Conflit d'Autorité 3/?

Une histoire originale de Major

 

Le lendemain,
10h27,
gare de Zlocieniec.

 

" bouh…fatiguant le voyage. "
" mmh "
" Harm ! vous n'allez pas continuez à être de mauvaise humeur. Vous n'avez pas ouvert la bouche depuis que vous êtes allé vous coucher hier soir. "
" Vous vous faites des idées Colonel. "
Cette fois ci Mac comprit qu'il ne l'appelait pas Colonel affectueusement comme il le faisait parfois. Il voulait au contraire marquer une distance, entre eux deux. Mais cette distance était infranchissable, dans la mesure où à partir de cet instant le code militaire était de rigueur.
" Très bien Capitaine. J'appelle un taxi, ne bougez pas. "

Quelques minutes plus tard,

" Conduisez nous, à Livlosk s'il vous plaît. Au détachement provisoire de l'armée polonaise. "
" Bien Madame ", répondit avec un fort accent, et disons le plutôt comique, le chauffeur.

La demi heure de trajet se déroula dans le plus profond silence. Un silence électrique, prêt à exploser. Une telle situation, si elle s'éternisait, pouvait s'avérer dangereuse, irréversible, pour elle comme pour Harm. Ils pouvaient tous deux ne jamais retrouver leur intimité d'autrefois. Mac ne savait plus quoi dire, plus quoi faire. Devait elle se sentir coupable d'être avec Mic ? Apres tout, Harm, lui sortait bien avec cette pimbêche de Renée.(NdA :je voulais employer un autre mot pour qualifier Renée, mais bon, restons polis tout de même…)

" Nous y sommes. "
" Bien, merci. Sauriez vous nous indiquer un endroit où passer la nuit ? "
" Eh, bien, comme vous le voyez, nous sommes en pleine forêt, mais il y a un abri de chasseur juste au bout de ce chemin. "
Il montrait un chemin qui partait du campement militaire.

" Eh bien ça c'est la meilleure !Non, mais je croirais rêver. L'Amiral nous envoie dans un trou perdu, où il n'est même pas possible de se loger. Finalement, je ne ferai pas long feu ici. Ah ! Je la vois ! Entrons. ", dit Mac se mettant à courir dans le chemin boueux. Puis elle pénétra dans la chaumière. La porte était ouverte. A dire vrai il n'y avait pas de serrure, on ne devait pas avoir peur des voleurs dans ce pays.
La maison n'était composée que d'une simple pièce. Il y régnait, malgré les -10 ° extérieurs une chaleur bienfaisante qui faisait ressortir toute l'essence du bois.
Harm, pour la première fois ouvrit la bouche, mais ce fut pour exprimer un reproche :
" Si on avait suivi les conseils de l'Amiral, nous serions restés au chaud à Varsovie, au lieu de nous diriger vers l'inconnu le plus abstrait. "
" Bon, écoutez, Capitaine, si vous voulez, laissez moi là et rentrez à Falls Church. "
" Ne soyez donc pas stupide … "marmonna-t-il .

Le rangement dans la chaumière se fit en moins de temps qu'il n'en faut. Et seulement après avoir finis, Harm et Mac se rendirent compte qu'il n'y avait qu'un seul lit. Un lit à deux places, biensûr. Mais un seul lit quand même. Et pas un seul canapé ou fauteuil. Juste quatre chaises. Gênés, ils ne surent que dire. Et seul le regard qu'ils échangèrent trahit le caractère embarrassant de la situation.
" Bon, écoutez, dit Harm, nous ne sommes là que pour très peu de temps, alors je propose que nous dormions dans ce lit tous les deux. En espérant que l'esprit de Brumby ne vienne pas me hanter…", et comme pour s'excuser :
" je crois que nous y sommes obligés. "
" Oui vous avez raison ", dit Mac dont le teint avait soudain prit une couleur rosée.

Quelques heures plus tard, un sandwich englouti, vint le moment de se coucher.

" Harm, tournez vous un instant, je vais mettre une tenue plus légère. "
Quand elle eut enfilée un long tee shirt par dessus un simple short, ce fut son tour de détourner les yeux.
Enfin, nos deux amis se retrouvèrent chacun d'un côté du lit, se dévisageant, visiblement extrêmement gênés.

