8.6 REMISE EN ETAT

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J'étais maintenant au fait de toutes les informations que j'attendais, et la priorité allait à la remise en état de ma planète.

Environ dix mille mutants occupaient encore Drhyz 08 et nous devions nous en débarrasser vite.

Je proposais à Jacqueline de m'accompagner au laboratoire des recherches, et nous enfilâmes à la hâte nos scaphandres.

Dans ce couloir du hall, le corps ensanglanté de Mioxe gisait toujours. A sa vue, ma jeune compagne eut un réflexe de recul mais nous devions tous deux dépasser notre aversion ; ce cadavre nous servirait de leurre pour piéger les mutants.

Je l'attrapais sous les aisselles et je fis signe à Jacqueline de le soulever par les pieds en direction de la salle d'hygiène. Nous entreprîmes alors son toilettage minutieux et, quand il fut parfaitement propre, nous le montâmes dans le laboratoire d'observation. La rigidité du corps nous permit de l'adosser contre la sphère de contrôle.

J'orientais manuellement l'émetteur d'hologrammes dans sa direction en réalisant un cadrage suffisamment large pour que les détails passent inaperçus ; " un plan américain ", comme disent les Terriens.

Je saisis un microphone, et je m'installais hors champ pour un play-back. Jacqueline envoya la diffusion, et je lançais le faux message dans toute la mégapole de Ghya :

-" Frères des planètes 87 et 74, Mioxe s'adresse à vous. Le Grand Magellan est mort. Kuhing est parvenu à détruire nos planètes, mais il a rejoint à son tour le grand néant. Désormais Drhyz 08 nous appartient. Retrouvons-nous tous, d'ici 3 U., dans l'enceinte du stade des démonstrations sportives, pour organiser notre prise de pouvoir. Notre grand règne sur le réseau Drhyz et sur tous les univers, commence !"

Jacqueline interrompit l'émission. Le piège était tendu, je devais maintenant le refermer.

Je descendis dans le laboratoire d'essais avec la même idée en tête que, pour fabriquer une arme, peu importait l'instrument si la volonté de détruire était assez forte. Jacqueline me suivait en s'interrogeant sur ce que j'allais encore inventer. Je m'emparais d'un traxinotron, et nous montâmes pour embarquer sur une des bouées de transport stationnées sur le toit.

Moins d'une U. plus tard, nous survolions le stade bourré de mutants. Je questionnais l'ordinateur du bord : 10.234 mutants avaient répondu à l'appel et attendaient dans un puissant vacarme l'arrivée de leur chef Mioxe. Je saisis le traxinotron puis je dirigeais son rayon sur les murs épais qui entouraient les gradins. L'effet attendu fut immédiat. La structure minérale qui composait les parois du stade se déforma puis, sous les regards ahuris des mutants, elle se liquéfia pour les engloutir et les fossiliser à jamais.

Cette fois-ci, la guerre était complètement gagnée. Je lançais un appel à la population pour qu'elle récupère sa planète et qu'elle se mette au travail, afin de réparer les dégâts.

Les Drhyz sortaient peu à peu de leurs habitations, et s'organisaient spontanément à la reconstruction de Ghya. Exceptionnellement, la durée du temps de travail de la période à venir serait quadruplée. Nous retournâmes Jacqueline et moi vers mon habitation avec la ferme intention de savourer un repas bien mérité.

Nous montâmes au cinquième niveau qui accueillait habituellement ce genre d'activités. Je sortis deux doses de plancton lyophilisé et un grand flacon rempli de jus de coléoptile. Je pensais soudain aux ravages que l'amorce du Big-crunch avait produit sur nos réserves naturelles, et je fis part de mes soucis à Jacqueline à ce sujet. Elle me répondit que le génie génétique des Drhyz arrangerait ça en moins de 500 U. Elle avait bien sur raison, je m'inquiétais pour rien.

Jacqueline regarda sa ration de plancton qui ressemblait à une pâtée verdâtre, il est vrai peu appétissante pour un humain, et dit :

-" Pour moi ce sera des fraises, avec un peu de crème fraîche et beaucoup de sucre."

Je fis gentiment remarquer à mon interlocutrice, qu'à moins qu'elle utilise également le comique de répétition, une boutade du même cru était sortie de sa bouche et en ces lieux même, peu de temps auparavant. Jacqueline me regarda avec le plus grand sérieux et déclara solennellement:

-" Mais, cher Kuhing, je ne plaisante pas le moins du monde. D'ailleurs, sais-tu qu'il ne faut jamais contrarier les envies d'une femme qui attend un bébé ?"

-" Quoi, m'étonnais - je, cette histoire de maternité ne faisait pas également partie du registre humoristique de ta planète ?"

La jeune femme déboutonna sa combinaison et me montra son ventre déjà rebondi.

-" Et celle-la, tu la trouves rondement drôle, n'est - ce pas ? " Dit-elle.

la suite

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