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Chroniques du 23 Janvier.

Sommaire :

667

La mort d’un saint d’une popularité énorme en Espagne, Ildefonse de Tolède.

D’origine germanique, on pense qu’il appartenait à une noble famille gothique, installée à Tolède, c’est dans cette ville qu’il naquit au début du VIIe siècle (606 ?) et que, jeune encore, il entra au monastère d’Agali, situé dans ses faubourgs. Il y déploya une activité littéraire importante, en devint abbé, et comme tel prit part aux VIIIe (653) et IXe (655) conciles de Tolède. En 657, il fut élu au siège métropolitain de Tolède, où il montra son zèle surtout par des écrits. Il mourut le 23 janvier 667 et fut enseveli dans l’église Sainte-Léocadie.

Une grande partie des écrits d’Ildefonse sont perdus et ne sont connus que par leur titre. Ceux qui restent le montrent comme un directeur d’âmes, excitant ses lecteurs à la dévotion et exposant avec une chaleur communicative des idées fidèles à la tradition patristique. Il jouit en Espagne d’une grande popularité. Le traité " De la connaissance du baptême "  présente le catéchuménat et la liturgie du baptême au VIIe siècle. " Le Progrès du désert spirituel "  décrit selon la tradition patristique la montée de l’âme, en l’assimilant à la marche du peuple hébreu vers la Terre promise. " Le traité Sur la virginité de Marie "  se contente de reprendre les idées développées par saint Jérôme, mais sa ferveur lui a valu une large influence dans le développement de la théologie mariale.

1619

Reconnaissance par le Pape Paul V de la complète autonomie de la Congrégation des Capucins.

Ces religieux font partie d’une des trois branches actuelles de la famille franciscaine. Cette congrégation a été fondée en 1528 à Montefalco, en Ombrie ; elle est due à l’initiative d’un jeune " observant ", le moine italien (Matteo de Bascio) Matthieu de Basci. Prétendant restaurer la vie franciscaine primitive jusque dans la manière de se vêtir, les premiers " frères mineurs de la vie érémitique " attirèrent immédiatement l’attention par la forme originale de leur capuche, long et pointu. Le sobriquet populaire de " capuccini "  devint rapidement, dès le milieu du XVIe siècle, leur nom officiel. Ce surnom provient de la " capuche " qui les couvrait en hiver.

Clément VII, en les approuvant le 13 juillet 1528, les avait maintenus dans une certaine soumission au ministre général des Conventuels ; la pleine autonomie leur fut accordée par Paul V le 23 janvier 1619. L’ordre compte en France deux cent cinquante et un pères en 1994 et, hors de France, cinquante capucins d’origine française.

Un ordre de religieuses capucines, en fait une branche de l'ordre des clarisses, fut fondée à Naples en 1538.

1719

Naissance d’une Principauté d’opérette, mais Banque des banquiers, le Liechtenstein.

Le Liechtenstein est un État de 160 km2, situé entre les cantons suisses de SaintGall et des Grisons et la province autrichienne du Vorarlberg. Le Rhin lui sert de frontière commune avec la Suisse sur près de 30 kilomètres ; les Alpes, prolongement de la chaîne rhétique, forment une dorsale nord-sud culminant au Grausspitze (2 599 m). Sa population est de 29 300 habitants en 1992, dont 36 p. 100 d’étrangers (16 p. 100 de Suisses). La capitale, Vaduz (5 000 hab.), est dominée par le " Burg " princier.

Vestige du Saint Empire, élevé au rang de principauté en 1719, le Liechtenstein, qui doit sa souveraineté à Napoléon Ier, est une monarchie constitutionnelle ; le prince régnant est assisté d’un gouvernement collégial de cinq membres, dirigé par un chef de gouvernement, véritable détenteur du pouvoir, et d’une diète de vingt-cinq membres. L’allemand y est la langue nationale et le catholicisme, religion d’État.

Au point de vue international, le Liechtenstein s’est uni par des liens très étroits à la Suisse (union douanière, monétaire et postale), qui en assure la représentation extérieure, mais il est néanmoins un État souverain.