" Bon, et bien c'est l'heure de se coucher. ", dit le Capitaine pas très sûr de lui.
" oui, en effet, je crois. " dit le Major encore plus perturbée.
" Bon, eh bien, allons y. "
" Oui, couchons nous. "
" De toute façon, nous n'avons rien à nous reprocher. "
" C'est vrai, nous sommes contraints de dormir dans le même lit. "
" Et puis d'ailleurs nous n'avons pas à être gênés. Nous nous connaissons trop bien "
" Vous avez raison. Mais alors qu'attendons nous pour nous coucher ? "
" Oh, mais.. .rien…nous…nous discutions tout simplement. "

Tous deux firent alors le geste de s'étendre. Quand ils sentirent la chaleur de l'autre, un frisson les parcourut au même instant. Ils firent le geste de se repousser à l'autre bout du lit, mais Mac voulut si bien faire que…BAM !

" Oh, Mac vous ne vous êtes pas fait mal ? Quelle idée de vouloir dormir par terre…si cela vous gêne trop, je peux dormir sur la terre battue. "
" Non, non " dit Mac en se rallongeant.

La pénombre grandissait. Bientôt, ils ne distinguèrent plus le visage de l'autre. Seule un agréable bien être leur rappelait qu'ils avaient quelqu'un qui leur était cher à côté. Mac se dit que c'était un moment propice pour parler. Mais elle ne savait pas par où commencer. Etait ce la fatigue qui lui troublait les idées ou le fait de dormir dans le même lit qu'Harm ? Une question de plus à laquelle elle ne parvint pas à répondre. Décidément… Puis, fixant la lune immaculée à travers la petite fenêtre, priant les esprits des forêts, elle prit la parole. Ce fut tout d'abord une petite voix, rauque et pas très sûr d'elle et puis au fur et à mesure qu'elle mettait à jour son cœur, sa voix se faisait pleine d'espoir, emplie d'un amour enfantin.

" Harm, vous dormez ? "
" Non, Mac, vous n'arrêtez pas de bouger. "
" Je voudrais vous parler. "
" Je vous écoute " dit Harm pas très convaincu .
" Harm, j'ai tant de choses à vous dire… "

Mac lui tournait toujours le dos. Mais elle sentait qu'il la fixait, elle pouvait imaginer son regard intense avec toujours cette même étincelle qui faisait que quand on le regardait on avait l 'impression de se plonger dans une nuit noire et de fixer l'étoile polaire…mais on dit que l'étoile polaire guide ceux qui sont égarés, alors qu'elle, elle avait perdu son chemin depuis le jour où Clayton Webb l'avait présenté à ce Capitaine de Corvette.

" J'ai…j'ai passé toute mon enfance dans l'attente que quelqu'un me dise qu'il m'aimait. Les rares fois où mon père me le disait, c'était entre deux bières, pour s'excuser sans doute. Quand à ma mère, j'ai compris qu'elle ne m'avait jamais aimé le jour où elle m'a abandonnée. Durant les 10, 15 premières années de ma vie, je n'ai jamais cessé de chercher le réconfort et l'amour dont une petite fille de mon âge est censée bénéficier. A l'école, je n'avais pas d'amis, tout le monde savait que mon père battait ma mère, et quand on parlait de moi, on m'appelait la fille du saoulaud. Plus tard… "

Mac commençait à avoir du mal à parler. Elle ne s'était jamais confiée ainsi à Mic. Et au fond d'elle même, elle se rendait compte de l'incohérence de la situation.

" Plus tard, j'ai commencé à boire. Oui, j'étais une alcoolique. Apres tout, on dit qu'il faut toujours prendre exemple sur ses parents, et c'est ce que j'ai fait, dit elle avec une triste ironie. J'ai bu, j'ai bu, j'avais l'impression de ne plus vivre. J'étais perdue, je n'avais personne au monde. Jusqu'à ce que je rentre aux alcooliques anonymes. Ce sont eux les premiers qui m'ont appris ce qu'étaient l'amour… "

Petit à petit, au fur et à mesure que Mac parlait, le ciel revêtait une parure de diamants étoilés, mais Harm, loin de s'endormir, ne manquait pas un mot de ce qu'elle lui disait. Il avait senti qu'en cette nuit de décembre, dans cette chaumière polonaise se jouaient son destin et celui de Mac. Alors il écoutait. Il écoutait comme jamais il n'avait écouté. Ses oreilles, son corps, tous ses sens écoutaient. La moindre cellule de son corps communiquait en symbiose avec celui de Mac, et par l'intercession stellaire il revivait ce que Mac avait vécu.

