- Mais je m’en f… Les gens penseront ce qu’ils veulent : j’exprime ce qui est là. Tu m’as demandé d’être franc, je le suis.

- Hé hé, on dirait que t’es en colère contre toi-même :)

- Gna gna gna !

- Deuxième question : au présent, là, qu’attends-tu ?

- De quoi ? de qui ?

- Comme tu veux. 

- Je n’attends rien d’autre que ce qui viendra de moi. Ma vie m’appartient (youpiiie) et c’est à moi d’en faire ce qu’il me plaira. J’ai la chance d’avoir cette liberté, à moi de m’en saisir.

- Quand ?

- Mais maintenant, jour après jour. C’est ce que je fais. Je n’attends rien de personne. Je me suis offert une année de calme, parce que j’avais besoin de me poser. Il me revient de décider de la suite à donner maintenant.

- Et tu vas aller vers quoi ?

- Je ne sais pas encore. Toujours cette envie de découverte, et peut-être de rencontres.

- Ah, les rencontres, parlons-en : du nouveau ?

- Un peu. Pas trop. C’est toujours un peu compliqué. Enfin non, pas vraiment mais…

- Mais ?

- Mais il y a cette sorte d’hypervigilance superprudente qui, telle un radar, se met en état de veille dès qu’il y a possibilité d’approche.

- Nooon, t’es traumatisé à ce point ?

- Baaah, on dirait bien, oui.

- Noooon ! C’est dingue, ça ! Dis-moi, ça serait pas un prétexte que t’as trouvé pour ne pas prendre de risques ?

- Pas besoin de prétexte : je ne veux pas prendre ce genre de risques !

- Mais t’auras rien si tu ne prends pas de risques !

- Qui te dit que je veux quelque chose ?

- Mon p’tit doigt, hé hé…

- Ah ben oui, dis-moi ce que je veux !

- Attends, je te relis : « Je suis aussi, je le sens, en manque d'amitié. En manque de confidences, en manque d'émotions. ». C’est bien toi qui as écrit ça, hein ?

- Oui, c’est sûr, bien planqué quelque part il y a cette aspiration à vivre du partage, des échanges riches.

- Pourquoi « bien planqué » ?

- Parce que je ne cherche pas à sortir tout ça. J’ai enfoui ce désir.

- C’est dommage…

- Oui c’est dommage.

- …

- …

- T’en dis pas plus ?

- Non, ça me rend triste.

- Des pensées qui regardent en arrière ?

- Mouais

- Ça sert à rien

- Je sais.

- T’as du mal à te détacher de tout ça, hein ?

- Ouais. Mais bon, j’en ai pris l’habitude :) C’est comme ça. Et en plus, bien que ça m’accroche encore, ça me porte aussi. Je n’ai pas l’un sans l’autre.

- C’est bizarre ton truc.

- Laisse tomber, y’a que moi qui peux comprendre. Disons que je trouve de la ressource en revivant le passé. Mon présent et mon avenir se nourrissent de ce passé-là, précisément. Il y demeure une énergie que je ne trouve que là et qui me stimule. Mais bien sûr il n’y a pas que ça dans ma vie ! Ce n’est qu’un des éléments forts.

- Ah, « élément fort » …

- Parfaitement : il y avait beaucoup d’intensité dans ce vécu, dans ce lien, et ça diffuse encore en moi.

- Franchement, elle représente quoi pour toi, au présent ?

- La même chose qu’avant, en tant qu’essence, quoique teinté par le passage du temps, des épreuves, et solidifié par mon propre cheminement.

- Mais elle est absente.

- Et alors ? Qu’est-ce que ça change à ce que je ressens ? Oui, l’imaginaire a forcément pris la place laissée vacante par la réalité. Mais pour le moment c’est comme ça.

- Tu choisis de rester dans cette situation largement imaginaire.

- Je ne choisis pas vraiment : c’est là et je ne cherche pas à fuir cette réalité de mon imaginaire. Je ne sais pas m’empêcher de penser.

- Mais j’sais pas moi… va vers d’autre femmes ! Va explorer « la diversité féminine » comme tu dis si bien !

- La diversité n’attend pas après moi ! Et moi je n’ai pas le goût d’entreprendre.

- En fait tu n’es pas libéré d’elle…

- À l’évidence. Mais ça fait partie du jeu.

- Quel jeu ?

- Ce qui s’est joué entre nous. La façon dont on s’est liés et la façon dont on… s’est bizarrement déliés. Mal déliés.

- Ne revenons pas sur ce passé brumeux auquel on n’a rien compris. Restons sur le présent : tu penses quoi d’elle aujourd’hui ?

- C’est très confus. Tendresse, affection, attachement… mais une extrême prudence. Complicité aussi, mais différente d’autrefois. Parce que j’ai évolué. Respect aussi. Et puis compassion aussi, parce que si elle a réagi avec une telle violence… c’est que ma façon d’agir, ou d’être, lui a été extrêmement violente.

- Mais c’est du passé ça…

- Oui, mais un passé qui reste très présent, parce que jamais posé. C’est un passé en errance temporelle, pour moi. Un passé qui dure parce qu’il n’a aucun support sur lequel se poser. Enfin moi je vois les choses comme ça. Je ne m’accroche pas à tout ça par plaisir mais parce que ça me hante.

- Tout à l’heure tu en parlais en termes de richesse et d’énergie…

- Mais c’est tout ça à la fois : une force enthousiasmante et une force triste.

- Tu as des regrets ?

- Ce n’est pas une question de regrets. Bien sûr que je regrette certaines de mes attitudes, certains de mes mots. Ça a certainement été très difficile à vivre pour elle. Mais à cette époque là, dans ce contexte, j’ai fait ce qui me paraissait le mieux. Pour nous, pour moi, pour elle, alternativement et parfois à contre sens. J’ai fait « n’importe quoi » parce que j’étais désemparé. Alors je ne peux pas regretter ça puisque j’ai fait selon mes moyens de l’époque. Mais d’un autre côté bien sûr que je regrette, je déplore, tout le mal que j’ai pu faire.

- Mais elle aussi t’a fait du mal !

- Mais oui, mais là n’est pas la question. On s’est tous les deux fait du mal mais je porte ma part. Et elle est conséquente.

- Et tu n’as pas pu réparer tout ça.

- Ben non, j’ai pas pu, j’ai pas su, ou il était trop tard ou je ne sais quoi. Et maintenant je porte ça.

- Ne te surcharge pas non plus !

- Non, je ne prends pas plus que ma part, mais je veux l’assumer.

- Dis, tu lui en veux encore ?

- Non, même pas. J’ai essoré toute ma colère. Il ne me reste que la tristesse… et aussi une multitude de sourires dans le cœur J

- Pfff, t’es encore amoureux toi !

- Si c’est au sens cucul gnangnan, non. Si c’est au sens d’être dans un élan vers l’autre, oui.

- Un élan immobile alors ?

- Par la force des choses, oui, puisque je suis allé jusqu’au bout d’une impasse. Mais le principal c’est d’être animé, et vivant. Il ne reste plus qu’à trouver vers quoi transmettre cette énergie, et vers quels nouveaux projets orienter ma vie.

- Défi pour 2015 ?

- Tope-là !













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