Chapitre 01 :

Le permis de conduire américain



A/ Intro

Nous voici arrivés au 20 juillet 2003.
Nous sommes installés et il faut que je passe le test pour « renew » mon permis de conduire.
Il paraît que c’est à pisser de rire tellement les questions sont faciles. Il y a même eu un gars sur le forum www.Bostonfr.com qui m’a dit que si j’échouais, je méritais d’être immolé ou même lapidé … vaste programme.

Je flippe quand même un peu.
Alors je potasse le manuel.
D'ailleurs, pour faire bien sur mon site, voici un lien vers le manuel de conduite US : http://www.state.ma.us/rmv/dmanual/index.htm.

C’est Heather qui m’a finalement forcé la main en organisant la journée du Jeudi 24 juillet : y incluant le passage de permis …

Finalement, ça ne s’est pas tout à fait passé comme ça …

B/ Written test

Premier essai : Vendredi 25 juillet 2003

Je me présente au guichet du bâtiment 'QVB' à Boston. Il était à peu près midi.
La dame au guichet d’entrée me présente un formulaire jaune avec un numéro sur un ticket (genre B 257), et m'indique l'étage du dessus.
Je monte au premier, pénètre dans ce qui visiblement était une salle d'attente, et j’attends …
Et les numéros passent : C150, C155, c149, …, B155, B178, …, B350, B18, B240, B258, … et cette farandole bizarre continue, et continue, comme ça pendant environ 1h30.
Imaginez-vous attendre votre tour sans même savoir si vous l’avez raté ou pas.
Les numéros ne se suivaient pas, et tout le monde était obligé de fixer en permanence le prompteur pour suivre …

Éprouvant.

Et puis mon numéro sort, comme pris au hasard dans le chapeau d’un magicien fou.
Ouais !!!!
J’avais passé cette heure et demi à potasser le bouquin de conduite (en relevant la tête toutes les minutes et demi pour vérifier le numéro sortant).
Je vais enfin passer mon permis !!!

Tout ce que la dame au guichet a pu me dire était que je devais présenter 4 preuves de mon identité et de ma résidence dans le Massachusetts. Dommage, je n’en avais que 3.
A toutes mes questions, elle n’a daigné répondre qu’en me répétant la même phrase encore et encore :

« … 4 preuves de mon …. ».

Remarquez, il m’a tout de même bien fallu 4 ou 5 répétitions avant que je ne saisisse le sens de sa logorrhée. Elle avait cet accent gras que les noirs peuvent avoir certaines fois. Cet accent qu’on n’entend que dans les films américains et dont on pense qu’il est forcé (pour le côté pittoresque).

Et bien pas du tout.

Il existe bel et bien des gens comme ça, qui ne font aucun effort ni de prononciation ni d’articulation. Ce genre d’être qui passe ses journées écroulé sur son siège, affichant ouvertement et sans aucune gène un ennui mortel, une morgue sans égale, un mépris infini de tout ce qui les entoure, comme si tous les malheurs du monde avaient décidé, d’un commun accord, de s’acharner sur eux, en plus de les obliger à travailler bien sûr.
Et puis ça vous regarde l’air de dire :

« Pauv’ gars, tu ferais mieux d’aller nettoyer mes chiottes avec ta langue »
« et puis de toute façon, je m’en fous, j’ai la sécurité de l’emploi … »

le tout sur un ton qui sous-entend, que le titre de fonctionnaire lui confère le droit séculaire de rendre justice, de battre monnaie et d'entrer à cheval dans les églises.

Ca ne vous rappelle rien ?
Moi, elle me faisait l’effet d’avoir subi des stages de formation en France :

le genre « stage aux PTT », ou même « stage dans l’administration Française ».

Ce « petit parfum de France » ne me rendait pas vraiment nostalgique, et malgré tout je commençais à avoir le mal du pays …
Étais-je entré dans la cinquième dimension ?
Je compris enfin que l’on ne change pas ce genre d’individu, qu’il est impossible de discuter avec eux, et que je devais m’en aller ... R'au vent mauvais !