" Puis je suis rentrée dans les Commandos de Marines. Je ne me battais pas contre l'ennemi quand j'étais en mission, mais contre moi même. Je voulais tuer la fille qui était née de ce père et de cette mère indigne, je voulais renaître. Alors, j'ai commencé à réapprendre à vivre. Cela a été très dur. Je me répétais sans cesse que j'aurais un jour droit au bonheur. Puis au fur et à mesure que les ans passaient j'ai réalisé que j'avais toute la vie devant moi, et que mon père n'avait pas réussi à faire de moi une femme sans volonté. C'est là que j'ai rencontré Webb. Je lui serai toujours redevable de ce qu'il a fait pour moi . C'est grâce à lui si je suis au Jag aujourd'hui. Et il sait qu'il a toute ma gratitude. Mais le plus triste, c'est que j'ai aujourd'hui dépassé la trentaine, et je n'ai jamais connu l'amour d'un homme. J'ai eu divers aventures, mais je les ai faites échouer les unes après les autres. Mes parents auront quand même réussi à me faire avoir peur de l'amour. Oui, j'ai peur de ce qu'est l'amour… "

Mac, à cet instant précis se redressa sur son séant. Elle s'assit dans le lit. Harm à côté d'elle fit de même. Et leurs yeux se croisèrent pour la première fois depuis que Mac avait commencé à parler. Alors celle ci répéta en détachant les syllabes, comme si elle prenait conscience de ce qu'elle disait :

" Oui, Harm, je ne sais pas ce qu'est l'amour. j'ai peur d'aimer. "

Elle avait dit cela en le regardant intensément, ses yeux dans les siens. Elle n'avait jamais été aussi loin dans la confidence. Une étoile filante passa dans le ciel…
Les paroles d'une chanson traversèrent l'esprit d'Harm…

" I could stay awake just to hear you breathing
Watch you smile while you are sleeping
While you are far away and dreaming
I could spend my life in this sweet surrender
I could stay lost in this moment forever
Every moment spent with you is a moment i treasure. "

Mac répéta :
" Harm, j'ai peur d'aimer. .. ", avant d'éclater en sanglots. Elle pleurait, elle pleurait, tandis que la pluie commençait à battre furieusement, de rage, de colère, de tendresse.

Avant qu'Harm n'ait pu dire quoique ce soit, elle acheva en un souffle :
" je ne sais pas si j'aime Mic. Mais c'est le premier à m'aimer, et à me le dire. J'ai peur d'être de nouveau seule. Je ne pourrais plus jamais être seule. Harm, j'ai trop souffert. J'ai besoin de quelqu'un. "

Et la pluie battait furieusement, de rage, de colère et de tendresse. Mac pleurait. Et la pluie redoublait. C'était maintenant un orage. Vengeur. Toute la violence de la nature rendait justice à la tristesse de Mac.

Harm n'avait pas cessé de regarder et d'écouter Mac. Il découvrait une femme fragile, avide de tendresse.

" Je vous apprendrai à aimer ", dit il en prenant Mac dans ses bras.

La pluie cessa.

Tandis que Mac s'endormait blottie dans ses bras, Harm réalisa qu'il n'avait jamais aimée une femme avec autant de passion qu'il aimait Mac. Mac l'aimait, il en était sûr. Dès qu'il s'en sentirait capable, il lui dirait tout ce qu'il ressent pour elle. Mais il n'était pas prêt. Il avait peur de perdre quelque chose en sortant avec Mac.
Tandis que la lune réapparaissait de derrière les nuages, il fredonna :

" I could stay awake just to hear you breathing
Watch you smile while you are sleeping

I could stay lost in this moment forever
Every moment spent with you is a moment i treasure. "

 

A suivre.

 



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