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Les limicoles en Guyane

 
 
 
Morrison & Ross (1989) ont souligné l’importance de la zone côtière guyanaise dans l’hivernage des limicoles nord américains.  

En 1994 débute une étude financée par  
      - le Ministère de l’Environnement, 
      - le Canadian Wildlife Service, 
      - le CEL (Conservatoire du Littoral)  

initiée par :
      - le GEPOG (Groupe d’Etude et de 
        Protection des Oiseaux en Guyane),
      - l’ONC (Office National de la Chasse),
      - la LPO (Ligue pour la Protection
        des Oiseaux), 

Le but de cette étude est d'étudier la distribution spatiale et temporelle de l’hivernage des limicoles nord américains et des autres oiseaux d’eau.

Sommaire de l'étude :

a) METHODES : b) RESULTATS :
 
 
Les résultats confirment la grande importance des cotes guyanaises pour l‘ hivernage des limicoles et renseignent sur la phénologie des migrations post - et pré-nuptiales (Figures 1 & 2).

1) Comptage :

Dans les graphiques suivants sont portés le nombre d'oiseaux comptés en fonction de la période.
 

Figure 1 : Petits limicoles
Les petits limicoles sont les oiseaux les plus nombreux à hiverner sur les côtes guyanaises. 

Un premier pic de migration est observé autour de septembre. Les dates d’arrivées peuvent être plus précoces, comme en 1997 (18 juillet). Le nombre de petits limicoles décroît durant l’hiver et deux autres pics sont de nouveau observés en février et en avril au cours de la migration de printemps. 

Ces résultats suggèrent fortement que beaucoup de petits limicoles hivernent dans des zones plus au sud. 
 


 
 

Figure 2 :  Grands limicoles
Comme pour les petits limicoles, différentes périodes de passage peuvent être identifiées pour les grands limicoles. 

Le premier pic de migration n ’apparaît pas pour 1994 du fait que les comptages aient débuté en octobre. En 1997, seuls trois comptages  ont été effectués et ont révélé un pic de migration précoce (10 août) . 

Néanmoins, les autres années montrent clairement un accroissement du nombre de grands limicoles en décembre. Ceci pourrait correspondre à une migration pré-nuptiale précoce d ’oiseaux hivernant plus au sud.


 

2) Répartition :
 
 
L ’importance des habitats côtiers guyanais est liée à la présence de bancs de vase formés de sédiments amazoniens qui alternent zones en accrétion et zones en érosion. 

La distribution spatiale des limicoles est étroitement liée à la localisation de ces bancs de vase. Les survols aériens permettent la détection des zones les plus favorables (Figures 3, cartes). 
 


Figure 3 : Répartition des petits limicoles
 


Figure 3 : Répartition des petits limicoles
 

La dynamique côtière en Guyane est intense, les bancs de vase se déplaçant d ’Est en Ouest d ’environ 1 km/an (Prost, 1990). Cette mobilité des habitats potentiels (photos ci-dessous) peut expliquer la variation spatiale dans la distribution des limicoles au cours des années d ’étude (Figure 3, histogrammes).
 
Zone d ’érosion

Une étroite bande de sol ferme inondée à marée haute est jonchée de troncs couchés. Ces types de zones couvrent près de la moitié des côtes guyanaises et attirent peu d’oiseaux.

Bancs de vase

Près de la moitié de la côte guyanaise est formée de grands bancs de vase dont la position varie au cours du temps. La vase molle, caractéristique des zones d ’accrétion, attire plus d ’oiseaux que lorsque elle est plus compacte.

Mosaïque côtière

Des habitats très divers se rencontrent sur l ’ouest guyanais incluant des rizières, des lagunes et des plages sablonneuses.

c) PERSPECTIVES :

Les résultats laissent penser qu’une part importante des petits limicoles hiverne plus au sud.
Des comptages simultanés sur les côtes de Guyane, du Surinam et du Brésil planifiés pour la saison 99/00 pourraient confirmer cette hypothèse. Ces résultats aideront à l ’identification des zones les plus importantes à l ’échelle régionale pour la conservation des oiseaux d ’eau.
 
 

Un programme de baguage des limicoles est en cours depuis 1994 en Guyane, initié par le GEPOG en collaboration et avec le support financier de l’Office National de la Chasse. Cette coopération s’est établie de façon complémentaire à d’autres programmes (Pan American Shorebirds Program, Western Hemisphere Shorebird Reserve Network, etc…).
 