Petit État sans ressources naturelles, le Liechtenstein est pourtant l'un des pays les plus riches du monde. Le produit national brut (PNB) moyen atteint 35 000 dollars par habitant, dépassant la Suisse dont ils sont les Banquiers depuis plus d’un siècle.

L'économie, très diversifiée, compte des secteurs forts tels que l'industrie, la finance et le tourisme. L'agriculture, fondement de l'économie avant la Seconde Guerre mondiale, emploie aujourd'hui moins de 2 p. 100 de la population active contre 57 p. 100 pour le secteur secondaire. La croissance a été favorisée par un régime fiscal avantageux et des lois bancaires qui ont permis (comme en Suisse) à la principauté de devenir une place financière internationale. On estime à 100 000 le nombre de sociétés étrangères qui ont installé leur siège au Liechtenstein. Le pays entretient d'étroites relations avec la Suisse. Le franc suisse est la monnaie nationale du Liechtenstein. Les deux pays ont instauré une union douanière depuis 1924. Le minuscule marché intérieur du Liechtenstein impose que la majorité des produits industriels soient exportés. C'est le cas notamment des métaux, des machines, des instruments de précision, des produits pharmaceutiques, des produits alimentaires et des prothèses dentaires. L'impression et la vente des timbres-poste, ainsi que le tourisme (plus de cent mille visiteurs par an), représentent 4 p. 100 du revenu national annuel.

La population ne dépasse pas les 31000 habitants.

1783

Naissance à Grenoble d’un des géants de la littérature française, Henri Beyle, dit Stendhal.

Ses premières années furent malheureuses : sa mère, qu'il adorait, mourut en couches alors qu'il avait sept ans. Confié à sa tante Séraphie, il se révolta contre son percepteur, l'abbé Raillane, puis contre son père, qui incarnait pour lui le rigorisme moral le plus insupportable et toute la mesquinerie étroite et avaricieuse de la bourgeoisie qu'il avait en horreur. Le seul membre de sa famille avec lequel il eut une relation d'affection et de complicité était son grand-père Gagnon, vieux philosophe plein de sagesse et favorable aux idées révolutionnaires.

Après ses humanités, le jeune Henri Beyle entra à l'École centrale de Grenoble, puis se rendit à Paris pour y poursuivre ses études de mathématiques. Il songea un moment au concours de l'École polytechnique, mais y renonça pour s'engager dans l'armée de Bonaparte (1800) et devint sous-lieutenant de dragons dans l'armée d'Italie. Sans doute hanté par le souvenir presque amoureux d'une mère d'origine italienne, il s'enthousiasma pour ce pays et pour sa culture et commença, dès 1801, à reporter ses impressions de voyage dans son Journal (posthume, 1888-1935).

De retour à Paris en 1802, il se mit à écrire, avec l'ambition de composer "des comédies comme Molière". Il y mena un temps une vie mondaine de dandy, fréquentant les salons et les théâtres, puis, sans doute faute de mieux, reprit du service dans l'Intendance (1806), et accompagna l'armée de Napoléon en Allemagne, où la petite ville de Stendal lui fournit son futur pseudonyme. Sa carrière se poursuivit avec régularité et ennui : adjoint aux commissaires des guerres, chargé de missions diplomatiques sous les ordres du comte Daru à Strasbourg, à Vienne et à Linz (1809), il fut nommé auditeur au Conseil d'État en 1810 puis inspecteur du mobilier et des bâtiments de la Couronne. C'est dans le cadre de ces fonctions qu'il se lia avec Mérimée et qu'il renoua avec cette existence raffinée et brillante qu'il avait connue lors des premières années passées à Paris.

La chute de Napoléon et le régime de la Restauration mirent une fin brutale à sa carrière, le jetant dans l'incertitude et la précarité, mais le rendant aussi à sa liberté. Après avoir participé à la campagne de Russie, il repartit pour l'Italie et, décidé à devenir lui-même milanese et citoyen italien, s'installa à Milan, où il put succomber aux plaisirs de la musique et de l'amour.

Après une liaison orageuse avec une belle italienne, Angela Pietragrua, il s'éprit de Métilde Dembowska, sans voir sa passion payée de retour. C'est à Milan qu'il fit paraître " Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase " (1814), une " Histoire de la peinture en Italie " (1817) et surtout un essai, " Rome, Naples et Florence " en 1817, qui, signé pour la première fois du nom de Stendhal, marquait le début de sa véritable carrière littéraire.

