J’évoque le doux plaisir d’aimer  

La distance n’est plus géographique; je l’apprends de mes peines, de mes fatigues.  

L’intimité se dessine fiévreusement entre les êtres. On la sent nous atteindre soudain, nous toucher comme pour apaiser toute distance.  

L’absence se moule à nos silences.  

Le tissu des choses se désagrège; les êtres que l’on aime finissent lentement par s’user , faiblir; disparaître. Même nos sentiments parfois s’effacent  

Ma solitude apprend ses nouvelles limites. Mon cœur s’emplit d’une présence discrète et l’amertume retourne mûrir ses sels dans les secrets de la mémoire.  

L’été qui chauffe mon être ne suffit plus à briser le froid de mon cœur, mais un homme y vient déposer des braises.  

Le destin de la distance est d’oublier , de faire oublier. Destin d’oubli  

De plus en plus le vide t’avale  

Dans les peines du coeur, je retrouve parfois la très belle clarté de le tendresse. Mon corps s’adjoint celui d’une femme que j’enlace à me déchirer le coeur.  Je suis éperdument fou du don de la chair : Mon âme trouve en la tendresse le suc qui permet de franchir les jours.  

D’être seul sans doute me conduit vers toi, vers ton absence.  

Sans être une blessure , l’amour ouvre en moi un vide qui fait mal. Et i m’arrive d’attendre une femme, dans quelque lieu imaginaire, pour lui donner mon âme avec tendresse.  

J’ai peur de l’absence qu’un femme occupe en moi, de l’absence que j’occupe en elle.  

L’amour dévaste mes mains. L’amitié, ici, ne vaut plus rien : je n’existe peut-être plus dans l’arôme d’une femme, moi qui pourtant conserve une part mystérieuse de son ombre.  

Ton absence m’est devenue absente, ami. Je détruis au fond de moi les dernières voies d’accès, les derniers retranchements. J’ai perdu l’usage de ta voix. Je laisse maintenant à d’autres le sentiment que tu existes.  

La distance donne un sens à la solitude : si je le comprends, j’ai peine à l’admettre.

Claude Paradis

Lettres d’écorce

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