Et donc revenir une autre fois.

Second essai : Lundi 28 juillet 2003

Je me re-présente, cette fois avec 5 ou 6 documents (pour être sûr), le lundi suivant, à 13h47 précisément, et mon ticket précisait « 101 personnes avant moi ».
Je suis donc passé environ 2 heures et demi plus tard.
Pour ceux qui veulent avoir une petite idée du nombre de personnes par rapport au temps d'attente, je conseille :
http://db.state.ma.us/rmv/qbranches/boston.shtm pour le RMV de Boston. Le "waiting time" y est indiqué en temps réel.

Et toujours ces numéros qui sortaient sans aucun ordre apparent. Et croyez-moi, plus de deux heures de ce traitement, c’est largement suffisant pour bien apprécier le côté aléatoire de ce qui m’a finalement semblé être un « tirage au sort » plutôt qu’une « file d’attente numérique virtuelle ».

Sauf que là, le papier à remplir était blanc.

« Tiens, c'est marrant, l'autre fois il était jaune . . . »

Encore dommage !
Ce n’est pas le bon papier !
Pas le bon type de numéro !
Pas la bonne file d’attente (numérique virtuelle) !
Pas le bon guichet !
et donc : pas la bonne personne qui aurait eut la bonne formation pour me faire passer le bon test …
Le gars au guichet de l’entrée s’était trompé …

Horreur !

Fort heureusement, la dame au guichet est conciliante et me prépare donc une partie des papiers.
Elle me fait prendre la photo, faire le test d’acuité visuelle et m’enjoint de me présenter immédiatement à son collègue (celui du bon guichet)
Celui-ci analyse les documents et, n’y voyant rien à redire, tamponne, enregistre, imprime, et me rend un petit carton en me disant que

« ... ce permis est un learner’s permis ... » et qu’il faut que je « ... prenne rendez-vous pour le test ... » …

« Quoi, je dois prendre rendez-vous ? Je ne le passe pas tout de suite ? Je suis venu pour ça … !!! »

« Vous venez de le passer, il vous faut à présent faire le ‘Wr€%oadr€€wd%dren ... test’ … »

(pause, silence, hésitation)

« ??? … ??? … Je l’ai passé ??? Ah ? »

« Le ‘french written test’, que vous venez de passer … dans cette salle, là ! »

Et il me montre une salle sur le côté, que j’avais effectivement identifiée comme étant la salle d’examen.

« Je l’ai passé ! … ? »

« Ben oui, vous venez de le faire ! … Non ? »

« Ben, heu, je crois … Oui ! ... Non ?»

« Rendez-moi le carton que je viens de vous donner ! »

Et je lui rends le précieux bout de carton … en me demandant tout de même si j’avais bien fait d’ouvrir ma gueule … et puis, pris d’un doute affreux, je lui demande :

« J’aurais dû ne rien dire … non ? »

Et d’un signe gêné de la tête il me confirme.

« Je crois, oui. Espérons que vous réussirez le test … » me dit-il en me présentant la feuille de papier blanc, mal polycopiée qui allait me servir de support.

C’est à ce moment là que j’ai percuté :
                L’espace de quelques secondes, j’avais obtenu mon permis ! Et ce, sans test, aucun ! Comme ça, par une faille du système.
Une faille dont j’aurais pu profité si j’avais su fermer ma bouche. Mais ça, c’est quelque chose que je maîtrise très mal … une de ces concepts abscons que vous comprenez vaguement sans vraiment le comprendre.

Je passe donc 20 minutes dans la salle d’examens, à insulter Dieu et mon éducation (Ma maman, qui a corrigé ce texte, me prie de laisser sa remarque : « merci pour les parents »)
M'enfin … ça n’était pas première fois que mon honnêteté (ma connerie, oui) me jouait des tours, et ça ne serait très certainement pas la dernière fois …

Le plus drôle , dans l’histoire, c’est que le test, traduit en Français, avait du l’être avec un site web genre « babel fish », mais n’avait pas été re-corrigé pour « sonner » Français.
C’était traduit mot à mot, et visiblement pas un américain qui n'avait que de vagues notions de ... québécois ...
C'en était presque risible tellement la traduction pêchait par manque de sens.