Contraint de quitter l'Italie par dépit amoureux mais plus encore pour des raisons politiques – les Autrichiens lui reprochaient ses sympathies à l'égard des libéraux italiens – , il rentra à Paris, où il fut assez bien reçu par la société mondaine et dans les milieux romantiques. La fréquentation des salons ne parvint pourtant pas à lui faire oublier sa passion malheureuse pour Métilde. Cet amour déçu lui inspira une analyse de l'amour (" De l'amour ", 1822), qui contenait sa théorie, devenue fameuse, de la "cristallisation".

Suivit un essai sur le théâtre, " Racine et Shakespeare " (1823 et 1825), où il prenait nettement parti pour la passion, le mouvement et la vie de l'œuvre de Shakespeare contre la perfection froide et figée des tragédies de Racine, pour le romantisme contre l'esthétique classique.

" Armance "(1827), le premier roman d'un jeune écrivain de quarante-trois ans, nourri par les premières années de la vie de l'auteur, ses études et ses débuts mondains, raconte l'amour qui unit Octave, jeune homme brillant et taciturne, à sa cousine Armance. Après une suite de malentendus — pour diverses raisons, les amants répugnent à s'avouer mutuellement leurs sentiments —, Octave abandonne Armance et part mourir pour la libération de la Grèce, sans avoir révélé les motivations de ses actes. Par sa vivacité et surtout par les thèmes abordés (l'analyse de l'âme du héros masculin, notamment), ce premier récit annonce les chefs-d'œuvre à venir.

En 1830, Stendhal publia son chef-d'œuvre, " le Rouge et le Noir ", qui passa presque inaperçu. La même année, il fut nommé consul de France à Trieste, puis à Civitavecchia l'année suivante. C'est dans ces circonstances qu'il entreprit la rédaction d'un nouveau roman, " Lucien Leuwen " (posthume, 1855), mettant en scène un jeune homme épris d'absolu, qui semblait un double bien né de Julien Sorel, le héros du roman " le Rouge et le Noir ". L'écrivain, peut-être parce qu'il comportait une critique trop directe du régime de Louis-Philippe, laissa ce récit inachevé.

Parallèlement, Stendhal rédigea ses écrits les plus directement personnels : les premières pages de ses " Souvenirs d'égotisme " (également inachevé) et son autobiographie, " Vie de Henry Brulard " (posthume, 1890), où il emprunte un pseudonyme transparent et qui est une clef intéressante pour décrypter l'œuvre romanesque.

Les écrits personnels de Stendhal, son Journal ou ses textes autobiographiques, expriment une conception du bonheur individuel comme but de l'existence, invitent à jouir de l'instant présent avant qu'il ne s'enfuie, proposent enfin une idéologie de la passion, de l'énergie et de la volonté, bref, un art de vivre qu'on a appelé du nom de son auteur, le " beylisme " et que lui-même désignait du nom d'" égotisme ".

Cette philosophie nourrit également tous les romans, et surtout " la Chartreuse de Parme ", qu'il publia en 1839 et qui se donne comme un hymne à l'amour et au bonheur. À l'image de leur créateur, les héros stendhaliens (Julien Sorel, Fabrice del Dongo, Lucien Leuwen, Octave), si bien intégrés au monde et cependant si parfaitement détachés des idéaux communs, ne cessent de rappeler, avec leur créateur, que " l'art est une promesse de bonheur ".

En congé à Paris de 1837 à 1838, Stendhal donna encore à la " Revue des Deux Mondes " quelques-unes de ses " Chroniques italiennes " (posthume, 1855), puis se rendit en province en vue d'écrire une relation de voyage qui lui valut d'être considéré comme l'inventeur du tourisme (les " Mémoires d'un touriste ", 1838).

Rentré à Civitavecchia, il entreprit un dernier roman, " Lamiel " (posthume, 1899, inachevé) et publia " Idées italiennes " sur quelques tableaux célèbres (1840). Victime d'une crise d'apoplexie, il revint précipitamment à Paris, où une nouvelle attaque l'emporta, le 23 mars 1842.

