5.3 RENCONTRE PRESQUE FORTUITE n°2

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Je me fixais à nouveau sur le siège de pilotage, et je parcourus la moitié du voyage sans que la terrible douleur ne m'envahisse encore. Sans doute provenait-elle du choc de rematérialisation que je venais d'essuyer.

Je me rassurais en pensant que, ma mission accomplie, le Créateur n'avait aucune raison pour m'infliger un tel châtiment. Je lui demandais pardon d'avoir douté de sa clémence, même si je ne savais pas pourquoi je redevenais ce simple mortel fait de chair et de sang.

Le trajet se poursuivit sans problèmes, et je reprenais peu à peu confiance en moi. Je devais élaborer une stratégie pour convaincre la population Drhyz, et en premier lieu le conseil du Grand Magellan, du bien-fondé de ma théorie du feuillet synthétique et du Projet Final dont le Créateur m'avait informé.

Ma seule réapparition sur Drhyz 08 ne constituerait pas une preuve suffisante, les programmations des vaisseaux intergalactiques sur d'aussi longues distances n'étant pas infaillibles à 100%. J'optais pour une solution de camouflage : échapper aux sondes radars et me poser sur une zone peu habitée de ma planète. Je pourrais ensuite rejoindre une agglomération et me procurer des vêtements courants.

Satisfait de ce plan, je me permis une autre pause de sommeil, en gardant au bout de mes deux doigts les petites capsules calmantes.

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Je me reposais paisiblement depuis près de 3 U. quand un sentiment étrange me réveilla. Je me raidi par réflexe en m'apprêtant à crever avec le pouce la première dose d'enképhaline mais il s'agissait d'autre chose. Je regardais autour de moi, tout se déroulait comme prévu, et la sphère de contrôle annonçait l'approche du dernier tunnel de basculement avant mon arrivée dans le système astral Drhyz.

Pourtant, je restais convaincu que quelque chose d'anormal se produisait. Je décidais une fois encore d'interrompre le système de vol automatique et de vérifier l'ensemble de la salle de pilotage.

L'ordinateur annonça :

" Pression intérieure caisson : normale ; Gaz caisson : normal ; ultra-réduction de vitesse demandée"

Je me débarrassais déjà de mon encombrant accoutrement.

Je fis quelques pas dans la capsule pour m'approcher des larges hublots latéraux. A l'extérieur, l'espace sombre s'étalait à perte de vue.

Des étoiles lointaines scintillaient, je traversais une zone cosmique désertique. Je me mis à vérifier le bon fonctionnement de l'opacifiant, et la vitre prit une teinte métallique ; le problème venait d'ailleurs. J'entrepris alors d'ouvrir systématiquement tous les compartiments de survie mais rien ne manquait : combinaison de rechange, trousse médicale, réserve de nourriture ; même le système de vibrations musicales était bien à sa place - d'ailleurs qui aurait bien pu l'en enlever ?  Mais mon intuition tenace ne me lâchait pas. Elle m'incita à interroger l'ordinateur du bord.

La machine assura que le voyage se déroulait normalement en énumérant :

" Déviation sur la trajectoire programmée : 0 - Carburant consommé : 2,8 % - Gaz respirable consommé : 0,1% - Température interne : 4l~ ; température externe : --83v- Aérodyne apte A poursuivre son vol."

J'admis que mon intuition défaillait mais je questionnais une dernière fois, par acquis de conscience, le cerveau de la machine volante:

" Autres données disponibles ?"

Sur un petit écran témoin, l'ordinateur inscrivit :

" Zone cosmique traversée : F24/*123 - Vitesse O, 2bs - Nombre de passagers : 2 "

Un frisson parcourut tout mon corps et provoqua une pilo-érection du fin duvet qui recouvrait encore mes avant-bras.

Je secouais ma tête, et je relus la dernière information qui indiquait bien : " nombre de passagers : 2 ".

Je regardais autour de moi, personne d'autre ne m'accompagnait dans cet engin. Je pensais soudain à l'unique endroit où un intrus éventuel pouvait se glisser : dans le réduit qui contenait les scaphandres de sortie en atmosphère létale. Je me dirigeais devant sa porte et en saisis la lourde poignée. Je renouais avec ce sentiment dont le Créateur avait doté la plupart des organismes vivants : la peur.

Je déverrouillais cependant la fermeture et, je vis jaillir de l'obscurité deux éclairs, bleus comme des lapis lazulis, qui éclairaient le visage de Jacqueline.

 

la suite

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