IV L’APPORT DE DOCUMENTS AUTHENTIQUES

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     4.1. Critères de sélection

 

     L’étude de la culture ne peut se faire sans l’apport de documents authentiques qui montrent des aspects culturels de la société étrangère. Zarate (1986) affirme même que les documents authentiques doivent valoriser le progrès, c’est à dire qu’ils doivent montrer une société dynamique, actuelle et innovante. Cela ne signifie pas qu’il faut montrer à peine des aspects positifs de la culture étrangère, au contraire, les documents authentiques doivent susciter des débats qui permettent d’aboutir à des opinions positives ou négatives, ou même les deux ensemble.

     Kramsch (1984) définit deux techniques d’utilisation des documents authentiques: celle par implantation où la culture française se retrouve réduite à quelques aspects seulement et celle par thèmes (ou dossiers). Cette deuxième technique, même si elle ne renforce pas les stéréotypes, a le gros inconvénient de manquer de cohérence. En effet, les dossiers sont clairement séparés, or la culture étrangère est un regroupement de tous les dossiers liés entre eux. Zarate (1986), même si elle est d’accord sur la faiblesse de cette technique, affirme que la présentation de la culture étrangère par thèmes est bénéfique. En effet, cela permet de garder que ce qui nous intéresse (esprit de synthèse), et cela permet également à l’enseignant de perdre son statut de seul détenteur du savoir. Il devient à travers cette technique un intermédiaire, et l’apprenant prend une part d’initiative considérable.

     Toutefois, le choix des documents authentiques ne peut se faire sans suivre des critères stricts. De Carlo (1998) en cite trois importants: celui de la pertinence, de la performativité et celui de l’exploitivité. En ce qui concerne le premier critère, De Carlo entend par pertinence le fait que le document doit au moins contenir un élément connu de l’élève, pour qu’il ait la possibilité de découvrir d’autres éléments. D’un autre côté, le document doit être de bonne qualité (émission et réception) et doit permettre une bonne gestion du temps. Enfin, De Carlo (1998) ajoute que le document doit être facilement exploitable, qu’il aide à procurer des activités diversifiées et en cohérence avec le programme, tout en ayant le souci de motiver les élèves.

     De son côté, Zarate (1986) définit trois critères légèrement différents. Il faut selon elle que le document ait un contexte et qu’il soit réaliste. Ensuite, le document doit pouvoir démontrer que la culture étrangère est tout aussi complexe que la culture maternelle afin de contrarier les idées simplistes des élèves qui pensent le contraire. Enfin, dans le document ne doit pas seulement apparaître une réalité superficielle mais aussi une réalité qui à première vue n’existe pas et qui en fait est bien réelle.

 

     4.2. Quels documents?

 

     Selon Zarate (1986), les documents les plus intéressants à exploiter sont les récits de vie. En effet, ils ont la particularité de valoriser non pas un système mais un personnage. Ici, l’exceptionnel n’est pas recherché, à peine sort-on de l’anonymat une personne quelqueconque, qui d’une certaine façon par certains traits ressemble au lecteur. Ainsi, les récits de vie sont un témoignage des aspects culturels de la société étrangère, ce qui amène alors une réflexion sur les problèmes de l’identité sans pour autant les généraliser.

     De Carlo (1998) de son côté, est d’accord avec Zarate mais apporte plusieurs précisions. Les récits de vie ou les textes littéraires devraient représenter des situations conflictuelles et inattendues, contenir plusieurs points de vue, présenter des jugements de valeur et enfin orienter le regard du lecteur vers les usages et non seulement sur les objects eux-mêmes. Bien qu’auparavant le texte littéraire avait une grande importance, il s’est avéré que son écartement récent n’a pas été positif. De Carlo (1998) suggère donc qu’il faut redonner de l’intérêt au texte littéraire, car il est le lieu emblématique de l’interculturel, où se rencontrent les cultures, les préjugés, les mécanismes de construction de l’identité.

 

     4.3. L’utilisation du manuel

 

     Le manuel est un appui nécessaire au cours de Français langue étrangère. Mais il faut savoir bien le choisir. Huhn, cité par Byram (1992), dit que le choix du manuel doit être fait en fonction de l’exactitude et la contemporanéité de l’information, de l’apparition des stéréotypes qui doivent être clairs afin que les élèves en soient conscients, du réalisme de l’information, de l’indépendance par rapport à toute idéologie, des phénomènes présentés dans des contextes et de l’importance de la présentation des éléments historiques. Andersen et Risager, que Byram (1992) cite aussi, définissent d’autres critères. Selon eux, les manuels doivent présenter des normes et valeurs qui font partie de la conscience des individus, ils doivent présenter aussi la nature des relations sociales à travers l’interaction verbale et non verbale, des informations explicites concernant le(s) pays (histoire, géographie, société, etc.) et des variétés de langue correspondant aux divers groupes sociaux.

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