C'était du genre :

What does a flashing red traffic light mean ?
Quoi faire un clignotant rouge trafic lumière signifie ?

What must you do if you see or hear an emergency vehicle coming from any direction ?
Que devez-vous faire si vous voyez ou entendez un char d'urgence arrivant depuis toutes les directions ?

When may you use a breakdown lane, shoulder of a road, or a sidewalk for passing ?
Quand pouvez-vous utiliser une ruelle de panne, l'épaule d'une route, ou un trottoir pour le dépassement ?

When does the law require you to use your headlight ?
Quand fait la loi vous demande à user votre lumière de tête ?

What color are stop signs ?
Quelle couleur sont les signes d'arrêt ?

Notez qu'au passage, chacune de ces questions a une réponse.

J’ai donc dû lire chaque question deux fois, une fois en Français (au cas où), et une fois en Anglais pour comprendre la question.
Et puis aussi lire les réponses deux fois (c’était un QCM), pour les mêmes raisons.

Et au final : 20 questions, 4 fautes … je l’ai quand même … (tout juste)

Ouf.

C/ Road test

Le rendez-vous est pris pour le 21 août à 9h30.

Le 15 Août je reçois une lettre m'indiquant que le comptoir en question vient de fermer ses portes et que je dois reprendre rendez-vous ...
Je reprends donc rendez-vous dans une bourgade du nom de Lynn, pour le 04 septembre 2003.

Le rendez-vous est re-pris pour le 04 septembre 2003.

Le jour arrive. Nous nous présentons et c'est un « state trooper » qui nous accueille. Nous sommes les seconds à passer.

Mais « Qu'est-ce qu'un State Trooper ? » me direz-vous.

Le « State Trooper » est une sorte de Gendarme. Mais, malheureusement pour moi, pas comme dans la série de films qui les brocardaient honteusement.
Non.
Un « State Trooper » c'est sérieux.
On ne plaisante pas avec ce genre de gars là. Il connaît son métier sur le bout des doigts. Tout ce qu'il dit est à prendre à la lettre : "Lui, Parole divine" doit être le credo de tout ceux qui croisent sa route. On ne remet pas en cause ce qui sort de sa bouche et tout en lui semble être fait à l'américaine :

Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place.


Il représente l'ordre. Tout en lui transpire ce que peut représenter les mots du genre « ordre, respect, loi, drapeau, honneur, sacrifice ... » enfin bon l'Amérique quoi.

Vous imaginez aisément l'état d'anxiété dans lequel cette confrontation pouvait me mettre, moi, Français, élevé à l'ombre de Brassens (et aussi de Renaud), plaçant la désobéissance civile au niveau d'un art comportemental, comme une vertu à travailler avec patience, afin de pouvoir espérer atteindre la sagesse de mes pères ...
Enfin bon les Cognes, en France, on ne les regarde pas de la même façon qu'ici quoi.

S'adressant à Heather :

« Vous êtes le sponsor ? Ok. Montrez moi votre ID. Ok. »

Puis dans la foulée, s'adresse à moi en me sortant, d'une traite, questions et réponses :

« Vous n'avez pas précisé votre adresse, comment pensez-vous que je puisse savoir où vous habitez ? Votre voiture est ... ? Là, ok, je la vois ! Installez-vous dans la voiture, ceinture bouclée, prêt à partir, et restez-y en attendant que j'arrive. »

Nous lui avions désigné notre voiture, et puis, bon, ben : Ok, on y va.
Un peu perplexe et pas mal nerveux, Heather et moi nous installons dans le véhicule, comme il convient au passage du permis de conduire Américain, nous demandant tout de même si, pour l'accueillir, il convenait de laisser tourner le moteur ...