 

a) METHODES :

Les oiseaux ont été capturés sur deux sites en général en utilisant un filet droit et, occasionnellement, un filet projeté :
 
  • Kourou (5°10’N, 52°38’W), 
  • à proximité de Mana (5°7’N, 53°70’W).
 Chaque oiseau a été marqué avec : 
  • une bague métallique  (Muséum PARIS) 
  • une bague ou un flag caractérisant la Guyane (Vert sur Bleu) 
  • une ou deux bagues de couleur indiquant la période de capture (sur une base   bi-hebdomadaire). 
Récemment, certains oiseaux ont été marqués individuellement avec des combinaisons de bagues colorées. Les mesures biométriques et de mue (rémiges) ont été effectuées pour chaque oiseau.
 
 

b) RESULTATS :

1) Nombre d'oiseaux bagués :

2)  Fidélité au site :

 Fidélité inter-annuelle du Tournepierre sur le site de Kourou, Guyane :
 

 Tournepierre 
Arenaria interpres
Recapturés ou observés 
Baguages nbr de bagués
An 1 29
An 2 23
An 3 86
An 4 9
Total 147
 
An 2 An 3 An 4
41.4% (12) 41.4% (12) 5.1% (3)
52,2% (12) 17.4% (4)
32.6% (28)
 -
 
Capture ou observation après 1 an : 52/138 (37.7 %) ; 2 ans : 16/52 (30.76 %) ; 3 ans : 3/29 (5.1 %). Fidélité inter-annuelle du Pluvier semi-palmé sur le site de Kourou, Guyane :
 
Pluvier semi-palmé 
Charadrius semipalmatus
Recapturés ou observés 
Baguages nbr de bagués
An 1 56
An 2 90
An 3 79
An 4 67
Total 292
 
An 2 An 3 An 4
21.4% (12) 5.3% (3) 5.3% (3)
12.2% (11) 10% (9)
19% (15)
 -
 
  Capture ou observation après 1 an : 38/225 (16.9 %) ; 2 ans : 12/146 (8.21 %) ; 3 ans : 3/56 (5.3 %).
 
         Les résultats des recaptures physiques et visuelles d’oiseaux marqués montrent un taux de fidélité au site d’hivernage élevé pour certaines espèces, atteignant 38% de taux de retour pour les Tournepierres. 

         De plus, des Tournepierres ont été régulièrement recapturés au cours d’une même saison (jusqu’à 10 recaptures), faisant la démonstration d’une présence d ’au moins 9 mois sur une même zone. 

         Des Bécasseaux semi-palmés capturés dans les années 1991/92 continuent de revenir 4 et 5 ans plus tard dans la même zone d ’hivernage (respectivement 3 et 1 individus).


 

3) Où vont les oiseaux vus en Guyane ?

  Origine des oiseaux bagués à l'étranger et observés en Guyane et observations étrangères d'oiseaux bagués en Guyane :

La cartographie des recaptures tend à confirmer les voies de migration  majeures connues.

Plus au sud, les observations suggèrent un besoin de coopération plus marquée entre les bagueurs sud-américains ainsi que le développement d’études dans la région Caraïbe.
 
 

c) DEVELOPEMENT :

La fidélité aux sites d’hivernage pour les migrateurs neotropicaux-neartiques est mal connue. Néanmoins, la preuve d’une fidélité aux sites d’hivernage pour certaines espèces sera à prendre en compte dans l’aménagement et la conservation des habitats en Guyane et dans le cadre  de la conservation de l’ensemble des populations néotropicales.

Nous espérons que les personnes impliquées dans des programmes de baguage dans les zones de reproduction ou d’hivernage nous contacteront si ils observent des limicoles bagués avec des bagues bicolores “Vert sur Bleu” !!



 

Morrison & Ross, 1989. in :
      Atlas of Nearctic shorebids on the coast of South America
Prost, 1990.  ORSTOM, Cayenne
 
  Cette page à été faite à partir de posters réalisés par : Transcription en HTML : Benoît VIALLET ** Nous remercions le Ministère de l’Environnement, le Conservatoire des Espaces Lacustres et du Littoral et le Canadian Wildlife Service pour leur support financier à cette étude.

Nous remercions Guy Jarry  du Centre de Recherche des Populations d’Oiseaux ( CRBPO ) / Muséum d’Histoire Naturelle de PARIS pour sa précieuse participation à l’étude.

Nous sommes reconnaissants à toutes les personnes du GEPOG, LPO, ONC qui ont participé à cette étude,  Laurent Cadamuro et Cécile Richard-Hansen (GEPOG) pour leur aide dans la préparation de ce poster et Micheline Maxwell et Hubert Géraux pour leur participation aux bagages.
 

PHOTOS: Eric HANSEN CHAFFARD et Hubert GERAUX.
 

G.E.P.O.G. - 509, route de Bourda - 97300 CAYENNE - Tél. / Fax. : ( 05 94 ) 29 46 96 mailto:ASS.GEPOG@wanadoo.fr