La Rougeole est la plus répandue des pathologies infantiles dans les pays occidentaux. C’est une maladie infectieuse aiguë due à un virus spécifique unique; elle est très contagieuse, atteint le plus souvent l’enfant, et est solidement immunisante.  

Sa gravité est liée au terrain et au niveau de vie. Alors qu’elle est habituellement bénigne dans les pays occidentaux, elle reste un problème majeur dans les pays en voie de développement où elle conserve une forte létalité. 

  

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Le virus de la rougeole a été isolé en 1954 par ENDERS et fait partie de la famille des paramyxovirus. Après avoir pénétré dans l’organisme par voie aérienne (porte d’entrée naso-pharyngée et conjonctivale), il se développe pendant la phase d’incubation. Durant la phase d’invasion, il est présent dans le sang, les viscères, les sécrétions rhino-pharyngées et les urines. 

  

La transmission est directe car le virus est extrèmement sensible au milieu extérieur. La période de contgiosité commence deux jours avant le début de la phase d’invasion et se termine deux à trois jours après celle-ci. La réceptivité (possibilité pour un organisme d'être contaminé par un agent infectieux) est universelle et les nourrissons sont protégés jusqu’à l’âge de cinq à six mois par les anticorps maternels. 

  

L' endémie (affection chroniquement entretenue dans une population, un groupe ou une région) de la rougeole est permanente et saisonnière (hivers et printemps). En zone urbaine, elle touche les enfants d’âge préscolaire, alors que dans les zones rurales, elle atteint les enfants d’âge scolaire.  

La létalité (proportion des cas d'une maladie dans une population donnée qui ont une évolution mortelle) très faible dans les pays occidentaux, se situe autours de dix pour cent dans les pays en voie de développement. 

 

       
         
         
Le cycle de la maladie définit les quatre stades classiques: Incubation, Invasion, Eruption et Desquamation. 

1° - Incubation  

La période d’incubation est cliniquemet muette et dure entre dix et onze jours.
2° - Invasion  
Elle dure trois à quatre jours et commence par un malaise général avec une température variable (38° à 40°). Elle est caractérisée par un catarrhe oculo-respiratoire (conjonctivite, rhinite, toux) accompagné de signes digestifs (anorexie, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée) et parfois de signes nerveux (troubles du sommeil et du comportement, convulsions).Rougeole1T.gif (4430 octets) Il peut exister déjà une petite éruption discrète et fugace, des ganglions diffus et une splénomégalie. 

Durant cette phase, il existe un signe pathognomonique de la maladie, le signe de Köplik.Rougeole5T.gif (4174 octets) Il apparait vers la trente-sixième heure et persiste jusqu’au début de l’éruption. Il s’agit d’un semi de minuscules tâches blanc-bleuâtres reposant sur un fond érythémateux, et se situe à la face interne des joues en regard des prémolaires. Un purpura du voile peut y être associé.

3° - Eruption: 
Elle survient quatorze jours après le contact contagieux.  

Le premier jour, l’éruption est discrète, limitée à la tête. Rougeole2T.gif (4375 octets)On la trouve à la lisière du cuir chevelu, derrière les oreilles, et au pourtour de la bouche. 

Le deuxième jour, elle s’étend au cou, aux épaules, au thorax et aux membres supérieurs. 

Le troisème jour, elle gagne l’abdomen et les cuisses. 

Le quatrième jour, elle se généralise. Ce schéma peut aller de trois à six jours. 
 

Cette éruption est fomée de maculopapules en relief, s’effaçant à la pression, de contours irrégulier, isolées ou en amas, mais laissant toujours des intervals de peau saine. 

A cette phase, le faciès du rougeoleux est caractéristique, surtout au deuxième et au troisième jour de l’éruption. Le visage est: 

. bouffi, 

. tacheté de rouge, 

. les paupières gonflées, 
. les yeux larmoyants et rouges, photophobiques, 
. le nez coule.

La fièvre, les signes respiratoires (toux, dyspnée), la conjonctivite et l’éruption buccale diminuent progressivement, alors que dans certains cas, il peut y avoir une recrudescence des signe respiratoires et nerveux( cf Complications). 

4° - Desquamation 

Cette dernière phase de la forme clinique non compliquée correspond à la convalescence. La desquamation est fine, furfuracée, et peut laisser place à des taches bistres aux emplacements de macules. 

L’enfant est plus ou moins amaigri, abattu et sans appétit pendant encore plusieurs jours. 

Il est impératif que l’enfant soit examiné par un médecin au début de la maladie,STETH.gif (1592 octets) et qu’il soit revu quelques jours plus tard afin de s’assurer de l’absence de complication. 

  
 

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Les complications sont nombreuses, fréquentes et surviennent au décours de l’éruption. Elles sont essentiellement de deux ordres: respiratoires et nerveuses. 

1° - Les surinfections respiratoires 

Les voies respiratoires supérieures  
La rhinite purulente, la pharyngite sont banales mais peuvent se compliquer d’une otite moyenne plus ou moins aiguë que le médecin doit rechercher systématiquement. 

La laryngite tardive de surinfection pouvant être grave et asphyxiante, est à opposer à la laryngite striduleuse précoce et bénigne due au seul virus.

Les voies respiratoires inférieures 
La bronchite de surinfection est à soupçonner devant la persistance de la fièvre. 

Les broncho-pneumopathies aiguës sont les plus redoutables des surinfections respiratoires. De début brutal ou progressif, elle se manifestent bruyamment par une dyspnée importante, de la toux, parfois une cyanose (aspect bleuté des téguments lorsqu'il existe des troubles dans l'oxygénation au niveau des poumons), une hépatomégalie (augmentation de la tailla du foie), une fièvre élevée Hopital.gif (2430 octets)et une altération plus ou moins profonde de l’état général. 

A coté des surinfections bactériennes, le virus de la rougeole (virus morbilleux) peut être responsable de troubles de la ventilation pulmonaire diagnosticables sur la radiographie, et pouvant avoir des conséquences plus ou moins graves (obstruction bronchiques, pneumothorax, emphysème pulmonaire).

 

2° - Les Complications Neurologiques 

Elle peuvent atteindre la fréquence d’un cas sur mille, et sont variées: à coté de complications infectieuses (méningite, abcès), vasculaires (thrombophlébites, artérites), métaboliques( déshydratation aiguë), la plus grave est l’encéphalomyélite aiguë morbilleuse proprement dite. 

Elle survient autours du quatrième ou cinquième jours, parfois plus tard, rarement pus tôt. Elle commence brutalement par des convulsions,Hopital.gif (2430 octets) avec des signes neurologiques divers et variables. La gravité elle-même est variable également. 

Après un période assez longue, elle guérit complètement dans plus de la moitié des cas. Elle est mortelle dans dix à quinze pour cent des cas, et laisse des séquelles essentiellement psychiques dans vingt à cinquante pour cent des cas. 

Curieusement, la panencéphalite sub-aiguë sclérosante peut apparaître après un intervalle libre de plusieurs années, et est constamment mortelle. 

D’autre complications peuvent se voir dans les pays sous-développés, telles que kératite, déshydratation, syndrome douloureux abdominal pseudo-chirurgical, myocardite etc ... 
 
 

     
       
Il existe plusieurs formes cliniques: 
 - La forme maligne est précocement fatale, et survient tôt dans l’évolution de la maladie (invasion ou début de l’éruption). Elle peut prendre un aspect neurologique, respiratoire, hématologique ou hémodynamique, selon l’intensité des signes prédominants.
- La forme frustre se voit après administration de gamma-globulines, après une vaccination, ou chez un nourrisson de quatre à six mois, partiellement protégé par les anticorps maternels.
- Chez la femme enceinte, la rougeole peut être sévère et parfois responsable d’accidents obstétricaux.
- Les associations rougeole-coqueluche et rougeole-tuberculose sont connues, et se caractérisent par une aggravation, pour la première des signes respiratoires et de leurs complications, et pour la seconde de son évolutivité.
 
 

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Lisolement est de rigueur, et il n’y a pas de raison de le prolonger au delà de la période éruptive. C’est une maladie à déclaration est obligatoire en France sous le numéro 5. 

L’hospitalisation est à réserver à la présence de complications, ou pour des enfants porteurs de pathologies aggravantes ou particulièrement fragiles. 

Le traitement est essentiellement symptomatique. 

- traitement des poussées fébriles par des antipyrétiques ( paracétamol,Pharm2.gif (2152 octets) salicylés, ibuprofène ...)
- traitement de la toux par des antitussifs,
- traitement préventif des convulsions hyperthermiques par du gardénal 
Dans le pays occidentaux, il est d’usage de proposer de façon quasi systématique un antibiotique. Sans effet sur le virus morbilleux lui même, il aura pour fonction la prévention des surinfections bactériennes fréquentes (en particulier envers les staphylocoques). 

Le traitement des complications se fera en milieu hospitalier, et fera appel aux traitements spécifiques les plus appropriés: corticoïdes, oxygénothérapie, gestes chirurgicaux localisés ...). 

A côté de ce traitement symptomatique,  
Pharm2.gif (2152 octets)    il arrive d’utiliser la séroprévention par les gammaglobulines. Comme tous les dérivés du sang, elles répondent à des règles extrêmement précises de délivrance et d’utilisation. 

  

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La vaccination contre la rougeole n’est pas légalement obligatoire, cependant elle est très vivement recommandée et fait partie du calendrier de vaccination de l’enfant.  

Il y a quelques années, elle se faisait seule ou associée à la vaccination contre rubéole. Actuellement, un vaccin triple associé permet de prémunir les enfants contre la rougeole, la rubéole et les oreillons.  

Il se fait à l’issue de la première année du nourrisson, et nécessite un rappel vers l’âge de six ans. 
 
 

 
 
  
 
sounder.gif (538 octets)  Vous entendez actuellement le Prélude BWV 848 du Clavecin Bien Tempéré de J S BACH