Et commence l'attente. (moteur éteint)

Notons donc qu'aux USA comme en France, il est autorisé de s'adjoindre les services d'une tierce personne en qualité de « témoin », que ce soit l'instructeur de l'auto-école ou une toute autre personne. Mais en plus, ici, comme les USA sont composés de pas mal d'ethnies, et que toutes ne parlent pas couramment l'Anglais, il est donc prévu, pour le passage du permis, que cette tierce personne puisse jouer le rôle d'interprète. Heather, quant à elle, était présente en tant que « Sponsor », ce qui veut dire qu'elle était témoin de l'examen, et puis aussi surtout qu'elle était responsable devant la loi, de tout ce que je pouvais faire (au même titre que l'instructeur d'une auto-école). Elle pouvait être présente sous réserve de rester silencieuse, de ne se manifester sous aucune forme (comme l'instructeur d'une auto-école).

Et on attend. (Il faisait passer le permis à une autre personne)

Le trooper arrive 20 minutes plus tard. Il fait le tour de la voiture en me demandant d'allumer successivement mon clignotant droit, gauche, warning, phares ... c'est bon, il griffonne sur son papier et monte.

« Démarrez le véhicule. »

Ce que je fais.
Re-griffonnage.

« Insérez-vous dans le trafic et roulez. »

Ok.

« Tournez à droite. »

Alors là, j'avais appris ma leçon ! Clignotant avant de tourner, regard attentif, je ralentis et je m'engage dans la première à droite.

Re-griffonnage.

« Tournez à droite. »

Ah, euh, bon. Ok.

Moi, on m'a expliqué : tu ne discutes pas les ordres, alors j'obéis ...

« Tournez à droite. »

Ok.

« Tournez à droite. »

Re-griffonnage.

Il va me faire faire le tour du pâté de maison et c'est tout ?

Ou peut-être est-ce un fan de Nascar ?

Pour ceux qui ne connaissent pas : le « Nascar » est une course de voitures qui a la particularité tout à fait spéciale d'avoir pour cadre une sorte de grand stade où les voitures utiliseraient la piste généralement utilisée pour la course à pied.
Oui, vous avez bien compris : le tracé de la course est simplissime : deux grandes courbes reliées en elles par deux grandes droites.
C'est à dire que les voitures tournent en rond du début à la fin de la course, et qui plus est, donc, toujours dans le même sens. Et elles font ça pendant 200 à 300 tours !!!!!!  Ce genre d'événement attire les foules, et il s'y trouve même des fans !
Comme pour les courses de Formule 1, les gens se rendent dans ce genre d'endroit pour « vivre » la course. Ahhhh, « le bruit et l'odeur ». Il parait même que les stades réservés aux courses de Nascar ajoutent des hauts parleurs sur les bords des pistes pour augmenter l'effet «bruit ».


« Tournez à gauche. »

Merde, c'était trop beau.

« Bien, garez-vous derrière cette voiture, là, en parallèle parking, ... , en reculant dans la rue donc. »

Alors là, je l'attendais. Je suis le spécialiste du ''parallèle parking''. C'est mon coup secret, ma « Botte de Nevers » à moi. Il ne va pas s'en relever.
D'autant que la marche arrière qui va suivre sera du genre rectiligne de chez rectiligne, à 10cm du trottoir, ça va être la grande classe !
Je commence donc une manoeuvre dont la magnificence aurait rendu aveugle Alain Prost et, arrivé au point où mon pare-choc avant risquait de frôler la voiture de devant, je ralentis et passe tout juste, le regard vissé sur l'avant de ma voiture.
Il ne faudrait pas que j’aie un accident aujourd'hui !
Et puis c'est le drame.

Sur un ton presque blasé il me dit :

« Quand vous reculez, il faut regarder derrière. »

« Ben, euh, ..., c'est ce que j'ai fait ... »

Et puis sur un ton sérieux :

« Je vous dis que lorsque vous reculez, il faut regarder derrière. »

« Mais je viens juste de le faire, ... là ... »

Moment d'hésitation, nous nous jaugeons du regard ! A l'évidence, il ne s'attendait pas à avoir une quelconque réponse de ma part.

Et il reprend, un peu moins calme :

« Et moi je vous dis que lorsque vous reculez, il faut regarder derrière. »

« Mais je n'ai pas encore commencé ma marche arrière dans la rue ... »

Et puis sur un ton patient :

« Et moi je vous répète que lorsque vous reculez, il faut regarder derrière. Regardez le quartier où nous nous trouvons ! C'est plein de personnes agées partout ici, vous voulez blesser quelqu'un ? »

« Non, mais, ..., euh ... »

Et puis, plus patient du tout :

« Bien, si vous voulez vous engueuler avec moi, ya pas de soucis ! Vous repasserez votre permis une autre fois ! C'est ce que vous voulez ? »

Gloups !

« ... Non ? »

« Alors je vous dis que lorsque vous reculez, il faut regarder derrière. »

Re-gloups !

« Ok ... ? »

« Bien, repartez maintenant. »

C'est bien simple, j'avais les pieds qui dansaient la gigue sur les pédales !
Et puis qu'est-ce qu'il fait chaud tout d'un coup !
C'était passé tellement près que je me demandais comment j'allais m'en sortir. Un peu comme dans ces moments où vous savez que, malgré votre hallucinante stupidité, vous avez encore une chance de réussir. J'exécutais quand même un début de marche arrière, pour faire bien.

« Non ! J'ai dit ''repartez maintenant'', il vous faut apprendre à suivre les indications ! »

Oups.

Je repartais donc, plus mort que vif, en direction d'un carrefour.

Quoi ? ''Un carrefour'' ! Mais il veut notre mort à tous ? Je ne suis vraiment pas en état de passer un carrefour ...

Bon, le feu passe au vert et je passe, tout va bien. C'est à croire que je n'ai jamais conduit de ma vie.

« Continuez. »

Et nous arrivons à un carrefour en T. A droite ou à gauche ? Il avait juste dit « Continuez » , ça ne veut rien dire ça ! ''Continuer'', de quoi ? De faire des conneries ?

Oh putain, ya un panneau ''sens unique'' sur la rue de gauche ! Je tourne donc tranquillement à droite en faisant attention aux gens qui déboulaient de la gauche.

Re-griffonnage.

« Tournez à droite. »

J'en profite pour prendre une profonde respiration, bien lente, au cas où, et puis un second feu. Rouge celui-là. Je m'arrête donc et, me rappelant qu'en pareil cas j'ai le droit de tourner à droite, je regarde aux alentours, pour y trouver un éventuel panneau ''No turn on red'', et puis aussi voir si quelqu'un vient par la gauche. Non, pas de panneau, tout est calme, je passe, avec tout de même l'impression de faire une grosse connerie, mais alors : bien grosse !

Mais non, c'était ça qu'il fallait faire.

« Tournez à droite, dans la petite rue. »

Oh putain, il va me faire le coup du ''3 points turn''. C'est un demi-tour en trois temps sur une voie réduite.

« Vous allez faire un '3 points turn'', juste là. »

Hé hé. Je l'savais !
Pauv'gars !
Hum !
Je me concentrais donc sur ce mouvement. Il y avait des gamins partout !
Et puis quelque chose me disait qu'il me regardait ... un peu plus qu'avant quoi.
Je tourne à gauche, me retourne (pour regarder derrière) et recule, puis repasse la marche avant pour repartir, lentement.

Re-griffonnage.

« Tournez à droite. »

Je m'engage dans la rue de droite, puis, après quelques instants, nous débouchons dans la rue principale, celle de l'office.

C'est un espèce de boulevard à sens unique, apparemment fréquenté uniquement par des fous du volant. Je m'engage donc dans cet « axe de mort » accélérant juste ce qu'il faut pour m'intégrer au trafic.
Et puis nous arrivons à l'Office.

Le verdict est proche.

« Garez-vous simplement derrière cette voiture, sans faire de parallèle parking. Éteignez votre moteur. »

Ce que je fais. Et puis mon regard est attiré par un truc, par la fenêtre du passager.
Il y a un panneau.
Si il sort, il va ripper la peinture ce con !
Je redémarre pour reculer.

« Non, j'ai dit éteignez votre moteur. »

« Oui, mais le panneau, ..., ma porte ... »

« Je vous ai dit de redémarrer ? Non. Alors vous restez là. Il faut vraiment que vous appreniez à suivre les indications qu'on vous donne. »

« ... Ok ... »

(...)

« Bien. Ceci est votre permis temporaire ... »

Merde, ça y est, je l'ai pas eu !
Je suis en période de probation.
Mais qu'est-ce que je peux être con des fois ...

« ... Présentez-vous à l'office la plus proche de chez vous pour vous y enregistrer et payer ... »

Quoi ? Il va falloir en plus que je sois enregistré ?
Mais comme quoi ?
Comme « Gros débile mental qu'est trop con pour repasser son permis après avoir conduit pendant près de 15 ans ? »

Mais c'est du flicage !
Mais c'est quoi ce pays ?
« A tous les coins de rue y-en a 100 » ? C'est ça ?
Et puis « pour faire régner l'ordre public ils assassinent impunément » ? Aussi ?

« Vous recevrez votre permis définitif par la poste. »

« ???? »

Et puis je percute :

« Ahh ! hhhhhhhhhfffffffffffffffffffffffffffffffffffff. » (respirons, respirons ...)

Il ne me restait plus qu'à prendre le papier qu'il me tendait obligeamment, et le regarder partir.
J'attendais, inquiet, quelques secondes encore en me demandant ce qui pourrait bien, maintenant, faire foirer l'examen ...
Heather et moi le regardions s'éloigner, tel un « cow-boy solitaire, loin ... bien loin de sa maison » ...

Et puis rien.

J'avais mon permis de conduire Américain !!!!

Et en plus, le Pandore, en ouvrant la porte, ne l'a même pas ripée.

Ca va, c'est bon.
Je ne lui en veux pas.

Nous nous sommes rendus à l'office en question dans la foulée et, une semaine plus tard, je recevais mon permis par la poste !









Vocabulaire à l'attention de nos amis Québécois et autres Montréalais :
(Ceux du bon coté du Canada, le coté Francophone quoi)

Policier : Le citoyen ordinaire ne parle pas de « policier » mais le plus souvent de « flic »., ou « Keuf » qui est la forme Verlan de flic.
                  Il serait certainement étonné (les policiers aussi) d’apprendre qu’il emprunte à l’allemand.
Allez voir l'un des deux 'R' : le petit Robert ou la grande Rousse !
« Flic » est probablement une déformation de « Fliege », qui veut dire « mouche » dans la langue de Goethe. Le sobriquet remonte à Fouché. Après une brève période où la révolution de 1789 avait instauré un « département de police » dont les membres étaient élus par la population, Fouché organisa une véritable administration policière en couvrant le territoire d’un solide réseau de « mouches » ou « mouchards ». Aujourd'hui, la signification de ce dernier terme a dérivé et se rapproche plus de la notion de « dénonciation » et est très péjorative.
Mais ce terme n'est pas le seul.
On trouve aussi le pandore, le perdreau, le poulet, la vache, l’hirondelle, le perdreau, le bourre, le cogne, le keuf, le poulaga, le poulard, le poulardin, le poulmann, le saute-dessus, le gorille ou l’ange gardien, auxquels se rajoutent l’aubergine, la primevère ou la pervenche depuis la féminisation de la profession. Et le condé ou lardu pour les échelons supérieurs... les bœufs-carottes pour la police des polices (parce que lorsqu'ils t'attrapent, ils te laissent mijoter ...)









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