J'ai décidé d'arrêter de me poser des questions sur ma carrière puisque, en effet, ma carrière est arrêtée... probablement définitivement, à cause du harcèlement dont j'ai fait l'objet. Afin de rester stoïque et ne pas me laisser broyer par des événements sur lesquels je n'ai aucune prise, j'ai décidé, pour célébrer le nécessaire renouveau lié à ce début de 3e millénaire, de renoncer à briguer vainement une promotion qui aurait dû venir depuis longtemps (car je pense l'avoir méritée amplement).*

* Je resterai donc dans l'histoire comme le seul chargé de recherche du CNRS, ayant appartenu à la première génération (ceux nommés en 1982) des chargés de mission aux relations industrielles à qui on n'a pas accordé une promotion au grade de directeur de recherche. La plupart de ceux nommés par la suite l'ont également obtenue d'ailleurs. J'ai l'immodestie de croire que mon bilan dans ces fonctions était pourtant plus qu'honorable comme l'a reconnu une commission chargée de réaliser un petit audit sur mon cas en 1994. Et ceci si l'on songe que j'ai été le seul parmi mes semblables à ne pas disposer d'une assistante ou d'un secrétariat !

C'est pourquoi je suis actuellement en deuil (d'où le clin... d'œil justement !). Considérant avoir été une des nombreuses victimes du harcèlement professionnel je n’oublie pas que dans mon cas le sourire – comme le rire – risquent fort d’être interprétés comme la "politesse du désespoir".

Harcèlement : le mot est lâché. Autrefois le sujet était tabou. Aujourd'hui, on est autorisé à en parler. Notamment depuis la sortie des ouvrages d'une psychiatre, Marie-France Hirigoyen : d'abord, Le Harcèlement moral. La violence perverse au quotidien, Syros édit. (1998) puis son second livre, Malaise dans le travail, harcèlement moral : démêler le vrai du faux, Syros (2001). Selon cet auteur, le harcèlement moral sévit beaucoup plus chez les fonctionnaires. "Là, le harcèlement est plus destructeur, plus insidieux, cela peut durer des décennies : il n'y a pas de solution, hors l'arrêt maladie." Attendons de voir ce que va donner la mise en pratique de la loi de "modernisation sociale" adoptée par le Parlement le 13 juin 2001. Le projet stipule qu'"aucun salarié ne doit subir des agissements répétés [...] de toute personne abusant de l'autorité que lui confèrent ses fonctions, qui ont pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité et de créer des conditions de travail humiliantes ou dégradantes." Questions pénibles que la fonction publique a certainement très envie de continuer à ne pas se poser... La politique de l'autruche a encore de belles années devant elle.

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