1899

La naissance à New-York, d’un monstre sacré, l’acteur mythique Humphrey Bogart.

J’en ai parlé le 14 Janvier à l’occasion de l’anniversaire de sa mort (1957). Référez-vous donc à cette Chronique.

 

1943

Rencontre de Casablanca, l’avenir de la future France libre se décide entre de Gaulle et Giraud. Henri Giraud est le général français pressenti par les Américains pour prendre la tête de la France libre et contrer De Gaulle que les Américains n’acceptent pas. La rencontre entre les deux leaders a lieu à Casablanca en présence de Churchill et de Roosevelt.

Né en 1879, brillant officier d’infanterie pendant la Première Guerre mondiale, Henri Giraud participe ensuite à la guerre du Rif, puis devient professeur à l’École de guerre (1927-1929). Général en 1930, il retourne au Maroc. En 1936, il est gouverneur militaire de Metz et, en 1939, il commande la VIIe armée. Le 15 mai 1940, il est nommé à la tête de la IXe armée en remplacement du général Corap, mais la percée allemande autour de Sedan se confirme. Il est fait prisonnier le 18 mai. Il s’évade en avril 1942 de la forteresse de Königstein, rejoint Vichy, puis passe en zone libre et parvient à Alger où il va jouer un rôle décisif. C’est là qu’il prend la tête du "groupe des cinq", où entrent notamment Lemaigre-Dubreuil, Jean Rigault et Henri d’Astier de La Vigerie, qui prépare le réarmement de l’Afrique du Nord et son entrée en guerre aux côtés des Alliés.

N’étant pas averti par les Américains du projet de débarquement de novembre 1942 à Alger et à Casablanca, Giraud ne pourra empêcher des combats entre les troupes alliées et l’armée fidèle à Vichy. Il représente Vichy, mais dans la tendance patriote très hostile aux Allemands, et il va être un temps soutenu par les Américains qui souhaitent faire entrer l’Afrique française dans la guerre et voient en Giraud la "troisième voie" entre Pétain et De Gaulle. Dans cette optique, le général Giraud ne reconnaît aucune autorité particulière à De Gaulle.

Au lendemain de l’assassinat de l’amiral Darlan, il est nommé, par le Conseil impérial, haut-commissaire en Afrique française et commandant en chef des armées. Il va s’en tenir à la politique de Darlan, affirmant qu’Alger prend la suite de Vichy, provisoirement empêché d’exercer son autorité légitime. Pendant les cinq mois où il gouverne seul, il mène une politique d’apaisement. Il semble qu’il soit surtout très préoccupé de rassembler toutes les forces disponibles pour lutter contre les armées du Reich. Dans ces conditions, l’unité française est largement ouverte à tous.

Giraud rencontre De Gaulle à Anfa-Casablanca en présence de Roosevelt et de Churchill le 23 janvier 1943. C’est un échec. En mai 1943, De Gaulle s’installe à Alger. Les deux généraux vont présider ensemble le Comité français de libération nationale. Giraud, nommé commandant en chef des Forces françaises libres, est de fait éliminé du pouvoir politique.

En octobre, la Corse est libérée de l’occupation allemande avec l’appui de l’armée : nouveau succès de Giraud après la libération de la Tunisie. Dans le même temps, minoritaire au sein du Comité, il en est éliminé. L’hostilité grandit entre partisans des deux généraux, tandis que se développe l’influence politique de De Gaulle. Celui-ci prend toute une série de mesures que l’on avait attendues de son rival et qui marquent la rupture complète avec Vichy. Le Comité d’Alger commence alors la mise sur pied des mesures d’épuration qui frapperont les tenants de la collaboration ou du régime de Vichy. Giraud s’efface.

En novembre 1943, il n’est plus membre du gouvernement et n’exercera ensuite que des fonctions militaires qui lui seront retirées le 14 avril 1944. Après la guerre, il est vice-président du Conseil supérieur de la guerre jusqu’en 1948. Il sera inhumé aux Invalides.

Le général Giraud a écrit " Mémoires, Mes Évasions ", " Alger 1942 –1944 " et " Un seul but, la victoire ".

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 30/01/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !